La réunion convoquée par le Premier ministre avec les structures en charge de l'identification a abouti à une décision majoritaire de non-prorogation de cette opération qui dure depuis plusieurs mois déjà.
Le Premier ministre a reçu hier en milieu d'après-midi, en son cabinet de la Primature, l'ensemble des structures techniques et institutionnelles concernées par la problématique de l'identification et de l'enrôlement. Au cœur de cette rencontre, se nichait la question, cruciale, de la prorogation ou non des opérations en cours. Pour le chef du gouvernement, l'enjeu est si important qu'il a donné l'ordre d'éconduire tous les retardataires, quel que soit leur rang ou qualité. Le bilan provisoire établi par la Cei fait état d'un niveau d'enrôlement culminant à 6 millions et 500 mille personnes. Ce chiffre n'étant que provisoire, il sera forcément revu à la baisse, après le traitement des données via les nombreux filtres institués contre les fraudes et les doubles inscriptions. Ceci étant, sur une population cible estimée à 8.663.149 électeurs, il y a un gap d'environ 2 millions de personnes. Ces personnes doivent-elles être laissées en rade ? La question a été diplomatiquement soulevée par M. Abou Moussa, le numéro 2 de l'Onuci, au cours de la réunion. Il a félicité la Cei et l'ensemble des structures engagées dans l'identification pour l'excellent travail réalisé. Il a constaté qu'à ce stade du parcours, l'on entre désormais dans la phase de traitement des données enregistrées, pour aboutir, in fine, à l'établissement d'un listing électoral provisoire. Il entend cependant çà et là des voix divergentes sur la suite à donner à l'opération. D'un côté certains souhaitent que l'on enregistre le maximum de personnes en âge de voter avant de clore l'enrôlement, arguant qu'il serait indécent de priver consciemment 2 millions de compatriotes de leur droit constitutionnel à élire leurs représentants. De l'autre, un courant tout aussi puissant, souhaite que l'on mette fin, une fois pour toutes, à ces prorogations à n'en plus finir, d'une opération qui initialement était censée durer 45 jours et qui a largement excédé 8 mois. M. Moussa a donc souhaité connaître la position de la Cei sur cette question : stop ou encore ?
M. Mambé Beugré a été limpide dans sa réponse : il n'y aura pas de prorogation de l'enrôlement électoral. Il a expliqué que la CEI a travaillé dans un canevas strict, dessiné par l'Accord politique de Ouaga et ses avenants. Et qu'il ne saurait être question pour lui d'en sortir. En cela, le président de la Cei reste fidèle aux engagements pris devant le Médiateur le 4 juillet dernier au palais de Kossyam. Devant le président Compaoré, il avait déclaré : "nous veillons au respect scrupuleux du chronogramme arrêté par le Cadre permanent de concertation". Sa position actuelle est donc une position de principe. Le Premier ministre Guillaume Soro, est intervenu, à la suite de Mambé pour faire chorus avec lui. Il a expliqué que de nombreuses prorogations sont déjà intervenues pour permettre à tous les retardataires de s'enrôler et de se faire identifier.
Selon ses explications, bien souvent contre l'avis du président de la Cei, il a convoqué les dirigeants des partis politiques pour prendre leur avis sur la nécessité de continuer ou non les opérations d'identification. Ceci, bien entendu, pour obtenir le consensus maximum autour de cette question sensible. Chaque fois qu'il a obtenu un consensus sur la question, il a approché le chef de l'Etat pour lui en faire état. Et chaque fois, ce dernier a donné son quitus au consensus obtenu. C'est ainsi que les opérations ont été prorogées trois fois. Le chef du gouvernement explique qu'il est difficile de proroger, une fois de plus, l'enrôlement pour trois raisons. Il y a d'abord le problème épineux des moyens financiers additionnels qu'il va falloir trouver, ensuite l'impact inévitable que toute prorogation aurait sur le chronogramme électoral et enfin, il ne veut pas donner l'occasion aux uns et aux autres de penser que lui ou le chef de l'Etat cherche à rester le plus longtemps possible au pouvoir, en usant de tous les moyens dilatoires.
Pour le chef du gouvernement comme pour le président de la Cei, il est temps d'aborder la suite des opérations. Et selon Mambé Beugré, "le traitement va durer 6 semaines, un mois et 8 jours pour régler tous les contentieux, tandis que la confection des cartes d'électeur se fera au fur et à mesure que les listes seront prêtes. La distribution s'achèvera 72 heures avant le premier tour de la présidentielle du 29 novembre 2009" a-t-il promis au Médiateur, le samedi dernier.
Les différentes parties à la réunion, après discussions, semblent s'être entendues sur un minimum syndical : les opérations d'identifications pourraient éventuellement être poursuivies pour donner des cartes d'identité à ceux qui y ont droit. Mais il n'y aura plus d'enrôlement, c'est-à-dire d'inscription sur la liste électorale. La liste électorale est définitivement close. Les structures techniques et institutionnelles chargées de l'identification ont souhaité rencontrer le président de la République. Le Premier ministre, selon certaines sources, les a assurés que cela pourrait être possible demain jeudi, dans l'après-midi. Tous sont sortis de la salle avec le sentiment que, pour ce qui est d'une énième prorogation de l'enrôlement, les jeux sont déjà faits. Et que plus rien n'est possible.
Touré Moussa
Le Premier ministre a reçu hier en milieu d'après-midi, en son cabinet de la Primature, l'ensemble des structures techniques et institutionnelles concernées par la problématique de l'identification et de l'enrôlement. Au cœur de cette rencontre, se nichait la question, cruciale, de la prorogation ou non des opérations en cours. Pour le chef du gouvernement, l'enjeu est si important qu'il a donné l'ordre d'éconduire tous les retardataires, quel que soit leur rang ou qualité. Le bilan provisoire établi par la Cei fait état d'un niveau d'enrôlement culminant à 6 millions et 500 mille personnes. Ce chiffre n'étant que provisoire, il sera forcément revu à la baisse, après le traitement des données via les nombreux filtres institués contre les fraudes et les doubles inscriptions. Ceci étant, sur une population cible estimée à 8.663.149 électeurs, il y a un gap d'environ 2 millions de personnes. Ces personnes doivent-elles être laissées en rade ? La question a été diplomatiquement soulevée par M. Abou Moussa, le numéro 2 de l'Onuci, au cours de la réunion. Il a félicité la Cei et l'ensemble des structures engagées dans l'identification pour l'excellent travail réalisé. Il a constaté qu'à ce stade du parcours, l'on entre désormais dans la phase de traitement des données enregistrées, pour aboutir, in fine, à l'établissement d'un listing électoral provisoire. Il entend cependant çà et là des voix divergentes sur la suite à donner à l'opération. D'un côté certains souhaitent que l'on enregistre le maximum de personnes en âge de voter avant de clore l'enrôlement, arguant qu'il serait indécent de priver consciemment 2 millions de compatriotes de leur droit constitutionnel à élire leurs représentants. De l'autre, un courant tout aussi puissant, souhaite que l'on mette fin, une fois pour toutes, à ces prorogations à n'en plus finir, d'une opération qui initialement était censée durer 45 jours et qui a largement excédé 8 mois. M. Moussa a donc souhaité connaître la position de la Cei sur cette question : stop ou encore ?
M. Mambé Beugré a été limpide dans sa réponse : il n'y aura pas de prorogation de l'enrôlement électoral. Il a expliqué que la CEI a travaillé dans un canevas strict, dessiné par l'Accord politique de Ouaga et ses avenants. Et qu'il ne saurait être question pour lui d'en sortir. En cela, le président de la Cei reste fidèle aux engagements pris devant le Médiateur le 4 juillet dernier au palais de Kossyam. Devant le président Compaoré, il avait déclaré : "nous veillons au respect scrupuleux du chronogramme arrêté par le Cadre permanent de concertation". Sa position actuelle est donc une position de principe. Le Premier ministre Guillaume Soro, est intervenu, à la suite de Mambé pour faire chorus avec lui. Il a expliqué que de nombreuses prorogations sont déjà intervenues pour permettre à tous les retardataires de s'enrôler et de se faire identifier.
Selon ses explications, bien souvent contre l'avis du président de la Cei, il a convoqué les dirigeants des partis politiques pour prendre leur avis sur la nécessité de continuer ou non les opérations d'identification. Ceci, bien entendu, pour obtenir le consensus maximum autour de cette question sensible. Chaque fois qu'il a obtenu un consensus sur la question, il a approché le chef de l'Etat pour lui en faire état. Et chaque fois, ce dernier a donné son quitus au consensus obtenu. C'est ainsi que les opérations ont été prorogées trois fois. Le chef du gouvernement explique qu'il est difficile de proroger, une fois de plus, l'enrôlement pour trois raisons. Il y a d'abord le problème épineux des moyens financiers additionnels qu'il va falloir trouver, ensuite l'impact inévitable que toute prorogation aurait sur le chronogramme électoral et enfin, il ne veut pas donner l'occasion aux uns et aux autres de penser que lui ou le chef de l'Etat cherche à rester le plus longtemps possible au pouvoir, en usant de tous les moyens dilatoires.
Pour le chef du gouvernement comme pour le président de la Cei, il est temps d'aborder la suite des opérations. Et selon Mambé Beugré, "le traitement va durer 6 semaines, un mois et 8 jours pour régler tous les contentieux, tandis que la confection des cartes d'électeur se fera au fur et à mesure que les listes seront prêtes. La distribution s'achèvera 72 heures avant le premier tour de la présidentielle du 29 novembre 2009" a-t-il promis au Médiateur, le samedi dernier.
Les différentes parties à la réunion, après discussions, semblent s'être entendues sur un minimum syndical : les opérations d'identifications pourraient éventuellement être poursuivies pour donner des cartes d'identité à ceux qui y ont droit. Mais il n'y aura plus d'enrôlement, c'est-à-dire d'inscription sur la liste électorale. La liste électorale est définitivement close. Les structures techniques et institutionnelles chargées de l'identification ont souhaité rencontrer le président de la République. Le Premier ministre, selon certaines sources, les a assurés que cela pourrait être possible demain jeudi, dans l'après-midi. Tous sont sortis de la salle avec le sentiment que, pour ce qui est d'une énième prorogation de l'enrôlement, les jeux sont déjà faits. Et que plus rien n'est possible.
Touré Moussa