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Société Publié le samedi 13 juin 2009 | Fraternité Matin

Travail des enfants : La crise accroît le risque pour les filles

La célébration de la journée mondiale contre le phénomène a donné lieu à la publication d’un nouveau rapport par le Bit. Alors que l’impact de la crise économique sur le travail des enfants, et en particulier sur les filles, suscite beaucoup d’inquiétudes, une session spéciale de la Conférence internationale du travail célèbre, à Genève, la Journée mondiale contre le travail des enfants. Et le dixième anniversaire de l’adoption de la convention N° 182 de l’Oit sur l’élimination des pires formes de travail des enfants. Pour cette Journée mondiale, le Bureau international du travail (Bit) publie un nouveau rapport intitulé «Donnons une chance aux filles: lutter contre le travail des enfants, une clé pour l’avenir» qui met en lumière l’exploitation des filles dans le travail des enfants et avertit que la crise risque de les contraindre davantage de filles à abandonner l’école pour aller travailler. «Nous avons enregistré de réels progrès dans la réduction du travail des enfants. Les politiques adoptées dans la crise actuelle seront un test pour l’engagement national et mondial à poursuivre ce combat», a déclaré le directeur général du Bit, Juan Somavia. Le rapport du Programme international pour l’abolition du travail des enfants (Ipec) du Bit présente les dernières statistiques relatives au nombre de filles victimes du travail des enfants en insistant particulièrement sur les formes d’exploitation auxquelles elles sont confrontées. On estime que, dans le monde entier, environ 100 millions de filles sont victimes du travail des enfants. Nombre d’entre elles effectuent des tâches similaires à celles des garçons; cependant, bien souvent, elles endurent des souffrances supplémentaires et courent des risques additionnels. De surcroît, les filles sont trop souvent exposées à quelques-unes de pires formes de travail des enfants, parfois de façon clandestine. Les normes de l’Oit requièrent que les pays fixent un âge minimum d’admission à l’emploi (généralement 15 ans, bien que les pays en développement puissent le fixer à 14 ans). Elles exigent aussi que les enfants (y compris les adolescents de 15 à 17 ans) n’effectuent aucune des pires formes de travail des enfants. Toutefois, dans beaucoup de pays, on trouve des filles qui n’ont pas atteint l’âge d’admission à l’emploi occupées dans un grand nombre de secteurs économiques et de services, souvent dans les pires formes de travail des enfants. Un grand nombre de filles travaillent dans l’agriculture et dans la manufacture, fréquemment dans des conditions dangereuses. Le principal secteur où on les retrouve, c’est dans le travail domestique au domicile d’un tiers. Souvent, clandestin, il entraîne des dangers et des risques particuliers. L’exploitation extrême des filles dans les pires formes de travail des enfants inclut l’esclavage, le travail en situation de servitude, la prostitution et la pornographie.
Inconvénients multiples
La plupart des travaux des enfants sont enracinés dans la pauvreté et bien souvent associés à des inconvénients multiples. Les inégalités socio-économiques fondées sur le langage, la race, le handicap et les différences ville-campagne sont profondément ancrées dans les mœurs. Les filles peuvent être confrontées à des désavantages particuliers dus à une discrimination et des pratiques qui leur attribuent certains types de tâches. Nombre d’entre elles effectuent des travaux domestiques non rémunérés pour leurs familles, en général bien plus que les garçons. Ces tâches incluent les soins aux enfants, la cuisine, le nettoyage et la récolte d’eau et de combustible. Les filles doivent aussi concilier de longues heures de tâches ménagères avec des activités économiques hors de la maison, ce qui représente pour elles un “double fardeau” et peut avoir une influence négative sur la possibilité de fréquenter l’école et peut aussi constituer un danger physique pour elles.
Désavantages en matière d’éducation
Le deuxième Objectif du millénaire pour le développement demande que, jusqu’en 2015, tous les enfants effectuent le cycle complet de l’enseignement primaire. Le troisième Objectif vise à éliminer la disparité entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire. Nonobstant, au niveau mondial, 75 millions d’enfants ne fréquentent toujours pas l’école primaire. Pour 100 garçons scolarisés, il n’y a que 94 filles et celles des zones rurales sont plus désavantagées encore. Dans les pays en développement, le taux d’inscription scolaire global au niveau secondaire est de 61% chez les garçons et de 57% chez les filles. Dans les pays les moins développés, les chiffres sont de 32% chez les garçons et de 26% chez les filles. Ainsi, un grand nombre de filles n’ont pas accès à l’éducation après le niveau primaire. Elles sont les dernières à être inscrites et les premières à être retirées de l’école lorsqu’une famille doit faire un choix entre envoyer un garçon ou une fille à l’école. Parmi les 16% de personnes analphabètes dans la population mondiale, deux sur trois sont des filles. 55% des enfants non scolarisés sont des filles. Un nombre considérable de pays n’enregistrent que 80 filles pour 100 garçons. L’accès des filles à l’éducation peut également être restreint par d’autres facteurs, comme la sécurité sur le chemin de l’école ou le manque d’accès à l’eau et à des installations sanitaires adéquates. Faute d’accès à une éducation de qualité, les filles dérivent vers le monde du travail à un âge bien inférieur à l’âge minimum d’admission à l’emploi. Il est donc essentiel d’étendre l’éducation secondaire et la formation des compétences aux filles et d’assurer que les enfants des familles pauvres et rurales peuvent y avoir accès.
Travail décent et développement
Pour un enfant, l’éducation est le premier pas en direction de l’obtention d’un travail et de conditions de vie décentes à l’âge adulte. Des études ont démontré que l’éducation des filles était l’une des manières les plus efficaces de combattre la pauvreté. Éduquées, elles ont plus de chances d’obtenir un meilleur revenu une fois adultes, de se marier plus tard, d’avoir moins d’enfants et en meilleure santé et plus de pouvoir de décision dans le ménage. Il est également plus probable qu’elles veilleront à ce que leurs propres enfants aillent à l’école, évitant ainsi plus tard le travail des enfants. Lutter contre le travail des enfants chez les filles et promouvoir leur droit à l’éducation est donc un élément important des stratégies plus larges de promotion du développement et du travail décent.
C. Fiankan-Bokonga
Correspondance particulière de Genève
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