Dans la nuit du 1er au 2 juin dernier, un mouvement spontané de mécontentement a débuté au quai de la Société d’exploitation du terminal de Vridi (Setv) et s’est emparé de tous les quais. Le Syndicat des entrepreneurs de manutention et de transit des ports d’Abidjan et San Pedro (Sempa), n’a pas, selon les dockers respecté ses engagements pris devant le ministre de l’Intérieur en mai dernier. Une promesse qui se résume à l’instauration des primes de rendement. Les autorités portuaires ont très tôt convoqué une réunion de crise entre les différentes parties le 3 juin. Une rencontre qui a essuyé un échec. En effet, elles attribuent la paternité de ces perturbations au Collectif national des dockers et dockers transits pour la défense de leurs droits (Cndd) par ailleurs, syndicat majoritaire. Mais ce dernier dit « ne rien à voir avec ce mouvement de mécontentement. » Vrai où faux ? En tous cas, rien n’a été fait du côté des autorités pour ramener les dockers au calme et à la reprise du travail. Pis, des dockers sont agressés pour avoir tenté de reprendre le travail. A ce jour, on dénombre une vingtaine de blessés dont certains tailladés à la machette. Quelles mains obscures se cachent derrière cette tragédie ? Mystère. Pour pallier ce retard qui ternit l’image du port d’Abidjan, les autorités ont fait appel à 2000 nouveaux « dockers ». Malgré cela, les opérateurs économiques crient leur râle-bol.
Le Syndinavi menace
« Nous avons au moins 60 navires bloqués. En plus, nous devons payer un sur estari qui s’élève à 2O.OOO dollars US, soit un millions de nos francs par jour. Plus de dix bateaux n’ont pu décharger leurs cargaisons depuis l’éclatement du conflit, et ont été obligés de prendre la direction des ports du Ghana ou du Togo », s’indigne un opérateur économique qui s’est confié à nous dans la nuit du 5 juin dernier. C’est sans surprise que les consignataires et armateurs de Côte d’Ivoire, réunis au sein du Syndinavi, ont menacé dans un communiqué de presse « d’annuler les escales de leurs navires au port autonome d’Abidjan, si la situation conflictuelle devrait perdurer.» Un avertissement qui montre bien que les opérateurs économiques sont les seuls perdants dans le conflit entre les dockers et le Sempa-Bmod. Ces derniers tiennent pour responsables de cette situation, tous les acteurs du périmètre portuaire. « Depuis que la direction générale du port d’Abidjan s’est impliquée dans les négociations entre les dockers et leur patronat, tout va de mal en pis. Nous nous demandons si les autorités portuaires veulent un retour à la normale des activités. Il en est de même pour le Sempa-Bmod, qui peut normalement trouver une solution à ce tohu-bohu en se séparant du Bureau de la main d’œuvre docker (Bmod). En effet, il faudrait songer à créer une structure autonome de gestion des dockers en lieu et place du Bmod qui dépend du Sempa. Quant à la direction générale des affaires maritimes et portuaires (Dgamp), dépassée par les évènements, elle devrait se ressaisir (…) », s’indigne un manutentionnaire. Une semaine après la grève des dockers, rien ne laisse présager un retour à la normale. Les indicateurs de l’économie ivoirienne sont au rouge. Les autorités pour éviter les dégâts ont dans un communiqué de presse, demandé aux Ivoiriens désireux d’être dockers, de venir se faire enrôler. C’est environ six mille Ivoiriens tous sexes confondus, qui se sont présentés. Parmi eux, deux mille (2000) ont été recrutés puis transportés sur les quais pour soulever des sacs.
Quel sort pour les 2000 recrues
La mobilisation de milliers d’Ivoiriens à l’invitation des autorités pour soulever les sacs, a été impressionnante. Cela est révélateur d’une jeunesse en quête d’emploi. Le chômage est bel et bien une réalité. A tel point que ces derniers sans chercher à savoir comment ils seront rémunérés ont accouru au stade du port d’Abidjan. Mais contrairement aux attentes, des laisser-passez leur ont été donnés en lieu et place de cartes de dockers. Les travailleurs de ce genre, il en existe des milliers au Port d’Abidjan. Ces travailleurs appelés « dockers bana-bana » dans le milieu portuaire qui ont été recrutés montre que ce sont les autorités portuaires qui favorisent la fraude. Puisqu’elles ont de tous temps manifesté contre ce genre de travailleurs, qui sont comparables à des travailleurs « au noir ». Aucun contrat ne les lie au Sempa-Bmod. Aucune garantie en cas d’accident de travail. Les autorités portuaires ont recruté ces jeunes gens à venir travailler sans leur dire comment ils seront rémunérés. La bêtise humaine. Elles leur promettent « un montant de 3000 à 5000 Francs Cfa par jour » selon des sources. Les autorités respecteront-elles cet engagement quand ont sait que les dockers lanceurs de sacs sont rémunérés à 286 Francs Cfa par l’heure travaillée ? Encore qu’ils n’ont aucune maîtrise du travail dockers. C’est justement pour ce montant dérisoire que les dockers revendiquent l’amélioration de leurs taux horaires. « Pour avoir revendiqué, six mille pères de familles sont menacés de licenciement. Est-ce cela la solution ? », se demande un agent du port d’Abidjan. La Côte d’Ivoire qui sort peu à peu de l’ornière après une guerre fratricide, n’est pas loin de replonger dans le chaos. Le dialogue demeure la seule voie d’un retour à la normale progressif des activités dans le périmètre portuaire d’Abidjan. Mais question. Si les dockers reviennent à la raison, quel serait alors le sort des 2000 recrues ? Seront-ils laissés pour compte ou intégreront-ils la corporation ? Si tel est le cas, cela n’engendra t-il pas d’autres frustrations ? En effet, les dockers réunis au sein du Cndd réclament depuis lors, la réintégration des dockers retirés du fichier du BMOD. Pour pallier l’insuffisance de la main d’œuvre docker. Une telle situation évitera-t-elle, au port d’Abidjan d’autres perturbations ? Rien ne le laisse croire.
Un coup bien monté
Et si le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo libéralisait le secteur de la gestion de la main d’œuvre docker ? La question mérite d’être posée. A la vérité, le Sempa-Bmod qui tient depuis lors le monopole de la gestion des dockers sur les plates formes ivoiriennes, n’arrive plus à maîtriser les dockers qui réclament l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cette corporation restée muette au plus fort de la crise armée en Côte d’voire, a décidé de se faire entendre. La cherté de la vie oblige. La question posée plus haut, serait une des solutions pour atténuer leur souffrance. « Personne n’a prononcé le vœu de pauvreté, tout métier doit pouvoir nourrir son homme » aiment-ils dire. Mais le processus de cette libéralisation ne devrait pas se faire dans un contexte flou. Selon des sources proches du dossier : « depuis la dernière semaine de mai 2009, un projet de décret portant libéralisation du secteur de la main d’œuvre docker, aurait été déposé sur la table du chef de l’Etat. Curieusement, quelques jours après, les dockers paralysent les activités portuaires. Etait-ce un moyen pour ces personnes qui ont commandité ce projet de décret de pousser le président Gbagbo à le signer rapidement ? », S’interrogent-elles pour finir. Autre fait marquant. La sortie plus ou moins « suspecte » de Touré Yacouba, président du Groupement des importateurs de riz et de denrées alimentaires (Girdaci). Ce dernier au cours d’une réunion de crise qu’il a tenu avec les membres dudit groupement le jeudi 4 juin dernier, n’a pas manqué de demander la libéralisation du secteur de la main d’œuvre dockers. Ce, afin d’éviter une pénurie alimentaire en Côte d’Ivoire. Une proposition bien étrange. « Où était Touré Yacouba en février et décembre 2008 puis en avril 2009, où les dockers avaient bloqué les activités portuaires ? Pourquoi soumet-il sa proposition au moment où le projet de décret portant création de la main d’œuvre docker serait sur la table du chef de l’Etat ? Pour qui roule le Girdaci ? », S’interroge notre interlocuteur. De tels agissements montrent que les perturbations au port d’Abidjan seraient un coup bien monté. « C’est un film dans lequel chacun monte sur la scène en temps réel pour jouer son rôle », indique une source proche du palais présidentiel. Un scénario parfait, dans lequel le chef de l’Etat ne devrait pas ‘’jouer’’ le rôle qui lui a été attribué. Celui de signer en hâte, ce fameux projet de décret sans connaître les tenants et les aboutissants.
Vigilance donc !
Yenon R. Assi assyelie@yahoo.fr
Le Syndinavi menace
« Nous avons au moins 60 navires bloqués. En plus, nous devons payer un sur estari qui s’élève à 2O.OOO dollars US, soit un millions de nos francs par jour. Plus de dix bateaux n’ont pu décharger leurs cargaisons depuis l’éclatement du conflit, et ont été obligés de prendre la direction des ports du Ghana ou du Togo », s’indigne un opérateur économique qui s’est confié à nous dans la nuit du 5 juin dernier. C’est sans surprise que les consignataires et armateurs de Côte d’Ivoire, réunis au sein du Syndinavi, ont menacé dans un communiqué de presse « d’annuler les escales de leurs navires au port autonome d’Abidjan, si la situation conflictuelle devrait perdurer.» Un avertissement qui montre bien que les opérateurs économiques sont les seuls perdants dans le conflit entre les dockers et le Sempa-Bmod. Ces derniers tiennent pour responsables de cette situation, tous les acteurs du périmètre portuaire. « Depuis que la direction générale du port d’Abidjan s’est impliquée dans les négociations entre les dockers et leur patronat, tout va de mal en pis. Nous nous demandons si les autorités portuaires veulent un retour à la normale des activités. Il en est de même pour le Sempa-Bmod, qui peut normalement trouver une solution à ce tohu-bohu en se séparant du Bureau de la main d’œuvre docker (Bmod). En effet, il faudrait songer à créer une structure autonome de gestion des dockers en lieu et place du Bmod qui dépend du Sempa. Quant à la direction générale des affaires maritimes et portuaires (Dgamp), dépassée par les évènements, elle devrait se ressaisir (…) », s’indigne un manutentionnaire. Une semaine après la grève des dockers, rien ne laisse présager un retour à la normale. Les indicateurs de l’économie ivoirienne sont au rouge. Les autorités pour éviter les dégâts ont dans un communiqué de presse, demandé aux Ivoiriens désireux d’être dockers, de venir se faire enrôler. C’est environ six mille Ivoiriens tous sexes confondus, qui se sont présentés. Parmi eux, deux mille (2000) ont été recrutés puis transportés sur les quais pour soulever des sacs.
Quel sort pour les 2000 recrues
La mobilisation de milliers d’Ivoiriens à l’invitation des autorités pour soulever les sacs, a été impressionnante. Cela est révélateur d’une jeunesse en quête d’emploi. Le chômage est bel et bien une réalité. A tel point que ces derniers sans chercher à savoir comment ils seront rémunérés ont accouru au stade du port d’Abidjan. Mais contrairement aux attentes, des laisser-passez leur ont été donnés en lieu et place de cartes de dockers. Les travailleurs de ce genre, il en existe des milliers au Port d’Abidjan. Ces travailleurs appelés « dockers bana-bana » dans le milieu portuaire qui ont été recrutés montre que ce sont les autorités portuaires qui favorisent la fraude. Puisqu’elles ont de tous temps manifesté contre ce genre de travailleurs, qui sont comparables à des travailleurs « au noir ». Aucun contrat ne les lie au Sempa-Bmod. Aucune garantie en cas d’accident de travail. Les autorités portuaires ont recruté ces jeunes gens à venir travailler sans leur dire comment ils seront rémunérés. La bêtise humaine. Elles leur promettent « un montant de 3000 à 5000 Francs Cfa par jour » selon des sources. Les autorités respecteront-elles cet engagement quand ont sait que les dockers lanceurs de sacs sont rémunérés à 286 Francs Cfa par l’heure travaillée ? Encore qu’ils n’ont aucune maîtrise du travail dockers. C’est justement pour ce montant dérisoire que les dockers revendiquent l’amélioration de leurs taux horaires. « Pour avoir revendiqué, six mille pères de familles sont menacés de licenciement. Est-ce cela la solution ? », se demande un agent du port d’Abidjan. La Côte d’Ivoire qui sort peu à peu de l’ornière après une guerre fratricide, n’est pas loin de replonger dans le chaos. Le dialogue demeure la seule voie d’un retour à la normale progressif des activités dans le périmètre portuaire d’Abidjan. Mais question. Si les dockers reviennent à la raison, quel serait alors le sort des 2000 recrues ? Seront-ils laissés pour compte ou intégreront-ils la corporation ? Si tel est le cas, cela n’engendra t-il pas d’autres frustrations ? En effet, les dockers réunis au sein du Cndd réclament depuis lors, la réintégration des dockers retirés du fichier du BMOD. Pour pallier l’insuffisance de la main d’œuvre docker. Une telle situation évitera-t-elle, au port d’Abidjan d’autres perturbations ? Rien ne le laisse croire.
Un coup bien monté
Et si le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo libéralisait le secteur de la gestion de la main d’œuvre docker ? La question mérite d’être posée. A la vérité, le Sempa-Bmod qui tient depuis lors le monopole de la gestion des dockers sur les plates formes ivoiriennes, n’arrive plus à maîtriser les dockers qui réclament l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cette corporation restée muette au plus fort de la crise armée en Côte d’voire, a décidé de se faire entendre. La cherté de la vie oblige. La question posée plus haut, serait une des solutions pour atténuer leur souffrance. « Personne n’a prononcé le vœu de pauvreté, tout métier doit pouvoir nourrir son homme » aiment-ils dire. Mais le processus de cette libéralisation ne devrait pas se faire dans un contexte flou. Selon des sources proches du dossier : « depuis la dernière semaine de mai 2009, un projet de décret portant libéralisation du secteur de la main d’œuvre docker, aurait été déposé sur la table du chef de l’Etat. Curieusement, quelques jours après, les dockers paralysent les activités portuaires. Etait-ce un moyen pour ces personnes qui ont commandité ce projet de décret de pousser le président Gbagbo à le signer rapidement ? », S’interrogent-elles pour finir. Autre fait marquant. La sortie plus ou moins « suspecte » de Touré Yacouba, président du Groupement des importateurs de riz et de denrées alimentaires (Girdaci). Ce dernier au cours d’une réunion de crise qu’il a tenu avec les membres dudit groupement le jeudi 4 juin dernier, n’a pas manqué de demander la libéralisation du secteur de la main d’œuvre dockers. Ce, afin d’éviter une pénurie alimentaire en Côte d’Ivoire. Une proposition bien étrange. « Où était Touré Yacouba en février et décembre 2008 puis en avril 2009, où les dockers avaient bloqué les activités portuaires ? Pourquoi soumet-il sa proposition au moment où le projet de décret portant création de la main d’œuvre docker serait sur la table du chef de l’Etat ? Pour qui roule le Girdaci ? », S’interroge notre interlocuteur. De tels agissements montrent que les perturbations au port d’Abidjan seraient un coup bien monté. « C’est un film dans lequel chacun monte sur la scène en temps réel pour jouer son rôle », indique une source proche du palais présidentiel. Un scénario parfait, dans lequel le chef de l’Etat ne devrait pas ‘’jouer’’ le rôle qui lui a été attribué. Celui de signer en hâte, ce fameux projet de décret sans connaître les tenants et les aboutissants.
Vigilance donc !
Yenon R. Assi assyelie@yahoo.fr