En regardant le président de la République parler à la Nation, le 7 Août dernier, au Palais, de nombreux souvenirs affluaient en moi. J’étais fier de moi. Je me prends pour un privilégié. J’ai eu à partager de nombreux moments avec Laurent Gbagbo. Combien de fois le futur Président ne s’est-il pas retrouvé, les après-midi, dans mon bureau de la rue Noguès au Plateau. Je ne parlerai pas de nos voyages et de notre passion pour la promotion du livre et de la lecture. Chaque jour, des brins de nos conversations me reviennent. A chaque fois qu’il prend la parole je suis admiratif de constater qu’il n’a pas changé dans son style fait de simplicité, de clarté et d’humour. Ses propos du 7 Août dernier méritent quelques explications. Lui, n’a pas le temps de développer ses propos. Faute de temps. Le chroniqueur lui peut développer certains aspects. Et j’ai choisi d’aller plus loin sur son discours concernant Bébéto, l’homme qui est manœuvre ou qui travaille dans sa résidence de Mama. Je retiens deux leçons ou deux techniques. La première. Bébéto, quoique salarié, a créé de petites parcelles de vivriers pour augmenter ses revenus. Dans l’esprit du Président, c’est une invitation aux Ivoiriens de ne pas se contenter d’un seul travail. C’est une pratique très poussée aux Etats-Unis. La plupart des citoyens de ce grand pays, après avoir fini leur temps de travail dans un bureau ou sur un chantier, court vers d’autres activités. Il arrive que certains se retrouvent avec trois ou quatre boulots. Et tout cela pour bien vivre. Ici particulièrement où les prix augmentent chaque mois un peu plus c’est une urgence que de multiplier ses activités au lieu d’attendre une hypothétique augmentation de salaire. D’ailleurs, toute augmentation de salaire n’a jamais représenté quelque chose de consistant. Bébéto travaillant dans la résidence du Président doit, à mon avis, gagner un salaire confortable. Laurent Gbagbo est très généreux et j’imagine qu’il doit gâter son personnel. Et si Bébéto a trouvé nécessaire de diversifier ses activités cela veut tout simplement dire que le salaire n’est pas une sinécure. Je me souviens d’une interview de Bonkano, l’ami de Seyni Kountché qui fut le Président du Niger. Il a dit que pour avoir la possibilité d’aider financièrement et matériellement une frange importante de la population, le chef d’Etat se trouvait dans l’obligation de diversifier ses revenus en investissant dans des affaires qui pouvaient lui rapporter des bénéfices. Donc ceux qu’on dit avoir des milliards dans leurs poches ou leur coffre-fort exercent aussi d’autres activités lucratives. Qu’attendons-nous pour développer d’autres activités ? Voilà ce que LG voulait dire en parlant des extras de Bébéto. Deuxième leçon ou deuxième technique de Bébéto. C’est le travail. Pour exercer dans deux ou trois activités, il faut absolument avoir du courage. Eliminer du superflu dans son quotidien. Depuis quelques mois, le Président nous demande de beaucoup travailler. Souvent j’ai envie de lui demander, assis devant ma télé, d’expliquer ce qu’il appelle travailler plus. Il sait, évidement, ce que contient son mot. Mais il est bon de le faire comprendre. Quand le Président nous demande de travailler beaucoup plus, il parle tout simplement des heures de travail. J’ai souvent abordé, dans cette rubrique, notre faiblesse dans les heures de travail. Tous les continents travaillent plus que l’Afrique. Et c’est devenu une urgence pour tous les chefs d’Etat d’appeler leurs compatriotes à plus d’heures de travail. On a beau recevoir de l’aide des bailleurs de fonds si nous n’augmentons pas de plus de deux heures à trois heures notre horaire de travail notre situation ne changera pas. On restera toujours sur place. Un ami qui connait aussi personnellement le président de la République a promis lui faire cette proposition : « Je vais lui demander de supprimer les levées de corps du vendredi pour les mettre au samedi. Ainsi on gagnera des heures de travail. » Beaucoup de gens me disent que les administrations se vident dès le vendredi. J’avoue que je n’ai pas trop remarqué cela n’étant pas fonctionnaire et que mes lieux de visite les vendredis sont les librairies. C’était la deuxième leçon à tirer des leçons du Président. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine. PS : En voyant Usain Bolt courir les 200 mètres, la fierté ne peut que nous envahir. Quel courage ! Son envie de gagner recouvre les deux leçons que nous venons de donner en parlant de Bébéto. Notre fierté c’est la couleur de sa peau. Un noir comme nous. Quelqu’un venant de l’Afrique noire, certainement de la Côte d’Ivoire. Ce qu’il réussit en athlétisme pourquoi chacun ne chercherait pas à le réussir dans sa vie personnelle et dans ses activités personnelles. Ce n’est pas sorcier. Il ne s’agit que d’accroître ses heures de travail. On sait qu’en Jamaïque, il existe une politique dans le domaine du sport principalement de l’athlétisme. Tout commence depuis l’enfance. Rien ne se gagne sans effort. Croire le contraire c’est se préparer à des années de désillusion. Que chacun de nous garde, chaque matin, les images de ce 200 mètres d’Usain Bolt. Ce sera notre stimulant pour vaincre.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly