Le ton était à la convivialité hier à la salle des «Pas perdus» au Palais présidentiel du Plateau. Le nouveau président de la Cour constitutionnelle prêtait serment devant le président de la République. M. Paul Yao N’Dré, en présence de proches et amis qui ont massivement fait le déplacement, s’est engagé à mener sa mission en toute impartialité et en toute neutralité. «Je m’engage à bien et fidèlement remplir ma fonction en toute indépendance et en toute impartialité dans le respect de la Constitution et à garder le secret des délibérations même après ma fonction… », a juré le Pr. Paul Yao N’Dré la main droite levée. Le chef de l’Etat qui a pris la parole à sa suite, s’est réjoui d’avoir nommé son «ami Pablo» à la tête de cette institution. Il a profité de la cérémonie de prestation de serment pour régler ses comptes à l’opposition qui s’est élevée contre la nomination de ce cacique du FPI. «Je suis heureux pour lui. C’est quelqu’un que je connais personnellement et que nous appelons affectueusement Pablo. Les gens pensent que pour nommer quelqu’un au Conseil constitutionnel, il faut aller chercher quelqu’un sur la lune», a-t-il ironisé. Le président Laurent Gbagbo a estimé qu’on lui fait un faux procès quand ses adversaires politiques l’accusent d’avoir nommé un ami au poste de président du Conseil constitutionnel. «Tous les chefs de l’Etat ont nommé leur ami. La loi nous demande de nommer quelqu’un qui connait le droit. J’ai nommé Yao N’Dré qui est mon ami. Et je le répète pour ceux qui ne le savent pas, en même temps qu’il est mon ami, il est aussi un agrégé de droit. Dans ce pays, il ne faut pas qu’on fasse comme si on ne se connait pas. Avant lui, il y avait Noël Nemin. Il était le directeur de cabinet de Bédié avant d’occuper cette fonction. Je n’ai pas critiqué, parce que c’est comme cela, on fait», s’est-il défendu. Avant de demander à son «ami» de faire normalement son «travail». «Celui qui veut contrarier le droit constitutionnel, il doit lui expliquer», a-t-il recommandé au nouveau patron de la Cour constitutionnelle. Au cours de son intervention, le président Laurent Gbagbo a rendu hommage au juge Yanon Yapo qui a présidé aux destinées de cette institution au cours de ces six dernières années. Pour l’actuel locataire du Palais présidentiel, le prédécesseur du Pr. Paul Yao N’Dré a fait son travail dans la droiture et le calme qui l’a toujours caractérisé. Il a exprimé ses regrets, respect de la Constitution oblige, que ce ne soit pas lui qui présidera cette institution au moment où la Côte d’Ivoire rentre dans la période électorale. Mais le président Gbagbo a tenu à le rassurer en ces termes : «Tant que j’aurai le souffle de vie, je le retrouverai dans la mêlée.» Après sa prestation de serment, le nouveau président du Conseil constitutionnel a procédé à celle de ses conseillers. Le professeur Paul Yao N’Dré après la lecture de la formule consacrée a fait jurer Me André Jacques Moloko Daligou, Mmes Hortense Angoran Kouassi épouse Sess et Joséphine Suzanne Touré épouse Ebah, les trois nouveaux conseillers à la Cour constitutionnelle.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly