Le juge d’instruction de Dabou, M. Ehouman Huberson, a réagi mardi dernier à son bureau, à la suite de cette affaire de sorcellerie à Toupah. “Je suis dessaisi du dossier depuis le 24 février. C’est Madame le juge des enfants qui a en charge désormais l’affaire”, a-t-il précisé, en présence de Me Soro, greffier au tribunal de Dabou. Entretien.
Notre Voie : Monsieur le juge, les accusés soutiennent n’avoir pas été auditionnés depuis leur incarcération…
Ehouman Huberson : C’est faux ! C’est de la mauvaise foi. Mais, je les comprends. Lorsque je les ai convoqués à mon bureau le 12 février, j’ai procédé en même temps à leur première comparution pour les entendre dans le fond, et à une confrontation avec le jeune Lath Gaël et Sié Mélène Flora qui, tout en reconnaissant être sorciers et à la base de la mort de Gladys, ont cité Amary Michel, You Alphonsine et You Thérèse comme étant leurs complices. Les prévenus, quand ils entrent en prison, changent après leur version au contact des autres prévenus et avec la visite de leurs parents. Moi, juge d’instruction, je ne suis pas obligé de les entendre tous les jours, s’il n’y a pas d’éléments nouveaux dans le dossier.
N.V. : Ils ne comprennent pas leur longue détention alors qu’ils ne reconnaissent pas les faits.
E.H. : Je suis dessaisi du dossier depuis le 24 février. Car comme le stipulent les dispositions en la matière, lorsqu’il y a un mineur dans un dossier, le juge d’instruction est dessaisi au profit du juge des enfants. Lath Gaël, le principal accusé, a 12 ans, même si les autres prévenus sont majeurs. J’ai donc fait une ordonnance de dessaisissement à Madame le juge des enfants de Dabou à qui j’ai remis le dossier physique. D’où est-ce qu’on m’accuse de garder encore le dossier de Amary Michel et autres ? Le 12 février, j’ai traité tous les aspects du dossier à l’exception d’une mise en cause, Amary Laeticia qui est élève en seconde C dans une école de Dabou et actuellement en fuite. Le 24 février, j’ai été dessaisi du dossier. Qu’ils s’adressent désormais au juge des enfants.
N.V. : Le prévenu Amary Michel soutient qu’il n’a pas signé son procès-verbal au motif qu’il a été mentionné qu’il combat les sorciers au lieu de “je combats pour le développement”.
E.H. : Il ne dit pas la vérité. Après son audition suivie de la confrontation, il a lu son procès-verbal et l’a signé. Me Soro qui est là peut le témoigner. Il a dit qu’il ne connaît pas la différence entre la sorcellerie de nuit et la sorcellerie physique, mais qu’il ne fait pas la sorcellerie physique. Le juge d’instruction que je suis ne recherche pas forcément des preuves. Mais, des charges à travers des aveux. Le jeune Gaël a défini le rôle de chacun dans la confrérie. Lui est chargé de transporter le cercueil c’est-à-dire de livrer la victime et Amary Michel est le conseiller. Il y a beaucoup d’aveux qui ont valu leur inculpation. Le même Gaël a programmé la mort d’autres personnes dont un militaire à Abidjan. Cela s’est réalisé avec le décès, il y a quelque temps, d’un de ses parents qui figurait sur la liste.
N.V. : Sié Mélène Flora, l’une des prévenues, s’est retractée en soutenant qu’elle a mentien accusant Amary Michel et les deux autres femmes. Elle serait même venue vous voir pour que cela soit mentionné dans le dossier…
E.H. : C’est vrai, elle est venue me voir après et me l’a dit. Mais, je le lui ai dit que je ne pouvais plus rien faire pour elle car j’ai été dessaisi du dossier. Je lui ai dit de faire une autre demande d’audience auprès du juge des enfants, et si elle accepte de la recevoir, elle dira ce qu’elle veut au juge.
N.V. : Le mercredi 20 mai, la Chambre d’accusation d’Abidjan a rejeté les demandes de mise en liberté provisoire de Amary You Alphonsine et Gnagne You Thérèse au motif que vous n’avez pas mentionné dans le dossier que le jeune Gaël a été entendu en présence de son père. Est-ce vrai ?
E.H. : Je dis que c’est de la mauvaise foi. Le jeune Gaël a été bel et bien entendu le 12 février en présence d’une personne civilement responsable qui est son père, Lath Bruno. Et c’est me faire une injure de m’accuser de ne pas avoir mis cette mention. Je n’ai pas encore le retour des dossiers que l’avocat de Amary Michel et autres a fait porter à la Chambre d’accusation, au parquet général à Abidjan. Mais si le dossier a été rejeté, c’est que les juges qui avaient en charge les dossiers ont statué sur la demande de mise en liberté provisoire uniquement et non sur le fond qui n’est pas de leur ressort. C’était à eux d’estimer si les prévenus avaient des garanties de représentation, si les charges étaient faibles ou inexistantes pour accéder à la demande de mise en liberté provisoire. Si leurs dossiers ont été rejetés, c’est que les juges ont tenu compte du mémoire du plaignant Lath Bruno qui a été produit par le concerné lui-même et acheminé comme le réclamait la Chambre d’accusation, avant le mercredi 20 mai 2009, à 15h. C’est le jeune Gaël qui, après la mort de sa grande sœur Gladys, ressentait quelque chose à la gorge, allait vers la mort, qui a cité ses complices qui ont été mis aux arrêts et incarcérés. Y compris lui-même.
N.V. : Les parents des prévenus vous reprochent d’avoir refusé la séance d’exorcisme chez l’abbé Barthélémy qui devait déboucher sur leur libération.
E.H. : Je ne connais pas la sorcellerie. Comment voulez-vous que je laisse aller chez un prêtre des détenus pour une séance d’exorcisme. Ce problème étant familial, on ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer là-bas. En tout cas, rien ne m’autorise à laisser un détenu aller chez un féticheur à Débrimou comme le voulait le plaignant ou chez l’abbé Barthlémy ici à Dabou. J’ai opposé une fin de non-recevoir et je leur ai indiqué que le prêtre peut aller à la prison pour procéder à ces séances d’exorcisme. Même si cela se faisait, cela n’éteint pas l’action judiciaire. Et puis comme ils le soutiennent, même si je n’avais pas fait la mention de la présence de son père civilement responsable lors des auditions de confrontation, cela n’annulait pas la procédure. Je n’ai rien contre eux. Je pense qu’ils doivent attendre le retour de leurs dossiers de la chambre d’accusation et voir le juge des enfants. Ils ne vont pas indéfiniment rester en prison.
Propos recueillis par D.KEI
Notre Voie : Monsieur le juge, les accusés soutiennent n’avoir pas été auditionnés depuis leur incarcération…
Ehouman Huberson : C’est faux ! C’est de la mauvaise foi. Mais, je les comprends. Lorsque je les ai convoqués à mon bureau le 12 février, j’ai procédé en même temps à leur première comparution pour les entendre dans le fond, et à une confrontation avec le jeune Lath Gaël et Sié Mélène Flora qui, tout en reconnaissant être sorciers et à la base de la mort de Gladys, ont cité Amary Michel, You Alphonsine et You Thérèse comme étant leurs complices. Les prévenus, quand ils entrent en prison, changent après leur version au contact des autres prévenus et avec la visite de leurs parents. Moi, juge d’instruction, je ne suis pas obligé de les entendre tous les jours, s’il n’y a pas d’éléments nouveaux dans le dossier.
N.V. : Ils ne comprennent pas leur longue détention alors qu’ils ne reconnaissent pas les faits.
E.H. : Je suis dessaisi du dossier depuis le 24 février. Car comme le stipulent les dispositions en la matière, lorsqu’il y a un mineur dans un dossier, le juge d’instruction est dessaisi au profit du juge des enfants. Lath Gaël, le principal accusé, a 12 ans, même si les autres prévenus sont majeurs. J’ai donc fait une ordonnance de dessaisissement à Madame le juge des enfants de Dabou à qui j’ai remis le dossier physique. D’où est-ce qu’on m’accuse de garder encore le dossier de Amary Michel et autres ? Le 12 février, j’ai traité tous les aspects du dossier à l’exception d’une mise en cause, Amary Laeticia qui est élève en seconde C dans une école de Dabou et actuellement en fuite. Le 24 février, j’ai été dessaisi du dossier. Qu’ils s’adressent désormais au juge des enfants.
N.V. : Le prévenu Amary Michel soutient qu’il n’a pas signé son procès-verbal au motif qu’il a été mentionné qu’il combat les sorciers au lieu de “je combats pour le développement”.
E.H. : Il ne dit pas la vérité. Après son audition suivie de la confrontation, il a lu son procès-verbal et l’a signé. Me Soro qui est là peut le témoigner. Il a dit qu’il ne connaît pas la différence entre la sorcellerie de nuit et la sorcellerie physique, mais qu’il ne fait pas la sorcellerie physique. Le juge d’instruction que je suis ne recherche pas forcément des preuves. Mais, des charges à travers des aveux. Le jeune Gaël a défini le rôle de chacun dans la confrérie. Lui est chargé de transporter le cercueil c’est-à-dire de livrer la victime et Amary Michel est le conseiller. Il y a beaucoup d’aveux qui ont valu leur inculpation. Le même Gaël a programmé la mort d’autres personnes dont un militaire à Abidjan. Cela s’est réalisé avec le décès, il y a quelque temps, d’un de ses parents qui figurait sur la liste.
N.V. : Sié Mélène Flora, l’une des prévenues, s’est retractée en soutenant qu’elle a mentien accusant Amary Michel et les deux autres femmes. Elle serait même venue vous voir pour que cela soit mentionné dans le dossier…
E.H. : C’est vrai, elle est venue me voir après et me l’a dit. Mais, je le lui ai dit que je ne pouvais plus rien faire pour elle car j’ai été dessaisi du dossier. Je lui ai dit de faire une autre demande d’audience auprès du juge des enfants, et si elle accepte de la recevoir, elle dira ce qu’elle veut au juge.
N.V. : Le mercredi 20 mai, la Chambre d’accusation d’Abidjan a rejeté les demandes de mise en liberté provisoire de Amary You Alphonsine et Gnagne You Thérèse au motif que vous n’avez pas mentionné dans le dossier que le jeune Gaël a été entendu en présence de son père. Est-ce vrai ?
E.H. : Je dis que c’est de la mauvaise foi. Le jeune Gaël a été bel et bien entendu le 12 février en présence d’une personne civilement responsable qui est son père, Lath Bruno. Et c’est me faire une injure de m’accuser de ne pas avoir mis cette mention. Je n’ai pas encore le retour des dossiers que l’avocat de Amary Michel et autres a fait porter à la Chambre d’accusation, au parquet général à Abidjan. Mais si le dossier a été rejeté, c’est que les juges qui avaient en charge les dossiers ont statué sur la demande de mise en liberté provisoire uniquement et non sur le fond qui n’est pas de leur ressort. C’était à eux d’estimer si les prévenus avaient des garanties de représentation, si les charges étaient faibles ou inexistantes pour accéder à la demande de mise en liberté provisoire. Si leurs dossiers ont été rejetés, c’est que les juges ont tenu compte du mémoire du plaignant Lath Bruno qui a été produit par le concerné lui-même et acheminé comme le réclamait la Chambre d’accusation, avant le mercredi 20 mai 2009, à 15h. C’est le jeune Gaël qui, après la mort de sa grande sœur Gladys, ressentait quelque chose à la gorge, allait vers la mort, qui a cité ses complices qui ont été mis aux arrêts et incarcérés. Y compris lui-même.
N.V. : Les parents des prévenus vous reprochent d’avoir refusé la séance d’exorcisme chez l’abbé Barthélémy qui devait déboucher sur leur libération.
E.H. : Je ne connais pas la sorcellerie. Comment voulez-vous que je laisse aller chez un prêtre des détenus pour une séance d’exorcisme. Ce problème étant familial, on ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer là-bas. En tout cas, rien ne m’autorise à laisser un détenu aller chez un féticheur à Débrimou comme le voulait le plaignant ou chez l’abbé Barthlémy ici à Dabou. J’ai opposé une fin de non-recevoir et je leur ai indiqué que le prêtre peut aller à la prison pour procéder à ces séances d’exorcisme. Même si cela se faisait, cela n’éteint pas l’action judiciaire. Et puis comme ils le soutiennent, même si je n’avais pas fait la mention de la présence de son père civilement responsable lors des auditions de confrontation, cela n’annulait pas la procédure. Je n’ai rien contre eux. Je pense qu’ils doivent attendre le retour de leurs dossiers de la chambre d’accusation et voir le juge des enfants. Ils ne vont pas indéfiniment rester en prison.
Propos recueillis par D.KEI