C'est si difficile de parler de Jean Baptiste Amethier au passé. Lui qui était la vie même. C'est si étrange, si irréel, d'avoir à le pleurer ainsi. Il faut donc croire l'invraisemblable, accepter l'insupportable. Jean Baptiste Amethier n'est plus. " C'est moralement que l'on doit porter des élégances ", disait Cyrano de Bercerac. Voici notre dernier rendez-vous, du moins en ce monde, puisque nous sommes croyants. Tu nous manqueras. Tu nous manques déjà.
La mort, je le crois, doit effacer toutes rides, toute maladie, toutes peines. Je t'imagine rajeuni, solide et souriant, entrant hardiment dans la maison de l'Eternel repos. Puisses-tu l'y trouver vraiment. Heureux ceux qui meurent en laissant des traces, un sillon. Les sillons que tu as creusés attesteront longtemps encore aux yeux des générations qui se succèdent, ce que tu fus que nul n'oserait contester, un bâtisseur. A la vérité, tu n'eus qu'une seule et grande passion : le développement. Comme nous, tu as pu te tromper, commettre des erreurs et peut-être même des fautes. Mais où voit-on que l'on puisse agir durablement dans les hautes sphères nationales et locales surtout dans nos pays au moment difficile de leur épanouissement sans erreur ? Ce dont nous sommes assurés, c'est que dans la balance, le bien, les succès, les réussites l'emportent très largement et combien ! Sur les erreurs. Souvenons-nous de ton parcours. Directeur du Commerce extérieur, directeur de cabinet du ministre des Finances et de l'économie de Henri Konan Bédié à l'époque où on parlait du miracle ivoirien, sous la houlette du père fondateur de la nation ivoirienne le président Félix Houphouët-Boigny. Epoque où la Côte d'Ivoire flirtait pendant de longues années avec un produit intérieur brut à deux chiffres. Pionner de l'hévéaculture à la direction de la société de culture d'hévéa, président de la Fédération des Pme et des Pmi, fondateur d'établissement d'enseignement supérieur, c'est à Bonoua, la terre de tes ancêtres que tu as mis tes talents de bâtisseur en exergue. Premier magistrat de cette ville où la terre est généreuse, tu as pu mettre ton intelligence au développement de cette ville. Les réalisations furent nombreuses. Ecologiste avant l'heure, avec la création du M'Ploussoue où tu aimais promener tes invités qui te faisaient l'honneur de visiter ta ville. Création d'établissements primaires, secondaires, bitumage des routes, sauf celle qui mène à ta résidence. La vraie générosité consistant à tout donner au présent, grâce à tes relations avec l'Italie, que tu connaissais parfaitement, tu avais réussi à installer la congrégation Don Orione pour s'occuper des handicapés pour qu'ils reprennent goût à la vie. Jean Baptiste Amethier avait ses pieds dans la tradition et la tête dans la modernité et l'ouverture. Combien de voyages au Gabon où à l'époque coloniale, Grand-père Kadjo Amangoua fut déporté en 1894 juste un an après l'érection de la Côte d'Ivoire en colonie (1893). Les restes de ton grand-père furent transférés à Bouna où il fut réhabilité au cours d'une cérémonie grandiose et émouvante. Tu étais convaincu que lorsque le passé n'éclaire plus l'avenir, les esprits marchent dans les ténèbres… Jamais Jean Baptiste Amethier ne chercha la gloriole cathodique et les honneurs mondains l'épouvantaient. Jamais il ne chercha son reflet dans le miroir aux alouettes, persuadé qu'on ne se rencontre vraiment qu'en plongeant dans un volume. Pourtant, sa valeur et sa vérité éclataient aux yeux de qui discutait avec lui. En poste près la République fédérale d'Allemagne, il me demanda trois choses dont il aimerait comprendre le fonctionnement. Les länders, ces régions décentralisées à outrance, la formation par alternance, spécialité des Allemands, et enfin le fonctionnement des Pme et des Pmi véritables colonnes vertébrales du génie économique de l'Allemagne. Ce fut fait, et il était ravi d'avoir enrichi son expérience. En lisant, en visitant, en écrivant, Jean Baptiste Amethier avançait ainsi dans notre siècle, promeneur aux aguets. Militant du Pdci, membre du Conseil politique, ancien conseiller économique et social, il avait organisé avec maestria et en véritable orfèvre, la dernière tournée de son parti à Bonoua. Ce parcours exceptionnel, Jean Baptiste Amethier, tu le dois à ta culture, tu le dois à ta merveilleuse capacité d'écoute, qui t'a valu l'amitié de tous les hommes de qualité que tu as rencontrés dans des postes de responsabilité. Tu le dois à tes convictions, à ta détermination. Jamais tu n'as douté de la Côte d'Ivoire, de sa pérennité, de son destin, jamais tu n'as cessé de la servir, avec conviction et talent.
Mais, malgré les apparences parfois, la providence n'est ni sourde ni aveugle. Elle avait placé auprès de toi une grande famille, des enfants, un ange gardien tutélaire : une épouse exemplaire de courage, de dévouement et de lucidité. Qui donc dira, comme il convient, les trésors du cœur quand il aime vraiment .
Rien n'est plus certain que la mort et plus incertain que le moment d'icelle, professait la sagesse médiévale. Rien n'est plus injuste que la disparition de Jean Baptiste Amethier, il avait tant d'amour encore à donner à sa famille et tant de leçons à nous offrir en partage de ses enthousiasmes ou de ses froides révoltes. Tonton Jean Baptiste Améthier, entends-tu ces hommages qui, de toute part, montent vers toi et te font escorte ? Dernière lumière et ultime joie pour toi qui t'en vas, leçon pour nous qui restons. Gémissons, gémissons, et espérons car la vraie mort c'est l'oubli. " Dans le rivage des Syrtes ", Julien Gracq décrit la mort comme une entrée dans " l'indistinction ". Notre mémoire ne cessera jamais de distinguer Jean Baptiste Améthier qui n'est pas vraiment parti. Il demeurera vivant dans le souvenir de tous ceux qui, nombreux, l'ont connu et aimé. Repose en paix, grand serviteur de l'Etat et que le Seigneur, dans sa grande miséricorde, t'accueille dans son royaume lumineux.
SEM Jean Vincent Zinsou
La mort, je le crois, doit effacer toutes rides, toute maladie, toutes peines. Je t'imagine rajeuni, solide et souriant, entrant hardiment dans la maison de l'Eternel repos. Puisses-tu l'y trouver vraiment. Heureux ceux qui meurent en laissant des traces, un sillon. Les sillons que tu as creusés attesteront longtemps encore aux yeux des générations qui se succèdent, ce que tu fus que nul n'oserait contester, un bâtisseur. A la vérité, tu n'eus qu'une seule et grande passion : le développement. Comme nous, tu as pu te tromper, commettre des erreurs et peut-être même des fautes. Mais où voit-on que l'on puisse agir durablement dans les hautes sphères nationales et locales surtout dans nos pays au moment difficile de leur épanouissement sans erreur ? Ce dont nous sommes assurés, c'est que dans la balance, le bien, les succès, les réussites l'emportent très largement et combien ! Sur les erreurs. Souvenons-nous de ton parcours. Directeur du Commerce extérieur, directeur de cabinet du ministre des Finances et de l'économie de Henri Konan Bédié à l'époque où on parlait du miracle ivoirien, sous la houlette du père fondateur de la nation ivoirienne le président Félix Houphouët-Boigny. Epoque où la Côte d'Ivoire flirtait pendant de longues années avec un produit intérieur brut à deux chiffres. Pionner de l'hévéaculture à la direction de la société de culture d'hévéa, président de la Fédération des Pme et des Pmi, fondateur d'établissement d'enseignement supérieur, c'est à Bonoua, la terre de tes ancêtres que tu as mis tes talents de bâtisseur en exergue. Premier magistrat de cette ville où la terre est généreuse, tu as pu mettre ton intelligence au développement de cette ville. Les réalisations furent nombreuses. Ecologiste avant l'heure, avec la création du M'Ploussoue où tu aimais promener tes invités qui te faisaient l'honneur de visiter ta ville. Création d'établissements primaires, secondaires, bitumage des routes, sauf celle qui mène à ta résidence. La vraie générosité consistant à tout donner au présent, grâce à tes relations avec l'Italie, que tu connaissais parfaitement, tu avais réussi à installer la congrégation Don Orione pour s'occuper des handicapés pour qu'ils reprennent goût à la vie. Jean Baptiste Amethier avait ses pieds dans la tradition et la tête dans la modernité et l'ouverture. Combien de voyages au Gabon où à l'époque coloniale, Grand-père Kadjo Amangoua fut déporté en 1894 juste un an après l'érection de la Côte d'Ivoire en colonie (1893). Les restes de ton grand-père furent transférés à Bouna où il fut réhabilité au cours d'une cérémonie grandiose et émouvante. Tu étais convaincu que lorsque le passé n'éclaire plus l'avenir, les esprits marchent dans les ténèbres… Jamais Jean Baptiste Amethier ne chercha la gloriole cathodique et les honneurs mondains l'épouvantaient. Jamais il ne chercha son reflet dans le miroir aux alouettes, persuadé qu'on ne se rencontre vraiment qu'en plongeant dans un volume. Pourtant, sa valeur et sa vérité éclataient aux yeux de qui discutait avec lui. En poste près la République fédérale d'Allemagne, il me demanda trois choses dont il aimerait comprendre le fonctionnement. Les länders, ces régions décentralisées à outrance, la formation par alternance, spécialité des Allemands, et enfin le fonctionnement des Pme et des Pmi véritables colonnes vertébrales du génie économique de l'Allemagne. Ce fut fait, et il était ravi d'avoir enrichi son expérience. En lisant, en visitant, en écrivant, Jean Baptiste Amethier avançait ainsi dans notre siècle, promeneur aux aguets. Militant du Pdci, membre du Conseil politique, ancien conseiller économique et social, il avait organisé avec maestria et en véritable orfèvre, la dernière tournée de son parti à Bonoua. Ce parcours exceptionnel, Jean Baptiste Amethier, tu le dois à ta culture, tu le dois à ta merveilleuse capacité d'écoute, qui t'a valu l'amitié de tous les hommes de qualité que tu as rencontrés dans des postes de responsabilité. Tu le dois à tes convictions, à ta détermination. Jamais tu n'as douté de la Côte d'Ivoire, de sa pérennité, de son destin, jamais tu n'as cessé de la servir, avec conviction et talent.
Mais, malgré les apparences parfois, la providence n'est ni sourde ni aveugle. Elle avait placé auprès de toi une grande famille, des enfants, un ange gardien tutélaire : une épouse exemplaire de courage, de dévouement et de lucidité. Qui donc dira, comme il convient, les trésors du cœur quand il aime vraiment .
Rien n'est plus certain que la mort et plus incertain que le moment d'icelle, professait la sagesse médiévale. Rien n'est plus injuste que la disparition de Jean Baptiste Amethier, il avait tant d'amour encore à donner à sa famille et tant de leçons à nous offrir en partage de ses enthousiasmes ou de ses froides révoltes. Tonton Jean Baptiste Améthier, entends-tu ces hommages qui, de toute part, montent vers toi et te font escorte ? Dernière lumière et ultime joie pour toi qui t'en vas, leçon pour nous qui restons. Gémissons, gémissons, et espérons car la vraie mort c'est l'oubli. " Dans le rivage des Syrtes ", Julien Gracq décrit la mort comme une entrée dans " l'indistinction ". Notre mémoire ne cessera jamais de distinguer Jean Baptiste Améthier qui n'est pas vraiment parti. Il demeurera vivant dans le souvenir de tous ceux qui, nombreux, l'ont connu et aimé. Repose en paix, grand serviteur de l'Etat et que le Seigneur, dans sa grande miséricorde, t'accueille dans son royaume lumineux.
SEM Jean Vincent Zinsou