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International Publié le mardi 23 juin 2009 | Notre Voie

Après le décès de Omar Bongo: Paul Biya, nouveau patron de la Françafrique ?

La disparition de El Hadj Omar Bongo Ondimba, l’ex-président gabonais, laisse un vide et libre court à toutes sortes d’ambition. Aussi bien au Gabon qu’au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale (CEMAC). Au Gabon, le feu de la guerre de succession couve. Rien n’est encore joué. Le gouvernement du Premier ministre Eyeghe Ndong a été reconduit le 19 juin dernier par le chef de l'Etat, Rose Rogombé. Fait curieux, tous les ministres sont restés à leur poste, à l’exception du ministre de l’Intérieur, André Mba Obame. Il a cédé son poste à Jean François Ndongou. Il a été affecté à la tête du département de la Coordination et du Suivi de l'action gouvernementale, l’ancien poste de son successeur. De l’avis de beaucoup, Mba Obame a été “mis au garage”. L’on s’interroge sur la raison de ce léger remaniement qui touche un seul ministre. Surtout que ce dernier est un proche de Ali Ben Bongo prétendant à la succession du président défunt Omar Bongo. Et l’on sait aussi que l’actuel Premier ministre Eyeghe Ndong n’est pas en odeur de sainteté avec Ali Bongo à qui il reproche de vouloir violer la Constitution pour prendre le pouvoir. La période des obsèques du président Bongo a été l’occasion pour eux de s’envoyer quelques “flèches”.

Le feu couve donc encore sous la cendre. C’est ce qui motive la tenue d’un second sommet extraordinaire de la CEMAC, à l'hôtel Hilton de Yaoundé, au Cameroun aujourd’hui. Sauf changement de dernière minute. Alors qu’il y a seulement cinq mois, presque jour pour jour, qu’une autre rencontre du même type a eu lieu, à Libreville, au Gabon, le 30 janvier dernier. La rencontre revêt un double enjeu : il est question de discuter de la stabilité politique du Gabon et par extension de celle de l’Afrique centrale, selon certaines sources. Mais d’autres sources avancent que l’on trouvera à l’occasion un successeur à Omar Bongo qui était le sage de la CEMAC et le grand maître de la françafrique. Et l’on pense, dit-on, au président Paul Biya, au pouvoir depuis novembre 1982, soit 27 ans, au Cameroun. Le choix du Cameroun pour abriter le sommet de la CEMAC n’est semble-t-il pas fortuit.


Biya, digne successeur de Bongo ?

La France n’a pas renoncé à la françafrique comme elle le proclame. Elle a seulement changé de style. En tout cas, beaucoup pensent ainsi. Elle compte mettre en selle le très discret Paul Biya, le président du Cameroun, avec qui elle entretient des relations excellentes. De nombreux signes le laissent supposer. En quatre mois, de mars à juin, le chef de l’Etat camerounais a vu défiler trois hautes personnalités françaises au Palais de l’Unité. Cerise sur le gâteau, il est invité par Nicolas Sarkozy à effectuer une visite officielle en France. Elle s’effectuera probablement entre juillet et septembre. Alain Joyandet, secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, a été le premier à ouvrir le bal des visites. Il a été reçu en audience le 09 mars dernier par le chef de l’Etat camerounais. Il était justement là pour annoncer à son hôte l’heureuse nouvelle de son invitation en France par le successeur de Jacques Chirac. Il en a profité pour faire le point des relations France-Cameroun. Il les a qualifiées d’exemplaires. Ensuite, le Premier ministre français François Fillon a été l’hôte du président Biya le 20 mai 2009. Il est venu signer trois accords entre son pays et le Cameroun. En présence du président Paul Biya et du Premier ministre François Fillon, trois “accords importants” ont été signés par des responsables gouvernementaux français et camerounais. Fait à signaler : Biya a signé avec Sarkozy un nouveau partenariat de défense. Une sorte de nouveau deal que le chef de l’Etat français propose aux présidents africains en remplacement des anciens accords de défense décriés par l’opinion africaine. Tout ceci est censé, comme l’a affirmé Fillon, “donner une nouvelle dynamique” aux relations France-Afrique. Et enfin, il y a eu la visite, à Yaoundé, de Alain Bauer, conseiller du président Nicolas Sarkozy. Il a été reçu au Palais de l'Unité, le 12 juin. Six jours avant l’inhumation de Omar Bongo. Au sortir de cette audience, il a fait cette déclaration qui est assez éloquente sur les ambitions réelles de la France pour Paul Biya : “On va voir dans quelles conditions on va trouver des interlocuteurs qui vont parler au nom de l'Afrique, pas seulement à l'Europe, mais aussi à la Chine, à l'Inde… Cette dimension est loin d'échapper au président Biya qui est certes un homme discret, mais qui profite de cette discrétion pour travailler”. Sans commentaires.
C’est donc auréolé de cette caution que Paul Biya s’est rendu au Gabon. D’après la presse présente à Libreville, Biya a fait preuve d’un dynamisme inhabituel. Arrivé à Libreville le 16 juin, le chef de l'Etat camerounais a, tour à tour, reçu le même jour Ali Ben et Pascaline Bongo, les deux enfants du défunt chef de l'Etat prétendument en course pour la succession, Jean Eyeghe Ndong, le Premier ministre gabonais, Casimir Oyé Mba, le ministre gabonais du Pétrole. Il a également reçu deux conseillers de Nicolas Sarkozy, sans compter ses homologues François Bozizé de la Centrafrique et Idriss Deby Itno du Tchad. Certains observateurs ont vu en cette attitude une volonté de Biya de reprendre les choses en main. De prendre la place laissée vacante par Omar Bongo Ondimba. Le sommet de la CEMAC sera donc pour lui l’occasion d’être en quelque sorte intronisé. Pensent certains obseravateurs.

Source :
www.journalducameroun.com
www.burundiforum.info, www.cameroononline.org, www.actualites.marocwebo.com, www.africatime.com



Serge Armand Didi: sardidi@yahoo.fr
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