A la faveur de la visite de Barack Hussein Obama, au Ghana voisin, les 10 et 11 juillet 2009, revisitons le passé du Chef de l’Etat américain. Son ouvrage autobiographique, « Barack Obama : les rêves de mon père », que nous avons pris plaisir à lire, constitue un prétexte adéquat pour découvrir les liens de ce fils d’un Kényan et d’une américaine, avec le continent africain.
Depuis la soirée d’hier, Barack Hussein Obama, fils du Kényan de race noire, Barack Obama Senior (économiste et homme politique, mort dans un accident de la circulation, le 24 novembre 1982) et de l’américaine blanche, Stanley Ann Dunham (diplômée d’Anthropologie, décédée en 1995 de maladie), est en visite officielle au Ghana pour plusieurs heures. La première qu’il effectue dans un pays africain au Sud du Sahara, depuis son élection à la tête des Etats-Unis, en novembre 2008. La visite de Barack Obama au Ghana, pays chargé d’histoire (c’était une porte de sortie des esclaves pendant la traître négrière) et d’espoir (à cause du processus démocratique réussi récemment), est pleine de symboles. Dont la plus importante constitue le fait qu’elle sonne comme un « pèlerinage » du premier Président africain-américain des Etats-Unis en terre africaine, celle de ses aïeux.
Barack Obama est un citoyen accompli du monde qui est conscient de son « africanité » et en est fier. Sans ignorer que le « sang blanc » coule également dans ses veines. Dans son ouvrage autobiographique de 455 pages intitulé « Barack Obama : Les rêves de mon père » (titre original : Dreams from my father) paru en 2008, le 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique relate dans un style narratif dynamique et fort accessible, l’histoire de sa vie. Ses parents, Barack Senior et Ann Dunham ; ses grands-parents maternels, Gramps Stanley et Madelyn Stanley qu’il appelait affectueusement « Toot » ou « Tutu » c’est-à-dire « grand-mère » en Hawaïen. Qui l’ont élevé avec amour et rigueur. Barack Obama consacre aussi de nombreux chapitres de son livre à ses parents (frères, sœurs, cousins, tantes et oncles) et grands-parents africains. Il parle de son séjour au Kenya, de son appartenance à l’ethnie Luo, de la culture du terroir, de sa vision du continent africain, etc.
Barack, l’Africain
« Je lui avais épargné l’information que les Diks étaient des Nilotes, de lointains cousins à moi » (P.143). Barack Obama parlait ainsi d’un anglais de race blanche, un ami de sa mère, qui travaillait dans une organisation d’aide internationale en Afrique et en Asie. Ce monsieur avait confié à Obama qu’il trouvait les Diks du Soudan étranges. “Ils riaient à propos de choses qui me désespéraient, et moi, ce que je trouvais drôle les laissait de marbre”, a soutenu cet Anglais. Obama trouvait cette réflexion caricaturale. Il en était visiblement offusqué et son identité africaine en avait pris de l’ombre. D’où ce rappel des liens de fraternité entre les ethnies Luo et Diks (Nilotes). Les peuples Diks ou Nilotes sont une ethnie proche des Luo qu’on retrouve au Kenya, au Soudan et en Ouganda. Barack Obama ne renie pas ses origines africaines. Bien au contraire, il en fait un adjuvant pour s’affirmer comme le fruit de cultures différentes. La culture occidentale, celle à laquelle appartient Kansas (USA) d’où est originaire sa mère. Et celle d’Afrique, du Kenya, principalement des Luo, le peuple dont est issu son père. D’Hawaï à Chicago en passant par New York et ses études à la prestigieuse Université américaine de Havard, Obama n’a pas coupé le cordon ombilical avec les siens africains. Et la cause africaine. Il s’érige, par exemple, en défenseur des réalités sociopolitiques vécues sur le continent lorsqu’un journaliste occidental en fait une description aux antipodes de la réalité. “Je sortis un livre de mon sac et essayai de le lire. C’était un portrait de quelques pays d’Afrique, brossé par un journaliste occidental ayant passé dix ans sur le continent noir. On l’appelait l’Africain, cet homme, et il se targuait d’avoir un jugement impartial. Les premiers chapitres abordaient assez longuement l’histoire du colonialisme : la manipulation de haine tribale, les frontières tracées suivant le bon vouloir des coloniaux, les déplacements de population, les détentions, les humiliations, petites et grandes. L’héroïsme des premières figures de l’indépendance, tels Kenyatta et N’Krumah, dûment évoqué, et leur glissement ultérieur vers le despotisme attribué au moins en partie à des machinations diverses résultent de la guerre froide (…) Si l’Afrique avait une histoire semble dire l’auteur, l’ampleur de la souffrance actuelle l’avait rendue inutile. Des pauvres malheureux. Des pays de misère. (…) Je posai le livre, sentant monter en moi une colère familière, une colère d’autant plus forte qu’elle n’avait pas de cible précise ”, écrit Obama (P.318). Arrivé, quelques années après le décès de son père au Kenya, Barack Obama façonne son enracinement à travers un intérêt profond pour la culture et l’histoire locale. Sa rencontre avec Mme Rukia Odero, une Historienne kenyanne d’ethnie Luo, amie de feu son père, constituera une belle école d’enseignement pour lui. Les échanges porteront sur des thèmes variés allant de l’histoire de la gastronomie Luo à celle du thé dont le Kenya est l’un des grands exportateurs mondiaux. Sur la sempiternelle question de la colonisation et ses avatars, Rukia Odero a sa réflexion enrobée d’images : “la vérité est généralement le meilleur verre correcteur, répondit Rukia avec un sourire. Parfois, je me dis que la pire chose qu’ait commise le colonialisme, c’est d’avoir voilé notre vision du passé ” (P.446). Obama découvre les mets Luo, il comprend mieux le mariage traditionnel tel que pratiqué dans certaines contrées du contient africain. Cela, à travers l’exemple Luo du Kenya. Ni Auma, la sœur cadette noire d’Obama, ni Barack , lui-même, ne semblaient comprendre l’objectif du mariage traditionnel africain. Qu’ils trouvaient quasiment liberticide pour la femme. “ -Je lui ai demandé pourquoi nos femmes supportent les mariages arrangés. Supportent que les hommes prennent toutes les décisions. Qu’ils battent leurs femmes ? Tu sais ce qu’elle m’a répondu ? Que souvent les femmes méritent d’être battues, parce que c’est le seul moyen de leur faire faire tout ce qu’on attend d’elle. Tu as vu comment nous sommes ? Nous nous plaignons, mais nous encourageons les hommes à nous traiter comme ça.
- Il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis, dit-elle (la grand-mère paternelle) en Luo. Nos femmes ont porté un très lourd fardeau. Quand on est un poisson, on n’essaie pas de voler, on nage avec les autres poissons” (P.420). Même si Obama comprenait cette soumission exigée par la société traditionnelle africaine de la femme, il ne l’approuvait pas absolument. Tout comme il condamne que l’époux batte sa femme. Farouchement opposé à la colonisation qui a emporté des bras valides du continent noir vers d’autres cieux, Barack Obama abhorre le racisme. Il en a été victime à Hawaï tout comme aux Etats-Unis. A l’âge de 10 ans, Obama rencontre le racisme à l’école Punahou Academy d’Hawaï. Un racisme qui s’abat sur lui, lorsqu’il apparaît et donne son nom d’Africain : Barack Obama.
Les parents africains d’Obama
“Après nos fiançailles, j’emmenai Michelle (Obama) au Kenya pour lui faire faire la connaissance de l’autre moitié de ma famille. Là-bas aussi, elle remporta un succès immédiat, en partie parce que le nombre de mots Luo de son vocabulaire dépassa rapidement le mien. Nous vécûmes de bons moments à Alego, à aider Auma pour un projet de film, à écouter grand-maman nous raconter des histoires, à rencontrer des parents que je n’avais pas vus la première fois”, (P.451). Barack Obama possède deux familles, comme il le dit si bien dans son ouvrage. Deux familles différentes par la couleur de la peau mais unies par le destin qui a voulu qu’un lien les rapproche. Ce lien « la lance flamboyante », signification d’Obama en langue Luo. Barack est donc cette lance flamboyante d’amour et d’affection qui est plantée dans les cœurs de ses deux grands-mères : la blanche, « Toot » et la noire, Akumu. Du côté de sa mère, Obama est l’aîné et sa cadette se nomme Maya, de père indonésien. Il s’appelait Lolo. Le père de Maya a été emporté par une maladie du foie, à l’âge de 51 ans (P.62). Du côté de son père, Barack possède une fratrie nombreuse.
Après son divorce avec Ann Dunham en 1964 suite à trois années de mariage, Barack Obama Senior est rentré dans son pays, le Kenya. Il a épousé en secondes noces, Ruth, une autre américaine de race blanche avec qui il aura deux fils, Mark et David. Malheureusement, David s’est tué dans un accident de moto. « Le vieil homme », appellation donnée au feu père d’Obama dans le livre, aura d’autres enfants, avant et après Barack, avec une kenyane Kezia qui lui donnera Roy (qui se fait appeler aussi Abongo), frère aîné de Barack, Auma, Obo, frère cadet de Barack. Tout comme Bernard. La rencontre à Alego (localité Kenyane) de Barack avec Saïd et Youssouf Obama, les frères de son père, fut pleine d’émotion. A l’instar de celle avec George, le dernier fils de son père, Barack Obama Senior. « Après une brève conversation avec l’instituteur qui surveillait la récréation, Zeituni nous amena l’un des enfants. C’était un joli petit garçon à la tête ronde, qui nous dévisagea d’un œil circonspect. Notre tante se pencha et nous désigna du doigt : -Voilà ta sœur, lui dit-elle, elle t’a tenu sur ses genoux. Et lui, c’est ton frère, il est venu exprès d’Amérique pour toi » (P.444).
Barry et son père
“Gramps a peut-être été frappé immédiatement par la ressemblance de cet Africain avec Nat King Cole, l’un de ses chanteurs préférés” (P.35). Telle est l’impression que Barack Obama Senior fit sur Gramps, le grand-père paternel de Barack. Qui a accepté après moult hésitations que sa fille, Ann, épouse cet “homme venu de très loin”. Contrairement aux parents d’Obama Senior. Le mariage a ensuite fait long feu. “Si ton père est parti, ce n’était pas de sa faute, tu sais. C’est moi qui ai voulu partir. Quand nous nous sommes mariés, tes grands-parents n’ont pas vraiment sauté de joie (...).Puis le père de Barack, ton grand-père Hussein, a écrit à Gramps une longue lettre horrible en lui disant qu’il n’approuvait pas ce mariage”, a confié Ann à son fils Barack (P.144).
Comme son père, Barack Hussein Obama que ses proches appelaient affectueusement Barry, est un homme qui croit à la lutte pour atteindre les objectifs. “La douleur que je ressentais était celle de mon père. Mes questions celles de mes frères. Leur lutte, mon droit acquis à la naissance ” (P.441). Une sorte de leitmotiv qui a guidé son combat aux côtés des populations démunies de quartiers défavorisés de Chicago. Pour Obama, il y a toujours des possibilités pour faire changer les choses. Il a fait siens les conseils que son père puis sa grand-mère maternelle lui donnaient.
“L’audace d’espérer ! Je me souviens de ma grand-mère, qui chantait dans toute la maison : il y a un côté lumineux quelque part… ne te repose pas avant de l’avoir trouvé” (P.312).
Didier Depry ddepry@hotmail.com
Depuis la soirée d’hier, Barack Hussein Obama, fils du Kényan de race noire, Barack Obama Senior (économiste et homme politique, mort dans un accident de la circulation, le 24 novembre 1982) et de l’américaine blanche, Stanley Ann Dunham (diplômée d’Anthropologie, décédée en 1995 de maladie), est en visite officielle au Ghana pour plusieurs heures. La première qu’il effectue dans un pays africain au Sud du Sahara, depuis son élection à la tête des Etats-Unis, en novembre 2008. La visite de Barack Obama au Ghana, pays chargé d’histoire (c’était une porte de sortie des esclaves pendant la traître négrière) et d’espoir (à cause du processus démocratique réussi récemment), est pleine de symboles. Dont la plus importante constitue le fait qu’elle sonne comme un « pèlerinage » du premier Président africain-américain des Etats-Unis en terre africaine, celle de ses aïeux.
Barack Obama est un citoyen accompli du monde qui est conscient de son « africanité » et en est fier. Sans ignorer que le « sang blanc » coule également dans ses veines. Dans son ouvrage autobiographique de 455 pages intitulé « Barack Obama : Les rêves de mon père » (titre original : Dreams from my father) paru en 2008, le 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique relate dans un style narratif dynamique et fort accessible, l’histoire de sa vie. Ses parents, Barack Senior et Ann Dunham ; ses grands-parents maternels, Gramps Stanley et Madelyn Stanley qu’il appelait affectueusement « Toot » ou « Tutu » c’est-à-dire « grand-mère » en Hawaïen. Qui l’ont élevé avec amour et rigueur. Barack Obama consacre aussi de nombreux chapitres de son livre à ses parents (frères, sœurs, cousins, tantes et oncles) et grands-parents africains. Il parle de son séjour au Kenya, de son appartenance à l’ethnie Luo, de la culture du terroir, de sa vision du continent africain, etc.
Barack, l’Africain
« Je lui avais épargné l’information que les Diks étaient des Nilotes, de lointains cousins à moi » (P.143). Barack Obama parlait ainsi d’un anglais de race blanche, un ami de sa mère, qui travaillait dans une organisation d’aide internationale en Afrique et en Asie. Ce monsieur avait confié à Obama qu’il trouvait les Diks du Soudan étranges. “Ils riaient à propos de choses qui me désespéraient, et moi, ce que je trouvais drôle les laissait de marbre”, a soutenu cet Anglais. Obama trouvait cette réflexion caricaturale. Il en était visiblement offusqué et son identité africaine en avait pris de l’ombre. D’où ce rappel des liens de fraternité entre les ethnies Luo et Diks (Nilotes). Les peuples Diks ou Nilotes sont une ethnie proche des Luo qu’on retrouve au Kenya, au Soudan et en Ouganda. Barack Obama ne renie pas ses origines africaines. Bien au contraire, il en fait un adjuvant pour s’affirmer comme le fruit de cultures différentes. La culture occidentale, celle à laquelle appartient Kansas (USA) d’où est originaire sa mère. Et celle d’Afrique, du Kenya, principalement des Luo, le peuple dont est issu son père. D’Hawaï à Chicago en passant par New York et ses études à la prestigieuse Université américaine de Havard, Obama n’a pas coupé le cordon ombilical avec les siens africains. Et la cause africaine. Il s’érige, par exemple, en défenseur des réalités sociopolitiques vécues sur le continent lorsqu’un journaliste occidental en fait une description aux antipodes de la réalité. “Je sortis un livre de mon sac et essayai de le lire. C’était un portrait de quelques pays d’Afrique, brossé par un journaliste occidental ayant passé dix ans sur le continent noir. On l’appelait l’Africain, cet homme, et il se targuait d’avoir un jugement impartial. Les premiers chapitres abordaient assez longuement l’histoire du colonialisme : la manipulation de haine tribale, les frontières tracées suivant le bon vouloir des coloniaux, les déplacements de population, les détentions, les humiliations, petites et grandes. L’héroïsme des premières figures de l’indépendance, tels Kenyatta et N’Krumah, dûment évoqué, et leur glissement ultérieur vers le despotisme attribué au moins en partie à des machinations diverses résultent de la guerre froide (…) Si l’Afrique avait une histoire semble dire l’auteur, l’ampleur de la souffrance actuelle l’avait rendue inutile. Des pauvres malheureux. Des pays de misère. (…) Je posai le livre, sentant monter en moi une colère familière, une colère d’autant plus forte qu’elle n’avait pas de cible précise ”, écrit Obama (P.318). Arrivé, quelques années après le décès de son père au Kenya, Barack Obama façonne son enracinement à travers un intérêt profond pour la culture et l’histoire locale. Sa rencontre avec Mme Rukia Odero, une Historienne kenyanne d’ethnie Luo, amie de feu son père, constituera une belle école d’enseignement pour lui. Les échanges porteront sur des thèmes variés allant de l’histoire de la gastronomie Luo à celle du thé dont le Kenya est l’un des grands exportateurs mondiaux. Sur la sempiternelle question de la colonisation et ses avatars, Rukia Odero a sa réflexion enrobée d’images : “la vérité est généralement le meilleur verre correcteur, répondit Rukia avec un sourire. Parfois, je me dis que la pire chose qu’ait commise le colonialisme, c’est d’avoir voilé notre vision du passé ” (P.446). Obama découvre les mets Luo, il comprend mieux le mariage traditionnel tel que pratiqué dans certaines contrées du contient africain. Cela, à travers l’exemple Luo du Kenya. Ni Auma, la sœur cadette noire d’Obama, ni Barack , lui-même, ne semblaient comprendre l’objectif du mariage traditionnel africain. Qu’ils trouvaient quasiment liberticide pour la femme. “ -Je lui ai demandé pourquoi nos femmes supportent les mariages arrangés. Supportent que les hommes prennent toutes les décisions. Qu’ils battent leurs femmes ? Tu sais ce qu’elle m’a répondu ? Que souvent les femmes méritent d’être battues, parce que c’est le seul moyen de leur faire faire tout ce qu’on attend d’elle. Tu as vu comment nous sommes ? Nous nous plaignons, mais nous encourageons les hommes à nous traiter comme ça.
- Il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis, dit-elle (la grand-mère paternelle) en Luo. Nos femmes ont porté un très lourd fardeau. Quand on est un poisson, on n’essaie pas de voler, on nage avec les autres poissons” (P.420). Même si Obama comprenait cette soumission exigée par la société traditionnelle africaine de la femme, il ne l’approuvait pas absolument. Tout comme il condamne que l’époux batte sa femme. Farouchement opposé à la colonisation qui a emporté des bras valides du continent noir vers d’autres cieux, Barack Obama abhorre le racisme. Il en a été victime à Hawaï tout comme aux Etats-Unis. A l’âge de 10 ans, Obama rencontre le racisme à l’école Punahou Academy d’Hawaï. Un racisme qui s’abat sur lui, lorsqu’il apparaît et donne son nom d’Africain : Barack Obama.
Les parents africains d’Obama
“Après nos fiançailles, j’emmenai Michelle (Obama) au Kenya pour lui faire faire la connaissance de l’autre moitié de ma famille. Là-bas aussi, elle remporta un succès immédiat, en partie parce que le nombre de mots Luo de son vocabulaire dépassa rapidement le mien. Nous vécûmes de bons moments à Alego, à aider Auma pour un projet de film, à écouter grand-maman nous raconter des histoires, à rencontrer des parents que je n’avais pas vus la première fois”, (P.451). Barack Obama possède deux familles, comme il le dit si bien dans son ouvrage. Deux familles différentes par la couleur de la peau mais unies par le destin qui a voulu qu’un lien les rapproche. Ce lien « la lance flamboyante », signification d’Obama en langue Luo. Barack est donc cette lance flamboyante d’amour et d’affection qui est plantée dans les cœurs de ses deux grands-mères : la blanche, « Toot » et la noire, Akumu. Du côté de sa mère, Obama est l’aîné et sa cadette se nomme Maya, de père indonésien. Il s’appelait Lolo. Le père de Maya a été emporté par une maladie du foie, à l’âge de 51 ans (P.62). Du côté de son père, Barack possède une fratrie nombreuse.
Après son divorce avec Ann Dunham en 1964 suite à trois années de mariage, Barack Obama Senior est rentré dans son pays, le Kenya. Il a épousé en secondes noces, Ruth, une autre américaine de race blanche avec qui il aura deux fils, Mark et David. Malheureusement, David s’est tué dans un accident de moto. « Le vieil homme », appellation donnée au feu père d’Obama dans le livre, aura d’autres enfants, avant et après Barack, avec une kenyane Kezia qui lui donnera Roy (qui se fait appeler aussi Abongo), frère aîné de Barack, Auma, Obo, frère cadet de Barack. Tout comme Bernard. La rencontre à Alego (localité Kenyane) de Barack avec Saïd et Youssouf Obama, les frères de son père, fut pleine d’émotion. A l’instar de celle avec George, le dernier fils de son père, Barack Obama Senior. « Après une brève conversation avec l’instituteur qui surveillait la récréation, Zeituni nous amena l’un des enfants. C’était un joli petit garçon à la tête ronde, qui nous dévisagea d’un œil circonspect. Notre tante se pencha et nous désigna du doigt : -Voilà ta sœur, lui dit-elle, elle t’a tenu sur ses genoux. Et lui, c’est ton frère, il est venu exprès d’Amérique pour toi » (P.444).
Barry et son père
“Gramps a peut-être été frappé immédiatement par la ressemblance de cet Africain avec Nat King Cole, l’un de ses chanteurs préférés” (P.35). Telle est l’impression que Barack Obama Senior fit sur Gramps, le grand-père paternel de Barack. Qui a accepté après moult hésitations que sa fille, Ann, épouse cet “homme venu de très loin”. Contrairement aux parents d’Obama Senior. Le mariage a ensuite fait long feu. “Si ton père est parti, ce n’était pas de sa faute, tu sais. C’est moi qui ai voulu partir. Quand nous nous sommes mariés, tes grands-parents n’ont pas vraiment sauté de joie (...).Puis le père de Barack, ton grand-père Hussein, a écrit à Gramps une longue lettre horrible en lui disant qu’il n’approuvait pas ce mariage”, a confié Ann à son fils Barack (P.144).
Comme son père, Barack Hussein Obama que ses proches appelaient affectueusement Barry, est un homme qui croit à la lutte pour atteindre les objectifs. “La douleur que je ressentais était celle de mon père. Mes questions celles de mes frères. Leur lutte, mon droit acquis à la naissance ” (P.441). Une sorte de leitmotiv qui a guidé son combat aux côtés des populations démunies de quartiers défavorisés de Chicago. Pour Obama, il y a toujours des possibilités pour faire changer les choses. Il a fait siens les conseils que son père puis sa grand-mère maternelle lui donnaient.
“L’audace d’espérer ! Je me souviens de ma grand-mère, qui chantait dans toute la maison : il y a un côté lumineux quelque part… ne te repose pas avant de l’avoir trouvé” (P.312).
Didier Depry ddepry@hotmail.com