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Showbizz Publié le lundi 24 août 2009 | People Mag

Koné Dodo (Producteur, Manager d’artiste et homme politique) : “Je veux ouvrir un espace mondial aux artistes…’’

25 années de vie dans le showbiz, 14 ans passés en tant que manager de la méga star du reggae Alpha Blondy, Koné Dodo est incontestablement un homme de métier. Après 4 années passées hors des caméras, il sort de sa réserve. A travers cet entretien, il parle, sans détour, de sa relation avec Alpha Blondy, Tiken Jah de Fakoly, Ismaël Isaac, Barbara Kanam… de sa candidature à la mairie de Boundiali et de sa nouvelle structure internationale.


Comment s’est faite la rencontre avec Alpha Blondy ?

J’allais dire que je l’ai pratiquement toujours connu. Nous avons fait une partie de notre jeunesse ensemble. Sa mère et la mienne sont amies depuis très longtemps. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle quand en 1990, il m’a demandé d’être son manager, je n’étais très disposé à le faire parce que nous étions des frères. Dans le domaine des affaires, il est souvent difficile de travailler avec un parent. C’est donc en 1990 que nous avons commencé à travailler ensemble à l’issue d’une tournée que j’ai organisé pour lui. A l’époque, c’est Georges Benson qui était le manager de Blondy. Moi, j’ai produit des spectacles au Mali, au Burkina, au Togo … et en Côte d’Ivoire. C’est après cette tournée qu’il m’a demandé d’être son nouveau manager. Notre collaboration a duré 14 ans.


14 années passées aux côtés de la star, quel bilan faites-vous de ce parcours ?

Je dois avouer que ces 14 années n’ont pas été forcement de la sinécure, mais j’en suis globalement satisfait. Parce que, contrairement à ce qu’on croit, Alpha, malgré ses sauts d’humeurs, m’a toujours écouté. C’est l’un des artistes les plus disciplinés que j’ai eu à manager, bien que cela soit surprenant. Parce que nous avons posé des bases dès le départ, et elles ont correctement fonctionné pendant de très longues années, ce qui surprenait d’ailleurs les maisons de disques en France qui me demandaient comment est-ce que je faisais. Je crois qu’il n’est pas aussi extravagant et insoumis qu’on le croit. Il faut savoir le prendre pour qu’il évolue dans le sens défini. C’est ce que nous avons fait. Nous avons eu beaucoup de disques d’or ensemble et nous avons réalisé des choses pour l’artiste, de façon à soigner son image de marque. En faisant en sorte qu’il soit de façon incontestable et in contesté la méga star africaine. Je n’ai pas sorti Alpha du néant. Quand je croisais Alpha, il avait déjà une carrière, il avait 8 ans dans les jambes. Nous avons fêté les 20 ans de carrière d’Alpha ensemble. Avant moi, en 8 ans, il a eu a peu près 5 managers. Ce qui veut dire qu’il en changeait tous les ans ou tous les 2 ans. Je ne sais pas pourquoi, peut-être pour incompatibilité d’humeur. Il y a des façons de le tenir. Mes rapports avec vous ne peuvent pas ressembler à mes rapports avec quelqu’un d’autre. Chacun a sa psychologie. Aussi, quand on manage, on gère un artiste qui est comme une entreprise. Il y a des paramètres à mixer pour que cette entreprise là évolue positivement. Il faut donc faire en sorte que l’entreprise qui est l’artiste, évolue positivement. Il y a un travail à faire pour que les choses se passent bien. Mais les artistes sont ce qu’ils sont. Quand ils deviennent des stars, le comportement change, il faut donc pouvoir suivre cette évolution. Ceci est propre à tous les artistes.


Loin de nous toutes idées d’activer la polémique mais dites-nous, pourquoi vous vous êtes séparés de votre artiste?

(Rire) Je dis qu’à un moment donné, on peut avoir l’envie d’arrêter et de passer à autre chose. Déjà en 1995, je sentais la fatigue et mon hypertension m’obligeait à suivre un régime. Alpha, ce n’est pas une petite affaire. Alpha, c’est une centaine de concerts par an. On n’est toujours parti de chez soi, on a envie de dire stop. J’avais l’envie de m’arrêter pour me consacrer un peu à ma petite famille et de faire quelque chose d’autre. C’est ce break que j’ai eu l’envie de faire en 2004 avec Alpha. J’ai toujours aimé la musique mais, j’avais aussi l’ambition de devenir un jour maire de la commune de Boundiali, chez moi. Quelque part, je me suis dis si je veux la commune de Boundiali, il faut que j’arrête et que je sois un peu plus présent dans cette commune que je convoite. Sinon les gens vous diront que ce n’est pas parce que votre père a été député et que votre oncle député maire, que vous allez être l’héritier. C’est mon nom. Je veux être maire pour aider la population. Je pense qu’avec les idées que j’ai, je pense que si je suis élu, je pourrais aider beaucoup de personnes. Je suis né pour servir, pour aider mon prochain. Avec Alpha, qu’on le veuille ou non, j’ai fait beaucoup de choses pour lui et avec lui. Alpha qui est un enfant honnête, ne dira pas le contraire. C’est ce que je veux faire dans ma commune, c’est de la politique locale. Ce n’est pas de la politique politicienne. C’est pourquoi ça m’intéresse.


Après 14 années de break avec Alpha et vos activités dans le showbiz, comment se prépare le retour de Koné Dodo ?

Ce temps mort a servi à préparer le terrain pour l’élection de Koné Dodo à la mairie de Boundiali. Après cette étape Koné Dodo fera son retour dans le milieu du showbiz. Il faut dire qu’en même tant que Koné prépare son élection, il le fait aussi pour son candidat à la prochaine élection présidentielle.

Pour le retour que va faire Koné ? Il se le demande avant d’y répondre. Sur la scène national quand vous voulez un artiste pour un spectacle ou un gala, c’est un parcours du combattant parce qu’il n’est pas évident que vous ayez les contacts de ces artistes que vous souhaitez inviter. Il n’y a pas ce qu’on appelle une vraie agence de Booking comme dans les pays développés, une structure qui se charge de vendre les artistes. Compte tenu de mon carnet d’adresses sur le plan international je me suis dis qu’il était bon de mettre en place une agence artistique qui aura pour vocation de développer la carrière de nos artistes tant sur le plan national qu’international. Chacun aura son management, mon rôle sera de conseiller d’aider à concevoir leur mix marketing et de leur ouvrir l’espace mondial. Mais avant avec un partenaire Européen, nous sommes en train de mettre en place un site important pour la vente en ligne, pour exposer nos artistes en situation de live sur la toile. Vous savez le monde évolue avec un tourneur qui se trouve au Costa Rica, il vous suffit de lui dire d’aller sur ce site pour qu’en temps réel, il évalue l’artiste en question. Ce ne serait pas dans n’importe quelle situation. Tout sera fait dans moins de 2 mois.


Quel est votre regard sur le secteur du showbiz ivoirien ?

Je ne parlerai pas de critiques, parce que la musique ivoirienne a beaucoup évoluée. La Côte d’Ivoire est, depuis très longtemps, un carrefour. Et ça continue puisque le coupé-décalé, le zouglou aussi bien que le reggae font la fierté ivoirienne. Le reggae est une musique dont la Côte d’Ivoire peut se vanter, elle couvre la planète. Cela se comprend quand on sait que le reggae est l’une des musiques la plus prisée sur le globe. D’ailleurs, l’année prochaine, j’envisage de produire un festival reggae. Parce qu’à un moment ou à un autre, toutes les grandes stars africaines de ce milieu sont passées entre mes mains. Il serait donc bon qu’on organise ce festival qui se fera chaque année. Sur le plan critique, je trouve que les artistes parlent un peu trop de la décadence de leur profession et de la piraterie. C’est vrai la piraterie existe mais s’ils tiennent à ce que leur travail soit financé par des gens qui ont de l’argent, ils doivent adopter une autre approche. Mais si eux-mêmes sont alarmistes, quel investisseur accepterait de jeter son argent par la fenêtre?


Que pensez-vous de ce fléau qui est la piraterie ?

Je pense qu’il faut des lois qui soient dissuasives et trouver des hommes qui puissent les mettre en application. La corruption est l’une des plaies de ce fléau. C’est un problème de mentalité et de volonté politique. En dehors de cela, il faut que l’Etat investisse dans l’industrie culturelle. En côte d’Ivoire, quand un artiste arrive à un certain niveau de popularité, il est obligé d’aller en Europe. L’Etat peut faire une société d’économie mixte qui produit des artistes et, à côté de cela, une autre structure qui fera la promotion et de la communication événementielle. Il faut qu’on n’ait des stratégies qui empêchent les produits qui partent d’ici, d’atterrir dans le guetho européen. Mais qu’il sorte de ce milieu, comme Alpha et Fakoly. Je suis tout de suite bloqué parce que les artistes ivoiriens qui vendent hors de ce circuit se comptent aux bouts des doigts. Si on veut que ça fonctionne, il ne faut pas oublier le côté commercial. La musique n’est pas un art mineur, il faut la gérer comme une affaire. En son temps en 1969, les Beatles rapportaient à l’Angleterre plus que les constructions navales. C’est dire que nous avons de l’argent à portée de main. Il ne faut pas faire la musique parce que s’attire les regards des filles des quartiers. Il faut que les artistes comprennent qu’ils font quelque chose de bien et d’intelligent. Les musiciens doivent savoir qu’ils peuvent rapporter beaucoup à la nation.


Peut-on avoir quelques noms d’artistes qui sont passé dans vos mains ?

Ils sont nombreux, Alpha, Aïcha Koné, j’ai fêté ses 20 ans de carrière, depuis 10 ans, je gère aussi Barbara Kanam dont j’ai produit les deux premiers albums et dont je m’occupe en Afrique de l’ouest. J’ai foi en elle. Fadal Dey, Ismaël Isaac, Netth Soul, Larry Cheick, Famien, Jim Kamson … ils sont nombreux et il faut que j’aie mon calepin pour vous donner les détails. Dans tous les cas, j’ai produit plus de 100 albums.


Quel est votre souhait ?
Mon souhait se résume en trois points : que mon candidat à l’élection présidentielle soit élu ; que moi- même, je sois élu maire de la ville de Boundiali et le dernier, que ma structure soit la plus efficiente sur le plan de la culture.

J.C Koré
Jeancla2000@yahoo.fr

Collaborateur Noël Diomandé
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