Le président Gbagbo aurait voulu griller son directeur de Cabinet M. N'zi Paul David qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Comment a-t-il pu l'envoyer le représenter à l'Unesco à la faveur de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny en sachant très bien qu'il n'y serait pas le bienvenu après les propos qu'il a tenus sur ce prix l'année dernière? Et l'humiliation que M. N'zi Paul David a subie en Hexagone est d'autant plus grande qu'il y a quelques jours, il s'est longuement exprimé sur ce prix et l'honneur que le président lui faisait en le désignant comme son représentant spécial, sur la première chaîne de la Rti. Quand après s'être livré à tout ce fayotage, on se retrouve le bec dans le sable, renvoyé comme un malpropre, on ne peut que se sentir profondément humilié. Et pour être humilié, M. N'zi Paul David l'a été. A première vue, tout Ivoirien normal devrait être révolté pour ce qui est arrivé à l'envoyé du chef de l'Etat. Faire subir une telle humiliation au représentant spécial d'un chef d'Etat est inacceptable. Mais à y voir de près, M. N'zi Paul David (et le président Gbagbo le sait pertinemment) est pleinement responsable de ce qui lui arrive ces derniers temps. On se souvient, il y a de cela quelques jours, on ne sait pour quelles raisons, qu'il a, en marge d'une mission officieuse à lui confiée par le président Gbagbo, profité de son séjour sur le sol français pour tenir des propos tribaux qui ont fait le tour du monde. Alors que les lois ivoiriennes interdisent clairement ce genre de messages. Propos qu'il a d'ailleurs revendiqués récemment au cours d'une interview accordée à un quotidien de la place. Tous les Ivoiriens se disaient donc qu'après cette mission foireuse qui a mis les autorités françaises dans une colère noire contre le président Gbagbo, ce dernier n'enverrait plus (en tout cas avant un bon moment), son directeur de Cabinet en terre française. Que nenni. Le président Gbagbo a encore envoyé M. N'zi Paul David le représenter en terre française. Et cette façon de faire est d'autant plus surprenante qu'on ne peut pas soupçonner le président Gbagbo d'ignorer que son directeur de Cabinet serait rattrapé par ses propos outrageants à l'endroit des responsables de l'Unesco, garants du prix Houphouët Boigny. Et M. N'zi Paul lui-même, à moins de ne plus se souvenir de ce qu'il a raconté il y a un an, savait que personne ne voudrait de lui à l'Unesco. Ni aujourd'hui ni demain. Pourquoi y est-il allé ? Pensait-il que les gens ont la mémoire courte ? Ne sait-il pas que tous ces fiascos et autres humiliations internationales vont finir par le discréditer totalement aux yeux des Ivoiriens et qu'il risque de devenir la risée de tout le monde ? Est-il obligé de prendre autant de risques pour la refondation qui n'est pas sûre d'être encore au pouvoir après les élections prochaines ? Car dans cette affaire, ce n'est pas du président ivoirien que les responsables de l'Unesco ne voulaient pas. Ils ne voulaient pas de M. N'zi Paul David. Lui et lui seul. Et son titre de représentant spécial du chef de l'Etat ne changeait rien à la donne. Si c'était ce qu'il a pensé, eh bien, il s'est lourdement trompé. Et c'est la Côte d'Ivoire qui est encore humiliée. Pour rien…
PAUL KOUDOU
PAUL KOUDOU
