On en sait un peu plus sur l'enquête d'opinion qui fait actuellement l'objet d'interprétations diverses de la part des différents états-majors politiques. Interrogé hier par Radio France International (RFI), Emmanuel Rivière, l'auteur du sondage explique pourquoi la popularité de Gbagbo dépasse de loin celle de Bédié et de Ouattara.
Vous avez réalisé fin mai début juin un sondage politique en Côte d'Ivoire qui montre que le président Laurent Gbagbo est populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo ?
61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo avec des différences selon les catégories qui font apparaître une popularité encore plus élevée chez les plus jeunes en particulier. On est au-dessus de cette moyenne chez les Ivoiriens âgés de 18 à 24 ans. Il a également de bon score de popularité notamment chez les employés. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des différences, selon les régions. A Abidjan, il est un peu plus populaire que sur l'ensemble du pays. Autour de ça, dans la région sud ouest- du pays où sa popularité est plus élevée et d'autres régions où elle est moins. Mais, globalement, il y a peu d'endroits où il y a un rejet du président Gbagbo. C'est moins bon dans le Nord où le rejet n'est pas massif
La Côte d'Ivoire connaît depuis dix ans une crise politique et ethnique profonde. Avez-vous le sentiment aujourd'hui que Laurent Gbagbo est trans-ethnique, pourrait-on dire ?
C'est un point intéressant de cette enquête qu'on a constaté et qui nous amené à être bien réparti sur l'ensemble du territoire. La dimension ethnique de la popularité de Laurent Gbagbo vient d'évoquer que la dimension ethnique du vote n'a pas disparu. Mais, elle n'explique pas 100% des comportements et effectivement Laurent Gbagbo, que ce soit sur la dimension ethnique ou dimension régionale qui se superposent en grande partie d'ailleurs, sur certains aspects, a des scores qui continuent à varier forcément. On voit bien qu'autour de sa région d'origine, il y a des scores plus élevés. Mais là, si la prudence statistique ne permet pas de citer des chiffres, mais on le constate dans notre sondage. Mais y compris dans les zones et des ethnies qui, à priori, ne lui sont pas forcément acquises. Il obtient, non seulement, des bonnes opinions, donc président, mais aussi des suffrages.
Comment expliquez-vous sa popularité dans les zones où traditionnellement il n'a pas beaucoup de supporters ?
C'est plus une normalisation d'ailleurs. Un chef d'Etat est considéré aussi en fonction de son action, de sa politique, de ce qu'il fait et pas uniquement en fonction d'une appartenance ethnique soit la sienne d'ailleurs soit celui qui répond. Avant de faire le sondage, on savait qu'il fallait faire très attention à cette dimension ethnique. Et selon les ethnies, on va avoir des votes supérieurs à la moyenne de ce qu'on constate pour Laurent Gbagbo, pour Henri Konan Bédié ou pour Alassane Ouattara. Mais, ce n'est pas un facteur explicatif à 100%
.
On s'aperçoit, en lisant votre sondage, qu'en matière d'intentions de vote au 1er tour Laurent Gbagbo arrive en tête avec 43% des intentions de vote devant Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, alors que l'élections est prévue le 29 novembre. Ces chiffres sont-ils significatifs ou risquent-ils d'évoluer en fonction de la campagne électorale ?
Une intention de vote est un rapport de vote que nous mesurons à un moment donné, toujours effectivement analysé en rapport à la nature du moment. Quand on fait le sondage, on a encore une grande partie des Ivoiriens, une majorité relative qui pense que le vote ne se tiendra pas le 29 novembre. Donc, ce n'est pas la même chose de dire que, j'ai fait mon choix dans une élection avec une date qui reste hypothétique et qui relèvera d'un choix arrêté au terme d'une campagne. Les différents acteurs ne sont pas totalement ou à 100% entrés dans une campagne électorale où les choses peuvent évoluer. Ce que nous disons dans notre sondage, c'est qu'il y a un potentiel de sympathie dans la répartition de vote pour Laurent Gbagbo par rapport à ces principaux concurrents.
La popularité des trois grandes personnalités politiques ivoiriennes rejaillit sur le parti, bien évidemment. Notez-vous des différences en terme d'électorat pour ce qui concerne le RDR d'Alassane Ouattara, le PDCI de Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo.
Le PDCI, on se rend compte qu'il a un électorat légitimiste. Il a une excellente image au sein de l'électorat le plus âgé. Il a une meilleure image d'ailleurs que le parti de Laurent Gbagbo, mais ils sont proches l'un de l'autre alors que le RDR est moins bien placé en raison des clivages plus forts, bien qu'il y ait ses zones de forces et des zones où il est rejeté par la population. Il a davantage de soutien dans les zones frontalières du Nord, le parti d'Alassane Ouattara.
Peut-on dire que les militants du RDR, les gens qui sympathisent avec ce parti politique, sont plus fidèle que ceux des autres formations ?
Sans doute qu'il y a une dimension identitaire qu'on constate très fort au niveau du soutien, notamment les régions frontalières du Nord du pays et ailleurs des niveaux de rejet. Ce qui est patent dans le sondage, c'est toute la trace des conflits. La question qu'il faut se poser, c'est : est-ce qu'il y a des oppositions franches et totales entre le Nord et le Sud du pays ? Ce n'est pas totalement vrai parce que Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal impartis sur l'ensemble du pays, Laurent Gbagbo en a aussi et sur l'image, cependant, du RDR, qui se voit plus que sur l'image des deux autres partis qui arrivent à être plus consensuelle.
Retranscrits par Cyrille Djédjed
Vous avez réalisé fin mai début juin un sondage politique en Côte d'Ivoire qui montre que le président Laurent Gbagbo est populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo ?
61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo avec des différences selon les catégories qui font apparaître une popularité encore plus élevée chez les plus jeunes en particulier. On est au-dessus de cette moyenne chez les Ivoiriens âgés de 18 à 24 ans. Il a également de bon score de popularité notamment chez les employés. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des différences, selon les régions. A Abidjan, il est un peu plus populaire que sur l'ensemble du pays. Autour de ça, dans la région sud ouest- du pays où sa popularité est plus élevée et d'autres régions où elle est moins. Mais, globalement, il y a peu d'endroits où il y a un rejet du président Gbagbo. C'est moins bon dans le Nord où le rejet n'est pas massif
La Côte d'Ivoire connaît depuis dix ans une crise politique et ethnique profonde. Avez-vous le sentiment aujourd'hui que Laurent Gbagbo est trans-ethnique, pourrait-on dire ?
C'est un point intéressant de cette enquête qu'on a constaté et qui nous amené à être bien réparti sur l'ensemble du territoire. La dimension ethnique de la popularité de Laurent Gbagbo vient d'évoquer que la dimension ethnique du vote n'a pas disparu. Mais, elle n'explique pas 100% des comportements et effectivement Laurent Gbagbo, que ce soit sur la dimension ethnique ou dimension régionale qui se superposent en grande partie d'ailleurs, sur certains aspects, a des scores qui continuent à varier forcément. On voit bien qu'autour de sa région d'origine, il y a des scores plus élevés. Mais là, si la prudence statistique ne permet pas de citer des chiffres, mais on le constate dans notre sondage. Mais y compris dans les zones et des ethnies qui, à priori, ne lui sont pas forcément acquises. Il obtient, non seulement, des bonnes opinions, donc président, mais aussi des suffrages.
Comment expliquez-vous sa popularité dans les zones où traditionnellement il n'a pas beaucoup de supporters ?
C'est plus une normalisation d'ailleurs. Un chef d'Etat est considéré aussi en fonction de son action, de sa politique, de ce qu'il fait et pas uniquement en fonction d'une appartenance ethnique soit la sienne d'ailleurs soit celui qui répond. Avant de faire le sondage, on savait qu'il fallait faire très attention à cette dimension ethnique. Et selon les ethnies, on va avoir des votes supérieurs à la moyenne de ce qu'on constate pour Laurent Gbagbo, pour Henri Konan Bédié ou pour Alassane Ouattara. Mais, ce n'est pas un facteur explicatif à 100%
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On s'aperçoit, en lisant votre sondage, qu'en matière d'intentions de vote au 1er tour Laurent Gbagbo arrive en tête avec 43% des intentions de vote devant Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, alors que l'élections est prévue le 29 novembre. Ces chiffres sont-ils significatifs ou risquent-ils d'évoluer en fonction de la campagne électorale ?
Une intention de vote est un rapport de vote que nous mesurons à un moment donné, toujours effectivement analysé en rapport à la nature du moment. Quand on fait le sondage, on a encore une grande partie des Ivoiriens, une majorité relative qui pense que le vote ne se tiendra pas le 29 novembre. Donc, ce n'est pas la même chose de dire que, j'ai fait mon choix dans une élection avec une date qui reste hypothétique et qui relèvera d'un choix arrêté au terme d'une campagne. Les différents acteurs ne sont pas totalement ou à 100% entrés dans une campagne électorale où les choses peuvent évoluer. Ce que nous disons dans notre sondage, c'est qu'il y a un potentiel de sympathie dans la répartition de vote pour Laurent Gbagbo par rapport à ces principaux concurrents.
La popularité des trois grandes personnalités politiques ivoiriennes rejaillit sur le parti, bien évidemment. Notez-vous des différences en terme d'électorat pour ce qui concerne le RDR d'Alassane Ouattara, le PDCI de Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo.
Le PDCI, on se rend compte qu'il a un électorat légitimiste. Il a une excellente image au sein de l'électorat le plus âgé. Il a une meilleure image d'ailleurs que le parti de Laurent Gbagbo, mais ils sont proches l'un de l'autre alors que le RDR est moins bien placé en raison des clivages plus forts, bien qu'il y ait ses zones de forces et des zones où il est rejeté par la population. Il a davantage de soutien dans les zones frontalières du Nord, le parti d'Alassane Ouattara.
Peut-on dire que les militants du RDR, les gens qui sympathisent avec ce parti politique, sont plus fidèle que ceux des autres formations ?
Sans doute qu'il y a une dimension identitaire qu'on constate très fort au niveau du soutien, notamment les régions frontalières du Nord du pays et ailleurs des niveaux de rejet. Ce qui est patent dans le sondage, c'est toute la trace des conflits. La question qu'il faut se poser, c'est : est-ce qu'il y a des oppositions franches et totales entre le Nord et le Sud du pays ? Ce n'est pas totalement vrai parce que Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal impartis sur l'ensemble du pays, Laurent Gbagbo en a aussi et sur l'image, cependant, du RDR, qui se voit plus que sur l'image des deux autres partis qui arrivent à être plus consensuelle.
Retranscrits par Cyrille Djédjed