Suite à l’interview relative au conflit de chefferie à Niangon-Lokoa que nous a accordée M. Akré Akré Albert, M. Boto Akré Claver dit sa part de vérité.
Monsieur Boto Akré que nous vaut l’honneur de votre visite ce matin ?
Boto Akré : suite à l’interview que vous a accordée Monsieur Akré Albert, je suis venu vous voir pour rétablir un certain nombre de faits.
Dans cette même interview, votre collaborateur qui est l’un de vos lieutenants a parlé. Alors qu’est ce qui vous a marqué concernant les propos de Monsieur Akré Albert au point de venir nous voir ?
B.A : d’abord, je voudrais vous dire que je n’ai pas de lieutenant, ni de suiveur. C’est un fils du village qui fait partie de la génération Dougbo au pouvoir qui a donné son point de vue. En ce qui me concerne, c’est parce que Monsieur Akré, dans son interview, fait des insinuations qui pourraient porter atteinte à ma crédibilité. Quand il parle d’argent avec cet amalgame autour de l’argent, c’est pour ça que j’ai décidé de vous rencontrer pour faire une mise au point là-dessus.
Qu’avez-vous à dire concrètement sur ces propos de M. akré qui est votre chef de village ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais dire comment fonctionne le peuple ATECHAN. Une fois que j’aurais expliqué cela, je crois que vous comprendrez vous-même comment on choisit un chef du village. En effet, vers la fin du 19e siècle, autour des années 1840, par là les villages ATECHAN que vous appelez Ebrié, l’exécutif était dirigé par un seul personnage. C`est-à-dire le plus âgé du village que nous appelons NANA. Il était donc le seul à diriger le village. Et le pouvoir de ce Nana est un pouvoir très étendu. Et d’ailleurs il garde toujours ce même pouvoir. Et il «était en même l’exécutif et en même temps celui qui avait la main sur tout. Il était la clé de voute de la gestion du village jusqu’à 1840. Et lorsque la colonisation est arrivée, les différents commandants de cercles qui dirigeaient le cercle d’Abidjan, avaient besoin des premiers responsables des villages pour travailler. Comme ils étaient âgés, ça causait problème aux commandants, de cercle. C’est ainsi qu’il a demandé que le Nana du village désigne son représentant aupres de lui. C’est cette personne désignée qui doit assister aux différentes réunions convoquées par le commandant du cercle pour venir rendre compte au Nanan. C’est à partir de la qu’est né la notion du chef du village. C’est un premier aspect des choses. Deuxième aspect des choses, vous remarquerez que lorsque le chef va en mission, il reviendra rendre compte à Nanan. Le chef ne peut pas décider de faire des choses comme lui il l’entend. Et puis quelque temps après, il y a eu la modernisation. Maintenant, quels sont les pôles de décision dans les villages Atchan ? il y a essentiellement trois pôles de décision dans nos villages. Si vous comprenez cela, vous comprendrez tout. Vous verrez que ce que dit M. Akré, il ne connait pas très bien le fonctionnement des villages Atchan. Alors, il y a le Nanan qui est le doyen du village qui est pratiquement le maître absolu dans nos villages Atchan. Rien ne peut se faire sans son avis. Son pont de vue prime sur tout. Deuxième niveau de pôle de décision, il y a la chefferie. Cette chefferie est confiée pour un temps à une génération. Et le chef du village qui est issu de cette génération est également là pour un temps. Mais il ne prend pas seul toutes les décisions. Quand le chef du village veut poser une action dans le village, il informe le conseil dudit village. On convoque une assemblée populaire qui lui donne ou pas le feu vert avant de mener cette action. Troisième niveau de décision, c’est l’assemblée contrôle le travail de l’exécutif. Elle peut même annuler les décisions du chef du village.
Alors l’assemblée populaire prime sur les décisions du chef du village. Alors, pourquoi avec cette bonne organisation, il ya du désordre à Niangon-Lokoa ?
B.A : bien. En réalité, il n’y a pas de bicéphalisme à Lokoa. Il y a le chef du village que le peuple de ce village reconnaît et celui que les villageois eux-mêmes appellent le chef de l’administration
Qui est celui que le peuple reconnaît et l’autre appelé chef de l’administration ?
B.A : avec humilité je dirai que le peuple de Niangon-Lokoa nous reconnaît comme son chef de leur village. Il y a Akré Akré Albert qui est le chef de l’administration et non le chef de Niangon-Lokoa. La preuve, il ne peut poser aucun acte sans que les villageois ne s’y opposent. Son problème à lui, c’est qu’il n’est pas reconnu par le village. Chaque fois que le doyen de notre génération convoque une assemblée générale et qu’il vient avec un dossier quelconque, il est rembloué par l’assemblée populaire.
Lorsque vous qualifiez M.Akré Akré Albert de chef de l’administration, est-ce parce qu’il détient un arrêté préfectoral ou y-a-t il d’autres raisons ?
B.A : Le processus de désignation d’un chef du village est reconnu dans tous les villages Atchan. Notre fédération dénommée ‘’la fédération Atchan Dougbo’’ avait même rédigé un document comment l’on désigne un chef du village conformément à nos et coutumes. De plus, l’administration elle-même depuis 1936, dans un arrêté, a expliqué exactement le mode de désignation d’un chef du village en général. A cet arrêté s’est ajouté une circulaire signée par M. Ekra Mathieu, alors ministre de l’intérieur. Et comme chez le peuple Akan le chef du village ne se choisit pas dans un bureau, alors, M. Akré Akré Albert n’est pas reconnu comme le chef du village de Niangon-Lokoa.
Comment M. Akré a pu obtenir un arrêté signé par le préfet de région d’Abidjan ?
B.A : seuls les auteurs de cet arrêté vous donneront la réponse à votre interrogation. Mon problème n’est pas à ce niveau. Problème est un débat d’idée. Quelle est la place de la culture, de nos ers et coutumes Tchaman dans la modernisation de la vie. C’est ça le probleme. Est-ce que c’est parce qu’on est dans une période moderne qu’il faut balayer la culture d’un peuple ? moi j’estime que, quel que soit le temps que nous vivons actuellement nos ers et coutumes demeurent. Parce que c’est ce qui fait de nous les Tchaman. Si vous décapitez notre clé de voute qui est le doyen, le peuple Tchaman n’existe plus. Or, si tous les Tchaman sont d’accord pour qu’on décapite notre doyen, moi Boto Akré, en tout fils, je serai contre cela.
M. Akré Akré nous a dit qu’il a été nommé par sa génération et cette nomination a été entérinée par le préfet de région. Qu’est ce que vous en dites ?
B. A. C : quand vous lisez l’arrêté de M. Akré dans l’exposé de motif, on a fait allusion de l’arrêté de la colonisation qui n’a pas encore été changé jusqu’à preuve de contraire. Ensuite, on a fait allusion à une circulaire du ministre Ekra Mathieu. Qui, non plus, n’a pas été changée. Et vous verrez, vous-même, que c’est en complète contradiction avec ce que dit l’arrêté. Tout à l’heure je vous ai dit qu’un chef Atchan ne peut pas être choisi dans un bureau. C’est dans son village qu’il doit être choisi avec une consultation populaire. Que l’administration vienne démoder aux villageois s’ils ont choisi Akré comme leur chef. Elle se rendra compte qu’elle a commis une erreur eu lui délivrant un arrêté nominatif.
peut-on dire ici que M. Akré a abusé de l’administration pour obtenir cet arrêté ?
B.A.C : je suis un peu gêné quand on parle d’argent car l’argent n’aime pas le bruit. Qu’est ce qui c’est passé ? au cours d’une assemblée populaire, lorsque j’ai été intronisé de manière traditionnelle comme chef du village, le peuple a demandé au chef sortant de faire une passation de charge avec moi. A la veille de la passation de charge, ils se sont arrangés pour faire venir chez moi à 21h des policiers pour me demander des comptes. Cela, a l’effet de faire reporter la cérémonie de passation de charge. Nous leur avons expliqué gentiment que nous faisons cette passation selon notre tradition. Donc la passation de charge s’est effectuée entre Djomo Paulin et moi. Si M. Akré veut des comptes, qu’il vienne me les demander. Mais il n’ose même pas. Il passe par l’administration pour me convoquer, je dis la même chose. Il envoie les huissiers chez Djomo Paulin qui dit la même chose. Si moi, en tant que chef du village, je dois faire une passation de chargé avec M. Akré Akré, ce n’est pas à lui de le décider le jour l’assemblée populaire vue dira de remettre les documents à M. Akré Akré Albert, dans les secondes qui suivent, je les lui remettrai. Mais ils ne peuvent pas le faire parce que le peuple ne les suit pas. Raison pour laquelle ils font la diversion. Paulin ne doit pas 20 millions de francs CFA à Akré Albert. Le village a cédé un hectare de son territoire à la SOTRA pour en faire une gare lagunaire parce que c’est un service public. Donc un hectare ne coûte pas 20 millions de FCFA. Nous l’avons fait parce que c’est un service public dont tout le monde en bénéficiera. Dans l’interview qu’il vous a accordée, il a parlé de 1600ha de l’Ile Boulay. Mais il oubli de donner la source. C’est moi qu’il est venu voir une nuit et nous avons discuté pendant une heure de temps. Quand il vient une demander pardon, il ne vous le dis pas. c’est moi donc qui lui ai donné certain nombre de renseignements sur le dossier de l’Ile Boulay qu’il ne maîtrise pas. Par ailleurs M. Akré fait une insinuation comme quoi, si Paulin n’a pas les 20 millions de FCFA, c’est que forcement ils se trouvent avec moi. Il y a trois ans que j’exerce cette fonction ordinaire. Tout ce que j’ai effectué comme dépenses, je l’ai fait de mes propres poches. Parce que j’estime que je dois partager le peu que j’ai avec les autres.
L’on a assisté récemment à des affrontements entre les villageois. Quelles en sont les raisons ?
B. A. C : voilà quelqu’un qui se dit chef du village et puis il décide de collecter la somme de 100f à tout taxi communal appelé communément ‘’wôrô- wôrô’’. J’ai suspendu cette collecte d’argent depuis trois ans . et comme il sait que le peuple de Niangon-Lokoa va s’y opposer, au lieu de s’adresser à l’administration pour qu’elle lui prête les forces de l’ordre, pour veiller à l’exécution de son travail, il se tourne vers les loubards. Il a loué les loubards pour garder son barrage à l’entrée du village. Je trouve ça bizarre pour quelqu’un qui se réclame chef du village et qui ne fait pas recours à l’administration pour sa sécurité. Si, le fait de louer des loubards il se pose un problème, qui en est l’auteur de ce cafouillage. Je pense bien que c’est le chef de l’administration, comme on l’appelle au village. C’est vous dire que cet homme connaît pas comment fonctionne le village. Il ne connaît rien. C’est ce qui est dommage. Il est mon oncle, mais je suis désolé de le dire.
Vous vous réclamez chef du village de Niangon-Lokoa. Que faites-vous pour mettre un terme à tout ce cafouillage ?
B. A. C : on m’a traite partout (commissariat, gendarmerie) de tous les noms d’oiseau mais je n’ai jamais répondu. Parce que je pense que le temps de consulter. Je sais que les gens sont loraqués. Il y a quelqu’un qui pense que c’est un problème d’honneur. Ce dernier fait tout ce qu’il peut pour que l’atmosphère se dégrade de plus en plus dans le village. Mais, soyez tranquille. Vous pouvez aller à Lokoa et personne ne vous attaquera. Il faut l’administration comprenne qu’elle s’est trompée. Que l’administration sache que le peuple Atchan, à l’instar des autres peuples de côte d’Ivoire, a son processus de nomination d’un chef du village. Que l’administration organise une assemblée populaire au cours de laquelle elle posera des questions au peuple qui décidera. Là le problème est clair. Si l’assemblée me demande de partir, j’irai mais ne m’empêchera pas d’aider mes frères comme je le fais tous les ans.
Interview réalisée par Véronique Bozouzoua et Henri Medi
Monsieur Boto Akré que nous vaut l’honneur de votre visite ce matin ?
Boto Akré : suite à l’interview que vous a accordée Monsieur Akré Albert, je suis venu vous voir pour rétablir un certain nombre de faits.
Dans cette même interview, votre collaborateur qui est l’un de vos lieutenants a parlé. Alors qu’est ce qui vous a marqué concernant les propos de Monsieur Akré Albert au point de venir nous voir ?
B.A : d’abord, je voudrais vous dire que je n’ai pas de lieutenant, ni de suiveur. C’est un fils du village qui fait partie de la génération Dougbo au pouvoir qui a donné son point de vue. En ce qui me concerne, c’est parce que Monsieur Akré, dans son interview, fait des insinuations qui pourraient porter atteinte à ma crédibilité. Quand il parle d’argent avec cet amalgame autour de l’argent, c’est pour ça que j’ai décidé de vous rencontrer pour faire une mise au point là-dessus.
Qu’avez-vous à dire concrètement sur ces propos de M. akré qui est votre chef de village ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais dire comment fonctionne le peuple ATECHAN. Une fois que j’aurais expliqué cela, je crois que vous comprendrez vous-même comment on choisit un chef du village. En effet, vers la fin du 19e siècle, autour des années 1840, par là les villages ATECHAN que vous appelez Ebrié, l’exécutif était dirigé par un seul personnage. C`est-à-dire le plus âgé du village que nous appelons NANA. Il était donc le seul à diriger le village. Et le pouvoir de ce Nana est un pouvoir très étendu. Et d’ailleurs il garde toujours ce même pouvoir. Et il «était en même l’exécutif et en même temps celui qui avait la main sur tout. Il était la clé de voute de la gestion du village jusqu’à 1840. Et lorsque la colonisation est arrivée, les différents commandants de cercles qui dirigeaient le cercle d’Abidjan, avaient besoin des premiers responsables des villages pour travailler. Comme ils étaient âgés, ça causait problème aux commandants, de cercle. C’est ainsi qu’il a demandé que le Nana du village désigne son représentant aupres de lui. C’est cette personne désignée qui doit assister aux différentes réunions convoquées par le commandant du cercle pour venir rendre compte au Nanan. C’est à partir de la qu’est né la notion du chef du village. C’est un premier aspect des choses. Deuxième aspect des choses, vous remarquerez que lorsque le chef va en mission, il reviendra rendre compte à Nanan. Le chef ne peut pas décider de faire des choses comme lui il l’entend. Et puis quelque temps après, il y a eu la modernisation. Maintenant, quels sont les pôles de décision dans les villages Atchan ? il y a essentiellement trois pôles de décision dans nos villages. Si vous comprenez cela, vous comprendrez tout. Vous verrez que ce que dit M. Akré, il ne connait pas très bien le fonctionnement des villages Atchan. Alors, il y a le Nanan qui est le doyen du village qui est pratiquement le maître absolu dans nos villages Atchan. Rien ne peut se faire sans son avis. Son pont de vue prime sur tout. Deuxième niveau de pôle de décision, il y a la chefferie. Cette chefferie est confiée pour un temps à une génération. Et le chef du village qui est issu de cette génération est également là pour un temps. Mais il ne prend pas seul toutes les décisions. Quand le chef du village veut poser une action dans le village, il informe le conseil dudit village. On convoque une assemblée populaire qui lui donne ou pas le feu vert avant de mener cette action. Troisième niveau de décision, c’est l’assemblée contrôle le travail de l’exécutif. Elle peut même annuler les décisions du chef du village.
Alors l’assemblée populaire prime sur les décisions du chef du village. Alors, pourquoi avec cette bonne organisation, il ya du désordre à Niangon-Lokoa ?
B.A : bien. En réalité, il n’y a pas de bicéphalisme à Lokoa. Il y a le chef du village que le peuple de ce village reconnaît et celui que les villageois eux-mêmes appellent le chef de l’administration
Qui est celui que le peuple reconnaît et l’autre appelé chef de l’administration ?
B.A : avec humilité je dirai que le peuple de Niangon-Lokoa nous reconnaît comme son chef de leur village. Il y a Akré Akré Albert qui est le chef de l’administration et non le chef de Niangon-Lokoa. La preuve, il ne peut poser aucun acte sans que les villageois ne s’y opposent. Son problème à lui, c’est qu’il n’est pas reconnu par le village. Chaque fois que le doyen de notre génération convoque une assemblée générale et qu’il vient avec un dossier quelconque, il est rembloué par l’assemblée populaire.
Lorsque vous qualifiez M.Akré Akré Albert de chef de l’administration, est-ce parce qu’il détient un arrêté préfectoral ou y-a-t il d’autres raisons ?
B.A : Le processus de désignation d’un chef du village est reconnu dans tous les villages Atchan. Notre fédération dénommée ‘’la fédération Atchan Dougbo’’ avait même rédigé un document comment l’on désigne un chef du village conformément à nos et coutumes. De plus, l’administration elle-même depuis 1936, dans un arrêté, a expliqué exactement le mode de désignation d’un chef du village en général. A cet arrêté s’est ajouté une circulaire signée par M. Ekra Mathieu, alors ministre de l’intérieur. Et comme chez le peuple Akan le chef du village ne se choisit pas dans un bureau, alors, M. Akré Akré Albert n’est pas reconnu comme le chef du village de Niangon-Lokoa.
Comment M. Akré a pu obtenir un arrêté signé par le préfet de région d’Abidjan ?
B.A : seuls les auteurs de cet arrêté vous donneront la réponse à votre interrogation. Mon problème n’est pas à ce niveau. Problème est un débat d’idée. Quelle est la place de la culture, de nos ers et coutumes Tchaman dans la modernisation de la vie. C’est ça le probleme. Est-ce que c’est parce qu’on est dans une période moderne qu’il faut balayer la culture d’un peuple ? moi j’estime que, quel que soit le temps que nous vivons actuellement nos ers et coutumes demeurent. Parce que c’est ce qui fait de nous les Tchaman. Si vous décapitez notre clé de voute qui est le doyen, le peuple Tchaman n’existe plus. Or, si tous les Tchaman sont d’accord pour qu’on décapite notre doyen, moi Boto Akré, en tout fils, je serai contre cela.
M. Akré Akré nous a dit qu’il a été nommé par sa génération et cette nomination a été entérinée par le préfet de région. Qu’est ce que vous en dites ?
B. A. C : quand vous lisez l’arrêté de M. Akré dans l’exposé de motif, on a fait allusion de l’arrêté de la colonisation qui n’a pas encore été changé jusqu’à preuve de contraire. Ensuite, on a fait allusion à une circulaire du ministre Ekra Mathieu. Qui, non plus, n’a pas été changée. Et vous verrez, vous-même, que c’est en complète contradiction avec ce que dit l’arrêté. Tout à l’heure je vous ai dit qu’un chef Atchan ne peut pas être choisi dans un bureau. C’est dans son village qu’il doit être choisi avec une consultation populaire. Que l’administration vienne démoder aux villageois s’ils ont choisi Akré comme leur chef. Elle se rendra compte qu’elle a commis une erreur eu lui délivrant un arrêté nominatif.
peut-on dire ici que M. Akré a abusé de l’administration pour obtenir cet arrêté ?
B.A.C : je suis un peu gêné quand on parle d’argent car l’argent n’aime pas le bruit. Qu’est ce qui c’est passé ? au cours d’une assemblée populaire, lorsque j’ai été intronisé de manière traditionnelle comme chef du village, le peuple a demandé au chef sortant de faire une passation de charge avec moi. A la veille de la passation de charge, ils se sont arrangés pour faire venir chez moi à 21h des policiers pour me demander des comptes. Cela, a l’effet de faire reporter la cérémonie de passation de charge. Nous leur avons expliqué gentiment que nous faisons cette passation selon notre tradition. Donc la passation de charge s’est effectuée entre Djomo Paulin et moi. Si M. Akré veut des comptes, qu’il vienne me les demander. Mais il n’ose même pas. Il passe par l’administration pour me convoquer, je dis la même chose. Il envoie les huissiers chez Djomo Paulin qui dit la même chose. Si moi, en tant que chef du village, je dois faire une passation de chargé avec M. Akré Akré, ce n’est pas à lui de le décider le jour l’assemblée populaire vue dira de remettre les documents à M. Akré Akré Albert, dans les secondes qui suivent, je les lui remettrai. Mais ils ne peuvent pas le faire parce que le peuple ne les suit pas. Raison pour laquelle ils font la diversion. Paulin ne doit pas 20 millions de francs CFA à Akré Albert. Le village a cédé un hectare de son territoire à la SOTRA pour en faire une gare lagunaire parce que c’est un service public. Donc un hectare ne coûte pas 20 millions de FCFA. Nous l’avons fait parce que c’est un service public dont tout le monde en bénéficiera. Dans l’interview qu’il vous a accordée, il a parlé de 1600ha de l’Ile Boulay. Mais il oubli de donner la source. C’est moi qu’il est venu voir une nuit et nous avons discuté pendant une heure de temps. Quand il vient une demander pardon, il ne vous le dis pas. c’est moi donc qui lui ai donné certain nombre de renseignements sur le dossier de l’Ile Boulay qu’il ne maîtrise pas. Par ailleurs M. Akré fait une insinuation comme quoi, si Paulin n’a pas les 20 millions de FCFA, c’est que forcement ils se trouvent avec moi. Il y a trois ans que j’exerce cette fonction ordinaire. Tout ce que j’ai effectué comme dépenses, je l’ai fait de mes propres poches. Parce que j’estime que je dois partager le peu que j’ai avec les autres.
L’on a assisté récemment à des affrontements entre les villageois. Quelles en sont les raisons ?
B. A. C : voilà quelqu’un qui se dit chef du village et puis il décide de collecter la somme de 100f à tout taxi communal appelé communément ‘’wôrô- wôrô’’. J’ai suspendu cette collecte d’argent depuis trois ans . et comme il sait que le peuple de Niangon-Lokoa va s’y opposer, au lieu de s’adresser à l’administration pour qu’elle lui prête les forces de l’ordre, pour veiller à l’exécution de son travail, il se tourne vers les loubards. Il a loué les loubards pour garder son barrage à l’entrée du village. Je trouve ça bizarre pour quelqu’un qui se réclame chef du village et qui ne fait pas recours à l’administration pour sa sécurité. Si, le fait de louer des loubards il se pose un problème, qui en est l’auteur de ce cafouillage. Je pense bien que c’est le chef de l’administration, comme on l’appelle au village. C’est vous dire que cet homme connaît pas comment fonctionne le village. Il ne connaît rien. C’est ce qui est dommage. Il est mon oncle, mais je suis désolé de le dire.
Vous vous réclamez chef du village de Niangon-Lokoa. Que faites-vous pour mettre un terme à tout ce cafouillage ?
B. A. C : on m’a traite partout (commissariat, gendarmerie) de tous les noms d’oiseau mais je n’ai jamais répondu. Parce que je pense que le temps de consulter. Je sais que les gens sont loraqués. Il y a quelqu’un qui pense que c’est un problème d’honneur. Ce dernier fait tout ce qu’il peut pour que l’atmosphère se dégrade de plus en plus dans le village. Mais, soyez tranquille. Vous pouvez aller à Lokoa et personne ne vous attaquera. Il faut l’administration comprenne qu’elle s’est trompée. Que l’administration sache que le peuple Atchan, à l’instar des autres peuples de côte d’Ivoire, a son processus de nomination d’un chef du village. Que l’administration organise une assemblée populaire au cours de laquelle elle posera des questions au peuple qui décidera. Là le problème est clair. Si l’assemblée me demande de partir, j’irai mais ne m’empêchera pas d’aider mes frères comme je le fais tous les ans.
Interview réalisée par Véronique Bozouzoua et Henri Medi