Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la nouvelle qui devait remplir tout le monde de joie se trouve être aujourd'hui source de polémique voire même de déchirement entre les journalistes et leurs patrons. Mais pourquoi en est-on arrivé là ?...Eh bien, la raison est toute simple. Depuis l'adoption par l'Assemblée Nationale de la nouvelle loi sur la presse, les patrons de presse à travers leur organisation, le GEPCI, ont maintes fois tenté de s'opposer à son application entière et totale. Argant que l'Etat n'a pas rempli sa part de mission, à savoir soutenir les entreprises de presse à travers un fonds et par l'allègement de taxes sur les intrants dans la fabrication des journaux. Toute chose qui a amené le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires à l'instauration effective de ce fonds de soutien. Le hic aujourd'hui, c'est le montant alloué à ce fonds. Les patrons de presse reprochent aux autorités, la modicité de ce fonds comparativement aux charges et au nombre des entreprises devant en bénéficier. Conséquence directe, ils refusent ce "cadeau" qu'ils estiment être empoisonnés, car l'accepter reviendrait pour eux à appliquer la convention collective des journalistes au sein de leurs différentes entreprises de presse. Déjà qu'ils ont pu obtenir un moratoire du syndicat des journalistes de la presse privée qui leur a permis d'atteindre le mois de juin avant de voir son application, il n'était donc pas question pour eux de se mettre "la corde au cou" avec un tel fonds. Il faut aussi rappeler que les allégements fiscaux dont ont bénéficié ces entreprises de la presse ne représentent pour le GEPCI qu'une goutte d'eau dans la mer même si ce fonds vient d'être augmenté. Ce groupement des éditeurs voudrait plutôt voir l'Etat à travers le gouvernement prendre des dispositions pour l'exonération des taxes sur les intrants dans la production des journaux…car il faut le rappeler, les coûts de production sont excessivement chers dans notre pays et se trouvent être les plus élevés dans la sous -région ouest-africaine. Les journalistes quant à eux, regroupés au sein de leur syndicat, ont de tout temps réclamé l'application de la convention collective, même s'ils reconnaissent qu'elle est aujourd'hui dépassée, cela leur permettrait de vivre décemment de leur métier. L'adoption de la nouvelle loi en 2004 était donc pour eux une bouffée d'oxygène car il oblige les patrons de presse à les aligner sur la convention collective. Après avoir donné le temps nécessaire aux patrons de presse de s'organiser pour l'application effective de cette convention, il n'est donc plus question de repousser l'échéance. On comprend dès lors, les dissensions qui découlent de l'annonce du montant du fonds de soutien à la presse. La question est de savoir sur quoi pourrait déboucher cette crise et ce qui pourrait être fait dans l'immédiat par le gouvernement pour concilier ces deux positions.
Edmond Kouadio.gnakouadjokouame@yahoo.fr
Edmond Kouadio.gnakouadjokouame@yahoo.fr