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Politique Publié le mardi 2 juin 2009 | Le Patriote

“Malgré toutes les ignominies, ADO est resté apaisé et digne”

Conseiller Spécial du Premier ministre, journaliste de référence et excellent lobbyiste, Alex Souleymane Bamba nous a accordé un entretien d’actualité. Dans celui-ci, il livre sa vision sur le processus de paix en cours actuellement en Cote d’Ivoire.

LP : Le 5ème CPC vient de se tenir à Ouagadougou. En quoi a-t-il été différent voire décisif par rapport aux autres puisque, vous y étiez?
Bamba Alex Souleymane: C’est un tournant déterminant. Ce 5ème CPC fut une rencontre décisive et chargée de symboles : Il s’est ouvert avec les acteurs clés de la vie politique ivoirienne, avec en toile de fond, le respect de la date des élections fixée pour le 29 novembre 2009. La réunion aura permis de contribuer à la réaffirmation par tous les acteurs, à adhérer sans réserve à la nouvelle date formulée. Cette rencontre aura été un espace d’échanges de civilités. D’une part, une sorte de «gentleman agreement» semble prévaloir entre les acteurs politiques «astreints» à accepter le résultat des élections qu’on souhaite (et espère) apaisées, fraternelles et civilisées. D’autre part, un «modus opérandis», informel a pu être ébauché pour la suite du processus compte tenu de la tournure nouvelle imprimée à la marche vers la sortie du tunnel
Au demeurant, l’ambiance cordiale qui y a régnée augure d’une ère nouvelle. Au plan psychologique c’est très important pour les Ivoiriens de savoir que leurs leaders et idoles se parlent et sympathisent.
C’est un signe, un indicateur d’espoir pour l’avenir, pour demain.
C’est l’occasion de réaffirmer aux Ivoiriens, qu’aller aux élections, ce n’est pas aller à la guerre. Fini le temps où on pouvait affirmer que l’enfer c’est l’autre. Il n’y a pas d’enfer. Et le Premier ministre qui est l’arbitre du jeu, a su avec un art consommé et une approche subtile, emmener les frères «ennemis» à transcender leurs divergences. Du reste, on a senti le bonheur sur tous les visages. Il en était de même pour les membres des différentes délégations qui se congratulaient.
Cela est Symptomatique du nouvel état d’esprit qui règne entre Ivoiriens. C’est le lieu d’exprimer toute notre reconnaissance au Président Blaise Compaoré qui a agi en frère et en ami du peuple Ivoirien. Un grand monsieur, le Président du Faso.

LP : Cela va-t-il dans le sens du discours à la nation du Président Gbagbo?
BAS : Je pense, qu’il était bon, au moment où l’espoir de sortie de crise est grand, que le Président s’exprimât et rassurât son peuple. L’exercice a été bénéfique. Il a, en des termes simples, mis son peuple en phase avec le processus de sortie de crise. Il a donné des indications où, il était déjà presque acquis, que les élections présidentielles auraient lieu en 2009. L’essentiel c’est que les élections aient lieu cette année. Et ça, le Président de la République l’a dit. Le 5ème CPC l’a réaffirmé. C’est une avancée majeure. Restent aux Ivoiriens de s’approprier positivement cette date.

LP : Et pourtant, d’aucuns sont hésitants. Certains sont même sceptiques voire assez dubitatifs. Pensez-vous que 2009 est tenable?
BAS : C’est une question d’objectivité. Il fallait par exemple régler avec tact, la question des com-zones qui ont géré longtemps leurs zones et qui sont appelés à sécuriser les élections. Cela ne se fait pas sans transition. Il fallait qu’on ait un minimum de confiance à leur égards, de la courtoisie et de l’attention. Un simple mot gentil, de respect ou de considération peut lever des obstacles. Le tout est dans le respect qu’on a pour l’autre. Dans la capacité qu’on a à se souvenir que, l’un ou l’autre, à un moment donné, a eu à exercer une responsabilité. Et qu’en exerçant cette responsabilité, il a acquis un prestige d’autorité lié à cette responsabilité et, que, on ne peut pas faire, comme si de rien n’a été. Rappelons nous que dans un passé récent, il était impossible de penser que les audiences foraines pouvaient se tenir. Aujourd’hui, avec la signature de l’accord de Ouagadougou et la présence de Guillaume Soro à la primature, les choses ont évolué positivement. Les audiences foraines ont eu lieu, l’identification et le recensement également. Il y a donc une volonté manifeste des autorités à conduire à bien, le processus afin de donner aux différents candidats les mêmes chances de pouvoir gagner ou de perdre les élections. Il ne faut ni verser dans le défaitisme ni dans de petits calculs mesquins. La date du 29 novembre 2009 est tout à fait dans nos possibilités. Chacun doit y travailler.

LP : Vous paraissez optimiste et pourtant des obstacles existent?
BAS : Il faut que la Côte d’Ivoire retrouve sa grandeur et sa splendeur d’antan.
Malgré les obstacles (du reste plus psychologiques qu’autre chose), nous sommes fraternels, nous restons unis. Nous nous parlons, nous échangeons. Nous nous donnons des accolades. Ailleurs, dans d’autres pays (qui ont connu des schémas de cette nature), il y a eu des dégâts collatéraux désastreux. Il y a la Sierra Leone, le Liberia, la Guinée Bissau, la Somalie, la RDC, etc. Ce sont des pays qui ont connu des tourments et vécu des soubresauts préjudiciables à toutes les valeurs de ces pays. Aujourd’hui, ces pays là, sont à la recherche de leur passé. De l’unité perdue et de leur splendeur d’antan. Dieu nous a épargnés cela. C’est un signe qu’il nous aime. Si, nous-mêmes, ne comprenons pas cela, parce que nous sommes à de petits postes, (que nous voulons conserver ou protéger), nous n’aurons qu’à nous en prendre à nous mêmes. Comprenons donc la nécessité d’être humbles et d’être moins ostentatoires. La Côte d’Ivoire appartient à la Côte d’Ivoire. Et n’est Ivoirien que celui qui est Ivoirien. On ne devient pas Ivoirien par simple incantation divinatoire.
Nous sommes dans une dynamique de paix on passe l’éponge. Nous allons dans le sens de la réconciliation des coeurs et des esprits. C’est pour quoi, nous-mêmes, au nom du chef du gouvernement, nous sommes dans le peuple et nous parlons et échangeons avec le peuple. La population se sent concernée par ce que fait le Premier ministre. La population sait aussi, que le Premier ministre, se sent concerné par ce qu’elle fait. Au plan social, culturel, citoyen et sportif, il y a un engouement et un grand intérêt des populations vis-à-vis des actions menées par le Premier ministre du gouvernement. C’est le résultat d’une politique à visage humain. L’image d’Épinal que, d’aucuns, avaient du Premier ministre a été balayée. Le peuple sait aujourd’hui, que le Premier ministre a des qualités intrinsèques et l’étoffe de la fonction. La population a découvert un frère, un ami, un camarade. En somme, un humaniste.

LP : N’est ce pas un faux débat que de parler de désarmement avant les élections?
BAS. Est-ce même un débat? Ou doit-il l’être ? Dans un pays organisé, on ne se poserait même pas la question. Mais, c’est parce que justement il y a eu problème qu’on en parle. Il ne faut pas voir immédiatement les effets. Il faut remonter à la racine du mal pour appréhender les causes et, apprécier la situation d’hier à aujourd’hui. Avec tout ce qui s’est passé, il faut reconnaître qu’on ne revient pas à la normalité aussi simplement d’une région à une autre et selon que l’Etat existait ou n’existait pas. Il faut mettre en confiance d’avantage, les ‘’com-zones’’, réaffirmer leur statut de militaire en mettant l’accent sur l’importance ainsi que l’honneur et le prestige attachés au métier noble de militaire. Est-ce trop demander pour la paix?

LP. Enfin la énième cérémonie de passation de charge a eu lieu entre les ‘’com-zones’’ et les préfets.
BAS. Les FN et les Com-zones ont donné une grande leçon d’humilité. Cette sagesse doit inspirer les Ivoiriens. La passation des charges exprimait «Sui géneris», la crédibilité du processus aussi que la maturité du peuple de Côte d’Ivoire. Les com-zones avaient d’emblée affirmé leur adhésion au processus. Ils sont militaires et ils savent aussi, qu’ils ont joué un rôle positif.
Ce sont plutôt les états-majors politiques qui se livraient à une guerre d’intimidation en brandissant l’épouvantail du désarmement immédiat ou pas. Mais à la vérité, il se fait à dose homéopathiques pour que la Côte d’Ivoire retrouve son unité. Si, elle ne l’a pas d’ailleurs, déjà retrouvée. C’est la réponse à toutes les angoisses et inquiétudes. Et, je pense que c’est suffisant pour mettre fin à tous les débats. C’est parce que nous n’étions pas soudés et que nous avions du mépris les uns pour les autres, que cette situation regrettable est arrivée. Cela doit nous instruire pour l’avenir. Observez Guillaume Soro, il est Premier ministre, chef du gouvernement et SG des Forces Nouvelles, mais, dans son commerce avec les hommes, il est resté humble. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup. Loin s’en faut!

LP : M. Le Conseiller, quels sont vos rapports avec le Premier ministre Ouattara et le président Bédié?
BAS : Avant d’en arriver au Premier Ministre Ouattara intitui-personae, je voudrais faire une affirmation. J’ai décidé de ne jamais juger ni M. Bédié, ni M. Ouattara, ni M. Seydou Diarra, ni M. Banny.

LP : Et pourquoi?
BAS : Tout simplement parce que j’ai entretenu avec chacun, des relations soit particulières, soit spéciales soit filiales, à un moment donné.
Avec le président Bédié, par exemple, outre le fait que j’ai été le Directeur du Démocrate, (journal de l’ex parti au pouvoir, le PDCI) (ce qui constitue un prestige et un mérite pour l’adulte et, le professionnel que je suis.) le président Bédié est l’ami de mon oncle le Dr Amadou Koné. Je lui voue un grand respect pour la sollicitude qu’il n’a eu de cesse à mon égard même lorsque certains apprentis sorciers eussent voulu qu’il me jetât aux orties. Ce qu’il refusa. Ça je ne peux l’oublier !
Avec M. Ouattara ce sont d’abord des relations de fraternité vraie. Ensuite au plan Professional, lorsqu’il était premier ministre de la Côte d’Ivoire, c’est nous qui (Hamed Bakayoko et moi) portions l’étendard. C’est moi qui, le premier ai utilisé l’expression Dr Ouattara. Bien après, les autres m’ont suivi. Ham Bak et moi étions des privilégiés de la maison Ouattara. Parce que très vite on avait conscience qu’il avait de l’étoffe et une valeur intrinsèque pour apporter un souffle nouveau à la Côte d’Ivoire. Il nous a adoptés. Ham-Bak est même devenu son fils. M Ouattara, est un homme que je respecte, et que j’admire. Un homme qui est fort dans sa tête et qui est grand. De fait, qui a été le plus humilié et maltraité qu’Alassane Dramane Ouattara dans ce pays? Que n’a-t-on fait pour l’humilier à l’extrême ? Même sa mère décédée, des mécréants ont profané la tombe de la vieille Hadja en l’exhumant. Il n’y a pas plus affligeant qu’un geste aussi ignoble et maléfique pour leurs auteurs? Mais, en dépit de toutes ces forfaitures morales, en dépit de toutes ces méchancetés, de ces ignominies, il est resté humble et debout. Aujourd’hui, il fait la leçon : c’est un homme apaisé. Il tient un discours de rassemblement, de fraternité et de solidarité agissante et ce, dans la logique de la pensée et de la philosophie politique et morale de Félix Houphouët Boigny. Quelle grandeur! Quelle élégance! Quelle classe!
C’est du Nelson Mandela : Oublier les offenses, tendre la main, jouer la carte de la tolérance et construire la paix. C’est magique !
D’ailleurs Marcel Amon Tanoh (et d’autres) exprime (ent) le caractère pluri ethnique et national du RDR. Marcel incarne à merveilles la vision du rassemblement de M. Ouattara.
Le Premier ministre Diarra est mon oncle. C’est un homme conciliant et gentil du fait de sa culture et son éducation. Mais, attention, il est déterminé. Quant au Premier Ministre Banny, il m’a gardé en l’état en ma qualité d’Expert Consultant en communication et en Stratégies à la Primature à son arrivée fin 2005. J’aurais pu faire plus pour lui. Mais, il avait lui-même, ses propres hommes. Je souhaite qu’il s’implique davantage dans le jeu politique. Il a un discours conciliant et moi j’aime ça.

LP : Et le président Gbagbo?
BAS : Est-ce nécessaire? Sachez que la Côte d’Ivoire a une histoire. Elle n’est pas née aujourd’hui. Les relations que nous entretenons sont anciennes. Je fus un habitué de l’apatam mythique à la Riviera Golf où nous ne consommions que du Gnamakoudji. Je ne le chante ni ne le proclame urbi et orbi. Et Dieu seul sait si je devais m’en prévaloir…
Je suis à la fois son ami et son petit frère. Si c’est ce que vous voulez savoir.


BN, IK et YMA
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