Sacré champion d’Europe des clubs 2009 : Yaya Touré accueilli hier en héros

Il est 10 heures lorsque nous arrivons à l’aéroport international Félix Houphouet Boigny, à Port Bouët. Devant le portail qui donne accès à la cour du salon d’honneur, des gendarmes et des policiers sont en faction. Comme d’autres journalistes, reporters photographes et cameramen, nous tentons d’entrer dans ladite cour pour vivre en direct l’arrivée de Touré Yaya Gnégnéri, l’international ivoirien du FC Barcelone, qui a remporté avec son club, le 27 mai dernier à Rome, la Ligue UEFA des champions. A tous, les forces de l’ordre opposent un niet. Idem pour les occupants de trois voitures. A 10 heures 20 minutes, arrive Kolo Habib Touré, le frère aîné de Yaya Gnégnéri. Il parlemente avec ceux qui tiennent le portail hermétiquement fermé. Une solution est rapidement trouvée et les trois voitures peuvent alors entrer. Les reporters qui s’impatientent sont priés d’attendre. “Reculez, reculez et attendez là bas. Nous n’avons pas reçu l’ordre de vous laisser passer”, dit un responsable des forces de l’ordre. Le temps passe et la colère commence à gagner du terrain. Finalement, tout rentre dans l’ordre et les reporters accèdent à la cour pour travailler. On y aperçoit le ministre des sports, Dagobert Banzio et ses collaborateurs des membres de la FIF et Gaston Ouassénan Koné.

Le calme quasiment plat qui règne dans ce lieu nous oblige à nous renseigner. Pourquoi une telle situation alors que le comité d’organisation de l’accueil à Touré Yaya Gnégnéri a mis vingt cars à la disposition du public pour se rendre à l’aéroport ? “Pour des raisons de sécurité, le protocole d’Etat a demandé aux cars de rester au niveau d’Akwaba ”, nous répond un membre dudit comité. Le héros devant arriver à 12 h22, nous mettons à profit notre temps pour arracher quelques mots aux témoins de l’évènement.

“Ce trophée de la ligue des champions n’était jamais venu en Côte d’Ivoire. Grâce à Yaya, il est là. Il faut lui tirer le chapeau parce que ce n’est pas donné à tout le monde d’amener un trophée aussi prestigieux en Afrique. Il l’a fait pour son pays qu’il aime tant. Il a beaucoup de mérite… J’ai toujours rêvé de gagner le trophée de la ligue des champions. Mon petit frère le gagne, c’est comme si c’était moi. J’ai moi aussi envie d’amener cette coupe à Abidjan, mais j’avoue que mon envie a diminué. Parce que mon frère cadet la gagne, je me sens très fier et j’ai l’impression d’avoir gagné cette coupe. C’est une affaire de sang… Mon petit frère a toujours montré qu’il a du talent et il l’a une fois de plus prouvé. A l’académie, il était l’un des joueurs les plus considérés par Jean Marc Guillou, grâce à qui le football ivoirien a pris aujourd’hui du volume”, affirme Touré Kolo Habib.

La collecte de ces informations terminée, nous nous adressons à M. Mory Touré, le père des deux footballeurs. Et c’est un homme détendu qui déclare : “Je suis heureux et fier d’être le père du premier footballeur ivoirien à remporter la ligue européenne des champions. Ce n’est ni de l’orgueil, ni de la fanfaronnade… Yaya est un garçon intelligent et qui a du caractère. Quand il veut quelque chose, il va jusqu’au bout. Je suis très fier de la performance qu’il a réalisée… Je souhaite que beaucoup d’autres footballeurs ivoiriens en Europe gagnent la ligue des champions… Je demande aux autres parents de laisser leurs enfants exprimer leur vocation. Parce que lorsqu’il y a une trop forte pression sur un enfant, cela peut conduire à des dérapages”.

Le temps s’écoule. A 12 h22, un avion s’immobilise sur le tarmac. Il s’en suit un mouvement de foule. Quelques minutes plus tard, la haute silhouette du héros apparaît. Touré Yaya Gnégnéri tient en mains le fameux trophée. Il le brandit. L’émotion est à son comble. Cinq minutes après, il prend un bain de foule avant de monter dans un command car. A ses côtés, son père et son frère Kolo. La parade peut alors commencer.

Le long cortège quitte Port-Bouët. La foule massée le long de la route rend un hommage mérité à celui qui a défendu avec brio l’honneur de la Côte d’Ivoire le 27 mai 2009 à Rome. A Koumassi, Treichville, Plateau et à Cocody, l’enthousiasme est débordant. La foule qui accompagne la famille Touré se rend à la résidence du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Dans le périmètre de ladite résidence, les forces de l’ordre veillent au grain. Un tri est opéré car tout le monde ne peut arriver chez le premier magistrat du pays. Des privilégiés ont accès plus tard au salon apprêté pour accueillir Touré Yaya et les siens venus montrer la coupe de la ligue UEFA des champions au président de la République Laurent Gbagbo, toujours attentif à la chose sportive.

Celui qu’on fête en ce jour mémorable prend la parole et soutient : “Je viens montrer la coupe à la Côte d’Ivoire et à son président. Pour moi, le plus important était de lui présenter le trophée ainsi qu’au peuple ivoirien. Je suis très ému. Nous allons nous donner au maximum pour nous qualifier pour la CAN et le Mondial ”. En écho, le président de la République l’a félicité. Mais il a surtout présenté des excuses au joueur, à Kolo et à Touré père qui n’a pas décoléré en raison des commentaires désobligeants enregistrés à la suite des demi- finales FC Barcelone- Chelsea FC.
“J’ai demandé à Anouma (Jacques) d’aller assister à la finale pour montrer au petit (Touré Yaya) que nous sommes avec lui… Je crois que Yaya est le premier joueur ivoirien champion d’Europe. J’espère qu’après, nous allons être champions d’Afrique et peut- être champions du monde parce que la coupe du monde ne doit pas échapper aux Africains”. Applaudissements nourris.

Avant de péter le champagne à la gloire de Touré Yaya Gnégnéri, Touré père a dit des bénédictions afin que le bonheur visite aussi les autres footballeurs ivoiriens évoluant sur le Vieux continent.



Roger Okou Vabé: rogerokou@yahoo.fr