Ça me révolte : En attendant leurs sondages

On a la chance dans ce pays de se connaître tous ou presque. De ce point de vue, on connaît du bout des doigts le fonctionnement du RDR et sa presse. Souvenez-vous seulement qu’en octobre 2000, pour salir le pouvoir qui venait de remporter de haute lutte l’élection présidentielle, Ouattara et ses partisans n’ont pas hésité à brandir, comme la découverte du siècle, des corps inertes regroupés (par eux ?) en un lieu. Ce que l’on appellera plus tard le charnier de Yopougon sera monté en épingle par leurs presses locale et étrangère. Le RDR communiquera à outrance sur cette macabre découverte ; manière pour lui de disqualifier le pouvoir de Laurent Gbagbo. A la guerre comme à la guerre ! L’éthique politique ? le respect des morts ? connaît pas ! Tant que ça peut lui profiter, il fonce comme un bélier jusqu’à se retrouver dans la mer. Ce RDR-là, croyez-vous qu’il a changé au point de garder dans un coffre-fort des résultats de sondages réalisés par de prestigieux instituts et qui le donnent vainqueur à tous les coups de la prochaine présidentielle ? Cela fait plus d’un mois que sa presse a annoncé qu’elle détenait des résultats de sondages nettement favorables à son champion. Cela fait plus d’un mois que nous attendons la publication de ces résultats et, surtout, le nom de l’institut qui a réalisé ce travail. Savez-vous pourquoi ils mettent tant de temps ? Parce qu’ils ne détiennent aucun résultat de sondage. Ou, s’ils en ont, ils sont tous à leur désavantage. Le RDR a tellement de complexes vis-à-vis de l’étranger qu’il ne peut pas ne pas sauter sur une telle occasion en or. Ouattara et son parti ont tellement clamé qu’ils sont majoritaires en Côte d’Ivoire qu’ils ne perdraient pas de temps à publier, dans la presse, les résultats de sondages qui les donnent gagnants. Mais leur problème est si compliqué qu’ils ne peuvent même pas, cette fois-ci, fabriquer des résultats pour les mettre sur la place publique. Le mensonge sera découvert sur-le-champ. Car les instituts de sondages qui comptent dans le monde, on les connaît. Et tous jouent la carte de la vérité et de la rigueur scientifique. Ils ne sont donc pas prêts à mêler leur nom avec les mensonges cousus de fil blanc. Et c’est parce qu’il est coincé aujourd’hui que le leader du RDR est tombé l’autre jour à Gagnoa en plein meeting. Si l’on cherche bien, on découvrira que la chute de Ouattara est la résultante de la publication des résultats du sondage réalisé par TNS-SOFRES sur la présidentielle de novembre prochain. Ce sondage porte un message clair comme de l’eau de roche. A savoir que le cheval de Sarkozy et consorts ne représente rien en Côte d’Ivoire. Dans tous les cas de figure, il est battu par n’importe lequel des trois candidats. Son «Q étant dehors» désormais, il lui sera difficile de bénéficier encore de l’appui de ces gens-là qui ne suivront plus que la direction du vent. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous tenons entre les mains les résultats de 5 sondages réalisés par trois grands instituts de sondages de par le monde. Si les trois premiers donnent Laurent Gbagbo vainqueur au second tour devant Bédié ou Ouattara, les deux derniers lui donnent une nette longueur d’avance sur ses concurrents dès le premier tour. La distance qui les sépare est si longue que l’on se demande si c’est encore la peine pour Bédié et Ouattara. Le temps viendra où nous mettrons ces documents à la disposition de nos lecteurs pour qu’ils comprennent ou interprètent aisément certains événements qui se produisent sous leurs yeux. Il est vrai qu’un sondage reste un sondage, mais quand tous produisent le même résultat, c’est que la vérité n’est pas loin.

Comme les résultats de ces sondages ont toujours reflété la réalité, le pouvoir gagnerait à les publier dorénavant pour que la vérité soit sue ici et ailleurs et que, demain, ceux qui s’apprêtent à contester les résultats n’aient pas d’arguments. Aussi fallacieux soient-ils.

Par Abdoulaye Villard Sanogo