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Économie Publié le lundi 17 août 2009 | Nord-Sud

Budget prévisionnel, achat de céréales, de sucre, … : Comment les ménages musulmans préparent le Ramadan

Le ramadan est un mois d’abstinence. Mais en réalité, cette période est rythmée par de grandes dépenses effectuées par les ménages.

Le mois de Ramadan est un mois de grande consommation. Avec les changements d’habitudes et de comportement que cela inclut, on partage avec les autres, ce qui engendre d’énormes dépenses en cette période de l’année. C’est peut-être du déjà vécu pour de nombreux fidèles musulmans, mais chaque année semble avoir à leurs yeux, sa réalité dans le cadre des préparatifs pour affronter ces 30 jours de repentance et de prière. A quelques jours du début de jeûne musulman (21 ou 22 août), de nombreux fidèles s’activent pour budgétiser les différentes dépenses à effectuer. Outre la consommation de la protéine animale, les charges sont surtout liées à l’achat de céréales (mil, haricot…), de sucre, de lait, de dattes, …Des denrées très prisées pendant le Ramadan. Pour éviter les surprises désagréables Bakayoko Béma, transporteur, a anticipé depuis un mois.

L’épargne

«C’est un mois de pardon et de clémence. C’est vraiment important pour nous. Dans la mesure où le Ramadan vient éponger nos souillures. Mais il est considéré comme un moment de forte pression financière. Pour éviter toute sorte de déséquilibre financier, j’ai opté pour l’anticipation en épargnant au moins 10.000 Fcfa par semaine. Ce qui équivaudra à 40.000 Fcfa au total», explique-t-il. Avec cette somme, M. Bakayoko entend constituer sa provision en se procurant des céréales à hauteur de 12.000 Fcfa, du lait à 7.000 Fcfa et du sucre à 4.000 Fcfa. Mais, il prévient que cette épargne ne couvrira que les première et deuxième décades du mois de jeûne. Pour la dernière étape du jeûne (3ème décade), le transporteur prévoit la moitié (20.000 Fcfa) de son premier budget initial. C’est au total 60.000 Fcfa qu’il mettra à la disposition de sa petite famille de quatre personnes. L’un des aspects qui grossissent la facture du Ramadan, reste selon lui, les dons aux proches, à la communauté et même à des inconnus. «La charité est très importante au cours de ce mois pour avoir la clémence de Dieu. Nous devons penser aux démunis et aux pauvres qui n’ont pas les moyens pour passer un mois de jeûne en toute sérénité. C’est ce que notre religion nous enseigne», précise-t-il, ce mercredi 12 août. El Hadj B. Mamadou, responsable de société va plus loin. Selon lui, l’on ne doit pas attendre forcément l’approche du jeûne pour le préparer, mais plutôt avoir la culture de l’épargne qui doit être constituée sur une longue durée. «Peut-être que j’ai la chance d’être homme d’affaires, mais j’ai toujours épargné quelque chose. D’ailleurs on dit que l’épargne est la première dépense du ménage et non le loyer. Une chose est claire, une fois dans le mois de Ramadan, les dépenses atteignent un niveau important», argumente le chef d’entreprise, chef d’une famille de 10 personnes. Ses charges de consommation avoisinent 200.000 Fcfa par mois. Mais il entend revoir ce montant à la hausse pour passer au moins à 250.000 Fcfa. Justement pour faire face aux exigences du Ramadan. Hormis les dons qui peuvent atteindre une valeur de 100.000 Fcfa, soit au minimum 350.000 Fcfa pris globalement. «Avec 150.000 Fcfa par le passé, je pouvais passer tranquillement ce mois sans problème. Mais aujourd’hui, force est de reconnaître que le coût de la vie s’est extrêmement renchéri. A telle enseigne qu’on est contraint de débourser plus d’argent pour satisfaire les besoins de la famille. Tout est devenu cher sur le marché, c’est vraiment dommage», déplore B. Mamadou qui réside à Cocody-Angré. Il entend constituer ses différentes provisions à quelques jours seulement du début du jeûne. Traoré Siaka, directeur d’école primaire, père de quatre enfants n’a pas voulu prendre de risque. Ses provisions sont déjà en conservation. «Comme les années antérieures, j’ai fait ma provision en denrées alimentaires. Notamment, le mil, le lait et le sucre. Parce que par expérience, les prix de ces produits flambent à cette période. Il fallait éviter ce piège», souligne-t-il. Selon le chef de famille qui réside à Williamsville, il a revu son budget à la hausse. « L’année écoulée, mon budget s’élevait à 60.000 Fcfa. Sans compter les sollicitations. En tout état de cause, le mois de jeûne, c’est une occasion de partage. Les sorties d’argent ne se comptent pas. Généralement j’excède le budget prévu pour cette occasion. Cette année, j’ai décidé d’augmenter le budget prévisionnel à 80.000 Fcfa», affirme M Traoré. D’autres ménages musulmans estiment qu’il serait difficile de faire de la prévision. Ils procèdent par tâtonnement jusqu’à la fin du jeûne. A l’image de Mme Koné D., secrétaire aux greffes du tribunal de Yopougon, qui explique qu’il serait délicat de faire une bonne comptabilité dans ce mois. «Le sens de la prévision n’est pas ancré dans nos mentalités. La conséquence, c’est toujours au dernier moment qu’on s’exécute pour les dépenses. Il est également difficile d’anticiper compte tenu des multiples charges. Il faut aller progressivement», soupire-t-elle.

«Un mois d’économie !»

Certains fidèles répliquent plutôt pour dire que cette période ne doit pas être considérée comme l’occasion des dépenses «folles.» C’est l’avis de Traoré Yacouba, vice-imam à la mosquée Al-Hussein (boulevard Latrille). «En tant qu’imam, nous rappelons que ce mois est capital dans la vie d’un musulman. Dans la mesure où c’est dans ce mois qu’Allah a fait descendre le Saint Coran. Or le Coran est comme une constitution pour le fidèle musulman. Sa vie tourne autour du livre saint. Par conséquent, le musulman ne doit pas avoir à l’esprit que le Ramadan est forcément un moment de dépenses supplémentaires. Parce qu’une chose est de faire des prévisions et une autre chose est de ne pas faire du gaspillage. Or le gaspillage est interdit dans notre religion», conseille le guide religieux. Il estime que cela doit être plutôt un mois d’économie. «Parce que nous divisons en deux ce que nous consommons pendant 11 mois. Nous vivons le Ramadan au jour le jour. Nous ne faisons pas de prévision. Le fonds de la mosquée nous (deux imams) vient en aide à hauteur de 100.000 Fcfa pour préparer le jeûne. Pendant ce mois, les fidèles réagissent positivement avec les dons. Nous partageons beaucoup car il faut avoir une pensée pour les démunis et les soutenir jusqu’au bout», explique Traoré Yacouba. Avant d’interpeller les opérateurs économiques. «C’est le moment de demander à nos frères commerçants qu’ils évitent aussi d’augmenter les prix des denrées pendant ce mois. Ce n’est pas islamique. Nous remarquons que c’est à l’approche du Ramadan que les commerçants dont la plupart sont des musulmans, ont tendance à revoir leurs prix à la hausse. C’est Dieu qui pourvoit», avertit-il. Les fidèles doivent tout de même effectuer des dépenses raisonnables, suggère-t-il, dans la mesure où la fin du jeûne coïncide avec la rentrée scolaire. Synonyme de stress au plan financier pour les parents d’élèves.

Cissé Cheick Ely
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