Laurent Gbagbo va passer quelques jours de vacances au Nord. Et il ne va pas les mains vides. C'est près d'un demi-milliard de Fcfa qu'il emporte avec lui afin de les distribuer aux paysans.
Tout le monde connaît le célèbre adage qui dit : «Si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet ira à la montagne». Laurent Gbagbo a décidé de le faire sien. Ainsi, et pour paraphraser l'adage, l'on pourrait dire : si le Nord ne vient pas à Gbagbo, Gbagbo ira au Nord. Après avoir mis le gouvernement en congés pour trois semaines, le chef d'Etat ivoirien s'est envolé le 11 août pour Casablanca, au Maroc, «où il effectuera une visite privée d'une dizaine de jours » indique un communiqué officiel de la présidence. L'on avait cru que ce mystérieux voyage au royaume chérifien annulerait, de facto, les vacances présidentielles prévues pour se tenir dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Que non, confirme un membre du proche entourage du chef de l'Etat. Laurent Gbagbo ira bel et bien à Korhogo. Son agenda prévoit d'ailleurs, avant son séjour dans le septentrion ivoirien, une visite dans le département d'Issia, les 21 et 22 août. Et preuve que cette visite sera bel et bien tenue, les ministres Désiré Tagro et Bohoun Bouabré multiplient par voie de presse, les convocations des cadres et des opérateurs économiques de la région, à des séances de travail. En fait, il faut le savoir, Laurent Gbagbo considère son séjour en terres korhogolaises comme un impératif politique prioritaire. En effet, selon nos sources, dans le cadre des préparatifs de ce séjour, il a tenu plusieurs séances de travail pour connaître l'état psychologique actuel du terrain avant de s'y rendre. Et d'avoir une idée des doléances auxquelles il aurait éventuellement à faire face et les réponses concrètes qu'il pourrait apporter. C'est ainsi, qu'entre autres suggestions, ses interlocuteurs lui ont dit que les paysans du Nord, les cotonculteurs notamment, se meurent de pauvreté et d'affliction. Les manufacturiers et les usiniers restent leur devoir plusieurs dizaines de milliards de Fcfa au titre des récoltes livrées mais jamais payées. Ces arriérés, selon le service économie de «Nord-Sud Quotidien», avoisinent les 18 milliards de Fcfa, dont 10 pour la société LCCI et 8 pour la CIDT. Cet argent est censé être payé par décades, et à chaque décade, la somme d'environ un milliard de Fcfa doit être versée aux paysans. Ses conseillers ont donc suggéré au chef de l'Etat de payer aux paysans la totalité d'une décade, soit un milliard de Fcfa, quand il serait sur place. L'effet économique serait immédiat sur le niveau de vie des personnes concernées. Mais l'effet le plus escompté est l'effet psychologique : le sentiment de reconnaissance envers celui qui vient à votre aide. Après avoir écouté les uns et les autres, Laurent Gbagbo a pris sur lui d'apurer une partie de cette somme sur le trésor public. Ainsi, dans l'impossibilité d'avoir le milliard en totalité avant la date de son séjour, il a décidé, selon nos sources, d'emporter 500 millions de Fcfa dans ses bagages à distribuer aux paysans. Les modalités de distribution de cette manne aux intéressés ne nous sont pas connues. Mais on devine d'avance le discours politique qui sera fait autour de cette aide. Soyez reconnaissants le 29 novembre dans les urnes envers celui qui est venu abréger vos souffrances, dira-t-on assurément aux bénéficiaires. Le schéma, en tant que tel, n'est pas une nouveauté puisqu'il a déjà été implémenté le 4 août à Korhogo par le Dr Issa Malick Coulibaly, le directeur de cabinet-adjoint de la présidence de la République. C'était à l'occasion d'une cérémonie de cérémonie de dons à la confrérie des chasseurs traditionnels, les dozos. Il avait remis une enveloppe de 5 millions de nos francs aux membres de cette confrérie, au nom de Laurent Gbagbo, «pour ce qu'ils ont fait pour lui-même au moment où il était dans l'opposition, et (en guise) de remerciement pour la sécurisation qu'ils apportent aux personnes et aux biens en complément des Forces nouvelles ». Le directeur de cabinet-adjoint avait déclaré ce jour-là au quartier Soba, à la place des Gbon : «le président est venu à Korhogo trois fois, fin novembre 2007, pour sa visite d'Etat; fin janvier 2009 pour l'enterrement de mon grand-frère Coulibaly Kassoum. Et le 10 juillet 2009 pour la mise de la ville de Korhogo dans le réseau hydraulique. Et à chacune de ces visites, dans le dispositif de sécurité, les dozos sont toujours présents. » Le message est clair et n'a pas besoin d'être traduit. Prenez et soyez reconnaissants. La conquête du Nord est d'une priorité telle que les barons du Fpi eux-mêmes se retroussent les manches. Désiré Tagro, ministre de l'Intérieur et étoile montante de la galaxie Gbagbo, va au Nord chaque semaine. Ainsi, le samedi 8 août, il était à Sinématiali pour y rencontrer les militants du Fpi et y faire des dons. Selon notre confrère «Notre Voie», «pour mener à bien les activités de la DDC, il (Tuo Kafalo, Ndlr) a sollicité des moyens de locomotion, du matériel informatique, du matériel de bureau et un local pour servir de QG durant la campagne. Préoccupations auxquelles le ministre a répondu en faisant don de 2 millions de Fcfa aux militants du Fpi». En attendant, les autres aides à venir.
Ce week-end de l'Assomption, il était à Kouto, dans le département de Boundiali, pour y faire également des dons en nature et en espèces au nom de Laurent Gbagbo.
La reconquête du Nord, territoire où il a tenu son premier meeting d'opposant à Houphouët-Boigny au moment où il était proscrit au Sud, est pour Gbagbo la mère de toutes les batailles, comme disent les militaires arabes. C'est-à-dire, la bataille qui, si elle est remportée, permet de remporter toutes les autres. Et pour gagner la mère des batailles, Gbagbo a choisi de ne pas aller au front démuni. Les 500 millions de Fcfa peuvent s'avérer être des munitions terriblement efficaces pour lui, si l'opposition ne commence pas dès maintenant à allumer des contre-feux.
Touré Moussa
Tout le monde connaît le célèbre adage qui dit : «Si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet ira à la montagne». Laurent Gbagbo a décidé de le faire sien. Ainsi, et pour paraphraser l'adage, l'on pourrait dire : si le Nord ne vient pas à Gbagbo, Gbagbo ira au Nord. Après avoir mis le gouvernement en congés pour trois semaines, le chef d'Etat ivoirien s'est envolé le 11 août pour Casablanca, au Maroc, «où il effectuera une visite privée d'une dizaine de jours » indique un communiqué officiel de la présidence. L'on avait cru que ce mystérieux voyage au royaume chérifien annulerait, de facto, les vacances présidentielles prévues pour se tenir dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Que non, confirme un membre du proche entourage du chef de l'Etat. Laurent Gbagbo ira bel et bien à Korhogo. Son agenda prévoit d'ailleurs, avant son séjour dans le septentrion ivoirien, une visite dans le département d'Issia, les 21 et 22 août. Et preuve que cette visite sera bel et bien tenue, les ministres Désiré Tagro et Bohoun Bouabré multiplient par voie de presse, les convocations des cadres et des opérateurs économiques de la région, à des séances de travail. En fait, il faut le savoir, Laurent Gbagbo considère son séjour en terres korhogolaises comme un impératif politique prioritaire. En effet, selon nos sources, dans le cadre des préparatifs de ce séjour, il a tenu plusieurs séances de travail pour connaître l'état psychologique actuel du terrain avant de s'y rendre. Et d'avoir une idée des doléances auxquelles il aurait éventuellement à faire face et les réponses concrètes qu'il pourrait apporter. C'est ainsi, qu'entre autres suggestions, ses interlocuteurs lui ont dit que les paysans du Nord, les cotonculteurs notamment, se meurent de pauvreté et d'affliction. Les manufacturiers et les usiniers restent leur devoir plusieurs dizaines de milliards de Fcfa au titre des récoltes livrées mais jamais payées. Ces arriérés, selon le service économie de «Nord-Sud Quotidien», avoisinent les 18 milliards de Fcfa, dont 10 pour la société LCCI et 8 pour la CIDT. Cet argent est censé être payé par décades, et à chaque décade, la somme d'environ un milliard de Fcfa doit être versée aux paysans. Ses conseillers ont donc suggéré au chef de l'Etat de payer aux paysans la totalité d'une décade, soit un milliard de Fcfa, quand il serait sur place. L'effet économique serait immédiat sur le niveau de vie des personnes concernées. Mais l'effet le plus escompté est l'effet psychologique : le sentiment de reconnaissance envers celui qui vient à votre aide. Après avoir écouté les uns et les autres, Laurent Gbagbo a pris sur lui d'apurer une partie de cette somme sur le trésor public. Ainsi, dans l'impossibilité d'avoir le milliard en totalité avant la date de son séjour, il a décidé, selon nos sources, d'emporter 500 millions de Fcfa dans ses bagages à distribuer aux paysans. Les modalités de distribution de cette manne aux intéressés ne nous sont pas connues. Mais on devine d'avance le discours politique qui sera fait autour de cette aide. Soyez reconnaissants le 29 novembre dans les urnes envers celui qui est venu abréger vos souffrances, dira-t-on assurément aux bénéficiaires. Le schéma, en tant que tel, n'est pas une nouveauté puisqu'il a déjà été implémenté le 4 août à Korhogo par le Dr Issa Malick Coulibaly, le directeur de cabinet-adjoint de la présidence de la République. C'était à l'occasion d'une cérémonie de cérémonie de dons à la confrérie des chasseurs traditionnels, les dozos. Il avait remis une enveloppe de 5 millions de nos francs aux membres de cette confrérie, au nom de Laurent Gbagbo, «pour ce qu'ils ont fait pour lui-même au moment où il était dans l'opposition, et (en guise) de remerciement pour la sécurisation qu'ils apportent aux personnes et aux biens en complément des Forces nouvelles ». Le directeur de cabinet-adjoint avait déclaré ce jour-là au quartier Soba, à la place des Gbon : «le président est venu à Korhogo trois fois, fin novembre 2007, pour sa visite d'Etat; fin janvier 2009 pour l'enterrement de mon grand-frère Coulibaly Kassoum. Et le 10 juillet 2009 pour la mise de la ville de Korhogo dans le réseau hydraulique. Et à chacune de ces visites, dans le dispositif de sécurité, les dozos sont toujours présents. » Le message est clair et n'a pas besoin d'être traduit. Prenez et soyez reconnaissants. La conquête du Nord est d'une priorité telle que les barons du Fpi eux-mêmes se retroussent les manches. Désiré Tagro, ministre de l'Intérieur et étoile montante de la galaxie Gbagbo, va au Nord chaque semaine. Ainsi, le samedi 8 août, il était à Sinématiali pour y rencontrer les militants du Fpi et y faire des dons. Selon notre confrère «Notre Voie», «pour mener à bien les activités de la DDC, il (Tuo Kafalo, Ndlr) a sollicité des moyens de locomotion, du matériel informatique, du matériel de bureau et un local pour servir de QG durant la campagne. Préoccupations auxquelles le ministre a répondu en faisant don de 2 millions de Fcfa aux militants du Fpi». En attendant, les autres aides à venir.
Ce week-end de l'Assomption, il était à Kouto, dans le département de Boundiali, pour y faire également des dons en nature et en espèces au nom de Laurent Gbagbo.
La reconquête du Nord, territoire où il a tenu son premier meeting d'opposant à Houphouët-Boigny au moment où il était proscrit au Sud, est pour Gbagbo la mère de toutes les batailles, comme disent les militaires arabes. C'est-à-dire, la bataille qui, si elle est remportée, permet de remporter toutes les autres. Et pour gagner la mère des batailles, Gbagbo a choisi de ne pas aller au front démuni. Les 500 millions de Fcfa peuvent s'avérer être des munitions terriblement efficaces pour lui, si l'opposition ne commence pas dès maintenant à allumer des contre-feux.
Touré Moussa