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Politique Publié le mardi 16 juin 2009 | Le Patriote

Comprendre la crise des dockers

Voici plus d’une dizaine de jours que dure la crise au port d’Abidjan. Mais comment en est-on arrivé là ? En effet, par décret n° 99-510 du 04 avril 1999 portant statut particulier des dockers et dockers transit des ports de Côte d’Ivoire, en son article 5, il est institué un Bureau de la main-d’œuvre docker (Bmod) qui est le préposé commun des entreprises de manutention et de transit affiliées au Sempa (Syndicat des entrepreneurs de manutention des ports d’Abidjan et de San Pedro). C’est l’organisation patronale, privée, regroupant aujourd’hui 24 entreprises de manutention et de transit opérant dans les ports d’Abidjan et de San Pedro. Le Bmod a pour missions d’immatriculer et de délivrer la carte professionnelle de docker; de fixer le nombre de dockers en tenant compte des besoins des entreprises de manutention et de transit; de mettre à la disposition des entreprises, la main-d’œuvre docker journalière en fonction des besoins exprimés; de gérer administrativement et socialement, les dockers; d’effectuer la paie des dockers.

De la signature du protocole d’accord…

A l’origine des débrayages, plusieurs revendications. A savoir, la revalorisation des salaires et des catégories professionnelles, la révision de la convention de travail liant le Sempa aux dockers, la suspension de l’auto-assurance maladie, la fixation de la date de la tenue des élections des délégués du personnel, le respect des libertés syndicales, la fourniture en équipements de protection aux agents et la réintégration avec mesures d’accompagnement des syndicalistes licenciés pour faits de grève. L’on se souvient que des violences d’une grève, en avril dernier, avaient amené le Bureau de la main-d’œuvre dockers du Sempa (Sempa-Bmod) à licencier 12 agents. Les discussions avec le ministre de l’Emploi et de la Fonction publique, le ministre des Transports et celui de l’Intérieur ont finalement abouti, le 10 mai dernier, à la signature d’un protocole d’accord entre le Sempa, le Cndd (Collectif national des dockers et dockers-transit pour la défense de leurs droits), l’Usydoci (Union des syndicats dockers de Côte d’Ivoire) et l’Unartci (Union nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire). Protocole d’accord qui a permis la réintégration des dockers licenciés, l’organisation des élections des délégués du personnel, la revalorisation de la prime de transport de 25 000 à 27 500 Fcfa par mois à Abidjan, 17 000 à 19 500 Fcfa par mois à San Pedro, l’instauration de primes de rendement, etc. Mais le Sempa dit ne pas comprendre le blocage qui a eu lieu en début du mois de juin et qui perdure.

…aux manœuvres souterraines de Gossio

Cependant, il est bon de savoir, selon le porte-parole des dockers, Pierre Guigréhi, que c’est le Directeur général du Port Autonome d’Abidjan, Marcel Gossio, qui tire les ficelles. Car, si cette crise perdure, c’est parce qu’il veut mettre à exécution son plan de créer un Sempa-bis. «Le vendredi 8 mars 2009, dans son bureau, M. Gossio a évoqué avec le Cndd, la création d’autres structures chargées du recrutement de la main-d’œuvre et chapeauté par Global manutention (au capital de 1700 milliards de Fcfa), en dehors de Sempa. Il nous a demandé de faire des propositions dans ce sens mais, nous avons refusé de le suivre dans sa logique», a révélé M. Guigréhi. En plus, Marcel Gossio "viole gravement le décret N°99-510 du 4 Août 1999 portant statut particulier des dockers et dockers transits en décidant de recruter directement et de mettre au chômage, les 5689 dockers que compte la corporation". La Direction générale du port, par le biais d’un de ses responsables, n’a pas manqué de dire dans un quotidien de la place que ‘‘cette crise est un problème entre employeur (Sempa) et employés (dockers)’’. Et aujourd’hui, les exigences financières à l’endroit des dockers qui avoisinent les 500 millions de Fcfa par quinzaine sont payées par le Sempa avant que les sociétés manutentionnaires ne remboursent cette somme. L’on évoquerait même une marge bénéficiaire de 15 à 20%. Depuis le vendredi 12 juin, il était question que les halls d’embauches soient ouverts après négociation avec le patronat. Ces négociations se sont poursuivies le dimanche 14 juin dernier. Et la reprise du travail devait intervenir le lundi 15 juin dernier. Ce ne fut pas le cas. Mais le Directeur général du Port autonome d’Abidjan, décide de la possibilité, jusqu’à nouvel ordre, pour tout manutentionnaire de procéder directement au recrutement de la main d’œuvre dockers nécessaire à l’exercice de ses activités; de la mise en place d’une structure chargée de la régulation et du contrôle des activités de la main d’œuvre dockers. Et la Direction des opérations maritimes et de la sécurité, la Direction commerciale et marketing et la Direction du port de pêche du Port autonome d’Abidjan sont même chargées, chacune en ce qui la concerne, de l’application et du suivi des dispositions de la présente décision. Tel est en substance le communiqué de presse signé de Marcel Gossio, le 9 juin 2009. C’est tout cela qui a amené Pierre Guigréhi à affirmer que les dockers sont manipulés par Marcel Gossio afin que son projet de Sempa-bis prospère. Le Port autonome d’Abidjan, faut-il le rappeler c’est environ 90% des recettes douanières ivoiriennes.

Jean Eric ADINGRA
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