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Politique Publié le mercredi 27 mai 2009 | Notre Voie

Déroulement chaotique de l’enrôlement et de l’identification : Les populations de l’Ouest montagneux crient au complot

Les opérations de rattrapage de l’enrôlement ont officiellement débuté le 21 mai dernier à l’intérieur du pays. Mais à l’Ouest, les populations se perdent en conjectures devant les conditions catastrophiques dans lesquelles la CEI s’apprête à conduire l’opération. Elles n’hésitent même plus à parler de complot.


La phase de rattrapage de l’opération de recensement électoral et d’identification n’a pas encore débuté dans la quasi-totalité des départements de l’Ouest montagneux. Le jeudi 21 mai dernier, date à laquelle l’opération était supposée commencer officiellement, tous les présidents des commissions locales de la Commission électorale indépendante (CEI) de la région étaient en grève. “Nous sommes en grève et nous ne reprendrons pas le travail tant qu’on ne nous paye pas. Vous trouvez normal que certains administratifs qui ne font rien du tout soient payés grassement et que nous soyons des laissés-pour-compte ? Nous ne sommes pas contents et nous l’avons fait savoir. Nous mettons nos propres ressources à la disposition de la CEI. Et rien n’est fait pour nous permettre de travailler correctement. Nous attendons que le président Mambé règle ces problèmes, avant de commencer quoi que ce soit”, fulminait un des grévistes qui a requis l’anonymat.

Aux dernières nouvelles, les choses seraient entrées dans l’ordre et l’opération devrait commencer lundi dans la plupart des départements. Mais cela n’enlève rien aux inquiétudes des populations de cette région. En effet, alors que, pour diverses raisons, le taux de personnes enrôlées dans cette partie de la Côte d’Ivoire tourne autour de 40%, à l’exception du département de Zouan-Hounien, les populations ne comprennent pas que la CEI n’en ait nullement tenu compte pour augmenter le nombre d’équipes chargées des opérations de rattrapage. “Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans l’attitude la CEI. La phase initiale de l’enrôlement a connu d’énormes difficultés dans notre région à cause du mauvais état des pistes rurales, du fait que peu de villages sont électrifiés, de la quasi-absence de l’administration décimée par la guerre et des moyens logistiques notoirement insuffisants de la CEI. Résultat, nos départements ont les taux d’enrôlement parmi les plus faibles du pays. Malgré cette situation, la CEI nous a logés à la même enseigne que les autres départements. Ce n’est pas normal. En plus, aucune disposition particulière n’est prise pour que les choses se passent avec célérité et efficacité”, dénonce, notamment, M. Koué Glaba Emmanuel, un des responsables de la campagne du président Gbagbo à Danané. En effet, des sources proches des autorités électorales de la région, les démembrements locaux de la CEI ont proposé un certain nombre de centres à ouvrir. Mais, à Abidjan, ces propositions n’ont pas été retenues. Pourquoi ? “Demandez à Abidjan !”, répond-on invariablement. Plus grave, les CEI locales sont obligées de compter sur les véhicules de l’ONUCI pour déployer leurs équipes sur le terrain. Ce qui fait qu’elles ne sont pas maîtresses de la situation. “Les véhicules de l’ONUCI ne prennent que deux équipes par voyage. Cela réduit considérablement notre marge de manœuvre”, avoue notre source.

Avec tous ces problèmes, les populations ont été désagréablement surprises d’apprendre que, dans le cadre de l’opération de reconstitution des registres d’état civil, 80.000 attestations sont en attente d’être signées par les magistrats qui refusent de le faire au motif que leur mission a pris officiellement fin le 20 mai dernier. “Les magistrats ne veulent plus signer les attestations. Pour les régions des Montagnes et du Moyen-avally, cela représente environ 80.000 personnes. Quand on sait que les séances de rattrapage vont commencer, on se demande s’il n’y a pas une volonté manifeste d’écarter les populations de cette partie de la Côte d’Ivoire du processus actuel”, s’indigne une source proche du dossier.

Aujourd’hui, devant autant de difficultés, ils sont nombreux dans les départements de l’Ouest montagneux à croire qu’il se trame quelque chose contre eux visant à ne pas permettre au maximum de personnes d’être inscrites sur la liste électorale et d’avoir leur carte nationale d’identité. Sinon personne ne comprend que le président de la CEI et l’ensemble de ses collaborateurs restent de marbre devant tant d’injustice.

Au siège de la Commission électorale à Abidjan, on botte en touche. “Nous travaillons non seulement sur la base des rapports de nos représentants, mais nous demandons aussi l’avis des partis politiques. Si ce que vous dites est vrai, pour quoi aucun parti ne l’a relevé ? ”, a interrogé un responsable de la résidence Angoua Koffi sous le sceau de l’anonymat.

En tout état de cause, la situation de l’enrôlement dans les départements de l’Ouest montagneux constitue une réelle préoccupation pour nombre de cadres de la région. A telle enseigne qu’ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui comptent maintenant sur une implication personnelle du chef de l’Etat pour faire évoluer le dossier dans le bon sens. “Nous allons profiter de la visite du président de la République pour demander des mesures spéciales pour la région afin de rattraper notre retard. Nous ne pouvons pas avoir été les plus grosses victimes de la guerre et accepter d’être les laissés- pour-compte de la sortie de crise. C’est un vrai scandale”, ont repris en chœur nombre de nos interlocuteurs.

Dans l’Ouest montagneux, l’inquiétude des populations, palpable au regard du déroulement du recensement électoral, laisse peu à peu place à une colère pour le moment contenue. Pour combien de temps encore ? Personne ne le sait. Mais si la CEI ne rectifie pas le tir en prenant en compte les problèmes spécifiques à la région, il est à craindre que le processus ne prenne du plomb dans l’aile.

Guillaume T. Gbato Envoyé spécial dans la Région des montagnes
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