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Politique Publié le lundi 13 juillet 2009 | Le Patriote

Frayeur hier à Yopougon - Un policier lâche une grenade dans la foule

La scène est à la fois atypique, malheureuse et révoltante. Un policier en civile, se servant d’une grenade lacrymogène, décide de perturber une cérémonie religieuse islamique. L’évènement s’est déroulé hier sur l’espace communément appelé « Terrain du Boeing » à Yopougon-Sicogi, non loin du Commissariat du 16ème Arrondissement. En effet, sur invitation des organisations islamiques ‘’Darouss Salam’’ et ‘’Nouroul Houda’’, plusieurs dizaines de fidèles musulmans se sont retrouvés sur ce lieu pour, comme il est indiqué sur la carte d’invitation, célébrer une «Journée de reconnaissance aux femmes pour l’effort fourni pendant le mois de Ramadan». Selon des témoignages recueillis sur place, c’est aux environs de 13H qu’en pleine cérémonie, une grenade lacrymogène est lancée en direction des officiels de la cérémonie. Parmi eux, le colonel Fodé Sako Karamoko, président du Conseil général de Touba et président de la cérémonie. «La grenade est tombée juste à quelques deux mètres du colonel Sako, avant d’exploser en dégageant de la fumée piquante et suffocante», explique M. Badiana Bamba, témoin de la scène. Et au cours de cette violente défragmentation de la bombe lacrymogène, le colonel Sako est légèrement atteint au niveau de la joue droite. Du coup, la foule très en colère, réussit à mettre la main sur l’auteur du forfait. Il s’agit d’un sous-officier de Police, le sergent Edmond Guéi, en fonction au District de Police de Yopougon, sis dans les locaux du 16ème Arrondissement.

Blessé, le président du Conseil général de Touba porte plainte

Selon des témoins, l’homme puait l’alcool et la foule voulait en découdre avec lui. Mais pour éviter un lynchage, qui pourrait conduire à une conséquence plus grave, l’infortuné est directement conduit au poste de Police du 16ème Arrondissement par les organisateurs de la cérémonie. Sur le champ, le président du Conseil général de Touba décide de porter plainte contre le sous-officier Edmond Guéi. Entre-temps, les uns et les autres sont sous le choc. L’affaire semble dépasser tout le monde. «Pourquoi a-t-il fait ça ?», «Comment un policier en civile et ivre de surcroît, peut-il se promener avec une grenade lacrymogène ?», «Qu’avait-il contre cette cérémonie islamique ?», autant d’interrogations que les riverains trouvés sur place ne cessent de se poser. Les réponses à ces questions auraient été données au Commissariat par le sergent Edmond Guéi, lui-même. Selon le colonel Sako que nous avons interrogé plus tard, l’homme aurait indiqué, dans un langage plutôt farfelu et sans fondement réel, qu’il est sous le coup «d’une très forte émotion», après avoir perdu un de ses collègues dont il revenait des funérailles. «J’étais tellement perturbé par l’émotion que je n’arrivais plus à me contrôler», aurait-il lancé à ses supérieurs du 16ème Arrondissement, notamment au Commissaire de Police et chef de service, le commandant Touré N’Datieu Bertin. Celui-ci, dans le cadre de l’enquête, est allé constater la bavure sur le terrain.
Au moment où nous quittions les lieux, le sergent Edmond Guéi était encore sous les verrous au Commissariat du 16ème Arrondissement, en attendant les suites à donner à cette affaire.
Diawara Samou
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