Le temps commence par faire son effet dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Après les promesses fantaisistes de Ouattara, les populations se trouvent aujourd'hui, désabusées. Au point de confier leur destin à Gbagbo.
Un homme politique de l'opposition ivoirienne, en campagne pour l'élection présidentielle de novembre prochain estime que, "qui gagne le District d'Abidjan, gagne l'élection présidentielle". Peut-être. Mais la démarche de feu Félix Houphouët-boigny, premier président de la Côte d'Ivoire moderne, était différente. Celui que le Général de Gaule qualifia de "cerveau politique de premier plan" qui connaissait très bien la sociologie et surtout la psychologie du peuple du Nord, s'est donné les moyens de conquérir ses habitants. En nouant par exemple, une alliance avec une figure de proue de cette région, en l'occurrence, le sage Paléforo Gbon. Houphouët-Boigny et le Pdci (son parti) en tireront durant des décennies, d'innombrables dividendes politiques.
Le Nord, attaché au Pdci, a basculé dans l'opposition, suite à la guéguerre survenue à la mort d'Houphouët, entre Konan Bédié (Pdci) et Alassane Ouattara (Rdr). Tous deux, Houphouétistes. Le premier cité, ayant émis un mandat d'arrêt international contre le second accusé de "faux et usage de faux sur la nationalité ivoirienne". Ce conflit de leadership s'est transformé en une guerre de tranchée entre deux camps. Les "Ivoiritaires " d'un côté et les "exclus" de l'autre. Les derniers cités, ayant pris fait et cause pour l'ancien premier ministre d'Houphouët qui, depuis la France, s'est présenté à la Côte d'Ivoire comme le candidat, le leader des nordistes ivoiriens. De par ses déclarations incendiaires : "On ne veut pas que je sois candidat à la présidentielle parce que je suis du nord, je suis musulman".
Une bombe. La déflagration sera sans aucun doute, la (prétendue) crise identitaire qui connaîtra son apothéose en septembre 2002. La rébellion qui attaqua en cette période la Côte d'Ivoire fut presque adoubée par les habitants du Nord. Simplement parce qu'elle s'était faite l'écho du parti d'Alassane Dramane Ouattara. Lequel faisait de l'exclusion du peuple du nord, son cheval de bataille. Sept ans après, le Nord divisé, manipulé, abandonné, saoulé de mensonge, se réveille avec la gueule de bois. Ses ressortissants qui naguère, se caractérisaient par leur loyauté, leur soumission, leur intégrité et surtout, le respect de la parole donnée, se découvrent nus. Qu'ont-ils gagné de cette guerre qu'ils ont menée par procuration, au moment où des esprits malins souhaitent cacher ce qui aujourd'hui, apparaît en zone Cno, comme les effets collatéraux de la crise de septembre 2002 ? Pas grand-chose. En témoigne, les langues qui, de plus en plus, se délient.
"La situation économique de la femme qui était précaire s'est profondément dégradée, et beaucoup d'enfants n'ont pas accès à l'école. Ceux qui y vont sont en train d'être déscolarisés. A cela, s'ajoute la floraison des jeunes mères de moins de 18 ans dont l'âge est entre 14 et 16 ans". C'est en ces termes que s'est exprimé le 30 mai dernier à Niéllé localité située à 30 kilomètres du pays voisin le Mali, Ouattara Marie Claire présidente de l'Ong "femme et promotion" c'était à l'occasion de la sortie officielle de la structure non gouvernementale.
"Il est écœurant, selon elle, de voir une fille de moins de 18 ans porter au dos son enfant d'où est née l'expression en malinké : "deni ka deni woro", un enfant a donné naissance à un autre enfant… Plus difficile est la famine qui sévit ; un tueur silencieux. La peste bovine a décimé le cheptel bovin de la zone de Niéllé, d'où l'angoisse et la misère des paysans qui, depuis des décennies utilisent les bœufs pour la culture attelée lors des travaux champêtres", a- t-elle fait remarquer….
Douloureux constat qui émane des filles et fils de la région. A l'instar du témoignage du député de Napié: "Depuis que je tourne il y a 15 mois, j'ai réalisé que les femmes sont d'avantage perturbées par la crise socio-économique que nous traversons, les hommes sont dépassés par les événements et les responsabilités de la femme sont énormes. Lorsque le mari ne donne rien à la femme, elle est obligée de trouver de quoi à manger pour les enfants. En sillonnant ces villes et villages, je me rends compte de plus en plus que la pauvreté s'accroît et les populations ont les mêmes besoins d'un village à l'autre. Mais la généralité qui se dégage est la pauvreté. Voyez-vous, des hommes sont morts pendant les heures chaudes des combats. Les survivants ont presque tous fui la région ou ont abandonné leurs familles parce qu'ils estiment avoir perdu leur dignité devant femmes et enfants. Ensuite les infrastructures tels que l'école, les centres santé, l'électrification, les routes… font défaut".
En un mot, la crise a fait assez de veuves et de divorcées. En ville, vous trouverez plus de veuves que de femmes mariées qui vivent avec leurs époux. Simplement parce que les maris sont morts sur les champs de bataille, ou ne pouvant plus assurer les charges familiales ils ont fui les domiciles conjugaux. Abandonnant enfants et femmes.
Voici des réalités qu'on veut cacher aux Ivoiriens. Sachant que les médias feront sur celles-ci un zoom, si le Président de la République se retrouve pour une raison ou une autre dans cette région où les populations qui, attendent avec empressement le retour de l'administration, n'hésitent plus à dépeindre leur quotidien.
Mieux, Khorogo faisant partie intégrante de la Côte d'Ivoire, pourquoi se donner tant de mal à interpréter la présence du Président de la République dans cette localité ? Pourquoi y voir, rien que de la politique ? Et même si c'est le cas…
Gbagbo ne fait-il pas partie des rares hommes politiques ivoiriens qui ont, par leurs actes, décomplexé leurs contemporains ? Lesquels, pour la plupart, par snobisme, passaient leurs vacances en occident, en tournant le dos à leur pays ? On se souvient encore de ses vacances passées à Grand-Béréby. Un symbole fort. Au plan touristique certes. Mais surtout comme levain d'un changement de mentalité. Enfin, avant Gbagbo, sous le Président Houphouët-Boigny, ont été construites dans la plupart des grandes régions ivoiriennes, des résidences du chef de l'Etat. Si cela a été fait, pourquoi glose-t-on quand son locataire attitré veut y séjourner pendant ses vacances ? Gbagbo en vacances au Nord, une bonne nouvelle pour les nordistes, longtemps sevrés de la République et de ses attributs.
Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr
Un homme politique de l'opposition ivoirienne, en campagne pour l'élection présidentielle de novembre prochain estime que, "qui gagne le District d'Abidjan, gagne l'élection présidentielle". Peut-être. Mais la démarche de feu Félix Houphouët-boigny, premier président de la Côte d'Ivoire moderne, était différente. Celui que le Général de Gaule qualifia de "cerveau politique de premier plan" qui connaissait très bien la sociologie et surtout la psychologie du peuple du Nord, s'est donné les moyens de conquérir ses habitants. En nouant par exemple, une alliance avec une figure de proue de cette région, en l'occurrence, le sage Paléforo Gbon. Houphouët-Boigny et le Pdci (son parti) en tireront durant des décennies, d'innombrables dividendes politiques.
Le Nord, attaché au Pdci, a basculé dans l'opposition, suite à la guéguerre survenue à la mort d'Houphouët, entre Konan Bédié (Pdci) et Alassane Ouattara (Rdr). Tous deux, Houphouétistes. Le premier cité, ayant émis un mandat d'arrêt international contre le second accusé de "faux et usage de faux sur la nationalité ivoirienne". Ce conflit de leadership s'est transformé en une guerre de tranchée entre deux camps. Les "Ivoiritaires " d'un côté et les "exclus" de l'autre. Les derniers cités, ayant pris fait et cause pour l'ancien premier ministre d'Houphouët qui, depuis la France, s'est présenté à la Côte d'Ivoire comme le candidat, le leader des nordistes ivoiriens. De par ses déclarations incendiaires : "On ne veut pas que je sois candidat à la présidentielle parce que je suis du nord, je suis musulman".
Une bombe. La déflagration sera sans aucun doute, la (prétendue) crise identitaire qui connaîtra son apothéose en septembre 2002. La rébellion qui attaqua en cette période la Côte d'Ivoire fut presque adoubée par les habitants du Nord. Simplement parce qu'elle s'était faite l'écho du parti d'Alassane Dramane Ouattara. Lequel faisait de l'exclusion du peuple du nord, son cheval de bataille. Sept ans après, le Nord divisé, manipulé, abandonné, saoulé de mensonge, se réveille avec la gueule de bois. Ses ressortissants qui naguère, se caractérisaient par leur loyauté, leur soumission, leur intégrité et surtout, le respect de la parole donnée, se découvrent nus. Qu'ont-ils gagné de cette guerre qu'ils ont menée par procuration, au moment où des esprits malins souhaitent cacher ce qui aujourd'hui, apparaît en zone Cno, comme les effets collatéraux de la crise de septembre 2002 ? Pas grand-chose. En témoigne, les langues qui, de plus en plus, se délient.
"La situation économique de la femme qui était précaire s'est profondément dégradée, et beaucoup d'enfants n'ont pas accès à l'école. Ceux qui y vont sont en train d'être déscolarisés. A cela, s'ajoute la floraison des jeunes mères de moins de 18 ans dont l'âge est entre 14 et 16 ans". C'est en ces termes que s'est exprimé le 30 mai dernier à Niéllé localité située à 30 kilomètres du pays voisin le Mali, Ouattara Marie Claire présidente de l'Ong "femme et promotion" c'était à l'occasion de la sortie officielle de la structure non gouvernementale.
"Il est écœurant, selon elle, de voir une fille de moins de 18 ans porter au dos son enfant d'où est née l'expression en malinké : "deni ka deni woro", un enfant a donné naissance à un autre enfant… Plus difficile est la famine qui sévit ; un tueur silencieux. La peste bovine a décimé le cheptel bovin de la zone de Niéllé, d'où l'angoisse et la misère des paysans qui, depuis des décennies utilisent les bœufs pour la culture attelée lors des travaux champêtres", a- t-elle fait remarquer….
Douloureux constat qui émane des filles et fils de la région. A l'instar du témoignage du député de Napié: "Depuis que je tourne il y a 15 mois, j'ai réalisé que les femmes sont d'avantage perturbées par la crise socio-économique que nous traversons, les hommes sont dépassés par les événements et les responsabilités de la femme sont énormes. Lorsque le mari ne donne rien à la femme, elle est obligée de trouver de quoi à manger pour les enfants. En sillonnant ces villes et villages, je me rends compte de plus en plus que la pauvreté s'accroît et les populations ont les mêmes besoins d'un village à l'autre. Mais la généralité qui se dégage est la pauvreté. Voyez-vous, des hommes sont morts pendant les heures chaudes des combats. Les survivants ont presque tous fui la région ou ont abandonné leurs familles parce qu'ils estiment avoir perdu leur dignité devant femmes et enfants. Ensuite les infrastructures tels que l'école, les centres santé, l'électrification, les routes… font défaut".
En un mot, la crise a fait assez de veuves et de divorcées. En ville, vous trouverez plus de veuves que de femmes mariées qui vivent avec leurs époux. Simplement parce que les maris sont morts sur les champs de bataille, ou ne pouvant plus assurer les charges familiales ils ont fui les domiciles conjugaux. Abandonnant enfants et femmes.
Voici des réalités qu'on veut cacher aux Ivoiriens. Sachant que les médias feront sur celles-ci un zoom, si le Président de la République se retrouve pour une raison ou une autre dans cette région où les populations qui, attendent avec empressement le retour de l'administration, n'hésitent plus à dépeindre leur quotidien.
Mieux, Khorogo faisant partie intégrante de la Côte d'Ivoire, pourquoi se donner tant de mal à interpréter la présence du Président de la République dans cette localité ? Pourquoi y voir, rien que de la politique ? Et même si c'est le cas…
Gbagbo ne fait-il pas partie des rares hommes politiques ivoiriens qui ont, par leurs actes, décomplexé leurs contemporains ? Lesquels, pour la plupart, par snobisme, passaient leurs vacances en occident, en tournant le dos à leur pays ? On se souvient encore de ses vacances passées à Grand-Béréby. Un symbole fort. Au plan touristique certes. Mais surtout comme levain d'un changement de mentalité. Enfin, avant Gbagbo, sous le Président Houphouët-Boigny, ont été construites dans la plupart des grandes régions ivoiriennes, des résidences du chef de l'Etat. Si cela a été fait, pourquoi glose-t-on quand son locataire attitré veut y séjourner pendant ses vacances ? Gbagbo en vacances au Nord, une bonne nouvelle pour les nordistes, longtemps sevrés de la République et de ses attributs.
Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr