Le président Laurent Gbagbo était hier sur France 24. Notre Voie vous propose ici, son interview sur la chaîne française.
France 24: Monsieur le président, est-ce que la date du 29 novembre va être tenue pour l’élection présidentielle ?
Laurent Gbagbo : Mais, Madame, ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Dans les institutions ivoiriennes, il y a la Commission électorale indépendante (CEI) dont le président se trouve être Beugré Mambé. Donc tout ce que je peux vous dire sur les élections, il vient de lui. Nous avons travaillé ensemble, le Premier ministre, la CEI et moi-même. Je pense qu’on va tenir la date. Vous savez, ce qui est important dans cette élection, c’est que la guerre civile a été déclenchée avec comme une des raisons essentielles, qu’il y a une partie des Ivoiriens qui n’est pas identifié, qui ne sont pas considérés comme Ivoiriens, qui n’ont pas de papiers. Donc nous avons pris notre administration, mais aussi une entreprise française, la SAGEM-Sécurité, qui identifie tout le monde. On ne peut pas faire les élections si les Ivoiriens ne sont pas identifiés, puisque cela a été l’une des causes de la guerre. C’est pourquoi c’est lent et lourd. Mais, après avoir fait une partie de l’identification et avoir calculé tout le temps qu’il faut, nous pensons que le 29 novembre 2009 peut être tenu.
F.24 : Les élections étaient prévues en novembre 2008 et elles n’ont pu avoir lieu. Alors qu’est-ce qui a changé depuis l’année dernière ?
L.G. : Nous avons beaucoup avancé. Quand on fixait la date des élections en novembre 2008, on n’avait même pas encore enregistré un million d’Ivoiriens. Aujourd’hui, nous avons enregistré plus de 6 millions et demi d’Ivoiriens.
F. 24 : Et donc le recensement est beaucoup avancé.
L.G. : Oui le recensement a bien progressé. Comme on n’identifie pas tout le monde et qu’on ne recense pas tout le monde, on recense uniquement ceux qui ont 16 ans et plus, nous pensons que le temps qui reste est suffisant pour faire le reste du travail.
F.24 : Est-ce que vous faites confiance aux procédures de recensement. Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui sont recensés parmi les 6 millions d’électeurs. Où est-ce que vous envisagerez de constester, par exemple, la nationalité de certains électeurs inscrits ?
L.G. : Mais bien sûr. Parce que la spécificité de cette identification, c’est qu’on dit que tous ceux qui seront inscrits sur les listes électorales et qui vont prendre part au vote seront donc considérés comme Ivoiriens. Donc ils vont avoir automatiquement leur carte nationale d’identité.
F.24. : Donc il ne s’agit pas de contester ça?
L.G. : Ah non, une fois que ce sera fait et qu’on sera tous tombé d’accord. C’est pourquoi le procédé prévoit justement qu’après l’identification brute, il y va avoir une phase que la CEI a déterminée comme devant durer 6 semaines ou deux mois pour faire le précroisement avec les fichiers historiques pour débusquer ceux qui ne sont pas ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout ça, c’est prévu.
F.24. : Donc qu’elle sera le temps pour la constitution de l’identité de certains ? Ça va prendre du temps ?
L.G. : Le temps pour ça est prévu. Les décrets ont été signés pour que les juges, procureurs soient partout ; que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux déploie les gardes pénitentiaires, etc. Je veux dire qu’on entre dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de manière normale devant les juridictions normales. On a calculé tout ça, c’est pourquoi on a placé les élections assez loin pour qu’on ait le temps de faire tout, pour sortir une liste fiable.
F.24 : La réunification du pays n’est pas encore terminée ; les com’zones, les chefs locaux issus du camp rebelle doivent passer leurs pouvoirs aux préfets. Il y a eu passation des pouvoirs à Bouaké. Alors, Monsieur le président, quelle est la signification de ce qui s’est passé à Bouaké ?
L.G. : Bien entendu. Il y a eu toutes les passations des pouvoirs parce qu’il y a en tout dix com’zones. Au lieu de faire dix préfectures ou dix régions, on a fait en une fois. Ils étaient tous là. Le ministre de l’Intéreur va parcourir les différents départements pour installer physiquement les préfets. Alors c’est important. C’est pour montrer qu’il n’y a plus de problèmes politiques. Les problèmes qui peuvent exister sont des débats techniques et pratiques, à savoir tel préfet de tel département n’a pas encore ses bureaux prêts, son logement prêt également. Sur le fond, il n’y a plus de problèmes.
F. 24 : S’ils sont désarmés, c’est-à-dire les com’zones, alors qu’est-ce qui vous leur donnez en échange ?
L.G. : Il faut désarmer absolument. Ce sont les anciens combattants qu’il faut désarmer.
F.24. : Vous leur proposez de retourner dans l’armée ou vous leur proposez de l’argent ?
L.G. : J’ai envie de vous dire, Madame, il faut lire l’accord complémentaire 4 de Ouagadougou. Tout est dedans. Evidemment tout le monde ne pourra pas rentrer dans l’armée parce que tout le monde n’entre pas dans l’armée. Tout le monde ne devient pas gendarme, ni policier. Il y a beaucoup qui retourneront dans la vie civile. Ils ont déjà commencé. On ne le dit pas assez, on ne voit que, sur les dix com’zones, il y en a qui ont commencé à créer leurs entreprises, à travailler et à partir. Donc nous, on a moins de pression sur cette affaire-là que sur les autres. Pour les autres qui sont les plus nombreux (ex-combattants), l’accord prévoit qu’on doit les encarserner dans quatre villes, à savoir Bouaké, Man, Séguéla, Korhogo. On va commencer d’ici trois semaines ou deux à faire cette opération ; et c’est en ce moment-là qu’on parle de désarmement. Tout combattant qui entre dans un camp dépose son arme avant d’y entrer.
F. 24. : Ce sera fait avant novembre 2009 ?
L.G. : Oui, l’accord a été signé d’accord partie.
F. 24 : Mais entre signer un accord et le rendre effectif sur le terrain ce n’est pas la même chose.
L.G. : Oui, mais cette fois-ci nous tenons le bon bout.
F.24. : S’ils ne déposent pas les armes les élections auront-elles lieu ?
L.G. : Je pense que les élections auront lieu parce qu’ils auront déposé les armes.
F.24. : Serez-vous candidat Monsieur le président ?
L.G. : Oh! mais écoutez, j’ai beaucoup d’admiration pour vous et pour France 24. Ce n’est pas comme ça au pied levé que je vais annoncer si je suis candidat ou pas. Pour le moment, je suis président de la République. Je m’occupe de faire avancer l’Accord de Ouagadougou. Je m’occupe de faire la réunification de mon pays, de faire avancer les choses de la paix. Une fois que j’aurai estimé que ces choses-là sont bien avancées eh bien, je m’exprimerai sur le sujet qui vous préoccupe.
F. 24. : Si vous vous présentez, est-ce que vous vous soumettriez au verdict des voix?
L.G. : Sinon ça veut dire quoi se présenter aux élections, si on ne se soumet pas au verdict des urnes ? ça veut dire quoi, Madame ? Moi, je suis un enfant des élections, je n’ai jamais été nommé comme certains. Tout ce que j’ai, je l’ai obtenu au prix de ma lutte aux élections. J’ai été élu député et j’ai été élu président de la République. Je n’ai jamais reçu un coup de pousse de quelqu’un.
F.24. : Donc vous vous soumettez aux règles démocratiques ?
L.G. : Sinon, ça veut dire quoi, être candidat ?
F.24 : Vous accepterez le débat démocratique ?
L.G. : Sinon ça veut dire quoi, Madame ? Moi, je suis un enfant des élections. Je n’ai jamais été nommé à un poste contrairement à beaucoup d’autres en Côte d’Ivoire. Tout ce que j’ai, je le dois à mes batailles électorales. J’ai été élu député, j’ai été élu président de la République. Je n’ai jamais été nommé. Donc je n’ai jamais eu un coup de pouce de quelqu’un d’autre pour occuper une position. Toutes les positions que j’ai occupées, je les ai conquises par élection.
F.24 : Mais, Monsieur le Président, votre mandat s’est interrompu en 2005.
L.G. : Non, Madame ! La Constitution de la Côte d’Ivoire que nous appliquons n’a pas dit ça. La Constitution de la Côte d’Ivoire dit qu’en cas de difficulté grave, la division du pays en deux par exemple, et c’est écrit dans la Constitution, rend impossible la tenue des élections. Dans ce cas, le président de la République discute avec le Conseil constitutionnel ; il s’adresse à la Nation et il reste au pouvoir. C’est l’article 38 de la Constitution. Donc il ne faut pas dire que mon mandat s’est interrompu en 2005. 2005, c’était le terme normal s’il n’y avait pas de difficulté. Dès l’instant où il y a des difficultés, la Constitution prévoit qui doit exercer le mandat présidentiel. C’est le président en place et c’est moi. Donc je ne fais rien d’anti-constitutionnel.
F.24 : D’accord, mais il est temps que les élections aient lieu ?
L.G. : Ah oui, mais pour moi-même. Parce qu’il faut qu’il y ait renouvellement d’une légitimité et qu’on forme un gouvernement solide, uni et qu’on cesse de former un gouvernement d’union. Donc nous souhaitons tout cela.
F.24 : Est-ce que vous pensez qu’il peut y avoir un retour à la violence ?
L.G. : En ce moment-ci, je crois que c’est exclu. Mais on ne sait jamais. Il y a des violences qui arrivent sans qu’on ne les ait prévues. Mais, pour la Côte d’Ivoire et pour la sortie de crise que nous sommes en train d’appliquer, je ne crois pas qu’elle puisse être interrompue par la violence.
F.24 : Le ministre de la Coopération française était ici il n’y a pas longtemps. Et cela fait 3 ministres français qui sont venus ici en Côte d’Ivoire depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Comment qualifiez-vous aujourd’hui les relations entre la Côte d’Ivoire et la France ?
L.G. : Elles sont meilleures qu’au temps de Jacques Chirac.
F.24 : Est-ce qu’on va vers une sorte de réchauffement de ces relations ?
L.G. : Oui, mais je dis qu’elles sont meilleures. Elles ne sont pas que meilleures, c'est-à-dire que meilleur n’est pas seulement un adjectif. Mais je le disais à l’un de vos collèges, depuis que Chirac est parti, je dors d’un sommeil profond et je me réveille tranquillement. Sans penser que la nuit, on peut attiser des militaires à droite et à gauche. On se comporte maintenant comme deux Etats civilisés.
F.24 : C’est une page nouvelle?
L.G. : Oui, c’est une page en tout cas nouvelle par rapport à ce qui était.
Propos recueillis sur France 24 par Boga Sivori
France 24: Monsieur le président, est-ce que la date du 29 novembre va être tenue pour l’élection présidentielle ?
Laurent Gbagbo : Mais, Madame, ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Dans les institutions ivoiriennes, il y a la Commission électorale indépendante (CEI) dont le président se trouve être Beugré Mambé. Donc tout ce que je peux vous dire sur les élections, il vient de lui. Nous avons travaillé ensemble, le Premier ministre, la CEI et moi-même. Je pense qu’on va tenir la date. Vous savez, ce qui est important dans cette élection, c’est que la guerre civile a été déclenchée avec comme une des raisons essentielles, qu’il y a une partie des Ivoiriens qui n’est pas identifié, qui ne sont pas considérés comme Ivoiriens, qui n’ont pas de papiers. Donc nous avons pris notre administration, mais aussi une entreprise française, la SAGEM-Sécurité, qui identifie tout le monde. On ne peut pas faire les élections si les Ivoiriens ne sont pas identifiés, puisque cela a été l’une des causes de la guerre. C’est pourquoi c’est lent et lourd. Mais, après avoir fait une partie de l’identification et avoir calculé tout le temps qu’il faut, nous pensons que le 29 novembre 2009 peut être tenu.
F.24 : Les élections étaient prévues en novembre 2008 et elles n’ont pu avoir lieu. Alors qu’est-ce qui a changé depuis l’année dernière ?
L.G. : Nous avons beaucoup avancé. Quand on fixait la date des élections en novembre 2008, on n’avait même pas encore enregistré un million d’Ivoiriens. Aujourd’hui, nous avons enregistré plus de 6 millions et demi d’Ivoiriens.
F. 24 : Et donc le recensement est beaucoup avancé.
L.G. : Oui le recensement a bien progressé. Comme on n’identifie pas tout le monde et qu’on ne recense pas tout le monde, on recense uniquement ceux qui ont 16 ans et plus, nous pensons que le temps qui reste est suffisant pour faire le reste du travail.
F.24 : Est-ce que vous faites confiance aux procédures de recensement. Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui sont recensés parmi les 6 millions d’électeurs. Où est-ce que vous envisagerez de constester, par exemple, la nationalité de certains électeurs inscrits ?
L.G. : Mais bien sûr. Parce que la spécificité de cette identification, c’est qu’on dit que tous ceux qui seront inscrits sur les listes électorales et qui vont prendre part au vote seront donc considérés comme Ivoiriens. Donc ils vont avoir automatiquement leur carte nationale d’identité.
F.24. : Donc il ne s’agit pas de contester ça?
L.G. : Ah non, une fois que ce sera fait et qu’on sera tous tombé d’accord. C’est pourquoi le procédé prévoit justement qu’après l’identification brute, il y va avoir une phase que la CEI a déterminée comme devant durer 6 semaines ou deux mois pour faire le précroisement avec les fichiers historiques pour débusquer ceux qui ne sont pas ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout ça, c’est prévu.
F.24. : Donc qu’elle sera le temps pour la constitution de l’identité de certains ? Ça va prendre du temps ?
L.G. : Le temps pour ça est prévu. Les décrets ont été signés pour que les juges, procureurs soient partout ; que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux déploie les gardes pénitentiaires, etc. Je veux dire qu’on entre dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de manière normale devant les juridictions normales. On a calculé tout ça, c’est pourquoi on a placé les élections assez loin pour qu’on ait le temps de faire tout, pour sortir une liste fiable.
F.24 : La réunification du pays n’est pas encore terminée ; les com’zones, les chefs locaux issus du camp rebelle doivent passer leurs pouvoirs aux préfets. Il y a eu passation des pouvoirs à Bouaké. Alors, Monsieur le président, quelle est la signification de ce qui s’est passé à Bouaké ?
L.G. : Bien entendu. Il y a eu toutes les passations des pouvoirs parce qu’il y a en tout dix com’zones. Au lieu de faire dix préfectures ou dix régions, on a fait en une fois. Ils étaient tous là. Le ministre de l’Intéreur va parcourir les différents départements pour installer physiquement les préfets. Alors c’est important. C’est pour montrer qu’il n’y a plus de problèmes politiques. Les problèmes qui peuvent exister sont des débats techniques et pratiques, à savoir tel préfet de tel département n’a pas encore ses bureaux prêts, son logement prêt également. Sur le fond, il n’y a plus de problèmes.
F. 24 : S’ils sont désarmés, c’est-à-dire les com’zones, alors qu’est-ce qui vous leur donnez en échange ?
L.G. : Il faut désarmer absolument. Ce sont les anciens combattants qu’il faut désarmer.
F.24. : Vous leur proposez de retourner dans l’armée ou vous leur proposez de l’argent ?
L.G. : J’ai envie de vous dire, Madame, il faut lire l’accord complémentaire 4 de Ouagadougou. Tout est dedans. Evidemment tout le monde ne pourra pas rentrer dans l’armée parce que tout le monde n’entre pas dans l’armée. Tout le monde ne devient pas gendarme, ni policier. Il y a beaucoup qui retourneront dans la vie civile. Ils ont déjà commencé. On ne le dit pas assez, on ne voit que, sur les dix com’zones, il y en a qui ont commencé à créer leurs entreprises, à travailler et à partir. Donc nous, on a moins de pression sur cette affaire-là que sur les autres. Pour les autres qui sont les plus nombreux (ex-combattants), l’accord prévoit qu’on doit les encarserner dans quatre villes, à savoir Bouaké, Man, Séguéla, Korhogo. On va commencer d’ici trois semaines ou deux à faire cette opération ; et c’est en ce moment-là qu’on parle de désarmement. Tout combattant qui entre dans un camp dépose son arme avant d’y entrer.
F. 24. : Ce sera fait avant novembre 2009 ?
L.G. : Oui, l’accord a été signé d’accord partie.
F. 24 : Mais entre signer un accord et le rendre effectif sur le terrain ce n’est pas la même chose.
L.G. : Oui, mais cette fois-ci nous tenons le bon bout.
F.24. : S’ils ne déposent pas les armes les élections auront-elles lieu ?
L.G. : Je pense que les élections auront lieu parce qu’ils auront déposé les armes.
F.24. : Serez-vous candidat Monsieur le président ?
L.G. : Oh! mais écoutez, j’ai beaucoup d’admiration pour vous et pour France 24. Ce n’est pas comme ça au pied levé que je vais annoncer si je suis candidat ou pas. Pour le moment, je suis président de la République. Je m’occupe de faire avancer l’Accord de Ouagadougou. Je m’occupe de faire la réunification de mon pays, de faire avancer les choses de la paix. Une fois que j’aurai estimé que ces choses-là sont bien avancées eh bien, je m’exprimerai sur le sujet qui vous préoccupe.
F. 24. : Si vous vous présentez, est-ce que vous vous soumettriez au verdict des voix?
L.G. : Sinon ça veut dire quoi se présenter aux élections, si on ne se soumet pas au verdict des urnes ? ça veut dire quoi, Madame ? Moi, je suis un enfant des élections, je n’ai jamais été nommé comme certains. Tout ce que j’ai, je l’ai obtenu au prix de ma lutte aux élections. J’ai été élu député et j’ai été élu président de la République. Je n’ai jamais reçu un coup de pousse de quelqu’un.
F.24. : Donc vous vous soumettez aux règles démocratiques ?
L.G. : Sinon, ça veut dire quoi, être candidat ?
F.24 : Vous accepterez le débat démocratique ?
L.G. : Sinon ça veut dire quoi, Madame ? Moi, je suis un enfant des élections. Je n’ai jamais été nommé à un poste contrairement à beaucoup d’autres en Côte d’Ivoire. Tout ce que j’ai, je le dois à mes batailles électorales. J’ai été élu député, j’ai été élu président de la République. Je n’ai jamais été nommé. Donc je n’ai jamais eu un coup de pouce de quelqu’un d’autre pour occuper une position. Toutes les positions que j’ai occupées, je les ai conquises par élection.
F.24 : Mais, Monsieur le Président, votre mandat s’est interrompu en 2005.
L.G. : Non, Madame ! La Constitution de la Côte d’Ivoire que nous appliquons n’a pas dit ça. La Constitution de la Côte d’Ivoire dit qu’en cas de difficulté grave, la division du pays en deux par exemple, et c’est écrit dans la Constitution, rend impossible la tenue des élections. Dans ce cas, le président de la République discute avec le Conseil constitutionnel ; il s’adresse à la Nation et il reste au pouvoir. C’est l’article 38 de la Constitution. Donc il ne faut pas dire que mon mandat s’est interrompu en 2005. 2005, c’était le terme normal s’il n’y avait pas de difficulté. Dès l’instant où il y a des difficultés, la Constitution prévoit qui doit exercer le mandat présidentiel. C’est le président en place et c’est moi. Donc je ne fais rien d’anti-constitutionnel.
F.24 : D’accord, mais il est temps que les élections aient lieu ?
L.G. : Ah oui, mais pour moi-même. Parce qu’il faut qu’il y ait renouvellement d’une légitimité et qu’on forme un gouvernement solide, uni et qu’on cesse de former un gouvernement d’union. Donc nous souhaitons tout cela.
F.24 : Est-ce que vous pensez qu’il peut y avoir un retour à la violence ?
L.G. : En ce moment-ci, je crois que c’est exclu. Mais on ne sait jamais. Il y a des violences qui arrivent sans qu’on ne les ait prévues. Mais, pour la Côte d’Ivoire et pour la sortie de crise que nous sommes en train d’appliquer, je ne crois pas qu’elle puisse être interrompue par la violence.
F.24 : Le ministre de la Coopération française était ici il n’y a pas longtemps. Et cela fait 3 ministres français qui sont venus ici en Côte d’Ivoire depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Comment qualifiez-vous aujourd’hui les relations entre la Côte d’Ivoire et la France ?
L.G. : Elles sont meilleures qu’au temps de Jacques Chirac.
F.24 : Est-ce qu’on va vers une sorte de réchauffement de ces relations ?
L.G. : Oui, mais je dis qu’elles sont meilleures. Elles ne sont pas que meilleures, c'est-à-dire que meilleur n’est pas seulement un adjectif. Mais je le disais à l’un de vos collèges, depuis que Chirac est parti, je dors d’un sommeil profond et je me réveille tranquillement. Sans penser que la nuit, on peut attiser des militaires à droite et à gauche. On se comporte maintenant comme deux Etats civilisés.
F.24 : C’est une page nouvelle?
L.G. : Oui, c’est une page en tout cas nouvelle par rapport à ce qui était.
Propos recueillis sur France 24 par Boga Sivori