“Qui remet à demain, trouve malheur en chemin”. C’est ce qu’enseigne la sagesse populaire. Mais, apparemment cette maxime, le président Laurent Gbagbo en a cure. Lui qui veut reporter le scrutin prochain présidentiel prévu pour le 29 novembre 2009. Et qui a déjà commencé les grandes manœuvres. En effet, pour signifier ses intentions, le chef de l’Etat a commis son directeur de cabinet, N’Zi Paul David, auprès des autorités françaises au début de ce mois. Une démarche que n’a pas manqué de fustiger, le président Nicolas Sarkozy à Libreville, à l’occasion des obsèques du président Oumar Bongo Ondimba. « Des promesses fallacieuses». C’est l’expression qu’a utilisée le patron de l’Elysée pour dénoncer le double langage de Laurent Gbagbo sur la question. Même si le président de la République française dit ne « plus y croire », il importe de rappeler que la Côte d’Ivoire ne peut se payer le luxe d’un autre report. Et pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que cela va faire bientôt quatre ans que la Côte d’Ivoire se trouve dans un vide constitutionnel. Le mandat de Laurent Gbagbo a expiré depuis le 26 octobre 2005. Même s’il prétend le contraire, l’actuel locataire du Palais présidentiel ne jouit d’aucune légitimité depuis cette date et est à la tête du pays grâce à une sorte de gentlemen agreement passé entre les principaux acteurs politiques en attendant la tenue d’élections transparentes et ouvertes à tous. Cependant, cette période transitoire que certains n’hésitent pas à appeler « de connivence généralisée » a des répercussions désastreuses sur le fonctionnement de l’Etat ivoirien. Parce qu’au départ, elle n’était pas appelée à perdurer. Aujourd’hui, toutes les institutions fonctionnent au ralenti. L’Assemblée nationale n’existe que de nom et n’a plus l’initiative du vote du budget. Les députés sont payés à ne rien faire. Le gouvernement ne fait pas mieux. Les ministères font du sur place. Les grands projets sont rangés au placard. Conséquence, à part gérer les affaires courantes ou organiser des séminaires, les ministres ont du mal à prendre des décisions courageuses qui impliquent l’avenir et le devenir de la Nation. Parce qu’ils n’ont pas totalement les mains libres et surtout, ne peuvent pas s’engager sur du long terme. Cette sclérose qui gagne de plus en plus tous les compartiments de la société ivoirienne est également perceptible au niveau des infrastructures et des investissements. Le réseau routier qui faisait la fierté de la Côte d’Ivoire est en train de se dégrader. Les édifices publics et autres joyaux architecturaux tombent en ruine. Le matériel des centres de santé commence à être gagné par l’âge s’il n’est plus totalement hors d’usage. Les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs. En outre, aucun plan social n’est prévu pour les populations ivoiriennes de plus en plus pauvres. Un des signes patents de la régression de la société ivoirienne : les délestages qui ont fait leur retour comme dans les années 1980 quand la Côte d’Ivoire n’avait pas encore recours aux centrales thermiques. Bref, tous les acquis glanés au temps du président Félix Houphouët-Boigny sont en train de partir en lambeaux. Sans que cela n’émeuve ceux qui gouvernent actuellement la Côte d’Ivoire.
Ensuite, l’instabilité politique a non seulement fait fuir de nombreux investisseurs, mais aussi empêchent ceux qui veulent créer des emplois à le faire. De nombreux opérateurs économiques sont bloqués dans leurs entreprises. Car le démarrage de tous les projets ficelés avec des partenaires sérieux sont soumis à la tenue effective des élections. Gage d’un retour à une stabilité durable en Côte d’Ivoire. Qui mettrait son argent dans un pays dont le futur est incertain ? Qui s’associera à un opérateur économique dont l’avenir n’est pas sûr ? Cette situation a eu comme conséquence, l’accroissement du taux de chômage. Surtout, au sein de la jeunesse qui constitue la frange la plus importante de la population ivoirienne. Aujourd’hui, un Ivoirien sur deux, selon des données fournies par le ministère du Plan, vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est-à-dire n’arrive pas à avoir 600 FCFA par jour. Les Ivoiriens dans leur majorité souffrent. Le panier de la ménagère est désespérément vide. Le pouvoir d’achat des Ivoiriens s’est considérablement effrité. Au point qu’aujourd’hui, rares sont les foyers qui arrivent à s’offrir au moins deux repas par jour. Même si cette situation difficile est vécue stoïquement par les Ivoiriens, il importe de dire que leur patience est à bout. La Côte d’Ivoire qui était comptée, il y a seulement dix ans de cela, parmi les pays à revenu intermédiaire, est obligée de se classer comme pays pauvre très endetté pour pouvoir survivre en tant qu’Etat. Pour dire que si elle n’a pas encore touché le fond, elle n’en est pas loin. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut organiser les élections. Et « vite, vite, vite », comme le dit Laurent Gbagbo. Car un autre report pourrait ouvrir une ère d’incertitudes pour la Côte d’Ivoire et ses habitants.
Alors pitié !
Jean-Claude Coulibaly
D’abord, parce que cela va faire bientôt quatre ans que la Côte d’Ivoire se trouve dans un vide constitutionnel. Le mandat de Laurent Gbagbo a expiré depuis le 26 octobre 2005. Même s’il prétend le contraire, l’actuel locataire du Palais présidentiel ne jouit d’aucune légitimité depuis cette date et est à la tête du pays grâce à une sorte de gentlemen agreement passé entre les principaux acteurs politiques en attendant la tenue d’élections transparentes et ouvertes à tous. Cependant, cette période transitoire que certains n’hésitent pas à appeler « de connivence généralisée » a des répercussions désastreuses sur le fonctionnement de l’Etat ivoirien. Parce qu’au départ, elle n’était pas appelée à perdurer. Aujourd’hui, toutes les institutions fonctionnent au ralenti. L’Assemblée nationale n’existe que de nom et n’a plus l’initiative du vote du budget. Les députés sont payés à ne rien faire. Le gouvernement ne fait pas mieux. Les ministères font du sur place. Les grands projets sont rangés au placard. Conséquence, à part gérer les affaires courantes ou organiser des séminaires, les ministres ont du mal à prendre des décisions courageuses qui impliquent l’avenir et le devenir de la Nation. Parce qu’ils n’ont pas totalement les mains libres et surtout, ne peuvent pas s’engager sur du long terme. Cette sclérose qui gagne de plus en plus tous les compartiments de la société ivoirienne est également perceptible au niveau des infrastructures et des investissements. Le réseau routier qui faisait la fierté de la Côte d’Ivoire est en train de se dégrader. Les édifices publics et autres joyaux architecturaux tombent en ruine. Le matériel des centres de santé commence à être gagné par l’âge s’il n’est plus totalement hors d’usage. Les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs. En outre, aucun plan social n’est prévu pour les populations ivoiriennes de plus en plus pauvres. Un des signes patents de la régression de la société ivoirienne : les délestages qui ont fait leur retour comme dans les années 1980 quand la Côte d’Ivoire n’avait pas encore recours aux centrales thermiques. Bref, tous les acquis glanés au temps du président Félix Houphouët-Boigny sont en train de partir en lambeaux. Sans que cela n’émeuve ceux qui gouvernent actuellement la Côte d’Ivoire.
Ensuite, l’instabilité politique a non seulement fait fuir de nombreux investisseurs, mais aussi empêchent ceux qui veulent créer des emplois à le faire. De nombreux opérateurs économiques sont bloqués dans leurs entreprises. Car le démarrage de tous les projets ficelés avec des partenaires sérieux sont soumis à la tenue effective des élections. Gage d’un retour à une stabilité durable en Côte d’Ivoire. Qui mettrait son argent dans un pays dont le futur est incertain ? Qui s’associera à un opérateur économique dont l’avenir n’est pas sûr ? Cette situation a eu comme conséquence, l’accroissement du taux de chômage. Surtout, au sein de la jeunesse qui constitue la frange la plus importante de la population ivoirienne. Aujourd’hui, un Ivoirien sur deux, selon des données fournies par le ministère du Plan, vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est-à-dire n’arrive pas à avoir 600 FCFA par jour. Les Ivoiriens dans leur majorité souffrent. Le panier de la ménagère est désespérément vide. Le pouvoir d’achat des Ivoiriens s’est considérablement effrité. Au point qu’aujourd’hui, rares sont les foyers qui arrivent à s’offrir au moins deux repas par jour. Même si cette situation difficile est vécue stoïquement par les Ivoiriens, il importe de dire que leur patience est à bout. La Côte d’Ivoire qui était comptée, il y a seulement dix ans de cela, parmi les pays à revenu intermédiaire, est obligée de se classer comme pays pauvre très endetté pour pouvoir survivre en tant qu’Etat. Pour dire que si elle n’a pas encore touché le fond, elle n’en est pas loin. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut organiser les élections. Et « vite, vite, vite », comme le dit Laurent Gbagbo. Car un autre report pourrait ouvrir une ère d’incertitudes pour la Côte d’Ivoire et ses habitants.
Alors pitié !
Jean-Claude Coulibaly