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Politique Publié le mercredi 26 août 2009 | Le Temps

Les Brésiliens dans le jeu politique ivoirien : Voici les favoris de Houphouët-Boigny et Gbagbo

Les liens entre politique et football sont décidément très étroits. Le ballon rond ou la politique, draine des foules considérables. Rites, thuriféraires, stratèges. Selon des penseurs, "Si l'on réussit à trouver un événement collectif qui soit passionnant, distrayant et susceptible de maintenir des masses de gens dans un état de fascination, il est effectivement moins probable que ces gens auront envie de s'occuper en se livrant au terrorisme politique ou à la rébellion sanglante". Feu Houphouët-Boigny, qualifié par d'éminents observateurs de "génie politique", le savait certainement. Qui, en bon stratège, n'hésitait pas à se comporter en politique comme le fit, Garincha, l'ailier (droit) de débordement brésilien qui, en 1962, éclaboussa la coupe du monde de sa classe et de son talent, en l'absence du "roi " Pélé alors, blessé. Garincha sur le terrain de football ? C'était tout simplement un dribleur patenté. Il marquait des buts et en faisait beaucoup marquer. Il transformera en avantage, son handicap congénital (une jambe plus longue que l'autre) en prenant appui là-dessus, et par des feintes, déséquilibrait ses adversaires. Ruse, dribbbles chaloupés en rajoutait au talent à l'état pur de ce footballeur brésilien. Le grand éditorialiste ivoirien, feu Diégou Bailly, n'hésita pas, dans l'hebdomadaire Ivoire Dimanche, à comparer Houphouet à cet athlète, Garincha. Et pour cause !
Ministre dans le gouvernement français au moment où la Côte d'Ivoire était encore colonie française, il aura fallu à Houphouët-Boigny, du flair et de la maestria politique, pour réussir, sans casse, les dés apparentement du Pdci au parti communiste. Son pays devenu indépendant, Houphouët par ses choix politiques, se mettra à dos, les partisans du panafricanisme version Kwame NKrumah (Ghana), Sékou Touré (Guinée) et Léopold Séda Senghor (Sénégal).
Au plan national, c'est ce talent qui lui a fait obtenir aux premières heures des indépendances, la plupart des voix du Grand Ouest ivoirien et une alliance très forte avec le Nord (à travers le patriarche Gon péléforo de Khorogo) au moment où, les populations qui lui étaient géographiquement et sociologiquement proches, s'arc-boutaient à une formation politique adversaire du Pdci, son parti. A savoir, le parti progressiste d'Etienne Djoman. Toujours en interne, pour se maintenir au pouvoir et maîtriser le système de parti unique qu'il a fait asseoir de 1960 à 1990, en dépit de l'article 7 de la constitution du pays qui proclame le multipartisme, le " sage de Yamoussoukro ", usera d'astuce, pour dribbler comme Garincha, ses contempteurs. En faisant croire à la communauté nationale et internationale que le monopartisme s'imposait à la Côte d'Ivoire. Et que, c'est par consensus que les partis existant se sont sabordés pour se faire "avaler" par l'Eléphant, symbole du parti d'Houphouët. Bien que les Gbaï Tagro, Gnagbé Kragbé et d'autres Ivoiriens manifestaient leur désir de créer leur propre parti, leur voix était étouffée par la toute puissante machine houphouétiste. Au point où, du dedans comme du dehors, l'unanimisme qui prévalait, se construisait autour d'un discours surréaliste, du genre: " Le parti unique est un choix voulu par les ivoiriens. En vue de construire un Etat fort, une nation, au moment où étaient récurrents, les réflexes ethniques, régionalistes, etc.". Il fallait s'appeler Houphouët, pour convaincre pendant des décennies ses concitoyens, de ce que la parti unique admettait la pluralité d'opinion et donc, favorisait la démocratie. Il fallait être Houphouët, pour faire croire à la communauté internationale que son pays ne compte pas d'opposants, alors que la prison d'Assabou (Yamoussoukro) comme le camp Boiro en Guinée, ne désemplissait pas. En témoignage, les faux complots d'Houphouët dont parle notre contemporain, le Pr, Samba Diarra. Coup de Trafalga : En 1990, ne désirant point aller à l'élection présidentielle avec un concurrent, Houphouët-Boigny imposa des règles en cours de jeu. Ce qui fit sortir des gongs, le Pr Francis Wodié, candidat du Pit : "on ne change pas les règles du jeu en cours de match". réponse d'Houphouët : "Si tu n'y adhères pas, tu seras battu sur tapis vert". Au final, Laurent Gbagbo, le principal opposant à Houphouët-Boigny se trouva seul, face au chef de l'Etat qui ne lui fit aucun cadeau. L'amenant à trouver la somme de 20 millions de Fcfa, caution exigible, annoncée un jour non ouvrable (pour les banques). En dépit des nombreux obstacles dressés sur son passage par Houphouët, Gbagbo a maintenu sa candidature et obtenu officiellement 18% de voix contre le "vieux". On peut discuter du mode d'accession du pays à l'indépendance sous Houphouët. On peut parler à cet effet de compromis ou de compromission. Mais, même coincé, pris en tenaille par les partenaires au développement, par les Institutions Internationales, par les "spéculateurs", par l'opposition, par la jeunesse qui au soir de sa vie lui cria là-dessus : "Houphouët voleur", le "médecin" a toujours su tirer partie de ses choix politiques. Est-ce étonnant que cet homme ait pu dire de son plus coriace opposant, Laurent Gbagbo : "Hélas, il me ressemble!?" Autrement dit, tous les deux sont des hommes politiques d'exception. Dire que Gbagbo ressemble à Houphouët, ne signifie pas que l'actuel chef de l'Etat est Houphouétiste. Cela traduit tout simplement la vision que le défunt Président ivoirien et l'actuel, ont de la politique. Rien ne présageait la venue à la tête de l'Etat ivoirien, du fils du sergent chef Koudou Paul. Enfant de pauvre, contrairement à ses adversaires politiques nés avec une cuillère en or à la bouche et à qui, on a préparé un héritage politique, le socialiste Gbagbo, Dr en histoire, ne pouvait compter que sur sa foi en lui-même, sa volonté et son acharnement à faire la politique autrement que ce qui était donné de voir avec les houphouétistes au pouvoir. Sa condition sociale, un handicap au départ, parce qu'une certaine opinion estimait qu'on ne pouvait faire la politique sans être financièrement nanti, sera un atout pour lui. Le peuple à qui il s'adresse, le reconnaît comme étant l'un des siens : Un enfant de pauvre. Un symbole : On peut être d'une classe modeste et devenir président de la République. On peut sortir de prison où ses adversaires politiques l'ont injustement incarcéré, pour devenir, par les urnes, Président de la République. A force de pugnacité, de travail. Voyager dans tout le pays pour faire partager avec le peuple, son programme de gouvernement, son projet de société, sa qualité d'homme intègre, d'homme de probité, d'homme de partage, d'homme de parole, de patriote, etc. Seul le travail ou l'effort paye, conseil encore aujourd'hui le Président Gbagbo à ses concitoyens. Il félicite l'immigré burkinabé surnommé Bébéto (du nom du talentueux footballeur brésilien, plusieurs fois distingué). Accueilli en frère à Mama (village natal du chef de l'Etat) où il cultive la terre mise à sa disposition par ses tuteurs Bété, Bébeto s'est lancé dans la culture maraîchère. Il ne connaît pas la faim. Mieux, il se fait de l'argent, en vendant aux autochtones, le piment, les aubergines, et autres, que la plupart des paysans de Mama, rechignent à cultiver alors que ces produits sont indispensables. Leçons à tirer : Le chef de l'Etat ivoirien invite ses compatriotes à être des Bebeto, c'est-à-dire, des exemples, des travailleurs consciencieux, courageux. Altruiste comme le footballeur talentueux Bebeto, ballon d'or. Qui dépense beaucoup d'énergie sur l'air de jeu, solidaire de ses partenaires, adroit devant les buts, donc, grand buteur. Toujours le pied à l'étrier. Dans la vie de tous les jours, ce joueur, très croyant, mène une vie d'athlète exemplaire. Garincha ou Bébéto, symbolise l'esprit de gagne, par le talent naturel, par le travail assidu, sans tricherie. Quand les talents sportifs brésiliens illuminent le peuple ivoirien et les acteurs politiques locaux.
Douh-L.patrice
pdouh@yahoo.fr
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