Après plusieurs reports, le Chef de l'Etat ivoirien Gbagbo Laurent se rendra finalement dans quelques jours dans la région de l'Ouest montagneux. Une visite de 10 jours qui devrait, selon les politologues du palais, le réconcilier avec cette partie du pays, dont la mort du leader dans des conditions jusque-là non élucidées avait refroidi l'ardeur pour le Chef des refondateurs. Une visite de lobbying et de séduction à l'instar de Barack Obama dans le Golf arabo-persique.
Pourtant, cette visite ne sera pas une partie de plaisir pour le Chef de l'Etat, futur candidat du FPI à la présidentielle. L'ouest montagneux porte encore le deuil du général Robert Guéi et de sa famille entière assassinés le 19 septembre au matin. Ce jour-là, on se rappelle, sur les ondes de la Radio télévision ivoirienne, le président du FPI Pascal Affi Nguessan déclarait que Robert Guéi était en tête des assaillants et que c'est quand il partait annoncer son coup d'Etat à la télé qu'il a été tué. Par qui, la réponse tombe d'elle-même. Mais depuis, aucun éclaircissement n'a été fait. Mieux, le corps de Guéi réclamé à cor et à cri par ses parents de l'ouest et plus précisément ceux de Kabacouma leur a été refusé pour être enterré au cœur du Plateau à Abidjan. Tandis que son épouse Rose Doudou assassinée le même jour, au même endroit et dans les mêmes conditions que lui a été enterrée à Port-Bouët. Lors des tractations qui ont précédé cette visite, les parents de Guéi avaient maintes fois exprimé leur désir de voir la dépouille du général transférée et enterrées sur ses terres ancestrales. Mais rien n'y fit. Ils en avaient même fait un préalable. Au finish, c'est au grand dam de ces cris de douleur contenus dans leurs doléances que le Chef de l'Etat Gbagbo se rend à l'ouest, sans le corps de Guéi.
Sauf changement de dernière minute, Gbagbo devrait être à l'ouest dans quelque 72 heures. Les préparatifs, selon les organisateurs, sont finis, tout est fin prêt. Certains parlent de grandiose fête de retrouvailles, tandis que d'autres parlent de corvée pour ceux qui devront affronter le regard des parents du défunt général. Dans tous les cas, tout semble OK pour que Gbagbo aille parader à l'ouest. Sans le corps de Guéi. Mais qu'en est-il de l'esprit du général ? Cela est une autre histoire qui risque de bousculer la réalité dans 72 heures. En Afrique, les morts ne sont jamais morts. Ils sont là à côté de nous, parmi nous. Ils nous observent, nous suivent, nous parlent même et nous guident, si nous le méritons. Si le corps de Guéi avait été remis comme il se devait à ceux qui le réclamaient à Kabacouma, si des rites funéraires avaient été organisés comme il se devait, sans doute, l'âme de Guéi ou son esprit se serait éloigné de Kabacouma, de Biankouma, de Man, de Danané… mais cela n'a pas été le cas. On imagine aisément, en tant qu'Africains, le Général Robert Guéi, que Laurent Gbagbo appelait affectueusement Bob, assis ce jour, au milieu de la foule, ou juste au devant de la foule, à la loge d'honneur (due à son rang), en tenue d'apparat, face à son ami Gbagbo Laurent qu'il est venu accueillir. Il ne le saluera pas, mais il l'observera, le suivra l'écoutera religieusement. Guéi à qui en 2000 Gbagbo a publiquement rendu hommage à Gagnoa, aimerait, lui aussi, être physiquement présent pour exprimer sa joie de recevoir en terre mannoise son ami et frère Laurent, celui-là même qui jouait au piano quand lui était à la guitare. Guéi aurait été heureux d'être à la tête des siens qui allaient faire le triomphe à Gbagbo. Hélas, c'est dans l'ombre, dans un flocon de nuage qu'il est condamné à regarder Laurent. Connaissant son ami, le général attendra de connaître enfin la vérité sur cette guerre qui l'a emporté dès le 19 septembre. Guéi attendra de connaître la vérité sur l'identité, la motivation et surtout les commanditaires de ceux qui lui ont ôté la vie. Avec le général, tous les siens attendront de Gbagbo qu'il dise enfin ce qui a endeuillé l'ouest. Le général n'accusera sans doute pas, même s'il n'a pas eu le temps de parler. Le pouvoir l'a enterré où le pouvoir veut. Mais son esprit a rejoint les siens, et cet esprit sera à l'accueil de Gbagbo. Sans aucun doute, cet esprit a déjà parlé à ses parents. Soit en songe, soit de tout autre façon. Il leur a demandé d'aller accueillir Gbagbo et de l'écouter attentivement. " Mon corps n'est pas venu, mais je suis là avec vous… allons accueillir Gbagbo… " ; Telle peut être la substance de l'appel de Guéi. Il leur a surtout dit de rappeler à tous qu'il sera avec eux à l'accueil de Gbagbo, qu'il l'accompagnera partout dans son périple de l'ouest. Il est même prêt à le protéger.
Eddy PEHE
Pourtant, cette visite ne sera pas une partie de plaisir pour le Chef de l'Etat, futur candidat du FPI à la présidentielle. L'ouest montagneux porte encore le deuil du général Robert Guéi et de sa famille entière assassinés le 19 septembre au matin. Ce jour-là, on se rappelle, sur les ondes de la Radio télévision ivoirienne, le président du FPI Pascal Affi Nguessan déclarait que Robert Guéi était en tête des assaillants et que c'est quand il partait annoncer son coup d'Etat à la télé qu'il a été tué. Par qui, la réponse tombe d'elle-même. Mais depuis, aucun éclaircissement n'a été fait. Mieux, le corps de Guéi réclamé à cor et à cri par ses parents de l'ouest et plus précisément ceux de Kabacouma leur a été refusé pour être enterré au cœur du Plateau à Abidjan. Tandis que son épouse Rose Doudou assassinée le même jour, au même endroit et dans les mêmes conditions que lui a été enterrée à Port-Bouët. Lors des tractations qui ont précédé cette visite, les parents de Guéi avaient maintes fois exprimé leur désir de voir la dépouille du général transférée et enterrées sur ses terres ancestrales. Mais rien n'y fit. Ils en avaient même fait un préalable. Au finish, c'est au grand dam de ces cris de douleur contenus dans leurs doléances que le Chef de l'Etat Gbagbo se rend à l'ouest, sans le corps de Guéi.
Sauf changement de dernière minute, Gbagbo devrait être à l'ouest dans quelque 72 heures. Les préparatifs, selon les organisateurs, sont finis, tout est fin prêt. Certains parlent de grandiose fête de retrouvailles, tandis que d'autres parlent de corvée pour ceux qui devront affronter le regard des parents du défunt général. Dans tous les cas, tout semble OK pour que Gbagbo aille parader à l'ouest. Sans le corps de Guéi. Mais qu'en est-il de l'esprit du général ? Cela est une autre histoire qui risque de bousculer la réalité dans 72 heures. En Afrique, les morts ne sont jamais morts. Ils sont là à côté de nous, parmi nous. Ils nous observent, nous suivent, nous parlent même et nous guident, si nous le méritons. Si le corps de Guéi avait été remis comme il se devait à ceux qui le réclamaient à Kabacouma, si des rites funéraires avaient été organisés comme il se devait, sans doute, l'âme de Guéi ou son esprit se serait éloigné de Kabacouma, de Biankouma, de Man, de Danané… mais cela n'a pas été le cas. On imagine aisément, en tant qu'Africains, le Général Robert Guéi, que Laurent Gbagbo appelait affectueusement Bob, assis ce jour, au milieu de la foule, ou juste au devant de la foule, à la loge d'honneur (due à son rang), en tenue d'apparat, face à son ami Gbagbo Laurent qu'il est venu accueillir. Il ne le saluera pas, mais il l'observera, le suivra l'écoutera religieusement. Guéi à qui en 2000 Gbagbo a publiquement rendu hommage à Gagnoa, aimerait, lui aussi, être physiquement présent pour exprimer sa joie de recevoir en terre mannoise son ami et frère Laurent, celui-là même qui jouait au piano quand lui était à la guitare. Guéi aurait été heureux d'être à la tête des siens qui allaient faire le triomphe à Gbagbo. Hélas, c'est dans l'ombre, dans un flocon de nuage qu'il est condamné à regarder Laurent. Connaissant son ami, le général attendra de connaître enfin la vérité sur cette guerre qui l'a emporté dès le 19 septembre. Guéi attendra de connaître la vérité sur l'identité, la motivation et surtout les commanditaires de ceux qui lui ont ôté la vie. Avec le général, tous les siens attendront de Gbagbo qu'il dise enfin ce qui a endeuillé l'ouest. Le général n'accusera sans doute pas, même s'il n'a pas eu le temps de parler. Le pouvoir l'a enterré où le pouvoir veut. Mais son esprit a rejoint les siens, et cet esprit sera à l'accueil de Gbagbo. Sans aucun doute, cet esprit a déjà parlé à ses parents. Soit en songe, soit de tout autre façon. Il leur a demandé d'aller accueillir Gbagbo et de l'écouter attentivement. " Mon corps n'est pas venu, mais je suis là avec vous… allons accueillir Gbagbo… " ; Telle peut être la substance de l'appel de Guéi. Il leur a surtout dit de rappeler à tous qu'il sera avec eux à l'accueil de Gbagbo, qu'il l'accompagnera partout dans son périple de l'ouest. Il est même prêt à le protéger.
Eddy PEHE