Selon les chiffres rendus publics par la Commission électorale indépendante, ce sont environ 6 500 000 personnes qui ont été identifiées. Certains acteurs politiques soutiennent que ceci suffit pour aller aux élections. Or, selon toute vraisemblance, l`enrôlement des populations est un cuisant échec qui risque fort de biaiser les résultats des élections si l`on n`y prend garde.
Des centaines de milliers d`Ivoiriens ont été laissés sur le quai pendant la période d`enrôlement. Tant les dysfonctionnements ont été nombreux tout le temps qu`a duré l`opération. Dysfonctionnements qui ont allègrement permis à tous les faussaires de s`en donner à cœur joie et de faire enregistrer des millions de non Ivoiriens. Cette situation est-elle fortuite ? Apparemment, le bâclage de l`enrôlement, volet hyper important dans la suite du processus électoral, a été pensé et exécuté par la Cei, dont la composition ultra-favorable à l`opposition politique et armée laisse songeur quant à une série d`erreurs ( ?) qui font le lit d`une fraude en amont, pour la victoire d`Alassane Dramane Ouattara. En fait, la plaie dans ce processus, c`est un enchevêtrement d`incompétence et de mauvaise foi de la part de la Cei.
100 milliards au lieu de 18 milliards de Fcfa
Ce qu`il faut savoir, c`est qu`aujourd`hui, l`on peut évaluer à environ 100 milliards de Fcfa, l`identification de la population, là où des études de l`Ins l`avaient évalué à 18 milliards. Il faut croire que ce sacrifice consenti par les Ivoiriens pour bénéficier d`un service de qualité dans un pays exsangue après une si longue période de crise ne leur à pas du tout profité.
Dans le processus d`identification, l`on compte une flopée de structures qui interviennent d`une façon ou d`une autre : la Commission électorale indépendante (Cei), l`Institut national de la statistique (Ins), l`Office national de l`identification (Oni), la Société d`applications générales de l`électricité et de la mécanique (Sagem-sécurité) et la Commission nationale de supervision de l`identification (Cnsi). Chacune, munie du décret qui la consacre dans le processus, s`est efforcée de faire son travail dès le début de l`opération. L`absurde dans l`affaire, c`est que la Cei n`a pas eu le réflexe d`organiser une séance de travail préliminaire, de sorte à éviter que les différentes structures se marchent sur les pieds. Une belle cacophonie a eu lieu lorsqu`il fallait recruter des agents pour l`enrôlement. Chaque structure a lancé un appel à candidature là où la Cei estimait que c`était à elle de mettre les hommes à la disposition de chacune d`entres elles. Premier accroc.
Exclusion du corps électoral pourtant outillé pour ce genre d`opération
Deuxième incongruité de Beugré Mambé, dans la conduite de l`identification. La Cei, au nom d`une indépendance mal comprise, a choisi de se passer du corps préfectoral dès le lancement de l`opération d`enrôlement. Comment mener une opération de grande envergure, qui nécessite donc une mobilisation de la population, sans impliquer les préfets et sous-préfets, représentants de l`administration sur tout le territoire national ? Sur la même lancée, une liste d`écoles sera retenue par la Cei, sans que les responsables d`établissements scolaires n`en aient été informés. Résultat, plusieurs directeurs de ces établissements ont refusé de mettre leurs locaux à la disposition de la Cei. Il a fallu négocier avec ces derniers pour que les choses entrent dans l`ordre. Au finish, l`identification a commencé avec beaucoup de retard. Quand on y ajoute les cas de blocage occasionnés par les grèves des agents mis à la disposition des structures, pour des raisons salariales ou logistiques et les actes de vandalismes divers dans des centres d`enrôlement, on comprend les retards accumulés. D`autant que la société Sagem n`hésitait guère à bloquer le processus pour réclamer de gros versements de ses émoluments.
Or, si la Sagem s`est fait un nom en Afrique, cela est dû au fait que cette entreprise n`est intervenue jusque-là que dans des pays qui n`ont aucune culture électorale. Son intervention en Rd Congo a été catastrophique. Elle a donc pu faire illusion. En Côte d`Ivoire, elle s`est heurtée à une structure hautement qualifiée qui bénéficie d`une expertise reconnue en Afrique et qui exporte régulièrement ses compétences : l`Ins. De hauts cadres de cet institut ont été détachés comme consultants au plus haut niveau dans certains Etats africains comme le Congo ou le Tchad. Sagem-sécurité se trouve donc en Côte d`Ivoire, dans une situation où elle ne peut plastronner parce que ses carences seront rapidement mises à nu. D`abord, l`Ins possède une banque de données inestimable par sa précision et sa teneur. Il est donc tout indiqué, l`opération d`enrôlement terminée, pour exécuter les croisements qui dénonceront les cas de fraude. Il faut croire que cela n`est pas du goût de tout le monde.
L`organisation de l`imposture
Dans le pays profond, de nombreux citoyens n`ont pu se faire enrôler faute de photocopies d`actes de naissance ou de jugements supplétifs. Aussi curieux que cela puisse paraître, la Cei a exigé des Ivoiriens candidats à l`enrôlement, une photocopie de la pièce d`état civil. Or, dans la plupart des sites en milieu rural, il est quasiment impossible de trouver une photocopieuse. Pourtant, les pétitionnaires détenaient pour la plupart des originaux de leurs papiers. Pourquoi ne pas avoir laissé ces populations se faire enregistrer sur la base des originaux ? De l`original ou de la photocopie, qu`y a-t-il de plus authentique ? On s`explique difficilement une telle logique. Un raisonnement qui marche sur la tête. Mais il y a pire ! La Cei décide de la prorogation de l`enrôlement à Abidjan. Le temps très court ne permet pas à tous les retardataires de passer. Pendant que des candidats sont encore dans les rangs, on ferme les bureaux et on annonce la fin de l`opération, une attitude contraire à la loi électorale. Incroyable ! A croire que l`on a la ferme intention d`empêcher une frange de la population de participer aux votes. Le plus incompréhensible, c`est la célérité avec laquelle l`on met fin à l`opération. Pourtant, l`on n`en a pas encore fini avec la reconstitution de l`état civil détruit lors de la guerre dans les zones Cno. Les Ivoiriens qui n`ont pu entrer en possession de leurs papiers sont-ils condamnés à être exclus du processus électoral ? Quelles sont les non-dits de telles attitudes ?
Alors que dans les zones sous contrôle des forces gouvernementales, des cas de fraude sont signalés et dénoncés, en zone sous contrôle des Forces nouvelles, il n`a été signalé, aussi paradoxalement que cela paraisse, aucun cas de fraude. Bien entendu, dans ces zones, l`enrôlement a connu un réel engouement. Selon des témoins, ce sont des pétitionnaires qui se rendaient par dizaines de milliers dans des centres, munis de documents ivoiriens pour se faire enrôler. Quel Ivoirien serait assez fou pour dénoncer une telle situation dans une zone où des rebelles armés de fusils d`assauts encourageaient tout le monde à se faire enrôler pour obtenir une carte d`identité ivoirienne et le droit de voter ?
On se souvient encore de ce débat qui a eu cours sous le premier ministre Banny, quand le ministère de la Justice a voulu permettre lors des audiences foraines pour les personnes qui n`ont jamais été déclarées à l`état civil, la délivrance de certificats de nationalité ! Cela participait naturellement au complot pour gonfler les listes électorales. On l`a vu, en zones rurales sous contrôle gouvernemental, on a pris des dispositions farfelues pour rétrécir le champ des électeurs. Par contre, en zone sous contrôle des Forces nouvelles, on a pris des dispositions pour doper l`électorat. Si tout cela participe d`un complot savamment orchestré par des ennemis de la Côte d`Ivoire avec la complicité de la Cei pour donner la victoire à Alassane Ouattara, tout porte à croire que la suite des événements devrait ressembler à ceci : la Cei devrait désormais chercher à rogner sur le temps qu`il reste avant le 29 novembre, date fixée pour l`élection présidentielle. La raison en est toute simple.
La capacité technologique de l`Ins à extirper des listes tous les fraudeurs pourrait remettre en question tous les plans échafaudés par les ennemis de la Côte d`Ivoire. Or, il faut trois mois à cet organisme pour faire les croisements. C`est le temps d`ailleurs qui lui a été octroyé par le calendrier. Selon une source, un essai sur un échantillonnage d`enrôlés pris sur une partie d`Abidjan a révélé plus de 62 000 rejets pour cas de fraudes. L`astuce de la Cei, c`est de retarder les choses au maximum pour restreindre le temps qu`il reste pour effectuer les croisements, tout en suscitant la pression de la communauté internationale pour que la date du 29 novembre ne puisse être reportée. Les propos tenus par Alassane Ouattara lors de ses tournées sur la date du 29 novembre, comme délai non négociable pour l`organisation des élections, se comprennent aisément.
Bien entendu, l`on devrait s`attendre ces jours-ci à voir tout le Rhdp reprendre en cœur ce couplet à l`unisson avec leurs partenaires extérieurs. La logique aurait cependant commandé qu`ayant pris les armes pour, disent-ils, lutter contre l`exclusion, les rebelles et leurs alliés mettent tout en œuvre pour que des portes ne se ferment pas au nez et à la barbe de ceux qui n`ont pu se faire enrôler et que ceux qui viennent d`obtenir leurs papiers ou qui les attendent encore du fait de la reconstitution de l`état civil détruit en zones Cno, ne soient pas des laissés-pour-compte. Il faut faire barrage à l`imposture.
Coulibaly Charles
(Consultant)
Une correspondance particulière.
Des centaines de milliers d`Ivoiriens ont été laissés sur le quai pendant la période d`enrôlement. Tant les dysfonctionnements ont été nombreux tout le temps qu`a duré l`opération. Dysfonctionnements qui ont allègrement permis à tous les faussaires de s`en donner à cœur joie et de faire enregistrer des millions de non Ivoiriens. Cette situation est-elle fortuite ? Apparemment, le bâclage de l`enrôlement, volet hyper important dans la suite du processus électoral, a été pensé et exécuté par la Cei, dont la composition ultra-favorable à l`opposition politique et armée laisse songeur quant à une série d`erreurs ( ?) qui font le lit d`une fraude en amont, pour la victoire d`Alassane Dramane Ouattara. En fait, la plaie dans ce processus, c`est un enchevêtrement d`incompétence et de mauvaise foi de la part de la Cei.
100 milliards au lieu de 18 milliards de Fcfa
Ce qu`il faut savoir, c`est qu`aujourd`hui, l`on peut évaluer à environ 100 milliards de Fcfa, l`identification de la population, là où des études de l`Ins l`avaient évalué à 18 milliards. Il faut croire que ce sacrifice consenti par les Ivoiriens pour bénéficier d`un service de qualité dans un pays exsangue après une si longue période de crise ne leur à pas du tout profité.
Dans le processus d`identification, l`on compte une flopée de structures qui interviennent d`une façon ou d`une autre : la Commission électorale indépendante (Cei), l`Institut national de la statistique (Ins), l`Office national de l`identification (Oni), la Société d`applications générales de l`électricité et de la mécanique (Sagem-sécurité) et la Commission nationale de supervision de l`identification (Cnsi). Chacune, munie du décret qui la consacre dans le processus, s`est efforcée de faire son travail dès le début de l`opération. L`absurde dans l`affaire, c`est que la Cei n`a pas eu le réflexe d`organiser une séance de travail préliminaire, de sorte à éviter que les différentes structures se marchent sur les pieds. Une belle cacophonie a eu lieu lorsqu`il fallait recruter des agents pour l`enrôlement. Chaque structure a lancé un appel à candidature là où la Cei estimait que c`était à elle de mettre les hommes à la disposition de chacune d`entres elles. Premier accroc.
Exclusion du corps électoral pourtant outillé pour ce genre d`opération
Deuxième incongruité de Beugré Mambé, dans la conduite de l`identification. La Cei, au nom d`une indépendance mal comprise, a choisi de se passer du corps préfectoral dès le lancement de l`opération d`enrôlement. Comment mener une opération de grande envergure, qui nécessite donc une mobilisation de la population, sans impliquer les préfets et sous-préfets, représentants de l`administration sur tout le territoire national ? Sur la même lancée, une liste d`écoles sera retenue par la Cei, sans que les responsables d`établissements scolaires n`en aient été informés. Résultat, plusieurs directeurs de ces établissements ont refusé de mettre leurs locaux à la disposition de la Cei. Il a fallu négocier avec ces derniers pour que les choses entrent dans l`ordre. Au finish, l`identification a commencé avec beaucoup de retard. Quand on y ajoute les cas de blocage occasionnés par les grèves des agents mis à la disposition des structures, pour des raisons salariales ou logistiques et les actes de vandalismes divers dans des centres d`enrôlement, on comprend les retards accumulés. D`autant que la société Sagem n`hésitait guère à bloquer le processus pour réclamer de gros versements de ses émoluments.
Or, si la Sagem s`est fait un nom en Afrique, cela est dû au fait que cette entreprise n`est intervenue jusque-là que dans des pays qui n`ont aucune culture électorale. Son intervention en Rd Congo a été catastrophique. Elle a donc pu faire illusion. En Côte d`Ivoire, elle s`est heurtée à une structure hautement qualifiée qui bénéficie d`une expertise reconnue en Afrique et qui exporte régulièrement ses compétences : l`Ins. De hauts cadres de cet institut ont été détachés comme consultants au plus haut niveau dans certains Etats africains comme le Congo ou le Tchad. Sagem-sécurité se trouve donc en Côte d`Ivoire, dans une situation où elle ne peut plastronner parce que ses carences seront rapidement mises à nu. D`abord, l`Ins possède une banque de données inestimable par sa précision et sa teneur. Il est donc tout indiqué, l`opération d`enrôlement terminée, pour exécuter les croisements qui dénonceront les cas de fraude. Il faut croire que cela n`est pas du goût de tout le monde.
L`organisation de l`imposture
Dans le pays profond, de nombreux citoyens n`ont pu se faire enrôler faute de photocopies d`actes de naissance ou de jugements supplétifs. Aussi curieux que cela puisse paraître, la Cei a exigé des Ivoiriens candidats à l`enrôlement, une photocopie de la pièce d`état civil. Or, dans la plupart des sites en milieu rural, il est quasiment impossible de trouver une photocopieuse. Pourtant, les pétitionnaires détenaient pour la plupart des originaux de leurs papiers. Pourquoi ne pas avoir laissé ces populations se faire enregistrer sur la base des originaux ? De l`original ou de la photocopie, qu`y a-t-il de plus authentique ? On s`explique difficilement une telle logique. Un raisonnement qui marche sur la tête. Mais il y a pire ! La Cei décide de la prorogation de l`enrôlement à Abidjan. Le temps très court ne permet pas à tous les retardataires de passer. Pendant que des candidats sont encore dans les rangs, on ferme les bureaux et on annonce la fin de l`opération, une attitude contraire à la loi électorale. Incroyable ! A croire que l`on a la ferme intention d`empêcher une frange de la population de participer aux votes. Le plus incompréhensible, c`est la célérité avec laquelle l`on met fin à l`opération. Pourtant, l`on n`en a pas encore fini avec la reconstitution de l`état civil détruit lors de la guerre dans les zones Cno. Les Ivoiriens qui n`ont pu entrer en possession de leurs papiers sont-ils condamnés à être exclus du processus électoral ? Quelles sont les non-dits de telles attitudes ?
Alors que dans les zones sous contrôle des forces gouvernementales, des cas de fraude sont signalés et dénoncés, en zone sous contrôle des Forces nouvelles, il n`a été signalé, aussi paradoxalement que cela paraisse, aucun cas de fraude. Bien entendu, dans ces zones, l`enrôlement a connu un réel engouement. Selon des témoins, ce sont des pétitionnaires qui se rendaient par dizaines de milliers dans des centres, munis de documents ivoiriens pour se faire enrôler. Quel Ivoirien serait assez fou pour dénoncer une telle situation dans une zone où des rebelles armés de fusils d`assauts encourageaient tout le monde à se faire enrôler pour obtenir une carte d`identité ivoirienne et le droit de voter ?
On se souvient encore de ce débat qui a eu cours sous le premier ministre Banny, quand le ministère de la Justice a voulu permettre lors des audiences foraines pour les personnes qui n`ont jamais été déclarées à l`état civil, la délivrance de certificats de nationalité ! Cela participait naturellement au complot pour gonfler les listes électorales. On l`a vu, en zones rurales sous contrôle gouvernemental, on a pris des dispositions farfelues pour rétrécir le champ des électeurs. Par contre, en zone sous contrôle des Forces nouvelles, on a pris des dispositions pour doper l`électorat. Si tout cela participe d`un complot savamment orchestré par des ennemis de la Côte d`Ivoire avec la complicité de la Cei pour donner la victoire à Alassane Ouattara, tout porte à croire que la suite des événements devrait ressembler à ceci : la Cei devrait désormais chercher à rogner sur le temps qu`il reste avant le 29 novembre, date fixée pour l`élection présidentielle. La raison en est toute simple.
La capacité technologique de l`Ins à extirper des listes tous les fraudeurs pourrait remettre en question tous les plans échafaudés par les ennemis de la Côte d`Ivoire. Or, il faut trois mois à cet organisme pour faire les croisements. C`est le temps d`ailleurs qui lui a été octroyé par le calendrier. Selon une source, un essai sur un échantillonnage d`enrôlés pris sur une partie d`Abidjan a révélé plus de 62 000 rejets pour cas de fraudes. L`astuce de la Cei, c`est de retarder les choses au maximum pour restreindre le temps qu`il reste pour effectuer les croisements, tout en suscitant la pression de la communauté internationale pour que la date du 29 novembre ne puisse être reportée. Les propos tenus par Alassane Ouattara lors de ses tournées sur la date du 29 novembre, comme délai non négociable pour l`organisation des élections, se comprennent aisément.
Bien entendu, l`on devrait s`attendre ces jours-ci à voir tout le Rhdp reprendre en cœur ce couplet à l`unisson avec leurs partenaires extérieurs. La logique aurait cependant commandé qu`ayant pris les armes pour, disent-ils, lutter contre l`exclusion, les rebelles et leurs alliés mettent tout en œuvre pour que des portes ne se ferment pas au nez et à la barbe de ceux qui n`ont pu se faire enrôler et que ceux qui viennent d`obtenir leurs papiers ou qui les attendent encore du fait de la reconstitution de l`état civil détruit en zones Cno, ne soient pas des laissés-pour-compte. Il faut faire barrage à l`imposture.
Coulibaly Charles
(Consultant)
Une correspondance particulière.