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Société Publié le jeudi 18 juin 2009 | Islam Info

Témoignage : “Sous mes yeux je voyais mon frère se vider de son sang”

Je suis un jeune ressortissant d'un pays voisin vivant en Côte-d'Ivoire. Je suis le mauvais grain de cette belle communauté. Ne voyez pas à travers moi l'image de tous les ressortissants de ce pays.

Je suis ou j'ai été un produit manipulé de Satan. Qu'Allah me pardonne. Allah est merveilleux mes frères. Je vous explique ! En effet, depuis tout petit j'ai toujours rêvé, à l'instar de la majorité des jeunes africains, de voir le pays de l'oncle Sam. C'est-à dire les Etats-Unis d'Amérique. Je voulais y aller pour faire fortune et d'un coup de baguette magique changer tout dans ma famille et dans mon pays. Je m'étais persuadé que c'était la seule issue pour moi. J'étais obsédé par cette idée. J'ai très tôt quitté l'école faute de moyen financier. J'étais le deuxième garçon de la famille et il fallait faire vite pour aider les parents. Alors j'ai dû me débrouillé avec de petites activités ça et là pour pouvoir me prendre en charge et aider ma famille. A l'âge de 19 ans déjà j'avais une tablette dans l'une des ruelles les plus chaudes du pays. Chaque soir, j'installais ma marchandise composée de tout ce qu'un noctambule guidé par satan peut chercher à des heures tardives. Je n'hésitais pas à dépouiller certains de leur argent, d'autres de leur portable profitant ainsi de leur état d'ivresse. La maximisation de mes gains était mon vœux le plus ardent. Mon entourage me qualifiait d'avare car même pour manger j'avais des problèmes. Au delà de cette activité, dans la journée, je faisais le tour de la ville pour vendre du jus (communément appelé tampico). C'était à mon propre compte. J'avais grâce à un ami pu m'ouvrir un compte épargne à la COOPEC (..). Et je l'alimentais très souvent par la grâce d'Allah. Jusque là je ne me souciais pas vraiment de la méthode ou de la manière dont j'allais procéder pour réaliser mon rêve mais j'accumulais jour après jours les billets de banque. Cependant, l'idée de partir devenait au fil du temps une obsession pour moi. J'en perdais même le sommeil. Et un jour, l'un de mes frères, de retour de l'école à fait un accident. Il a été percuté par l'un de ces multiples chauffards qui inondent la ville. Son bourreau a préféré prendre la tangente. Je ne me rappel plus exactement comment les choses se sont passées dans les moindres détails mais, j'ai été interpelé par l'un de mes amis pour que je me rende d'urgence à l'hôpital. Mon père n'ayant pas vraiment les moyens et mon ainé absent pour un deuil au village, j'étais celui qui logiquement devait assurer les frais d'hospitalisation, les médicaments et tout le reste. Mais, c'était trop me demander. Je me voyais mal enlever une pièce dans mes économies. Sous mes yeux, je voyais mon frère se vider de son sang mais mon cœur durci par la recherche effrénée des choses de ce monde restait de marbre. Comment a-t-il pu été aussi cruelle ? Vous vous posez surement cette question mais moi-même je me le demande aujourd'hui. Ma mère se lamentait et n'arrêtais pas de me maudire. Malgré tout, je restais sur ma décision. Elle faisait tellement de bruit qu'elle a attirée l'attention d'un homme qui venait accompagner sa fille chez le dentiste. Un homme apparemment aisé et d'une bonté inqualifiable. Lorsqu'il a su ce qui se passait, tout de suite il s'est rapproché comme s'il était un membre de la famille. Il a tout pris en charge. Toutes les charges chèrs frères et sœurs. Mon frère aujourd'hui lui doit la vie après Dieu bien entendu. Grâce à Dieu, il a été sauvé. J'étais heureux mais mon obsession demeurait. Le même soir, je suis sorti pour vendre mais, je crois que cela a été la dernière goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Lorsque je suis rentré le soir pour me coucher ma mère m'attendait devant la porte. Elle m'a foutu dehors comme un animal. Elle m'a dit que je n'étais plus son fils et qu'elle ne voulait plus me revoir. J'avais sincèrement mal. Très mal même. Mais, une voix au fond de moi me disait qu'enfin j'allais avoir mon argent pour moi tout seul. Quel égoïste j'ai été ! Qu'ALLAH me pardonne. J'ai dormi dans la rue et le lendemain je me suis cherché une baraque dans l'un des bidonvilles de la place. La maison me coutait 10.000 (dix mille) par mois. Je me débrouillais dans cet endroit et j'avais coupé le pont avec la famille. J'ignorais comment les choses s'étaient passées après mon départ et comment mon frère s'en était sortit après son accident. De toute façon je me disais que lorsque j'allais faire fortune, avec un bon paquet de billets de banque bien dressé ils finiront par oublier le passé.

(A suivre)

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