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Politique Publié le mercredi 29 juillet 2009 | Notre Voie

Polémique: Le Niger, un cas de conscience

Lentement mais sûrement, le Niger se dirige inexorablement vers l’organisation d’un référendum constitutionnel. Tout porte à croire que le président Mamadou Tandja réussira son pari de contourner l’actuelle Constitution qui l’empêche de demeurer au pouvoir au-delà du terme de son mandat et de briguer un troisième. De toute évidence, l’opposition a échoué dans son désir de l’en empêcher. Ses leaders n’ont pas réussi à mobiliser le peuple comme ils l’avaient fait contre la vie chère. Les appels à la grève générale sont restés lettres mortes et la vie semble se dérouler au Niger comme si de rien n’était.

Les regards sont désormais tournés vers la communauté internationale. Une coalition d’Ong vient de lancer un appel pathétique aux chefs d’Etat africains afin qu’ils convainquent leur homologue de renoncer à son projet. Mais là aussi, le résultat n’est pas garanti.

Et la France dans tout ça ? Elle qui a mis la main sur l’uranium du Niger a-t-elle un rôle à jouer ? Ne craint-elle pas que quelqu’un qu’elle ne contrôle pas vienne remettre en cause des contrats d’exploitation signés dans la douleur avec un Tandja qui, malgré tout, demeure un allié ? Paris ne préfère-t-il pas de loin un homme fort comme Tandja à la tête de ce pays pauvre d’Afrique qui recèle de matière précieuse comme l’uranium ?

Il y a comme un jeu dangereux qui se joue sur la tête du pauvre peuple nigérien. Il y a vraiment quelque chose d’intrigant dans l’attitude de Paris et de son président Nicolas Sarkozy. On regarde le Niger s’enfoncer. On interpelle de temps en temps Tandja pour se donner bonne conscience. Mais on fait des plans pour renverser le régime de Laurent Gbagbo qui a mis le cap sur les élections.

A la vérité, ils perdent vraiment leur temps tous les Nigériens qui comptent sur la France pour faire quelque chose.

Leur seul espoir cependant, une intervention de l’armée. Mais là encore, les jeux sont pratiquement faits. Puisque l’armée s’est déjà déclarée “neutre” et ne souhaite pas se mêler des luttes politiques. A moins qu’un “fou” ne surgisse de nulle part. Un tocard comme l’appelleraient les parieurs. C’est cela la vraie inconnue. Mais qui pourrait vraiment parier sur un tocard ?

En attendant le 4 août, le cas nigérien commence déjà à faire école. Le congrès du parti au pouvoir au Burkina Faso vient d’évoquer l’idée d’une modification de la Constitution pour faire sauter le verrou qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. A Ouagadougou, il est certain qu’on n’aura pas besoin de recourir à un référendum pour faire adopter une nouvelle Constitution. L’Assemblée nationale y pourvoira le plus simplement du monde et les choses continueront de se passer comme si de rien n’était. Et la fameuse communauté internationale si brutale, si insolente quand il s’agit de certains Etats constatera sans vraiment broncher. Mais que peut-elle vraiment quand c’est elle-même qui, par ailleurs, contraint certains chefs d’Etat à violer les règles constitutionnelles ?

Un exemple banal. La présidentielle du 29 novembre en Côte d’Ivoire alignera des candidats qui ne respectent pas les critères définis par la Constitution ivoirienne. Et cela sous la pression de la communauté internationale. C’est bien ce double langage qui encourage des gens comme Tandja Mamadou. Et c’est bien dommage !

Augustin Kouyo augustinkouyo@yahoo.fr
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