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Art et Culture Publié le mercredi 8 juillet 2009 | Le Patriote

Interview. Criwa Zeli (Président de l’UNJCI) :“Il faut sortir les journalistes du ghetto salarial”

Le Patriote : Juste après votre élection, vous engagez une reforme du prix Noel X. Ebony qui est un exemple dans le paysage professionnel en Côte d’Ivoire. Quels sont les motivations de cette reforme ?
Criwa Zéli : Je dirai d’abord pour faire évoluer le prix. Pour donner une autre dimension au prix. Il est vrai que le prix lui-même a déjà une renommée, on avait peut-être plus besoin d’ajouter d’autres critères. Sur donc recommandation du Congrès, nous avons initié un atelier pour réfléchir ensemble et redéfinir les conditions de participation. Le séminaire a retenu que pour l’édition 2009, il faut pouvoir produire deux interviews, deux enquêtes ou dossiers et deux reportages. Ce qui donne six productions pour chaque candidat cette année. Pour l’édition 2010 et à venir, le journaliste sera évalué sur l’ensemble de l’année. Une commission mise en place à cet effet, va déterminer la périodicité. Mais pour cette année, les candidats vont postuler comme d’ habitude.

L.P : Le prix Ebony et le tournoi de la confraternité auront-ils lieu cette année, vu le retard pris avec les élections ?
C.Z : Pour ce qui est du tournoi de la confraternité, il va démarrer en août. Une commission y travaille déjà, actuellement il reste à régler la question du partenaire qui va nous accompagner. Dès qu’on a le partenaire, on lance le tournoi. Le tournoi lui-même ne coûte pas trop grand-chose. Mais vous conviendrez avec moi qu’il faut mobiliser des ressources pour cela. Pour Ebony, il vrai que nous sommes déjà en juillet, mais nous nous donnons jusqu'à la fin de ce mois, pour rassembler les partenaires pour l’organisation du prix Ebony. Mais il faut que ça soit clair, à l’impossible nul n’est tenu. Si nous avons déployé tous nos efforts et que nous n’avons pas pu rassembler le fonds nécessaire pour l’organisation, nous n’allons pas forcer au risque de bâcler cette prestigieuse soirée qu’est la nuit des Ebony. Si on n’est pas prêt financièrement, on ne l’organisera pas. Tout compte fait, nous restons persuader que d’ici le 10 octobre, nous allons organiser le prix Ebony.
L.P : La reforme du prix Ebony touche-telle la teneur du prix ? L’Ebony 2009 aura-t-il sa voiture et sa villa ?
C.Z : Ce dont je peux parier, c’est que l’Ebony 2009 aura sa villa, pour ce qui est de la voiture, nous sommes à la recherche d’un concessionnaire qui puisse nous offrir une voiture. Dans le cas contraire, on ne fera pas la promesse d’offrir une voiture. Nous sommes à la recherche de la voiture. Ce dont nous sommes sûrs, c’est la villa parce que nous avons déjà approché un partenaire qui est prêt à nous accompagner. Pour la voiture, rien n’est encore arrêté. Concernant les autres prix, ils resteront tels : entre autres, les prix en numéraire, les dons tels que l’ordinateur demeureront toujours. Mieux, nous avons enjoint des prix spéciaux. C’est l’une des innovations. En dehors des prix traditionnels, nous avons institué des prix intermédiaires tels le prix « Joseph Diomandé du meilleur reportage » « le prix Diégou Bailly de la meilleure enquête »… qui vont récompenser ceux qui ont eu les meilleures notes dans les différents genres et qui n’ont pas été choisis par le jury.

L.P : Récemment on vous a vu aux côtés du SYNAPPCI pour l’application de la convention collective ?
CZ : Il faut savoir que le Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire (SYNAPPCI) est l’émanation de l’UNJCI. Toute modestie mise à part, je suis l’un des membres fondateurs du SYNAPPCI avec feu Cendres GlazaÏ. Avec la nouvelle loi sur la presse, nous estimons qu’en Côte d’Ivoire ceux qui ont des entreprises de presse, les personnes qui y travaillent doivent vivre de ce métier. L’UNJCI s’insurge contre le traitement salarial des journalistes. Parce que nous estimons qu’il n’est pas normal que pour des gens qui ont fait des études universitaires et qui exercent ce travail ne puissent pas vivre décemment de ce métier. En tant qu’organisation professionnelle, nous ne saurions nous taire devant une situation qui perdure. Nous nous sommes tous battus pour que dans la nouvelle loi sur la presse, une disposition soit consacrée au Fonds de soutien et de développement du secteur de la presse. Donc quand nous menons tous des actions, c’est pour que les entreprises de presse puissent prospérer. Mais en même temps, pour que ces entreprises qui prospèrent puissent payer dignement leurs employés, les journalistes. Voilà le combat de l’UNJCI pour les journalistes, mais également pour les entreprises de presse. Le SYNAPPCI lance un cri du cœur, le GEPCI pond une déclaration pour dire que l’argent n’est pas beaucoup. Mais on ne peut s’arrêter à cela il faut que quelque chose soit faite pour l’application de la convention collective. A tout point de vue nous pensons que les conditions sont remplies pour quelques avancées dans l’application de la convention.

L.P: S’agissant du Fonds de Soutien et de Développement, l’Etat a fait un premier jet que le GEPCI estime insignifiant ?
C.Z. Quand nous voyons le budget prévu pour ce fonds, les 542 millions décaissés par l’Etat, représente le 1/5ème de ce budget. C’est don clair que ce n’est pas ce que les gens attendaient. C’est vrai, avec 50 millions de subvention, lorsqu’on fait la répartition arithmétique, c’est insignifiant. Mais, il faut revoir la clé de répartition pour que les entreprises bénéficient de subvention directe. Car les ressources du fonds, nous le savons tous, proviennent de la taxe sur la publicité prélevée par l’Etat depuis 1994. Il nous revient que c’est sur le milliard promis à la presse pour alimenter le Fonds par l’ex-premier ministre Charles Konan Banny que les 542 millions ont été tirés. Il reste donc 458 milliards, nous devons faire en sorte que l’Etat nous reverse cela. Nous demandons au GEPCI de ne pas rejeter ce que nous attendons depuis 13 ans, il faut prendre le peu et dire à l’Etat de décaisser le reste.

L.P : Vous aviez été élus sur la base d’un ambitieux programme. Et l’un des points clés, est la Cité des journalistes. Comment comptez- vous réaliser ce projet ?
C.Z : Ce grand projet ne peut se réaliser que si les journalistes peuvent souscrire à une opération immobilière. C’est pourquoi, nous nous battons pour que les journalistes aient une condition salariale adéquate. Juste après notre élection, nous avons pris contact avec une agence immobilière pour donner corps à ce projet. Il faut pour cela que les journalistes domicilient leur compte auprès de la banque partenaire du projet. Je peux vous dire que dans quelque temps nous allons lancer une opération pilote. Je tiens à rassurer tous les journalistes, que tous les grands chantiers pour lesquels ils nous ont fait confiance seront réalisés.
Réalisée par Moussa Keita
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