Le chef de l`Etat s`apprête à passer le reste de ses vacances (10 jours) à Korhogo, Nord du pays. Là où ses prédécesseurs se la coulaient douce dans les capitales européennes, lui choisit la modeste cité du poro. Un geste a priori simple. Mais infiniment chargé de symboles. Parce que cet acte renforce un peu plus le cordon ombilical qui lie la capitale des Savanes, et au-delà, tout le Nord, au reste du pays. Quand on sait que l`appartenance à la Nation ivoirienne a été au cœur de la crise, les 10 jours que passera le chef de l`Etat en compagnie de ses compatriotes du Nord ne manqueront pas de mettre à nu des clichés stéréotypés qu`on servait aux populations de cette partie du pays à des fins électoralistes. C`est aussi le signe que la réunification est irréversible, même si la piétaille est toujours en arme. Maintenant, que Laurent Gbagbo mette à profit ce séjour pour grignoter sur l`électorat de ses rivaux, c`est de bonne guerre. Le chef de l`Etat n`a pas à faire la fine bouche. Il doit s`atteler avec minutie à transformer le " poison du Rdr " en élixir. Parce que ce n`est pas un hasard si les experts en faux du parti du Dr. Alassane Dramane Ouattara ont fait circuler la rumeur sur la disparition du numéro 1 ivoirien au Maroc ou s`emploient en ce moment à véhiculer des discours à forte odeur tribale. Tout ceci obéit à un objectif clair : éviter coûte que coûte la débâcle électorale, défaite qui sonnera le glas de leur mentor. Crédité de 43 % des intentions de vote par le récent sondage Sofres, le chef de l`Etat, Laurent Gbagbo, ne peut pas dormir sur ses lauriers. Il sait bien qu`à l`image des bourses de valeurs, le sondage " s`adonne " souvent à un yo-yo qui peut s`avérer très salé à celui qui vend la peau de l`ours avant de l`avoir tué. Il sait aussi que 43% des intentions, ce n`est pas assez pour faire l`économie d`un deuxième tour. Dès lors, il ne lui reste plus qu`à surfer sur les 62% d`image positive que lui donne le même sondage. En clair, parmi les Ivoiriens qui s`apprêtent à voter Bédié ou Ouattara, un bon nombre a une bonne opinion du chef de l`Etat. C`est le lot des " modérés ". C`est aussi le lot d`Ivoiriens qui, une fois la dose de venin passée, venin inoculé par de petites gens qui croulent encore sur les pesanteurs ethno-tribales, réalisent que Laurent Gbagbo, n`eût été la sale guerre, aurait réussi à positionner la Côte d`Ivoire dans le concert des Nations civilisées et où chaque citoyen a le minimum vital. En dépit même de la guerre, contrairement aux écrits d`une certaine presse, le bilan de Laurent Gbagbo est loin d`être une coquille vide (nous y reviendrons dans un délai bref, dans une série de dossiers "en béton"). Et ce sont ces efforts titanesques pour maintenir à flot le navire ivoire qui lui valent l`estime de ces Ivoiriens qui ne sont pas de son bord politique. Quand il dit " la Côte d`Ivoire, c`est notre faso (patrie) à tous ", et qu`il essaie autant que faire se peut de le traduire dans les faits, il force immanquablement l`admiration des Ivoiriens de quelque bord qu`ils soient. Il appartient maintenant au chef de l`Etat dont le génie politique ne souffre d`aucune contestation de remuer le cocotier du Rdr. Et le reste suivra.
Tché Bi Tché
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