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Région Publié le mercredi 29 juillet 2009 | Le Temps

Okrouyo, Litige foncier / Après les precisions du prefet de Soubre - Les cadres de Lazoa réagissent

Accusés par le préfet de Soubré et la direction générale de la Sipef-ci, les cadres de Lazoa, réunis au sein d’une mutuelle de développement, ont tenu à réagir. Le président, Saki Guy et quatre membres de son bureau ont dit leur part de vérité le lundi dernier, à Cocody Angré. Non sans faire des révélations à propos du bail que détient la Sipef-ci sur la parcelle de 3206 ha. " En 1974, c'est l'arrêté n° 924 agridom du 18 juillet 1974 qui a autorisé la Sodepalm à créer une plantation de palmiers à huile de 9000 ha entre Okrouyo et Badeyroua devenu aujourd'hui Kpada. Cette plantation a été créée hors de son site initial dans la forêt de Lazoa. Ils ont réalisé 2591 ha en détruisant les plantations villageoises sans pour autant nous dédommager ", raconte M. Gogoua Georges, vice-président de la mutuelle, chargé du développement rural. “En 1984, l'extension de cette parcelle est décidée par la direction de la Sodepalm. " C'est alors que Feu Charles Bauza Donwahi, député d'alors et l'ancien préfet Catcha Picard, convoquent une réunion à Abidjan, Soubré et à Lazoa pour nous tenir informés. Lazoa s'est opposé en brandissant une lettre de M. Ouattara Lamissa qui a demandé à être inscrit sur la liste des demandeurs de terrains, pour réaliser 100 ha dans la forêt de Lazoa. Nous nous sommes rendus compte que des individus créent des plantations sous le couvert de la Sodepalm ", confie-t-il. Au vu de ces preuves, l'extension a été arrêtée. 30 ans après, poursuit-il, les plantations sont hors exploitation. En 2006, cela aurait amené, la Sipef-ci a licencié 96% de ses employés. " Des écoles, des centres de santé ont été fermés. Les palmiers ont été vendus aux Togolais pour abattage et nos terres leur ont été louées pour la culture vivrière pendant que nous, autochtones, n'avions rien ", déplore M. Gogoua. Après avoir adressé une demande de rétrocession de leurs terres à la Sipef-ci, l'ex-préfet de Soubré, M. Sehi Gaspard leur présente à une réunion, un contrat de convention faisant foi de bail emphytéotique de 99 ans appartenant à cette société. Ayant émis des doutes, le village a entrepris des recherches auprès de l'administration. Il ressort que : " En 2007, dans le journal officiel, on a vu le décret de cession n°96-989 du 26 décembre 96 signé par le président Bédié. Il n' y existait pas de bail. Au ministère de l'Economie, il n'y a que le décret de 1996 dans les archives. Au comité de privatisation, on n'a trouvé aucune trace du bail de 99 ans ", révèle le vice-président de la mutuelle. Toujours en 2007, bien qu'un comité ad hoc ait été mis sur pied par les populations, le dg de la Sipef-ci, M. Béhi Léopold, a suscité un autre comité, selon, M.Gogoua. C'est ce comité qui aurait rejeté leurs revendications. Le 26 décembre 2007, il soutient que leurs frères de la tribu Bricolo ont attaqué leur village et ce, jusqu'en 2008. Grâce au nouveau préfet Anon Léopold, des discussions ont été ouvertes. Mais, Lazoa n'aura pas d'entrevues directes avec la Sipef-ci du fait des agissements de certains membres du comité de règlement du litige. Le 23 août 2008, le préfet Anon, M Béhi et le colonel Kosséré se rendent à Lazoa pour une énième rencontre. Afin de trouver une solution à tout prix. " Nous avons accepté. En septembre 2008, la mutuelle pour le développement de Lazoa a vu le jour. C'est elle qui, après nous avoir consulté, a demandé 599 ha et 50 millions par an. Le Dg de la Sipef-ci a promis rendre compte à son conseil d'administration. Mais en attendant, on a sollicité des terres pour cultiver. Et il a offert à Lazoa deux blocs A2 et B2 d'une superficie de 200 ha faisant partie de la parcelle de 599 ha que nous réclamions. Ceux qui n'ont pas eu de terre, se sont déportés sur le bloc B1 sur lequel sont installés les plants de la Sipef-ci. Après le départ du préfet Anon, le nouveau, Gombagui Georges est arrivé. Il nous fait savoir au cours d'une réunion qu'on n'aura rien de ces terres. Il a même soutenu que des gendarmes nous materaient si on s'oppose à la mise en terre des plants de cette société. Ces informations ont été confirmées par le Dg de la Sipef-ci à San-pedro le 2 juin 2009 ", explique M. Gogoua. Le préfet, les sous-préfets de la région, le commandant de brigade de la gendarmerie, ajoute-t-il se sont rendus le 19 juin 2009 à Lazoa pour encore souligner la même information. Et donc le 17juillet, Blé Goudé, informé de la crise, arrive à Lazoa pour rencontrer les populations. C'est en ce moment que la société déploie ses agents et engins pour démarrer le planting. Blé Goudé n'a pu empêcher la mise en terre des plants le samedi 19 juillet. La société, rappelle, M. Gogoua, a détruit les cultures de riz et de maïs des villageois. Les jeunes se sont opposés aux agents de la Sipef-ci et aux gendarmes. C'est dans cette tension qu'un tracteur a pris feu, informe M. Gogoua. C'est le lundi 20 juillet que la situation s'est dégradée par des affrontements à la machette. A en croire M. Saki, président de la mutuelle, la Sipef-ci a interrompu les négociations bien engagées unilatéralement. "Nous voulons désormais négocier avec le conseil d'administration de la Sipef-ci et le ministre de l'intérieur. Qui d'ailleurs, arrive à Soubré le 3 août prochain. Nous sommes contents qu'il se soit saisi du dossier. Tout ce qui a été raconté par le préfet Gombagui et le Dg de cette entreprise ne sont que contrevérités. Nous réclamons nos terres (599 ha) et 50 millions par an pour réaliser des projets en faveur de nos parents. La Sipef-ci ne peut rien nous apporter. Cela fait plus de 30 ans que nos parents demandent à être dédommagés. Pourquoi la société nous a offert 200 ha sur la parcelle de 599 ha dont elle dit posséder un bail ?", S'est interrogé M. Saki.
Fabrice Tété

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