Dr Serge Otro est médecin urgentiste titulaire de la Capacité d’aide médicale d’urgence (CAMU). Après avoir fondé récemment l’Association des médecins urgentistes de Côte d’Ivoire (AMUCI), il a aussitôt été porté à sa tête,le 30 mai 2009. Ce jeune médecin en poste depuis janvier 2008 à la PISAM où il a réformé un service des urgences, veut étendre sa toile d’expérience aux différents CHU et CHR de Côte d’Ivoire à travers son organisation. C’est ce qu’il promet dans cet entretien.
Notre Voie : Vous venez d’être porté à la tête de la toute nouvelle Association des médecins urgentistes de Côte d’ivoire (AMUCI). Une telle initiative pour quoi faire ?
Serge Otro : Effectivement, j’ai été élu président de l’Association des médecins urgentistes de Côte d’Ivoire (AMUCI), lors de son assemblée générale constitutive du samedi 30 mai 2009. Notre objectif est de promouvoir la médecine d’urgences en Côte d’Ivoire et de contribuer ainsi à l’amélioration de la santé de la population.
N.V. : Comment comptez-vous mener cette mission ?
S.O. : Nous envisageons de mener, dès le 1er août, des actions de deux ordres. Il s’agit de la formation du personnel médical, paramédical et surtout des infirmiers et des aides-soignants. Nous entendons aussi organiser de façon rationnelle et efficace les services d’urgences de Côte d’Ivoire. L’AMUCI effectuera sa première sortie au CHU de Cocody. Cette action est intitulée “Le staff médical petit déjeuner”. Nous allons, en effet, visiter les locaux et faire l’inventaire des problèmes, surtout matériels, qui existent dans services d’urgences. Après cela, nous organiserons des stages pratiques (sur les massages cardiaques par exemple) et discuterons de quelques dossiers médicaux. On est déjà en contact avec les services d’urgences de Cocody, de Treichville et de Yopougon au niveau d’Abidjan, et ceux des CHR de Korhogo (par le biais du docteur Tapé) et de Gagnoa (avec le docteur Blaise Ory). Au niveau de Divo, on en a parlé avec le docteur Kouamé. On a aussi nos hommes à Bouaké et à Daloa. En somme, ce sont des médecins qui, dans un premier temps, vont nous aider à mettre en pace les premières sections de l’AMUCI dans leurs différentes régions.
N.V. : Et la prochaine sortie ?
S.O. : Notre prochaine action ne sera pas une sortie en tant que telle mais un dîner gala que nous allons organiser. Il est dénommé “Emergency Night”. Ce sera en août prochain.
N.V. : En quoi cela va-t-il consister ?
S.O. : Vous savez très bien que nos services d’urgences manquent de matériels. Pour qu’une association comme l’AMUCI vienne en aide à ces services, il faut faire une levée de fonds. Donc, c’est une soirée de levée de fonds pour équiper, former et organiser ces services selon les normes internationales. En plus clair, nous allons faire appel aux différentes entreprises privées de la place, aux bonnes volontés, surtout celles qui veulent nous aider à acquérir du matériel. Car, en plus de la formation, nous voulons offrir du matériel médical dans les services où nous allons passer. Donc, les premières semaines du mois d’août, l’AMUCI va parcourir les services d’urgences des 19 CHR de Côte d’Ivoire pour distribuer le matériel qui sera recueilli au cours de cette soirée mais aussi pour se faire connaître. C’est dans ce sens que nous voulons que Emergency Night soit une première en Côte d’Ivoire.
N.V. : Parlons à présent de la formation des membres de l’AMUCI…
S.O. : Au mois de septembre 2009, nous allons organiser un séminaire de formation des différents délégués régionaux que nous allons installer. Ça va leur permettre de se familiariser avec le matériel que nous allons mettre en place mais aussi d’acquérir des notions d’urgences. Le clou de notre programme, c’est en octobre 2009. Etant donné que la médecine d’urgences, est la vitrine de l’hôpital, l’AMUCI va redorer son blason. Alors, il faut savoir ce qu’il y a derrière, par conséquent, connaître les autres services de l’hôpital. C’est ainsi que l’AMUCI projette d’organiser une autre cérémonie dénommée “Salon de l’hôpital en Côte d’Ivoire”.
N.V. : D’où est partie l’idée de fonder l’AMUCI ?
S.O. : La mise en place de l’AMUCI obéit à un constat : le manque de lits et de matériels dans les services d’urgences, beaucoup de malades ne connaissent pas les circuits à emprunter jusqu’à leur hospitalisation. C’est la première motivation. La seconde est fondée sur la mauvaise répartition des moyens techniques dont le médecin urgentiste a besoin. Vous savez, au niveau d’Abidjan, on ne dispose que de 10 scanners ou seuls 10 centres de radiologie ont un scanner. Je vais vous expliquer le rôle d’un scanner. Si vous présentez un malaise, après une paralysie d’un membre de votre corps, de tout le corps droit ou d’un côté, on suspecte un accident vasculaire cérébral. Le seul examen à ce jour qui puisse déterminer si cela est vrai, c’est le scanner cérébral. Et cet examen n’est pas disponible à l’intérieur du pays, parce qu’il n’y a pas de scanner. Donc, il y a déjà une répartition inégale des moyens techniques aux médecins urgentistes.
N.V. : Vous avez déjà, semble-t-il, une expérience en matière de vie associative
S.O. : A Tours, j’ai été président de l’Association ivoirienne des étudiants en médecine. C’est donc là que j’ai fait mes études de médecine, au nom d’une convention qui a existé entre cette ville française et l’Université d’Abidjan. Par ailleurs, j’aimerais remercier la télévision 1ère Chaîne qui m’a permis, durant un mois, de m’exprimer dans le cadre de son émission “Matin bonheur”, notamment par le biais de sa rubrique «Santé». En effet, tous les lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 6h 20 min à 6h 30 min, j’explique un cas de médecine d’urgence. Tout cela, dans le but de promouvoir la médecine d’urgence en Côte d’Ivoire. J’aimerais donc dire aux décideurs de Côte d’Ivoire que rejoindre l’AMUCI, c’est nous aider à préserver des vies humaines, et qu’avec peu de moyens, nous pouvons faire beaucoup de choses parce que la santé est le fondement de la qualité de vie de la population.
N.V. : Les médecins urgentistes existent-ils en nombre suffisant en Côte d’Ivoire ?
S.O. : On est entre 20 et 30 à ce jour ; les médecins urgentistes sont quand même nombreux en Côte d’Ivoire. Mais je pense que la naissance de l’AMUCI va motiver des jeunes gens pour embrasser cette spécialité de médecine et agrandir la famille. Parce que la vie de quelqu’un dépend de votre sens de l’orientation, de vos compétences et de votre manière de voir la situation d’urgence.
N.V. : C’est quoi un médecin urgentiste ?
S.O. : Lorsque vous êtes victime d’un malaise, d’une crise cardiaque ou que vous êtes dans le coma, c’est le médecin urgentiste qui vous prend en charge dans les 24 premières heures. C’est pour cela que le médecin urgentiste doit savoir tout faire. Il doit répondre aux urgences neurologiques, ophtalmoscopiques, cardiologiques, pulmonaires, abdominales, etc. Même quand quelqu’un présente une fracture, il doit savoir faire un plâtre. Donc, le médecin urgentiste embrasse pas mal de spécialités. Dans les 24 premières heures, il stabilise un patient avant de le passer aux spécialistes qui, à leur tour, vont le prendre en charge pour l’hospitaliser.
Interview réalisée par Schadé Adédé Coll : Sonia Dia (Stagiaire)
Notre Voie : Vous venez d’être porté à la tête de la toute nouvelle Association des médecins urgentistes de Côte d’ivoire (AMUCI). Une telle initiative pour quoi faire ?
Serge Otro : Effectivement, j’ai été élu président de l’Association des médecins urgentistes de Côte d’Ivoire (AMUCI), lors de son assemblée générale constitutive du samedi 30 mai 2009. Notre objectif est de promouvoir la médecine d’urgences en Côte d’Ivoire et de contribuer ainsi à l’amélioration de la santé de la population.
N.V. : Comment comptez-vous mener cette mission ?
S.O. : Nous envisageons de mener, dès le 1er août, des actions de deux ordres. Il s’agit de la formation du personnel médical, paramédical et surtout des infirmiers et des aides-soignants. Nous entendons aussi organiser de façon rationnelle et efficace les services d’urgences de Côte d’Ivoire. L’AMUCI effectuera sa première sortie au CHU de Cocody. Cette action est intitulée “Le staff médical petit déjeuner”. Nous allons, en effet, visiter les locaux et faire l’inventaire des problèmes, surtout matériels, qui existent dans services d’urgences. Après cela, nous organiserons des stages pratiques (sur les massages cardiaques par exemple) et discuterons de quelques dossiers médicaux. On est déjà en contact avec les services d’urgences de Cocody, de Treichville et de Yopougon au niveau d’Abidjan, et ceux des CHR de Korhogo (par le biais du docteur Tapé) et de Gagnoa (avec le docteur Blaise Ory). Au niveau de Divo, on en a parlé avec le docteur Kouamé. On a aussi nos hommes à Bouaké et à Daloa. En somme, ce sont des médecins qui, dans un premier temps, vont nous aider à mettre en pace les premières sections de l’AMUCI dans leurs différentes régions.
N.V. : Et la prochaine sortie ?
S.O. : Notre prochaine action ne sera pas une sortie en tant que telle mais un dîner gala que nous allons organiser. Il est dénommé “Emergency Night”. Ce sera en août prochain.
N.V. : En quoi cela va-t-il consister ?
S.O. : Vous savez très bien que nos services d’urgences manquent de matériels. Pour qu’une association comme l’AMUCI vienne en aide à ces services, il faut faire une levée de fonds. Donc, c’est une soirée de levée de fonds pour équiper, former et organiser ces services selon les normes internationales. En plus clair, nous allons faire appel aux différentes entreprises privées de la place, aux bonnes volontés, surtout celles qui veulent nous aider à acquérir du matériel. Car, en plus de la formation, nous voulons offrir du matériel médical dans les services où nous allons passer. Donc, les premières semaines du mois d’août, l’AMUCI va parcourir les services d’urgences des 19 CHR de Côte d’Ivoire pour distribuer le matériel qui sera recueilli au cours de cette soirée mais aussi pour se faire connaître. C’est dans ce sens que nous voulons que Emergency Night soit une première en Côte d’Ivoire.
N.V. : Parlons à présent de la formation des membres de l’AMUCI…
S.O. : Au mois de septembre 2009, nous allons organiser un séminaire de formation des différents délégués régionaux que nous allons installer. Ça va leur permettre de se familiariser avec le matériel que nous allons mettre en place mais aussi d’acquérir des notions d’urgences. Le clou de notre programme, c’est en octobre 2009. Etant donné que la médecine d’urgences, est la vitrine de l’hôpital, l’AMUCI va redorer son blason. Alors, il faut savoir ce qu’il y a derrière, par conséquent, connaître les autres services de l’hôpital. C’est ainsi que l’AMUCI projette d’organiser une autre cérémonie dénommée “Salon de l’hôpital en Côte d’Ivoire”.
N.V. : D’où est partie l’idée de fonder l’AMUCI ?
S.O. : La mise en place de l’AMUCI obéit à un constat : le manque de lits et de matériels dans les services d’urgences, beaucoup de malades ne connaissent pas les circuits à emprunter jusqu’à leur hospitalisation. C’est la première motivation. La seconde est fondée sur la mauvaise répartition des moyens techniques dont le médecin urgentiste a besoin. Vous savez, au niveau d’Abidjan, on ne dispose que de 10 scanners ou seuls 10 centres de radiologie ont un scanner. Je vais vous expliquer le rôle d’un scanner. Si vous présentez un malaise, après une paralysie d’un membre de votre corps, de tout le corps droit ou d’un côté, on suspecte un accident vasculaire cérébral. Le seul examen à ce jour qui puisse déterminer si cela est vrai, c’est le scanner cérébral. Et cet examen n’est pas disponible à l’intérieur du pays, parce qu’il n’y a pas de scanner. Donc, il y a déjà une répartition inégale des moyens techniques aux médecins urgentistes.
N.V. : Vous avez déjà, semble-t-il, une expérience en matière de vie associative
S.O. : A Tours, j’ai été président de l’Association ivoirienne des étudiants en médecine. C’est donc là que j’ai fait mes études de médecine, au nom d’une convention qui a existé entre cette ville française et l’Université d’Abidjan. Par ailleurs, j’aimerais remercier la télévision 1ère Chaîne qui m’a permis, durant un mois, de m’exprimer dans le cadre de son émission “Matin bonheur”, notamment par le biais de sa rubrique «Santé». En effet, tous les lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 6h 20 min à 6h 30 min, j’explique un cas de médecine d’urgence. Tout cela, dans le but de promouvoir la médecine d’urgence en Côte d’Ivoire. J’aimerais donc dire aux décideurs de Côte d’Ivoire que rejoindre l’AMUCI, c’est nous aider à préserver des vies humaines, et qu’avec peu de moyens, nous pouvons faire beaucoup de choses parce que la santé est le fondement de la qualité de vie de la population.
N.V. : Les médecins urgentistes existent-ils en nombre suffisant en Côte d’Ivoire ?
S.O. : On est entre 20 et 30 à ce jour ; les médecins urgentistes sont quand même nombreux en Côte d’Ivoire. Mais je pense que la naissance de l’AMUCI va motiver des jeunes gens pour embrasser cette spécialité de médecine et agrandir la famille. Parce que la vie de quelqu’un dépend de votre sens de l’orientation, de vos compétences et de votre manière de voir la situation d’urgence.
N.V. : C’est quoi un médecin urgentiste ?
S.O. : Lorsque vous êtes victime d’un malaise, d’une crise cardiaque ou que vous êtes dans le coma, c’est le médecin urgentiste qui vous prend en charge dans les 24 premières heures. C’est pour cela que le médecin urgentiste doit savoir tout faire. Il doit répondre aux urgences neurologiques, ophtalmoscopiques, cardiologiques, pulmonaires, abdominales, etc. Même quand quelqu’un présente une fracture, il doit savoir faire un plâtre. Donc, le médecin urgentiste embrasse pas mal de spécialités. Dans les 24 premières heures, il stabilise un patient avant de le passer aux spécialistes qui, à leur tour, vont le prendre en charge pour l’hospitaliser.
Interview réalisée par Schadé Adédé Coll : Sonia Dia (Stagiaire)