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Politique Publié le samedi 25 juillet 2009 | Nord-Sud

Après les menaces du président français : Sarkozy peut-il tomber Gbagbo ?

Au réchauffement succèdent les menaces de destitution. Les relations entre Paris et Abidjan sont loin d'être revenues à ce long cours paisible synonyme de paix durable.


«C'est fort de la présence des casques bleus qu'il fait tout cela ; sinon j'aurais depuis longtemps demandé à mes gars de faire le nettoyage nécessaire ». Cette phrase, le chef de l'Etat français l'a prononcée devant le secrétaire général de l'Onu, le 17 juillet, à New York, selon des sources diplomatiques relayées par la presse. Nicolas Sarkozy déclarait là tout le bien qu'il pensait de son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo. Alors ministre de l'Intérieur, M. Sarkozy avait promis, en juin 2005, de nettoyer la cité de la Courneuve (Seine-saint-Denis), au kärcher (nettoyeur à haute pression).

Certes, il ne s'agit pas de faire subir à M. Gbagbo ce traitement de choc réservé aux véhicules par exemple. Mais, nettoyer renvoie à une terminologie que beaucoup d'Africains croyaient morte avec les pères fondateurs. Son usage aujourd'hui signifie sans doute que l'ancienne puissance coloniale n'a pas totalement rompu avec la pratique qui consistait à modeler les pouvoirs africains à sa convenance. Du moins, en a-t-elle encore la tentation.

Pourtant, l'histoire récente devrait inciter à plus de mesure. Depuis l'éclatement de la crise armée en septembre 2002, la France a eu la haute main sur le pays jusqu'en 2007. Au plan politique, elle faisait voter par le Conseil de sécurité de l'Onu les résolutions qu'elle jugeait bonnes pour le processus de sortie de crise. Au plan militaire, le 43ème Bima et le contingent français de l'Onuci (Opération des Nations Unies) occupaient le terrain. Deux Premiers ministres se sont succédés. La paix est restée un vrai mirage. Pire, en novembre 2004, une violence anti-française a déferlé sur le pays après le bombardement de Bouaké. Paris a dû rapatrier en catastrophe des milliers de ses ressortissants. Mais, n'a pas réussi à déboulonner Gbagbo. Qu'est-ce qui a véritablement changé pour que, aujourd'hui, il soit possible de procéder aussi facilement au « nettoyage » ? Au prix de combien de vies ivoiriennes réussirait-on éventuellement ce coup de force ? Comment Sarkozy justifierait-il devant son opinion nationale qu'il a donné l'ordre à ses soldats de « nettoyer » un président d'un pays souverain ?

Autant d'interrogations qui doivent inciter à considérer que les déclarations du président français constituent des coups de boutoirs à sa propre diplomatie qui risque de perdre la face.


Où sont les promesses de Sarko ?

Nicolas Sarkozy exprime-t-il tout haut ce qu'il pense tout bas ? L'on serait tenté de répondre par l'affirmative après ses vérités crues sur l'entrée de l'homme africain dans l'histoire, au cours d'un discours prononcé à Dakar le 26 juillet 2007. Mais, le même Sarkozy soutenait le 19 mai à Cotonou : « La relation entre la France et l'Afrique doit être plus transparente. Il nous faut la débarrasser des réseaux d'un autre temps, des émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. » D'où vient-il alors que le même chef de l'Etat prenne pour argument des propos sibyllins, tenus en privé à Paris par N'Zi Paul David, directeur de cabinet de son homologue ivoirien, pour accuser ce dernier de vouloir remettre en cause la présidentielle du 29 novembre 2009 ?

Nicolas Sarkozy avait été hué à Libreville lors des funérailles de Omar Bongo Ondimba. Car, les partisans du défunt président gabonais supportaient mal qu'il ait courtisé le vieux président en tant que candidat avant de le lâcher une fois élu. En le laissant se faire humilier par des juges qui enquêtaient sur ses biens en France. « Ce n'est pas la personne du président qu'on huait (…), c'est l'image qu'on a donnée de ce pays (le Gabon), la nouvelle du décès annoncée de façon prématurée, cela a été très mal ressenti», avait défendu l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Roisin. Il est peut-être temps que Paris donne de la lisibilité à sa politique. Dans la droite ligne des promesses qui ont été prises notamment la suppression des bases militaires et la renégociation des accords militaires signés juste après les indépendances. « La France n'a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique », avait soutenu Nicolas Sarkozy à la tribune du Parlement sud-africain le 28 février 2009.


Kesy B. Jacob
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