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Société Publié le samedi 18 juillet 2009 | Le Patriote

Coulibaly Valy Pierre (Directeur des Services techniques de la Mairie d’Abobo) - “Abobo ne dispose pas de système de drainage des eaux”

Le Patriote : Il n’y a pratiquement plus de routes dans la commune d’Abobo. Comment expliquez-vous l’état de dégradation avancée de la voirie ?
Coulibaly Valy Pierre: En tant que responsable des services techniques de la Mairie, je ne suis pas surpris que l’état de nos routes vous préoccupe. C’est une préoccupation pour la population qui emprunte chaque jour ces routes mais c’est surtout une préoccupation pour nous responsables communaux. Avec la saison des pluies, les routes sont davantage impraticables du fait des eaux. C’est l’ensemble des routes du District qui sont dans un état désastreux parce que le bitume ne supporte pas les aléas du climat. Mais pour le cas d’Abobo, il y a une explication.

Justement qu’est-ce qui explique qu’Abobo soit dans un tel état ?
Cette situation s’explique par l’histoire même de la commune. Je vous informe qu’Abobo n’a que 10% de voie bitumée. En termes d’assainissement, il n’existe presque rien. Je veux parler du système de drainage de l’ensemble des eaux. Le drainage se fait naturellement avec 23 bassins d’orage et des ravins. Abobo a un système spécifique en termes d’assainissement. C’est une commune qui se gère naturellement du fait qu’à l’origine, elle n’a bénéficie d’aucun équipement de drainage contrairement aux autres communes. Techniquement, le problème des routes à Abobo ne devrait pas être posé en termes de voirie mais d’ouvrage de drainage des eaux.

Faut-il comprendre par là qu’Abobo est une commune spontanée qui n’est pas inscrite sur le schéma directeur du District ?
Oui Abobo est une commune spontanée c'est-à-dire une commune qui n’a pas été programmée dans son occupation. Elle n’est donc pas prévue dans le schéma directeur. La commune s’est formée grâce aux activités qui s’étaient développées autour de la gare de train. Au début même l’appellation était Abobo gare. Ce n’est qu’en 1978 que la commune a commencé à se constituer à la faveur de la construction de la voie expresse Abidjan-Ayamé en passant par Adjamé-Abobo. La construction de cette voie a aussi donné lieu à la réhabilitation du quartier 112 hectares où se situe actuellement la mairie. Ce sont les seuls équipements majeurs dont Abobo a bénéficié. C'est-à-dire la réhabilitation de 112 hectares sur 11.000. La route du Zoo a été bitumée mais sans ouvrage de drainage. L’ennemi numéro un étant l’eau, vous constatez que les pluies ont fini par avoir raison du bitume. Voila en gros ce qui justifie l’état de dégradation des routes d’Abobo.

Pour la population, la mairie est responsable de l’état désastreux des routes. Que répondez-vous ?
C’est facile d’accuser mais il est bon de savoir que la gestion des voies est hiérarchisée. On a des voies communales dont la gestion relève de la mairie. On a des voies intercommunales qui incombent au district et les voies nationales dont la gestion revient au ministère des Infrastructures économiques. Cette précision étant faite, il faut que la population sache que la gestion de la route du Zoo n’est pas du ressort de la Mairie mais du District parce qu’il s’agit d’une voie intercommunale.

Si les responsabilités sont aussi évidentes comme vous le dites, comment expliquez-vous le fait que ni la mairie ni le District ou encore le ministère des Infrastructures ne fait correctement son travail ?
Aujourd’hui, je ne pense pas que le problème se pose en termes de responsabilité. C’est un problème d’ordre économique et institutionnel. Institutionnel parce qu’il s’agit de gestion et économie. Il ne faut pas aussi oublier que le contexte économique du pays est difficile.

La situation économique semble avoir le dos large. Que fait concrètement la mairie d’Abobo pour rendre les routes municipales praticables ?
La situation économique de la mairie d’Abobo est à l’image de celle du pays. Vous avez assisté récemment à la grève des mairies qui exigeaient du Trésor la mise à disposition de leur argent. Il convient aussi de savoir qu’en termes de gestion, il y a des procédures de gestion du budget. Ainsi donc dans la pratique, un investissement au-delà de 60 millions ne peut se faire sans appel d’offres. Et le budget doit être approuvé par le ministère de l’Intérieur. Et pour vous permettre de mieux comprendre la situation, jusqu’au septième mois de l’année, le budget de la Mairie d’Abobo n’est pas encore sortie du ministère de l’Intérieur.

Etes-vous résignés face à cette situation d’impuissance ?
Non, nous ne sommes pas résignés. Nous avons la volonté et cela ne peut être mis en doute. Si nous avions la possibilité de faire comme la Sotra qui interdit le passage de ses bus sur certaines voies en guise de protestation, nous l’aurions fait. Il ne faut pas se leurrer, il n’y a pas d’action qui puisse être menée sans engagement financier. Or l’engagement financier a ses règles et tant que vous n’avez pas les moyens, vous ne pouvez rien faire.

La population peut tout de même vous reprocher de ne pas prendre d’initiatives ?
Ce ne sont pas les initiatives qui font défaut. Nous prenons des initiatives. Mais, ma conviction est que l’Etat de Côte d’Ivoire peut faciliter les choses aux communes en allégeant certaines procédures. La mairie d’Abobo, par exemple, a un état financier positif mais le problème c’est comment récupérer cet argent au niveau du trésor. L’Etat pourrait alors alléger les mécanismes, ne serait-ce que pour des cas d’urgence. Et c’est heureux de savoir que dans le cadre du programme d’urgence d’infrastructures urbaines, la réhabilitation des voies du Zoo et d’Abobo Sagbé est prise en compte.

L’annonce est faite depuis, mais l’on ne voit pas encore démarrer les travaux, que se passe t-il à ce niveau ?
Je peux vous assurer qu’il n’y a pas de problème. Les voies du zoo et d’Abobo-Sagbé seront bientôt réhabilitées. Les marchés sont déjà attribués à des entrepreneurs. Seulement, la saison des pluies n’est pas propice au démarrage des travaux.

Quel sera alors le sort des voies communales qui ne sont pas prises en compte par le programme d’urgence financé par la Banque Mondiale?
La mairie dispose d’une étude d’extension des voies bitumées en vue de désengorger les 10% de bitume dont je vous ai parlé. Nous avons programmé le bitumage de la voie St-François Xavier, celle des urgences de l’hôpital d’Abobo, de Clouétcha, d’Akéïkoi et de Bocabo. La voie de St-François Xavier est attribuée depuis deux ans mais pour des problèmes budgétaires, ces chantiers stagnent encore. Réalisé par Alexandre Lebel
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