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Politique Publié le lundi 10 août 2009 | Nord-Sud

Nomination au Conseil constitutionnel - Paul Yao N`dré : Le choix militant de Gbagbo

C'est officiel ! A la tête du Conseil constitutionnel, le chef de l'Etat vient de nommer le député de Hiré Paul Yao N'dré. Le secrétaire général du gouvernement ivoirien, Félix Tyéoulou-Dyela a présenté le décret samedi sur le plateau du journal de 20h. Le nouveau promu remplace le magistrat Germain Yanon Yapo qui occupait ce poste depuis le 8 août 2003. Et dont le mandat de six ans est arrivé à expiration jour pour jour ce samedi. Sur la forme donc, rien à dire. Par contre sur le choix de la personne : silence impossible ! Pour qui connaît les liens politiques de Paul Yao N'dré avec celui qui le nomme, nul doute que l’opposition élèvera la voix dans les heures qui suivent. Militant du Front populaire ivoirien (Fpi) dont il est présenté comme un cacique, M. Yao N'dré y occupe les fonctions de secrétaire national chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Professeur agrégé en droit, le président du conseil général de Divo se trouve être également directeur départemental de la campagne de Gbagbo dans cette localité. Ce natif de Hiré (Gogobro) a été ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation. Le 29 janvier 2003, c'est en cette qualité qu'il avait été mandaté par le chef de l'Etat pour aller proclamer auprès du président du Togo le rejet des Accords de Marcoussis signés quelques jours plus tôt par le camp présidentiel. L'«émissaire» du président ivoirien avait dénoncé à Lomé lesdits accords qu'il a qualifiés de «coup d'Etat constitutionnel». «On fait une prime à la rébellion, ce que n'admet pas d'une part le peuple de Côte d'Ivoire et d'autre part ce que n'acceptent pas les force armées nationales de Côte d'Ivoire», avait indiqué Yao N'dré. Très fidèle à Laurent Gbagbo, il avait été également nommé au poste de Directeur général de l'Ecole nationale d'administration (Ena). Sous lui, une vague de fraude s'était abattue sur le concours d'entrée dans ce prestigieux établissement qui forme les cadres. En réponse aux accusations, l'ancien DG avait profité d'une interview à «Le temps» pour pointer du doigt des «retraités de l'Ena» qui veulent lui «donner des leçons». En plaçant ce «militant» à la tête de l'institution au superpouvoir qu'est le Conseil Constitutionnel à quelques mois du scrutin présidentiel, Gbagbo affirme clairement ne rien céder au plan institutionnel. Surtout quand on sait que c'est ce Conseil-là (établie par la loi Nº 94-438 du 16 août 1994) qui «veille à la régularité des principales élections». Juridiction autonome, institution de l'Etat prévue au Titre VI nouveau de la Constitution, le Conseil statue également sur : «l'éligibilité des candidats aux élections présidentielles et législatives» ; «les contestations relatives à l'élection du président de la République et des députés». Il «proclame les résultats définitifs de l'élection présidentielle». Autrement dit, aucune voie de recours n'est possible après une décision du Conseil.

Djama Stanislas
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