Les Afghans iront aux urnes demain pour élire leur président. Après la polémique sur la date du scrutin, et l’intervention énergique de la cour suprême, la date fixée par la commission électorale va être finalement respectée. En effet, face aux critiques de ses adversaires qui le soupçonnaient de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle de son mandat, le président Hamid Karzaï avait pris un décret pour avancer au 21 avril 2009 le premier tour de la présidentielle. Mais la cour suprême avait tranché en faveur de la commission électorale arguant que ni les conditions météorologiques, ni l’état sécuritaire du pays ne permettaient d’organiser des élections en avril. De fait, la cour suprême avait autorisé le président Karzaï à aller au-delà du terme normal de son mandat. C’est une transgression constitutionnelle approuvée par la communauté internationale en général et les Etats-Unis d’Amérique en particulier. Comme quoi, les violations constitutionnelles ne sont pas perçues partout de la même façon. Enfin, les élections vont avoir lieu, à la date voulue par les Américains et la commission électorale. Hamid Karzaï, le président sortant va affronter 32 autres candidats après le retrait de huit des 41 candidats initiaux. Mais dans quelles conditions ? Là est la grande question. Car, au moment où les électeurs sont convoqués, les attentats se succèdent à un rythme infernal. La résistance talibane démontre chaque jour qu’elle est loin d’avoir été vaincue. Et pire, donne la preuve par quatre qu’elle a les moyens d’influencer le jeu politique en Afghanistan. Elle perpètre à volonté attentats jusque dans la capitale Kabul. Elle a poussé l’audace jusqu’à balancer une roquette sur le palais présidentiel. Si le palais présidentiel lui-même n’offre plus aucune garantie de sécurité, quel autre endroit du pays peut-il encore rassurer ? Barack Obama, le président américain qui avait fait de l’Afghanistan sa priorité a été obligé d’avouer que la partie n’est pas jouée d’avance. Il a récemment déclaré que la victoire ne sera ni facile ni rapide. Si cet aveu traduit une certaine impuissance de la communauté internationale à vaincre la résistance talibane, elle pose également la question de la crédibilité de la présidentielle du 20 août. Que valent en réalité des élections organisées dans un climat de violence permanente ? La communauté internationale est tellement obnubilée par la tenue des élections qu’elle cautionne souvent n’importe quoi. En République Démocratique du Congo, les nations unies ont piloté de bout en bout des élections qui n’ont pas ramené la paix. Au contraire, les populations ont dû subir les affres d’une autre guerre aussi atroce que la première. Et ce n’est pas fini. Puisque les milices armées de toutes sortes pullulent dans les forêts de cet immense pays. En Côte d’Ivoire, les nations unies mettent la pression pour obtenir des élections en poussant pratiquement les acteurs à brûler les étapes. Personne ne parle désormais sérieusement du désarmement. On fait comme si tout était accompli. Et pourtant ! Il ne faudrait pas s’étonner si les armes refaisaient surface. Comme en RDC. Comme un peu partout dans le monde où les élections ne mettent pas toujours un terme aux conflits armés. Augustin Kouyo augustinkouyo@yahoo.fr
Politique Publié le mercredi 19 août 2009 | Notre Voie