Le bon sens n'est pas la chose la mieux partagée à Yopougon-Sicogi. Les muscles prennent le dessus sur la raison à l'espace « Le parlement » où la parole dit-on est libérée. Le 7 juin, le débat sur la cherté de la vie qui était au centre des préoccupations tombe en un clin d'œil dans les invectives. Doumbia Yaya et Gnéblé Djè Bi, des habitués de l'espace, respectivement âgés de 32 ans et 35 ans sont les deux meneurs. Ils déposent sur la table un sujet relatif sur « l'exemplarité ou non du leader du Rassemblement pour la paix le partage et le progrès (Rppp)». Les deux maitres de cérémonie avec les supporters ne s'écoutent plus. Chaque camp défend bec et ongles ses positions. Djè Bi ouvre véritablement les hostilités. Il affiche son appartenance aux idéaux du président du Rppp. « Laurent Dona Fologo est l'homme politique exemplaire. Il a su s'adapter aux variables du temps. C'est l'un des rares politiciens qui s'est déterminé au moment de la grisaille », soutient Djè. Cette argumentation est battue en brèche par Yaya qui pique une colère. « C'est plutôt un chasseur de primes. On l'a vu se lier au gré de ses intérêts personnels. Nous devons prendre de bons exemples au lieu de se focaliser sur des personnes qui se sont comprises », riposte-t-il. La raison s'arrête à cet instant pour faire place à l'émotion et aux muscles. Djè estime que son adversaire est allé loin. Selon lui, c'est Yaya qui, le premier lui envoie un violent coup de poing sur les lèvres. Ce dernier ne croise pas les bras. Il réplique par un coup de tête. Le modérateur du jour est dépassé par les événements car la meute de supporters se mêle dans la danse. Les coups de pied fusent de partout. Ils se tabassent copieusement jusqu'à ce que des éléments du commissariat de police du 16ème arrondissement arrivent sur les lieux. Les deux meneurs sont arrêtés puis conduits au poste. Déférés au parquet pour troubles à l'ordre public, Djè Bi et Yaya comparaissent le 17 juin à la barre au tribunal de Yopougon. C'est le visage bandé pour Djè et les lèvres couvertes de sparadrap pour Yaya que les deux boxeurs se dressent devant le juge. Evidement, personne ne reconnait son tort. Comme de véritables « politiciens », ils se rejettent la responsabilité de la bagarre. « C'est lui qui m'a frappé en premier lieu. Je ne pouvais pas rester là pendant qu'il me malmenait », déclare Yaya qui tend au juge un certificat médical attestant une incapacité temporaire de travail de quinze jours. Djè se défend aussi d'être le premier cogneur. « C'est un débat d'intellectuel dans lequel chacun est libre d'exprimer ses opinions. Donc, je n'ai pas compris son acharnement sur ma personne. Il est allé jusqu'à me porter main», soutient-il en remettant également au magistrat un certificat médical certifiant une incapacité de deux semaines. Le tribunal coupe la poire en deux en condamnant les deux « patriotes » à trois mois de prison avec sursis et une amende de 50.000 Fcfa chacun.
OM
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