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Showbizz Publié le lundi 20 juillet 2009 | Notre Défi

Michaël Kassi Jackson de Krinjabo ! : Leçon de l’adieu ivoirien

A l’annonce du décès de la star planétaire Michael Jackson, que de personnes n’ont pas ri sous cape, quand elles ne se sont pas ouvertement gaussées des populations de la région d’Aboisso, lorsque celles-ci ont fait savoir qu’elles « réclamaient » le corps de celui qu’elles avaient intronisé « prince » de leur royaume. Par-delà le caractère ludique, fantasmatique ou prétentieux (comme on voudra), de l’expression de ce désir, il y a lieu cependant de retenir que les populations de cette localité de notre pays témoignent qu’elles ont un sens aigu de l’opportunité, sens qui semble faire précisément défaut à certaines instances nationales qui gagneraient cependant énormément à en être pourvus. Dire que l’expression de la volonté des ressortissants de Krinjabo a un caractère ludique ou fantasmatique, c’est souligner la claire conscience que celles-ci ont, bien sûr, de la vanité de cette démarche visant à réclamer le corps d’une personnalité dont le caractère monumental de l’envergure, fait qu’il est inimaginable que, même dans nos rêves les plus fous, sa dépouille puisse être transférée sous nos tropiques. Ce qui est par contre parfaitement sensé et réalisable, c’est une initiative comme celle que les populations de Krinjabo ont prise d’organiser une parodie de funérailles afin d’honorer la mémoire d’un « fils prodige » de l’Afrique. Il reste en fait, bien entendu, clair que dans l’esprit des ressortissants de Krinjabo, cette cérémonie sert aussi et surtout à commémorer le passage sur leurs terres de cet homme d’exception, passage qui, en soi, constitue un rare privilège, vu que peu de localités dans le monde peuvent se prévaloir d’avoir abrité un de ses Concerts, et que peu de personnes peuvent se vanter d’avoir, soit assisté à un de ceux-ci, soit, à plus forte raison, avoir reçu la star chez elles, et avoir partagé un repas avec lui ! APPUYER LES AUTORITES LOCALES DE KRINJABO Pour tout dire donc, ce n’est en fait pas à la population de Krinjabo seule qu’il revenait de concevoir un tel projet, mais bien d’autres instances officielles de notre pays, qui bénéficient de budgets conséquents pour prendre de telles initiatives, mais qui n’ont rien fait dans ce sens ! A défaut d’en avoir eu l’idée, ces instances auraient pu apporter tout leur appui aux autorités locales de Krinjabo afin de donner à cet événement un caractère national, faisant converger vers cette localité, beaucoup de nos concitoyens qui trouveraient là une excellente occasion pour découvrir ce bout du territoire national. L’unité nationale s’en trouverait un tant soit peu consolidée, sans compter les retombées économiques que cela procurerait aux opérateurs économiques de divers secteurs : restauration, commerce, transport, industrie (par la confection de gadgets commémoratifs), etc. Le président Laurent Gbagbo, déplorait récemment le manque d’initiatives en ce qui concerne la fixation de nos us et coutumes dans des documentaires qui les consigneraient pour la postérité, contribuant ainsi à la sauvegarde de notre patrimoine culturel. N’est-ce pas là, une excellente occasion pour réussir une telle tâche ? Et, après avoir réalisé un documentaire d’une telle importance, une autre préoccupation primordiale doit consister dans sa sauvegarde et sa préservation effective. PRESERVER LE PATRIMOINE CULTUREL Le sens de l’opportunité, un sens de la préservation des éléments recueillis du patrimoine culturel, en vue d’une exploitation future à des fins d’engendrement de Ressources financières importantes, voilà ce qui devrait constituer un réflexe chez une certaine catégorie de travailleurs de notre pays. Et il faut souligner que, par le passé, faute d’avoir cultivé de tels réflexes, de grands services de notre pays, qui auraient pu nous faire bénéficier de mannes financières considérables, nous en ont malheureusement privées. Nous nous souvenons ainsi, avec beaucoup de regret, que, par manque d’esprit de prospective, un fait historique rarissime comme la visite d’Etat effectuée à l’époque en Côte d’Ivoire par le jeune prince héritier marocain, alors qu’il n’avait que onze ans, n’ait pas fait l’objet, par les médias audiovisuels surtout, d’une « mise en boîte » de reportages complets. Les films de cette visite effectuée en lieu et place du roi Hassan II empêché, par celui qui est devenu l’actuel souverain chérifien sous le nom de règne de Mohamed VI, « balancés » au moment de l’intronisation de celui-ci, auraient montré tout le professionnalisme de nos hommes de médias, et consacré notre Télévision et notre Radio nationales comme des structures avant-gardistes. Un « scoop archivistique » de la même nature, réalisé avec la visite de Michael Jackson en Côte d’Ivoire, aurait sûrement eu des retombées financières inestimables aujourd’hui ! LA CELEBRE STAR VUE SOUS UN AUTRE ANGLE Que l’on s’imagine un peu en effet, l’accueil que le monde entier réserverait aux images d’un documentaire soigné où l’on verrait, pour la première fois, la célèbre star autrement que sur scène, mais plutôt ses réactions au cours de la prise de son repas sur sa « terre adoptive » de Krinjabo, ses poignées de main avec les notabilités de la région, les mots qu’il a prononcés à l’issue de son « intronisation » comme prince du Sanwi, et bien d’autres détails de situations qui sont malheureusement à jamais perdues ! C’est le lieu de déplorer le fait que, alors que dans le cadre de coûteuses cérémonies, des Commissions mixtes se constituent sur le plan international, de simples collaborations entre services de ministères différents de notre gouvernement, qui eussent pu permettre de tels projets, n’existent pas ! La raison, c’est peut-être M. Oupoh Gnoléba, le Directeur de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, du ministère du même nom, qui a su la traduire mieux que quiconque, lui qui, à l’occasion du déclenchement du « Plan ORSEC », consécutivement aux dégâts causés par les pluies diluviennes tombées sur la ville d’Abidjan, déplorait le fait que chaque ministère de chez nous veuille souvent se constituer en « champion toutes catégories » dans la mise en œuvre d’actions qui, dans le cadre d’une démarche concertée, produiraient plus d’effets.(1) NECESSAIRE COLLABORATION ENTRE DIFFERENTS SERVICES MINISTERIELS Il est ainsi indispensable que, sur le plan national, une plus étroite collaboration s’instaure entre certains services, notamment la Direction du Patrimoine culturel du ministère de la Culture, et les Services des Archives des organes de la presse audiovisuelle étatique de notre pays, pour la nécessaire préservation des documents d’archives produits par ceux-ci. Une action concertée dans le cadre d’une collaboration de cet ordre aurait permis d’éviter un gâchis énorme comme celui qui, à ce que nous avons appris, a consisté dans l’envoi périodiquement au dépotoir public, d’anciennes bandes sonores et d’images considérées comme encombrantes et « dévoreuses d’espace », alors que, bien exploitées, elles pourraient constituer de véritables mines d’or. Il en est de même des archives filmiques de l’ancienne Direction de l’Extra- Scolaire, qui avait réalisé des documents d’une valeur inestimable tant en qualité qu’en quantité. L’étape d’une telle collaboration ne saurait cependant bien sûr être atteinte que par la production d’un plaidoyer convaincant auprès du Gouvernement, lequel à son tour, devra se convaincre que les sources de devises ne sont pas à rechercher uniquement dans les seuls secteurs primaire et secondaire de l’économie nationale. UNE IMPORTANTE SOURCE DE DEVISES Le secteur du Patrimoine culturel, comme on vient de le voir, bien exploité, bien géré, et surtout géré avec beaucoup d’imagination et un grand sens de l’anticipation, peut permettre à notre pays d’engranger, périodiquement, des devises en quantité considérable. Hommage donc aux ressortissants de Krinjabo qui, tout en ayant agi avec un réflexe d’avant-garde, que de nombreuses personnes qui se targuent d’avoir une expertise Suite à de longues études couronnées par des titres académiques ronflants, dans divers établissements, n’ont pu avoir. Il est ainsi dommage que, de surcroît, ils soient l’objet de quolibets à tous les coins de rue d’Abidjan et sans doute d’autres villes de la Côte d’Ivoire, au motif qu’ils « réclament » le corps de Michael Jackson, avec qui ils ont pourtant bel et bien tissé une « alliance » aux termes de laquelle celui-ci a été fait « prince Protocolaire » de leur terroir au cours d’une cérémonie au terme de laquelle il lui a été attribué le prénom « Kassi. » Que vive donc désormais, dans nos administrations, à l’instar des ressortissants de Krinjabo, un plus grand sens de l’opportunité et de l’anticipation, et d’une Collaboration effective, pour une attitude plus conquérante de notre pays à divers Égards !

Adou Koffi
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