Laurent Gbagbo a nommé à la tête du Conseil Constitutionnel l'ancien ministre Paul Yao-N'Dré. La Constitution l'autorisait pourtant à reconduire Yanon Yapo Germain (nommé le 08 août 2003) pour une nouvelle durée de six ans. A l'évidence, le chef de l'Etat a choisi de resserrer les lignes au sein de cette institution avant la présidentielle du 29 novembre 2009. Car, Paul Yao-N'Dré est un militant actif du Front populaire ivoirien (Fpi) : député, président de conseil général, ancien ministre… Une carte de visite qui donne déjà le tournis à nombre d'observateurs.
La nomination de l'ancien directeur controversé de l'Ecole nationale d'administration (Ena) fait d'ailleurs grincer des dents au sein de l'exécutif. Le président de la République n'y aurait même pas associé son Premier ministre. Il est vrai que le chef de l'Etat n'a pas besoin d'aviser le Premier ministre. La décision relève de sa compétence exclusive. La Primature semble plutôt surprise par cette décision. D'autant que les deux têtes de l'exécutif ont eu plusieurs occasions d'aborder le sujet avant la signature du décret. Gbagbo et Soro ont eu un long tête-tête avant le dernier conseil des ministres du 6 août et ont assisté le lendemain aux cérémonies marquant le 49ème anniversaire de l'Indépendance. La question du Conseil Constitutionnel avait même été abordée par Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, courant mai dernier. L'idée de reconduire l'ancien conseil ou de proroger son mandat pour la période des élections faisait son chemin. L'objectif étant d'éviter justement une crise de légitimité dans le cas d'un renouvellement total qui aurait été mal perçu par l'opposition et la communauté internationale.
De fait, le passage en force du président de la République pourrait se révéler un vrai couteau à double tranchant. Certes, il permet à Gbagbo de maintenir sous sa coupe un instrument juridique qui peut se révéler fort utile en cas de contestations électorales. Mais, à coup sûr, le parachutage de Paul Yao-N'Dré apparaît comme un manque d'assurance du candidat du Fpi dans la dernière ligne droite vers la présidentielle. Et, Laurent Gbagbo ne fait qu'apporter de l'eau au moulin de ceux qui ont jugé peu crédible le récent sondage de Sofres le donnant favori, face aux deux poids lourds de l'opposition, Alassane Dramane Ouattara (Rdr) et Henri Konan Bédié (Pdci). Au-delà, c'est l'ensemble du processus électoral qui risque de s'en trouver entaché par les non-dits de sa décision. Même élu, Laurent Gbagbo peinera alors à trouver la légitimité après laquelle il court depuis 2000.
Le Conseil Constitutionnel est chargé, entre autres attributions, de statuer sur l'éligibilité des candidats aux élections présidentielles et législatives; les contestations relatives à l'élection du président de la République et des députés. Il proclame les résultats définitifs des élections présidentielles.
Kesy B. Jacob
La nomination de l'ancien directeur controversé de l'Ecole nationale d'administration (Ena) fait d'ailleurs grincer des dents au sein de l'exécutif. Le président de la République n'y aurait même pas associé son Premier ministre. Il est vrai que le chef de l'Etat n'a pas besoin d'aviser le Premier ministre. La décision relève de sa compétence exclusive. La Primature semble plutôt surprise par cette décision. D'autant que les deux têtes de l'exécutif ont eu plusieurs occasions d'aborder le sujet avant la signature du décret. Gbagbo et Soro ont eu un long tête-tête avant le dernier conseil des ministres du 6 août et ont assisté le lendemain aux cérémonies marquant le 49ème anniversaire de l'Indépendance. La question du Conseil Constitutionnel avait même été abordée par Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, courant mai dernier. L'idée de reconduire l'ancien conseil ou de proroger son mandat pour la période des élections faisait son chemin. L'objectif étant d'éviter justement une crise de légitimité dans le cas d'un renouvellement total qui aurait été mal perçu par l'opposition et la communauté internationale.
De fait, le passage en force du président de la République pourrait se révéler un vrai couteau à double tranchant. Certes, il permet à Gbagbo de maintenir sous sa coupe un instrument juridique qui peut se révéler fort utile en cas de contestations électorales. Mais, à coup sûr, le parachutage de Paul Yao-N'Dré apparaît comme un manque d'assurance du candidat du Fpi dans la dernière ligne droite vers la présidentielle. Et, Laurent Gbagbo ne fait qu'apporter de l'eau au moulin de ceux qui ont jugé peu crédible le récent sondage de Sofres le donnant favori, face aux deux poids lourds de l'opposition, Alassane Dramane Ouattara (Rdr) et Henri Konan Bédié (Pdci). Au-delà, c'est l'ensemble du processus électoral qui risque de s'en trouver entaché par les non-dits de sa décision. Même élu, Laurent Gbagbo peinera alors à trouver la légitimité après laquelle il court depuis 2000.
Le Conseil Constitutionnel est chargé, entre autres attributions, de statuer sur l'éligibilité des candidats aux élections présidentielles et législatives; les contestations relatives à l'élection du président de la République et des députés. Il proclame les résultats définitifs des élections présidentielles.
Kesy B. Jacob