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Société Publié le vendredi 26 juin 2009 | Fraternité Matin

Cinquantenaire du Barreau ivoirien : Gbagbo promet un nouveau statut aux avocats • Me Konan Banny élevé à la dignité de Grand croix

Les festivités ont démarré officiellement hier en présence des ex-présidents Diouf du Sénégal et Rawlings du Ghana, venus soutenir le Chef de l’Etat ivoirien.



Aux côtés des anciens Chefs d’Etat Abdou Diouf du Sénégal et de Jerry Rawlings du Ghana, le Président Laurent Gbagbo a ouvert officiellement hier, à la Fondation Félix Houphouet-Boigny de Yamoussoukro, les festivités marquant les 50 ans du Barreau de Côte d’Ivoire.



C’est cette tribune que le Chef de l’Etat, en historien averti, a saisie pour féliciter ces hommes et femmes qui, depuis 1959, ont décidé de lutter contre la confiscation des libertés collectives et individuelles des peuples ivoiriens. Pour le Président Laurent Gbagbo, l’histoire de la Côte d’Ivoire se confond avec celle du barreau, dont les membres sont constamment montés à la barre pour faire triompher le droit sur l’arbitraire. Comme ce fut le cas avec la marche des femmes sur Grand-Bassam et à l’occasion des tracasseries subies par le Rda. Tout comme lors des massacres des détenus de Séguéla et Bouaflé. Laurent Gbagbo n’a pas omis non plus de rappeler son propre vécu, avec les évènements du 18 février 1992 où un collectif d’avocats, fort de 40 gens de robe, tous des volontaires venus des pays d’Afrique et d’Europe, ont pris sa défense, aux côtés de leurs homologues ivoiriens. Sans le moindre honoraire. Parce que mus par un seul idéal : la défense des plus faibles et des opprimés. De ce passé si récent et si douloureux, le Président Laurent Gbagbo a indiqué qu’il tire une seule leçon : “ Il y a danger dans un pays quand les avocats sont menacés. Car de l’indépendance des avocats, dépend notre indépendance, de la liberté des avocats, dépend notre liberté”. Puis, le Chef de l’Etat a rendu un hommage mérité à Maître Vergès qui a toujours combattu pour faire triompher la justice et la vérité, à travers le monde entier. Pour sécuriser davantage cette noble profession, afin de lui permettre de travailler en toute quiétude, le Chef de l’Etat a annoncé que, dès la semaine prochaine, il signera un texte qui donnera un nouveau statut pour les avocats de Côte d’Ivoire.



Le Chef de l’Etat a, en outre, salué les efforts du Président Abdou Diouf qui n’a pas hésité à élargir les sillons du multipartisme au Sénégal alors qu’il était aux affaires. De même, il s’est réjoui du travail accompli par le président Jerry Rawlings pour ramener le Ghana sur le chemin de la stabilité politique. “Nos aînés se sont battus pour conquérir les indépendances, nous devons nous battre pour acquérir la démocratie. Elle est une quête perpétuelle, car elle n’est jamais totale. C’est pourquoi notre mission doit être de défendre la démocratie. Après cette crise, nous avons compris qu’il n’est pas nécessaire de recourir à la rébellion pour conquérir le pouvoir en Côte d’Ivoire. Nous devons défendre la démocratie comme mode de conquête du pouvoir”, a conclu le Président Gbagbo.



Avant lui, Maître Vergès, invité du barreau ivoirien, a révélé qu’il y a 50 ans, il était expulsé de Côte d’Ivoire à la demande de l’ambassadeur de France, alors même qu’il était venu défendre Harris Memel-Fôté, arrêté à l’aéroport par un colonel, pour complot. Ce passionné “des causes perdues” a également félicité ses pairs de Côte d’Ivoire pour les efforts remarquables accomplis. Le célèbre avocat français a rappelé quelques moments difficiles de sa carrière alors qu’il défendait en Algérie une cliente détenue de façon arbitraire par le pouvoir militaire colonial. Non sans informer l’auditoire sur les missions de l’avocat. “Défendre, ce n’est ni cacher les faits, ni blanchir quelqu’un, mais c’est aider à comprendre” ; car, pour lui, rien n’est plus pathétique qu’un individu seul sans défense.



Il convient de souligner qu’aussitôt après l’ouverture officielle de ce cinquantenaire du barreau de Côte d’Ivoire, 30 avocats dont 9 anciens bâtonniers ont été faits commandeurs dans l’ordre national. En sa qualité de précurseur et pionnier, Maître Jean Konan Banny a été élevé à la dignité de Grand Croix. C’est la toute première fois qu’un si grand nombre d’avocats reçoit des distinctions. C’est pourquoi Maître Assi a profité de cette marque d’attention pour dire merci au Président Gbagbo.



N’Dri Célestin



•Diouf et Rawlings, des modèles pour l’Afrique



Invités comme co- parrains, à la cérémonie officielle du cinquantième anniversaire de l’Ordre des avocats de Côte d’Ivoire, les ex-chefs d’Etat Abdou Diouf du Sénégal et Jerry John Rawlings du Ghana ont forcé l’admiration du parterre de personnalités présentes par leur simplicité et leur sobriété. Ce que nombre de personnes retiennent d’eux, c’est surtout le passage de témoin pacifique opéré à la fin de leurs mandats respectifs dans leurs pays. Ce qui fait d’eux des exemples à suivre en Afrique.



L’ex-président sénégalais et par ailleurs secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, a justifié de sa présence en terre ivoirienne pour délivrer non seulement le message amical de la Francophonie, mais également un message de confiance, de solidarité, d’espoir, pour l’avenir de la nation ivoirienne et partant de tout le continent. Il a aussi salué les avocats pour les valeurs qu’ils défendent «…Vous êtes, vous les avocats, des acteurs du développement, de la démocratie et des droits de l’homme. Des acteurs engagés, courageux et lucides…», a-t-il



Au thème du panel formulé à leur intention de savoir : «Il y a-t-il une vie après le Palais ?», la réponse du secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie a été sans ambages : «Je ne me suis jamais senti aussi libre que le jour où j’ai transmis les rênes du pouvoir à Me Abdoulaye Wade», a-t-il affirmé.



Le président Jerry John Rawlings a abondé dans le même sens que son prédécesseur dans la célébration des valeurs cardinales de démocratie, d’unité et surtout du respect desdites valeurs qui sont gage de stabilité de nos nations.



C’est à juste titre que le Président Gbagbo a rendu hommage à l’un et l’autre. Parlant d’Abdou Diouf, le Président ivoirien a dit en substance que lorsqu’il arrivait au pouvoir, il n’y avait officiellement que quatre partis politiques ; c’est lui qui a permis cette multiplicité de partis actuellement. S’adressant au président Rawlings, son passage au pouvoir a permis la stabilité qu’on lui connaît aujourd’hui.



Coulibaly Souleymane



•Me Claude Mentenon: “Nous avons un devoir de grand frère vis-à-vis de la Côte d’Ivoire”



S’interrogeant sur l’attitude que doit avoir le barreau ivoirien, après 50 années d’existence, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Claude Mentenon, a indiqué que les avocats doivent avoir un rôle de « grand frère» vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. C’est-à-dire, contribuer, par leurs interventions, à la restauration de l’Etat de droit. Question de responsabilité et de devoir, selon lui ; la profession est plus vieille que l’Etat de Côte d’Ivoire.



«Nous devons avoir la responsabilité d’un devoir de grand frère envers son petit frère. Nous sommes à la croisée des chemins. Ce n’est pas le moment de dormir. Nous devons résolument épouser l’air du temps, pour retrousser nos manches, en vue de consolider l’Etat de droit », s’est-il engagé. Tout en rappelant le rôle que les avocats ont eu à jouer pour la consolidation de la démocratie. Puis, il a rendu hommage aux anciens chefs d’Etat, que sont Abdou Diouf et Jerry Rawlings, et le Président Laurent Gbagbo, pour leur contribution à la promotion de la démocratie et de l’Etat de droit, dans leurs pays respectifs.



Occasion pour Me Maïga, représentant le barreau du Mali, de regretter que l’avocat, qui constitue une garantie fondamentale de l’Etat de droit, soit souvent inquiété sous certains cieux. Me Maïga a souhaité aussi que la situation dans des pays comme Madagascar, le Niger, la Guinée-Conakry, la Guinée-Bissau et autres, interpelle les avocats sur leur mission essentielle.



Le patron du barreau de Bruxelles, par ailleurs président de la Cib, s’est, quant à lui, réjoui du thème de ces festivités. Parce qu’en phase avec le thème central de la CIB, l’Etat de droit.



Koffi Kouamé





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