La fin de l'opération d'identification et d'enrôlement, le 30 juin, suscite beaucoup de passion au sein des populations. D'autant que dans son communiqué du 5 juillet, la Cei a estimé à 6500000 personnes identifiées en attendant les chiffres consolidés. Pour certains, il faut poursuivre l'opération jusqu'à prendre en compte toute la population cible estimée à plus de 8 millions. Ce qui n'est pas du goût d'autres qui soutiennent le respect strict du chronogramme établi à la 5e réunion du Cadre permanent de concertation (Cpc), le 18 mai 2009 à Ouagadougou. " Nous veillons au respect scrupuleux du chronogramme arrêté par le Cpc ", répond Robert Beugré Mambé, président de la Cei. La question qui se dégage sur toutes les lèvres est toute nette. Faut-il continuer l'opération jusqu'à ce que le dernier pétitionnaire, selon les statistiques, soit enrôlé ? Ce qui serait quasiment impossible. Parce que, contrairement au précédent recensement général de la population qui permettait de faire d'autres déductions statistiques, les agents recenseurs passaient de maison en maison. Cette fois, c'est un acte volontaire qui exige que chaque Ivoirien se présente à l'enrôlement. Tout ceci pour expliquer que cette opération ne sera jamais à 100%. Si quelqu'un ne veut pas se faire identifier, c'est son droit. En temps normal, cette opération n'aurait pas suscité autant de débats. Le fait que le processus normal d'identification des populations et le recensement électoral soient couplés pose un problème de compréhension. En Côte d'Ivoire, l'opération d'inscription sur les listings électoraux s'est toujours déroulée sur une période bien déterminée. Jamais, les voix ne se sont levées pour exiger la prorogation de l'opération. Le recensement des électeurs s'effectue à chaque année électorale. Et cela devrait être clair dans l'esprit de chaque citoyen. L'identification et l'enrôlement sont deux processus différents. Le président Mambé a été précis à ce sujet : " Je comprends certaines voix qui s'élèvent parce qu'il y a encore des Ivoiriens à enrôler. Mais, la fin de l'opération actuelle n'est pas la fin de l'identification. Après celle-ci, l'Oni va continuer dans le cycle normal de l'identification pour permettre aux Ivoiriens d'avoir leur carte nationale d'identité ". Ici, le mot enrôlement emprunté au lexique militaire (incorporation d'une personne dans l'armée), se substitue abusivement au mot recensement. Les Ivoiriens doivent savoir que l'opération d'identification reprendra son cours normal. Mais, ils auront à payer maintenant pour se faire identifier par l'Office national d'identification (Oni). Certainement, beaucoup de nos compatriotes pour diverses raisons (effets de la guerre, inaccessibilité de certains sites et autres) n'ont pu se faire enrôler pour prendre part aux élections à venir. L'Etat ivoirien ne leur en tiendra pas rigueur pour cela. Mais, ils ont toujours l'occasion de se faire établir une pièce nationale d'identité. En se rendant dans les services de l'Oni. De tout ce qui précède, il serait souhaitable qu'on respecte le chronogramme convenu par les acteurs de la crise ivoirienne et validé par la communauté internationale. Pour entamer la prochaine étape du processus, celle des traitements informatiques pour mettre en évidence des erreurs techniques, faire des rapprochements débouchant sur le croisement des fichiers. Allons aux élections avec ces 6.500.000 inscrites pour vite sortir de ce bourbier.
Zéré de Mahi
Zéré de Mahi