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Politique Publié le jeudi 25 juin 2009 | Fraternité Matin

Dernière phase de l’enrôlement : L’Ins fait rater la première journée à Abidjan

On n’est pas du tout content de vous. ça ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas, pour une petite opération, perdre toute une journée». L’auteur de cette grogne n’est autre que Bébé Ouali. Un pétitionnaire visiblement énervé par «la longue attente» (dixit). Nous l’avons rencontré hier au Foyer du Lycée technique de Cocody, l’un des quatre centres d’enrôlement retenus dans cette commune ; pour la dernière phase de rattrapage de l’opération. Il est 12 h 50 quand notre équipe est accueillie dans le Foyer du Lycée par ces propos de M. Bébé. Nous sommes arrivé dans ce centre sous la pluie. «Pourquoi n’êtes-vous pas content de nous, Monsieur ?», lui lançons-nous sur un ton de plaisanterie. «Mais on attend depuis. Pourquoi c’est à 12 h 30 que vous ouvrez un centre qui est censé être ouvert à 7 h 30, comme le veut l’administration ivoirienne?», se plaint l’homme. Il est assis pratiquement à la queue d’une longue file de pétitionnaires. Quand nous déclinons notre identité, il se fond en excuses. Tout le monde rit.



C’est donc dans une ambiance quelque détendue que le chef du centre, Bamba Yacouba, nous reçoit. Il explique que le centre compte deux équipes. Selon lui, les agents recenseurs y sont arrivés depuis le matin. Mais ils n’ont commencé l’enrôlement qu’à midi parce que les deux ordinateurs de l’Institut national de la statistique (Ins), nécessaires à l’opération, manquaient. Puis, finalement, un seul a été fourni. C’est après l’avoir reçu que les agents recenseurs ont commencé à enrôler les pétitionnaires qui ont pris le centre d’assaut très tôt le matin. C’est donc une seule équipe qui procède à l’enrôlement. Tandis que l’autre attend le deuxième ordinateur. Quatre policiers très visibles dans la salle, mais à une distance respectable de la table de l’opération, assurent la sécurité.



Mango Katé Florent est un pétitionnaire. Il explique qu’il s’est présenté à l’identification seulement maintenant, parce qu’il n’avait pas d’extrait de naissance lors des deux premiers tours. Mais aujourd’hui, il les a reçus de Danané, son lieu de naissance et attend d’être enrôlé. Zon M. N. Evelyne, Diomandé Madégbê et N’Guessan Justine, elles, manquaient également de papiers pour se présenter dans un centre de collecte avant l’ouverture de la présente phase. «Moi, j’avais tous mes papiers mais j’étais en Ecosse lors des deux premiers passages. Et comme je suis revenu au pays, j’ai eu la chance de me faire enrôler maintenant. Mais face à la longue attente, j’ai appelé la Primature ce matin. Et quelqu’un, qui a refusé de décliner son identité, m’a expliqué que l’enrôlement n’a pas vite commencé parce que les agents sont dans un embouteillage», explique pour sa part Bébé Ouali, énervé. Au Lycée technique, Mme Nemlin Claire et Fofana Mamadou, observent l’opération pour le compte de la société civile. Ils constatent, avec regret, le grand retard avec lequel l’opération a commencé au premier jour. Et notent qu’il y a eu affluence.



14 H 00. Nous sommes au Groupe scolaire de Wiliamsville. Le chef de centre, Obité Blandine et son équipe, se tournent littéralement les pouces. «Depuis le matin, nous sommes là. Mais nous n’avons pas encore reçu l’ordinateur de l’Ins. Nous attendons jusqu’à 17 h, l’heure prévue pour la fermeture de tous les centres», déclare-t-elle. Non sans relever qu’il y avait beaucoup de monde le matin. Certains sont repartis, mais dans la salle et sur la véranda, beaucoup d’autres pétitionnaires sont encore là. Ils espèrent être enrôlés. «Je suis arrivée ici à 4 h. Puis je me suis inscrite sur une liste où j’occupais la 7è place», nous informe Dame Delai Gnonhoulou Laurence. Mmes Coulibaly Djénéba et Pauline, elles, rongent leurs freins sur un banc. «Nous voulons nous faire enrôler pour avoir nos papiers. Que les gens fassent l’opération avec sérieux», lancent-elles presqu’en chœur. «Aujourd’hui est une journée de perdue. La Cei va-t-elle la rattraper ? Dans tous les cas, elle doit revoir sa copie pour ne plus nous faire perdre du temps», renchérit Blé Louis. Il précise qu’il est arrivé dans le centre aux environs de 6 h et qu’il y avait déjà beaucoup de monde. Dans ce centre, la police est également présente. Après Williamsville, nous mettons le cap sur Yopougon, Centre de formation de la Sotra. Une vingtaine de pétitionnaires que nous rencontrons à l’entrée annoncent les couleurs. «Si les gens ne sont pas prêts, pourquoi demandent-ils à la population de venir se faire enrôler? Nous sommes fatigués. S’il faut veiller ici, nous allons veiller. Mais nous voulons être enrôlés», s’indigne Sona Mathieu sous l’approbation de ses compagnons. Le chef de centre, Sékongo Doukéni, nous explique plus tard que son équipe est prête depuis le matin, mais que c’est l’ordinateur de l’Ins qui faisait défaut. Ici aussi, la police est aux aguets. Finalement, l’équipe de Williamsville a reçu son ordinateur à 16 h, selon Mlle Obité Blandine (que nous avons jointe par téléphone vers 17 h 40) et a décidé de recevoir ses premiers pétitionnaires aujourd’hui. Au Lycée technique, nous a confié Bamba Yacouba joint également par téléphone (à 17 h 45), seulement 70 personnes ont été enrôlées.



Les explications de l’Ins



Des raisons techniques nous ont contraint à ne pas pourvoir tous les centres en ordinateurs aujourd’hui. Mais tout est mis en œuvre pour que chaque centre reçoive son ordinateur demain (aujourd’hui)». Voilà l’explication qu’a donnée le superviseur Ins de l’opération d’identification des populations et d’enrôlement des électeurs. Aké N’Gbo, que nous avons joint par téléphone hier en début de soirée, a expliqué que ces «raisons techniques» ont consisté à reconfigurer des ordinateurs pour l’opération. Etant entendu que, a-t-il poursuivi, les machines qui avaient été déjà configurées lors des premiers passages ont été envoyées à l’étranger où s’est déportée l’opération. Il a précisé que pour mieux jouer sa partition, l’Ins a divisé le district d’Abidjan en deux zones. La zone nord, qu’il supervise, comprend les communes de Cocody, Attécoubé, Adjamé, Yopougon, Abobo, Plateau, Bingerville, Anyama et Songon. Selon lui, seuls les centres des communes d’Anyama, Adjamé, Cocody et Plateau, ont pu recevoir leurs ordinateurs hier. Les autres, a promis Aké N’Gbo, seront servis aujourd’hui jeudi. Cette phase de rattrapage de l’identification, qui a commencé dans le district d’Abidjan hier et considérée comme la dernière par la Cei, prend fin le 30 juin prochain.



P. Soro
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