La rivalité entre les partis politiques a généré la création de divers espaces de libres échanges à travers Abidjan. Mais, les «Parlements», «Agoras», «Sorbonne» et les «Grins» sont généralement vus comme des lieux où, refusant de lutter pour leur avenir, des jeunes donnent dans l'oisiveté. Les concernés réfutent ces accusations et se disent utiles pour le jeu démocratique et l'épanouissement socio-politique.
En Côte d'Ivoire, les « agora » et « parlement » ont chacun leur petite histoire. Celle du parlement de «Sideci-Lem» a retenu notre attention. Nous sommes à Yopougon, avant le coup d'Etat de décembre 1999. Tout part d'un débat houleux entre un militant du Front populaire ivoirien (Fpi) et un autre du Rassemblement des républicains (Rdr). C'était à l'époque où la fièvre du multipartisme suscitait de chaudes empoignades verbales entre opposants au détour des rues. Les militants du Fpi et ceux du Rdr, quoi que alliés dans le « Front républicain », ne se faisaient pas de cadeaux, chacun vantant son champion. C'est ainsi que les échanges passionnés des deux hommes ont inspiré la création, progressivement, d'un espace de libre échange. Tant ceux qui avaient assisté à la scène avaient été séduits par la noblesse du dialogue politique, sans heurt. Des attroupements quotidiens finissent ainsi par s'imposer. Et, à imposer des rendez-vous du débat contradictoire aux férus de la politiques. Comme tout décor des retrouvailles chaleureux : Un kiosque de Pari mutuel urbain (Pmu) et un autre de vente de journaux. Le tout, planté dans des broussailles au pied d'un gros arbre.
Des discussions...
La foule, d'abord anonyme, se disputait la place avec des briquetiers. M. Nadro H. Willy, actuel président du « parlement » de Sideci-Lem (derrière l'ex-cinéma Saguidiba), qui fait ce rappel, a le souvenir de la genèse des assemblées à ciel ouvert. En effet, il s'est présenté comme étant le militant « frontiste » en question. Sauf avis contraire, dit-il, c’est lui le « fondateur » du tout premier espace de libre expression, à part la vieille « Sorbonne » au Plateau. Aujourd'hui, du fait de la pluie, le « parlement » de la Sideci est inondé par une flaque d'eau. Elle a forcément délogé les « parlementaires ». Mais des « travaux sont en cours » pour remblayer les lieux. L'assemblée devait pouvoir reprendre ses droits incessamment. Le « parlement » n'a ni changé de site, ni d'aspect. Seulement, l'entourage a été meublé d'une promotion immobilière et de restaurants de fortune. « Mouvement agir pour la refondation de la Côte d'Ivoire ». Telle en était l'appellation à l'origine, selon son propulseur, Nadro Willy. Avec Zoh Richard (décédé) et Kaboré Boukary alias « Gnaoré », aujourd'hui policier, et bien d'autres, ils ont tenu les lieux. « Des brillants orateurs tels que le Pr. Mamadou Koulibaly, Lia Bi Douayoua (ex-ministre) et le Pr. Gnamien sont passés par là ». Aujourd’hui, les « agora » et « parlement » sont regroupés en deux fédérations. Il y a la Fédération nationale des « parlements » et « agoras » de Côte d'Ivoire créée en décembre 2007, présidée par Idriss Ouattara (membre de l'Alliance des « jeunes patriotes ») et la Fédération nationale des orateurs des « agoras » et « parlements » de Côte d'Ivoire, contrôlée par Konin Jean Marie. Des réunions se tiennent de part et d'autre en vue d'orienter et harmoniser les conduites. Celles-ci épousant le contexte socio-politique. Sur le plan organisationnel, l'appareillage de sonorisation vient des « dons de la part de bonnes volontés », quand les sièges, les chaises de types Malaga ou des bancs sont « acquis grâce aux cotisations ». Les entrées d'argent sont fonction de la masse et de l'intérêt des sujets débattus ou des évènements au menu. Plus il y a d'auditeurs, plus il y a de contributions volontaires. Des dons d'hommes politiques ou même d'opérateurs économiques, qui soutiennent le franc parlé, ne sont pas exclus. C'est de cette même façon que les tentes ou bâches sont acquises, au besoin. Mais le fait que ces espaces soient toujours occupés, même aux heures de travail, fait dire à une opinion que les « parlementaires sont des désœuvrés ».
Les orateurs « ne sont pas payés ». Ils se contentent de « piécettes » que leur lancent des admirateurs séduits par leurs prestations. Les plus talentueux loueraient leurs services comme modérateurs à l'occasion de cérémonies. Les plus connus sont Tanoh Kassi Pascal, « il prépare un doctorat » à l'université de Cocody, Zahui Loué dit Sosni Clark « en service au Port autonome d'Abidjan », Tanoh Ebenezer « enseignant » et Gnigbo Eric dit Eco. « Souvent des gens disent que les parlements et agoras sont peuplés de paresseux instrumentalisés par le pouvoir.
... Pour l’avenir
Non ! Que les gens arrêtent de nous minimiser. Il y a des fonctionnaires et des universitaires parmi nous. Référez-vous par exemple à la qualité de nos invités tels, des députés, des universitaires et bien de hauts cadres“, souligne Nadro H. Willy. Avant de poursuivre: “Pour parler de Laurent Gbagbo par exemple, on n'a pas besoin d'argent. Si un jour le Premier ministre est près à venir dans un « parlement », vous ne verrez aucune résistance. A preuve, le ministre Cissé Bacongo (Rdr) a été reçu à la « Sorbonne solidarité » de Nando Clément, le ministre Dacoury Tabley (Ex-rébellion) a communié avec le « parlement » de Yopougon Kouté. Le commandant Issiaka Wattao est venu au « parlement » de la Sideci. Comme vous voyez, nous n'exprimons aucune animosité vis-à-vis de qui que ce soit. Nous sommes des Ivoiriens libres”, assure-t-il. Nadro note que les parlements se sauraient être allergiques à la critique. “Nous sommes allés à l'école de Gbagbo, alors nous menons le combat de la dignité. Certes, le professeur c'est Laurent Gbagbo. Mais, il n'est pas seul. Si d'autres s'estiment capables de nous donner de la formation alors qu'ils viennent vers nous », dit-il. Pour sa part, Jean Marie Konin estime que les animateurs des « parlements » et « agoras » sont des «désœuvrés de qualité ». Il s'explique : « Nombreux sont ceux qui ont été formés dans nos universités et écoles prestigieuses de la place. C'est donc archi faux de penser que nous et nos camarades sommes des vagabonds. A preuve, le secrétaire général, Brou Kouadio, de ma fédération travail dans l'administration du Palais de la culture. Parmi ceux qui viennent nous écouter, il y a des élèves, des étudiants devant soutenir sur la « résistance en Côte d'Ivoire », des ménagères des retraités et des sans emploi ». Ces personnes ressources rectifient, disant que les retrouvailles gagnent en animation surtout les week-ends. Et des travailleurs, à la descente, viennent gonfler aussi l'auditoire. Notons que les « parlements » et « agoras » couvrent uniquement la partie Sud du pays.
Bidi Ignace
En Côte d'Ivoire, les « agora » et « parlement » ont chacun leur petite histoire. Celle du parlement de «Sideci-Lem» a retenu notre attention. Nous sommes à Yopougon, avant le coup d'Etat de décembre 1999. Tout part d'un débat houleux entre un militant du Front populaire ivoirien (Fpi) et un autre du Rassemblement des républicains (Rdr). C'était à l'époque où la fièvre du multipartisme suscitait de chaudes empoignades verbales entre opposants au détour des rues. Les militants du Fpi et ceux du Rdr, quoi que alliés dans le « Front républicain », ne se faisaient pas de cadeaux, chacun vantant son champion. C'est ainsi que les échanges passionnés des deux hommes ont inspiré la création, progressivement, d'un espace de libre échange. Tant ceux qui avaient assisté à la scène avaient été séduits par la noblesse du dialogue politique, sans heurt. Des attroupements quotidiens finissent ainsi par s'imposer. Et, à imposer des rendez-vous du débat contradictoire aux férus de la politiques. Comme tout décor des retrouvailles chaleureux : Un kiosque de Pari mutuel urbain (Pmu) et un autre de vente de journaux. Le tout, planté dans des broussailles au pied d'un gros arbre.
Des discussions...
La foule, d'abord anonyme, se disputait la place avec des briquetiers. M. Nadro H. Willy, actuel président du « parlement » de Sideci-Lem (derrière l'ex-cinéma Saguidiba), qui fait ce rappel, a le souvenir de la genèse des assemblées à ciel ouvert. En effet, il s'est présenté comme étant le militant « frontiste » en question. Sauf avis contraire, dit-il, c’est lui le « fondateur » du tout premier espace de libre expression, à part la vieille « Sorbonne » au Plateau. Aujourd'hui, du fait de la pluie, le « parlement » de la Sideci est inondé par une flaque d'eau. Elle a forcément délogé les « parlementaires ». Mais des « travaux sont en cours » pour remblayer les lieux. L'assemblée devait pouvoir reprendre ses droits incessamment. Le « parlement » n'a ni changé de site, ni d'aspect. Seulement, l'entourage a été meublé d'une promotion immobilière et de restaurants de fortune. « Mouvement agir pour la refondation de la Côte d'Ivoire ». Telle en était l'appellation à l'origine, selon son propulseur, Nadro Willy. Avec Zoh Richard (décédé) et Kaboré Boukary alias « Gnaoré », aujourd'hui policier, et bien d'autres, ils ont tenu les lieux. « Des brillants orateurs tels que le Pr. Mamadou Koulibaly, Lia Bi Douayoua (ex-ministre) et le Pr. Gnamien sont passés par là ». Aujourd’hui, les « agora » et « parlement » sont regroupés en deux fédérations. Il y a la Fédération nationale des « parlements » et « agoras » de Côte d'Ivoire créée en décembre 2007, présidée par Idriss Ouattara (membre de l'Alliance des « jeunes patriotes ») et la Fédération nationale des orateurs des « agoras » et « parlements » de Côte d'Ivoire, contrôlée par Konin Jean Marie. Des réunions se tiennent de part et d'autre en vue d'orienter et harmoniser les conduites. Celles-ci épousant le contexte socio-politique. Sur le plan organisationnel, l'appareillage de sonorisation vient des « dons de la part de bonnes volontés », quand les sièges, les chaises de types Malaga ou des bancs sont « acquis grâce aux cotisations ». Les entrées d'argent sont fonction de la masse et de l'intérêt des sujets débattus ou des évènements au menu. Plus il y a d'auditeurs, plus il y a de contributions volontaires. Des dons d'hommes politiques ou même d'opérateurs économiques, qui soutiennent le franc parlé, ne sont pas exclus. C'est de cette même façon que les tentes ou bâches sont acquises, au besoin. Mais le fait que ces espaces soient toujours occupés, même aux heures de travail, fait dire à une opinion que les « parlementaires sont des désœuvrés ».
Les orateurs « ne sont pas payés ». Ils se contentent de « piécettes » que leur lancent des admirateurs séduits par leurs prestations. Les plus talentueux loueraient leurs services comme modérateurs à l'occasion de cérémonies. Les plus connus sont Tanoh Kassi Pascal, « il prépare un doctorat » à l'université de Cocody, Zahui Loué dit Sosni Clark « en service au Port autonome d'Abidjan », Tanoh Ebenezer « enseignant » et Gnigbo Eric dit Eco. « Souvent des gens disent que les parlements et agoras sont peuplés de paresseux instrumentalisés par le pouvoir.
... Pour l’avenir
Non ! Que les gens arrêtent de nous minimiser. Il y a des fonctionnaires et des universitaires parmi nous. Référez-vous par exemple à la qualité de nos invités tels, des députés, des universitaires et bien de hauts cadres“, souligne Nadro H. Willy. Avant de poursuivre: “Pour parler de Laurent Gbagbo par exemple, on n'a pas besoin d'argent. Si un jour le Premier ministre est près à venir dans un « parlement », vous ne verrez aucune résistance. A preuve, le ministre Cissé Bacongo (Rdr) a été reçu à la « Sorbonne solidarité » de Nando Clément, le ministre Dacoury Tabley (Ex-rébellion) a communié avec le « parlement » de Yopougon Kouté. Le commandant Issiaka Wattao est venu au « parlement » de la Sideci. Comme vous voyez, nous n'exprimons aucune animosité vis-à-vis de qui que ce soit. Nous sommes des Ivoiriens libres”, assure-t-il. Nadro note que les parlements se sauraient être allergiques à la critique. “Nous sommes allés à l'école de Gbagbo, alors nous menons le combat de la dignité. Certes, le professeur c'est Laurent Gbagbo. Mais, il n'est pas seul. Si d'autres s'estiment capables de nous donner de la formation alors qu'ils viennent vers nous », dit-il. Pour sa part, Jean Marie Konin estime que les animateurs des « parlements » et « agoras » sont des «désœuvrés de qualité ». Il s'explique : « Nombreux sont ceux qui ont été formés dans nos universités et écoles prestigieuses de la place. C'est donc archi faux de penser que nous et nos camarades sommes des vagabonds. A preuve, le secrétaire général, Brou Kouadio, de ma fédération travail dans l'administration du Palais de la culture. Parmi ceux qui viennent nous écouter, il y a des élèves, des étudiants devant soutenir sur la « résistance en Côte d'Ivoire », des ménagères des retraités et des sans emploi ». Ces personnes ressources rectifient, disant que les retrouvailles gagnent en animation surtout les week-ends. Et des travailleurs, à la descente, viennent gonfler aussi l'auditoire. Notons que les « parlements » et « agoras » couvrent uniquement la partie Sud du pays.
Bidi Ignace