La junte au pouvoir en Guinée depuis décembre a "accepté" hier la tenue d'une élection présidentielle le 31 janvier 2010 et de législatives le 26 mars, au cours d'une cérémonie officielle à Conakry. Le samedi 8 août, lors d'une conférence de presse internationale, le président Moussa Dadis Camara n'a pas caché son scepticisme devant le calendrier initial proposé par les forces vives de son pays. Nous vous en proposons des extraits.
•Vous avez affirmé dans « Jeune Afrique » que vous étiez incompris. Que voulez-vous dire par cette affirmation ?
Que je dise dans « Jeune Afrique » que je suis incompris est tout à fait normal. Quand je dis que je suis incompris, ce n'est pas par les Guinéens de l'étranger ni les occidentaux, mais par des personnes de mauvaise foi qui vivent avec nous et qui n'ont pu rien faire. Des personnes qui, à un moment donné, pour des objectifs et des intérêts égoïstes, sont les premières à balancer n'importe quoi sur l'Internet. Je n'ai jamais lu l'Internet et je ne le lierai jamais jusqu'à ce que je quitte mon pouvoir, parce que je suppose qu'il ne reflète pas l'objectivité. Même le fou peut aller à l'internet. Donc, ce n'est pas l'internet qui m'intéresse. Je suis incompris par certains Guinéens dont je me réserve de dire les noms, et qui véhiculent des messages selon lesquels j'ai des relations par-ci et par-là. Ils finissent par faire croire aux Occidentaux et aux Guinéens de l'étranger ceci ou cela. J'en souffre. Aux Guinéens de l'étranger, je voudrais dire ceci : Je ne dis pas qu'ils ne trouveront pas quelqu'un à part moi qui va se soucier pour eux, mais cela serait difficile. Je suis le seul aujourd'hui à parler des Guinéens de l'étranger. Je dis aux Guinéens que ce ne sont pas leurs personnes qui m'intéressent, mais leurs enfants qui sont en Occident et sur les autres continents et qui ont besoin de revenir au bercail. Un pays qui a été mal géré et qui végète. C'est cela mon souci. Les détracteurs et certains journalistes partisans ont fini par dénaturer nos objectifs nobles par rapport à la défense de l'intégrité territoriale et les autres objectifs clairs et sincères.
•Combien de temps pensez-vous qu'on doit vous donner pour mettre fin à une transition apaisée et efficace ?
Ce n'est pas moi qui vais donner une date. Je vais vous demander d'être à l'écoute et de prendre le temps, même lorsque vous êtes en occident, de voir la télévision guinéenne et d'être à l'écoute de toutes les réalités du pays. Après la prise du pouvoir, le Cndd (Ndlr : Conseil national pour la démocratie et le développement) a annoncé qu'il organisait les élections en 2010. Lors de notre première rencontre avec la population, les forces vives ont jugé que 2010 était trop long et qu'il fallait organiser les élections en 2009. Nous avons accepté. Un programme a été élaboré. A cette feuille de route, moi j'ai simplement défini des phases. Je n'ai pas précisé une date pour les élections. Ce sont les forces vives qui ont proposé que les élections aient lieux en 2009. Je veux parler des leaders politiques et des syndicats. Il ne faut pas masquer les choses. Le bas peuple est manipulé. Ce sont les leaders eux-mêmes qui se sont assis et ont jugé que les élections pouvaient avoir lieu à telle date. Quand nous nous sommes retrouvés après cette rencontre, ils m'ont dit que ce chronogramme était flexible. Ils ont jugé nécessaire qu'il y ait ce qu'on appelle un comité ad' hoc. Je réitère encore une fois de plus que je ne serai pas candidat en 2009. C'est un langage patriotique. Je suis dans mon chronogramme pour 2009. Le comité ad' hoc doit faire son travail. A l'issue de ce travail, si effectivement le peuple peut aller aux élections. Je ferai un message au nom du peuple de Guinée et du Cndd pour dire aux Guinéens de l'intérieur et ceux de l'étranger que nous nous allons aux élections. Mais jusque-là, je n'ai pas encore reçu les travaux du comité ad' hoc. Donc, je ne peux pas vous dire la date des élections parce que ce n'est pas moi qui la fixe. Je suis subordonné à l'esprit du peuple. Dans le comité de 22 membres, je n'ai choisi que deux personnes. Deux hommes en uniforme. J'aurai pu peut-être en choisir 7 ou plus. Je ne l'ai pas fait pour éviter que le peuple dise que le président n'a fait que prendre les éléments du Cndd pour former le comité ad' hoc.
•Ne pensez-vous pas qu'il est mieux de dire précisément au peuple guinéen et à la communauté internationale que vous-vous donnez une fourchette de deux ans pour préparer les élections ?
Un peuple doit connaître sa propre histoire. Lorsqu'à un moment donné, un peuple refuse de connaître cette histoire, il ne faut pas le laisser courir. Si le peuple de Guinée le veut, même demain, on va aux élections. La Guinée ne m'appartient pas seul. La capitale guinéenne est la seule au monde qui, après 50 ans d'indépendance n'a ni eau, ni électricité. Ce peuple a vécu pendant 50 ans dans les ténèbres. Dans des conditions très atroces. Toutes nos mines ont été bradées. Le pays était gangréné par la corruption, l'impunité. La Guinée était le grand carrefour de la drogue. Les Guinéens le savent parfaitement. Les paysans le savent. C'est d'ailleurs eux qui me soutiennent. C'est le bas peuple qui me soutient. Ces soi-disant intellectuels qui manipulent le peuple ne m'ont jamais intéressé. Je ne cherche même pas à plaire à ces gens. Que tu sois Guinéen de l'intérieur ou de l'étranger, si tu ne cherches pas à connaître les réalités de ton pays, je ne te réponds pas. Ma mission, c'est de respecter mon engagement et le peuple est là pour en juger. Tous ceux qui font l'intoxication sur l'internet n'ont qu'à se rendre à l'intérieur du pays. C'est l'intérieur qui reconnaît ma valeur, et peut-être, certains intellectuels. Mais, la plupart de ceux qui manipulent sont ceux qui sont pressés pour être aux affaires. J'estime bien que la population ne s'est pas laissé faire. On ne peut plus tromper le peuple. La plupart de ces gens ont les mains sales. Ils ont mal géré l'Etat et ont pillé les ressources. Aujourd'hui, ils sont pressés d'aller aux élections. Et même à moment donné, ils ont tenté d'avoir les militaires avec eux. Le comité ad' hoc jugera de la durée de la transition. S'il veut qu'elle dure un an, nous irons aux élections et je leur laisserai la Nation. Ils chercheront quelqu'un, des patriotes qui vont lutter contre la drogue. Tous ces Guinéens qui parlent maintenant ne pouvaient plus rentrer en Guinée parce que ce pays était complètement dérangé par la prostitution, la corruption, l'impunité, l'ethnocentrisme, le tribalisme, le népotisme, le favoritisme. Vous avez passé 50 ans au pouvoir. Laissons les 50 ans et disons 25 ans. Nous n'avons même pas encore huit mois au pouvoir et la plupart des gens sont agités. Ils s'agitent parce que nous avons pris le pouvoir sans effusion de sang. Je crois que s'il y avait eu effusion de sang, comme cela s'est passé dans d'autres pays, la Guinée aurait vu la nécessité de préserver la paix. Il n'y a pas eu d'effusion de sang grâce à l'aide de Dieu et grâce à la stratégie que nous avons mis en place depuis le temps du général Conté. A trois reprises, le pouvoir était dans nos mains. Mais, nous avons refusé que le pays s'enflamme. En ce qui concerne la durée de la transition, il appartient au peuple de décider.
•Que signifie pour vous le soutien du président sénégalais Abdoulaye Wade et des sanctions de la communauté internationale ?
Le président Wade est un vrai intellectuel. L'intellectuel c'est celui qui ne renie pas ses racines, qui est honnête et qui est d'une probité morale. Il ne suffit pas d'obtenir des diplômes dans de grandes écoles. L'Occident n'a jamais formé les Africains en leur demandant d'aller détruire leurs pays. Les Etats-Unis ne l'on jamais fait, la France non plus. Mais, le problème vient du fait que lorsqu'on a cette connaissance, qu'on se comporte en occidental et qu'on tente de coller les réalités de l'Occident à celles de l'Afrique. C'est tout à fait différent. J'aime le président Wade parce qu'il est sincère et honnête. Il est un de ceux qui parlent aujourd'hui des vrais problèmes de l'Afrique devant la communauté internationale afin que celle-ci essaie de tenir compte des valeurs de l'Afrique et de l'aider. Voilà pourquoi j'ai de l'admiration pour lui. Il a été le premier à reconnaître le Cndd quand il était en France. Cependant, il y a des personnes, bien que la Guinée fasse beaucoup de choses avec leur pays, se sont refusé à reconnaître le Cndd. C'est pourquoi, à un moment donné, j'ai demandé à tous les pays africains, celui qui, à part le Sénégal, n'a pas connu un pouvoir militaire ? Quel est le seul pays en Afrique où les militaires ont pris le pouvoir sans effusion de sang ? Des gens font des sabotages pour ternir l'image du Cndd. C'est tout cela qui m'énerve. Certains pays qui ont aujourd'hui la démocratie doivent mettre de l'eau dans leur vin.
•Que dites-vous des déclarations de la communauté internationale qui menace de prendre des sanctions contre votre pays ?
Connaissant les relations internationales, j'ai cette philosophie : J'ai soutenu sur le Fonds monétaire international. J'ai été le seul en Guinée dont le thème de soutenance portait sur « L'intervention du FMI dans les pays en voie de développement, cas de l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie ». Je connais le système de Brettons Wood. Lorsqu'on parle de conditionalités, ce sont des données classiques. Je ne condamne pas la communauté internationale. Elle ne s'est jamais immiscée dans les affaires intérieures des Etats. Ce sont les habitants eux-mêmes qui créent les problèmes. En ce qui nous concerne, ce sont les Guinéens eux-mêmes qui ont fait un chronogramme. Ce sont eux qui ont dit qu'on ne peut pas aller aux élections en 2010, mais en 2009. Pourquoi allons-nous continuer, dans ces conditions, à condamner la communauté internationale. Finalement, ce sont les Guinéens qui font souffrir le pays et non cette communauté internationale. C'est pourquoi j'aime souvent dire que l'idée selon laquelle l'impérialisme est en France, aux Etats-Unis ou au Japon ne vise qu'à anesthésier l'esprit des pays africains. Le FMI, c'est simplement le mouvement international des biens et services, les balances des payements, la balance commerciale. Ce qui n'a rien à voir avec la Banque mondiale qui a pour missions les grands travaux de construction, des dons sans intérêt. Je connais le principe de fonctionnement de ces institutions. Le problème vient de nous-mêmes. Nous ne sommes pas sincères et nous voulons à tout prix accéder au pouvoir. Donc, il faut souvent prendre son téléphone et dire : J'ai un ami au Quai-d'Orsay, j'en ai un autre à la Maison Blanche. Ils passent leur temps à aller faire des escroqueries, même auprès de certains pays africains, en leur demandant de l'argent pour financer n'importe quoi. Qu'on laisse la communauté internationale en paix. S'il y a des problèmes, ils viennent de nous-mêmes. Et pas tous les Guinéens, mais les assoiffés du pouvoir. Ils veulent à tout prix aller aux élections pour échapper à des situations qu'ils craignent. Mais, ils ne pourront pas tromper le peuple. Pour moi, les sanctions, c'est d'ordre classique. J'ai de très bonnes relations avec la Communauté internationale. La preuve, le Groupe de contact et le ministre français de la Coopération sont tous repartis satisfaits lors de leurs dernières missions. Mais, ce qui est aberrant, c'est qu'ils disent qu'on parle de coup d'Etat lorsqu'on renverse un citoyen qui est légitimement élu. Pourtant, dans le cas guinéen, il y avait un dysfonctionnement total. Le chef de l'Etat étant malade, l'expiration du mandat de l'Assemblée nationale était de deux ans. Si nous voulons dire réellement les choses comme il se doit, nous dirons que l'Assemblée nationale avait dépassé son mandat et ne pouvait plus se saisir du pouvoir. Si la communauté internationale condamne notre arrivée au pouvoir, c'est parce que nous portons la ténue (militaire). Mais comme vous je l'ai dit, c'est d'ordre classique.
Propos recueillis par Cissé Sindou (Envoyé spécial à Conakry)
•Vous avez affirmé dans « Jeune Afrique » que vous étiez incompris. Que voulez-vous dire par cette affirmation ?
Que je dise dans « Jeune Afrique » que je suis incompris est tout à fait normal. Quand je dis que je suis incompris, ce n'est pas par les Guinéens de l'étranger ni les occidentaux, mais par des personnes de mauvaise foi qui vivent avec nous et qui n'ont pu rien faire. Des personnes qui, à un moment donné, pour des objectifs et des intérêts égoïstes, sont les premières à balancer n'importe quoi sur l'Internet. Je n'ai jamais lu l'Internet et je ne le lierai jamais jusqu'à ce que je quitte mon pouvoir, parce que je suppose qu'il ne reflète pas l'objectivité. Même le fou peut aller à l'internet. Donc, ce n'est pas l'internet qui m'intéresse. Je suis incompris par certains Guinéens dont je me réserve de dire les noms, et qui véhiculent des messages selon lesquels j'ai des relations par-ci et par-là. Ils finissent par faire croire aux Occidentaux et aux Guinéens de l'étranger ceci ou cela. J'en souffre. Aux Guinéens de l'étranger, je voudrais dire ceci : Je ne dis pas qu'ils ne trouveront pas quelqu'un à part moi qui va se soucier pour eux, mais cela serait difficile. Je suis le seul aujourd'hui à parler des Guinéens de l'étranger. Je dis aux Guinéens que ce ne sont pas leurs personnes qui m'intéressent, mais leurs enfants qui sont en Occident et sur les autres continents et qui ont besoin de revenir au bercail. Un pays qui a été mal géré et qui végète. C'est cela mon souci. Les détracteurs et certains journalistes partisans ont fini par dénaturer nos objectifs nobles par rapport à la défense de l'intégrité territoriale et les autres objectifs clairs et sincères.
•Combien de temps pensez-vous qu'on doit vous donner pour mettre fin à une transition apaisée et efficace ?
Ce n'est pas moi qui vais donner une date. Je vais vous demander d'être à l'écoute et de prendre le temps, même lorsque vous êtes en occident, de voir la télévision guinéenne et d'être à l'écoute de toutes les réalités du pays. Après la prise du pouvoir, le Cndd (Ndlr : Conseil national pour la démocratie et le développement) a annoncé qu'il organisait les élections en 2010. Lors de notre première rencontre avec la population, les forces vives ont jugé que 2010 était trop long et qu'il fallait organiser les élections en 2009. Nous avons accepté. Un programme a été élaboré. A cette feuille de route, moi j'ai simplement défini des phases. Je n'ai pas précisé une date pour les élections. Ce sont les forces vives qui ont proposé que les élections aient lieux en 2009. Je veux parler des leaders politiques et des syndicats. Il ne faut pas masquer les choses. Le bas peuple est manipulé. Ce sont les leaders eux-mêmes qui se sont assis et ont jugé que les élections pouvaient avoir lieu à telle date. Quand nous nous sommes retrouvés après cette rencontre, ils m'ont dit que ce chronogramme était flexible. Ils ont jugé nécessaire qu'il y ait ce qu'on appelle un comité ad' hoc. Je réitère encore une fois de plus que je ne serai pas candidat en 2009. C'est un langage patriotique. Je suis dans mon chronogramme pour 2009. Le comité ad' hoc doit faire son travail. A l'issue de ce travail, si effectivement le peuple peut aller aux élections. Je ferai un message au nom du peuple de Guinée et du Cndd pour dire aux Guinéens de l'intérieur et ceux de l'étranger que nous nous allons aux élections. Mais jusque-là, je n'ai pas encore reçu les travaux du comité ad' hoc. Donc, je ne peux pas vous dire la date des élections parce que ce n'est pas moi qui la fixe. Je suis subordonné à l'esprit du peuple. Dans le comité de 22 membres, je n'ai choisi que deux personnes. Deux hommes en uniforme. J'aurai pu peut-être en choisir 7 ou plus. Je ne l'ai pas fait pour éviter que le peuple dise que le président n'a fait que prendre les éléments du Cndd pour former le comité ad' hoc.
•Ne pensez-vous pas qu'il est mieux de dire précisément au peuple guinéen et à la communauté internationale que vous-vous donnez une fourchette de deux ans pour préparer les élections ?
Un peuple doit connaître sa propre histoire. Lorsqu'à un moment donné, un peuple refuse de connaître cette histoire, il ne faut pas le laisser courir. Si le peuple de Guinée le veut, même demain, on va aux élections. La Guinée ne m'appartient pas seul. La capitale guinéenne est la seule au monde qui, après 50 ans d'indépendance n'a ni eau, ni électricité. Ce peuple a vécu pendant 50 ans dans les ténèbres. Dans des conditions très atroces. Toutes nos mines ont été bradées. Le pays était gangréné par la corruption, l'impunité. La Guinée était le grand carrefour de la drogue. Les Guinéens le savent parfaitement. Les paysans le savent. C'est d'ailleurs eux qui me soutiennent. C'est le bas peuple qui me soutient. Ces soi-disant intellectuels qui manipulent le peuple ne m'ont jamais intéressé. Je ne cherche même pas à plaire à ces gens. Que tu sois Guinéen de l'intérieur ou de l'étranger, si tu ne cherches pas à connaître les réalités de ton pays, je ne te réponds pas. Ma mission, c'est de respecter mon engagement et le peuple est là pour en juger. Tous ceux qui font l'intoxication sur l'internet n'ont qu'à se rendre à l'intérieur du pays. C'est l'intérieur qui reconnaît ma valeur, et peut-être, certains intellectuels. Mais, la plupart de ceux qui manipulent sont ceux qui sont pressés pour être aux affaires. J'estime bien que la population ne s'est pas laissé faire. On ne peut plus tromper le peuple. La plupart de ces gens ont les mains sales. Ils ont mal géré l'Etat et ont pillé les ressources. Aujourd'hui, ils sont pressés d'aller aux élections. Et même à moment donné, ils ont tenté d'avoir les militaires avec eux. Le comité ad' hoc jugera de la durée de la transition. S'il veut qu'elle dure un an, nous irons aux élections et je leur laisserai la Nation. Ils chercheront quelqu'un, des patriotes qui vont lutter contre la drogue. Tous ces Guinéens qui parlent maintenant ne pouvaient plus rentrer en Guinée parce que ce pays était complètement dérangé par la prostitution, la corruption, l'impunité, l'ethnocentrisme, le tribalisme, le népotisme, le favoritisme. Vous avez passé 50 ans au pouvoir. Laissons les 50 ans et disons 25 ans. Nous n'avons même pas encore huit mois au pouvoir et la plupart des gens sont agités. Ils s'agitent parce que nous avons pris le pouvoir sans effusion de sang. Je crois que s'il y avait eu effusion de sang, comme cela s'est passé dans d'autres pays, la Guinée aurait vu la nécessité de préserver la paix. Il n'y a pas eu d'effusion de sang grâce à l'aide de Dieu et grâce à la stratégie que nous avons mis en place depuis le temps du général Conté. A trois reprises, le pouvoir était dans nos mains. Mais, nous avons refusé que le pays s'enflamme. En ce qui concerne la durée de la transition, il appartient au peuple de décider.
•Que signifie pour vous le soutien du président sénégalais Abdoulaye Wade et des sanctions de la communauté internationale ?
Le président Wade est un vrai intellectuel. L'intellectuel c'est celui qui ne renie pas ses racines, qui est honnête et qui est d'une probité morale. Il ne suffit pas d'obtenir des diplômes dans de grandes écoles. L'Occident n'a jamais formé les Africains en leur demandant d'aller détruire leurs pays. Les Etats-Unis ne l'on jamais fait, la France non plus. Mais, le problème vient du fait que lorsqu'on a cette connaissance, qu'on se comporte en occidental et qu'on tente de coller les réalités de l'Occident à celles de l'Afrique. C'est tout à fait différent. J'aime le président Wade parce qu'il est sincère et honnête. Il est un de ceux qui parlent aujourd'hui des vrais problèmes de l'Afrique devant la communauté internationale afin que celle-ci essaie de tenir compte des valeurs de l'Afrique et de l'aider. Voilà pourquoi j'ai de l'admiration pour lui. Il a été le premier à reconnaître le Cndd quand il était en France. Cependant, il y a des personnes, bien que la Guinée fasse beaucoup de choses avec leur pays, se sont refusé à reconnaître le Cndd. C'est pourquoi, à un moment donné, j'ai demandé à tous les pays africains, celui qui, à part le Sénégal, n'a pas connu un pouvoir militaire ? Quel est le seul pays en Afrique où les militaires ont pris le pouvoir sans effusion de sang ? Des gens font des sabotages pour ternir l'image du Cndd. C'est tout cela qui m'énerve. Certains pays qui ont aujourd'hui la démocratie doivent mettre de l'eau dans leur vin.
•Que dites-vous des déclarations de la communauté internationale qui menace de prendre des sanctions contre votre pays ?
Connaissant les relations internationales, j'ai cette philosophie : J'ai soutenu sur le Fonds monétaire international. J'ai été le seul en Guinée dont le thème de soutenance portait sur « L'intervention du FMI dans les pays en voie de développement, cas de l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie ». Je connais le système de Brettons Wood. Lorsqu'on parle de conditionalités, ce sont des données classiques. Je ne condamne pas la communauté internationale. Elle ne s'est jamais immiscée dans les affaires intérieures des Etats. Ce sont les habitants eux-mêmes qui créent les problèmes. En ce qui nous concerne, ce sont les Guinéens eux-mêmes qui ont fait un chronogramme. Ce sont eux qui ont dit qu'on ne peut pas aller aux élections en 2010, mais en 2009. Pourquoi allons-nous continuer, dans ces conditions, à condamner la communauté internationale. Finalement, ce sont les Guinéens qui font souffrir le pays et non cette communauté internationale. C'est pourquoi j'aime souvent dire que l'idée selon laquelle l'impérialisme est en France, aux Etats-Unis ou au Japon ne vise qu'à anesthésier l'esprit des pays africains. Le FMI, c'est simplement le mouvement international des biens et services, les balances des payements, la balance commerciale. Ce qui n'a rien à voir avec la Banque mondiale qui a pour missions les grands travaux de construction, des dons sans intérêt. Je connais le principe de fonctionnement de ces institutions. Le problème vient de nous-mêmes. Nous ne sommes pas sincères et nous voulons à tout prix accéder au pouvoir. Donc, il faut souvent prendre son téléphone et dire : J'ai un ami au Quai-d'Orsay, j'en ai un autre à la Maison Blanche. Ils passent leur temps à aller faire des escroqueries, même auprès de certains pays africains, en leur demandant de l'argent pour financer n'importe quoi. Qu'on laisse la communauté internationale en paix. S'il y a des problèmes, ils viennent de nous-mêmes. Et pas tous les Guinéens, mais les assoiffés du pouvoir. Ils veulent à tout prix aller aux élections pour échapper à des situations qu'ils craignent. Mais, ils ne pourront pas tromper le peuple. Pour moi, les sanctions, c'est d'ordre classique. J'ai de très bonnes relations avec la Communauté internationale. La preuve, le Groupe de contact et le ministre français de la Coopération sont tous repartis satisfaits lors de leurs dernières missions. Mais, ce qui est aberrant, c'est qu'ils disent qu'on parle de coup d'Etat lorsqu'on renverse un citoyen qui est légitimement élu. Pourtant, dans le cas guinéen, il y avait un dysfonctionnement total. Le chef de l'Etat étant malade, l'expiration du mandat de l'Assemblée nationale était de deux ans. Si nous voulons dire réellement les choses comme il se doit, nous dirons que l'Assemblée nationale avait dépassé son mandat et ne pouvait plus se saisir du pouvoir. Si la communauté internationale condamne notre arrivée au pouvoir, c'est parce que nous portons la ténue (militaire). Mais comme vous je l'ai dit, c'est d'ordre classique.
Propos recueillis par Cissé Sindou (Envoyé spécial à Conakry)