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Showbizz Publié le vendredi 28 août 2009 | Le Repère

Joseph Nyamké (manager de Meiway) - “Ce sont les critiques de Meiway qui ont propulsé Asalfo”

De passage à la rédaction, M. Joseph Nyamké, manager de Meiway depuis une vingtaine d`années s`est prêté à nos questions. Il nous parle de l`artiste, de la célébration de ses 20 ans de carrière et de son parcours.

Meiway est-il facile à gérer ?
Pour ce que je sais de lui, il est timide de nature. Mais il a réussi à surmonter cette timidité en étant un peu agressif. Ça, c`est la nature que je lui connais. Sinon en dehors de cela, c`est un monsieur extraordinaire qui aime beaucoup rire, qui aime bien manger, qui aime vivre en famille. Vraiment de ce côté-là, c`est l`homme parfait, sincèrement.

A quoi doivent donc s`attendre les fans de Meiway à l`occasion de la célébration de ses 20 ans de carrière ?
Si cela ne tenait qu`à nous, ce que nous avons concocté comme programme est alléchant pour le public tant national qu`international. Mais comme on le dit, l`homme propose, Dieu dispose. Donc, si l`Eternel dispose, nous pensons pouvoir faire de grandes choses. Nous allons innover en matière de spectacles. Nous sommes en train de faire en sorte qu`en dehors des spectacles, nous puissions offrir d`autres choses au public, notamment. Il va avoir bientôt le lancement, c`est du jamais vu ! Avec un programme, un défilé de mode, un logo pour les 20 ans qui sera présenté. Vous comprenez qu`il y a beaucoup de choses qui se préparent. Maintenant, en matière de spectacles aussi, on va innover, nous comptons faire trois spectacles avec une innovation spéciale pour chacun. Ce que nous avons voulu faire qui a un peu alourdi notre budget, c`est qu`au plan national, au plan africain et au plan international, Meiway a dû faire des duos avec des artistes. Donc nous comptons faire venir tous ces artistes pour communier avec Meiway.

On avait un certain moment craint que Meiway soit emporté par la vague coupé-décalé.
Meiway est une personne qui s`adapte à l`évolution des temps et de la musique. Il est parti du folklore de Bassam pour engendrer le Zoblazo. Aujourd`hui, le Zoblazo évolue selon qu’on a de nouveaux instruments qui apparaissent, selon qu`aujourd`hui, avec l`ordinateur, on fait beaucoup de choses et ainsi de suite. Mais n`empêche que dans l`évolution de la musique qu`il a créée, il fait toujours des clins d`œil à la musique de son terroir, notamment, celle de Sassandra, celle du centre de Gagnoa, la musique Kroumen, la musique sénoufo, un peu de tout cela. Mais mieux, il va jusqu`à titiller d`autres musiques que nous connaissons en Afrique, dont le M`Balla. C`est quelqu`un qui, je dirais, se fond perpétuellement aux réalités de son temps. C`est difficile de ne pas pouvoir, avec un rythme qu`il aime bien, donner la mesure qui va avec cette musique. On a parlé de coupé-décalé, c`est un rythme que Meiway a récupéré pour lui donner un certain poids et je pense que c`est sa contribution. A un certain moment, il avait critiqué Magic Systèm. Les gens ont vu cette critique d`un mauvais œil alors qu`il a voulu les amener au travail de sorte à pouvoir garder un label, pas le temps d`un feu de paille, mais de façon constante. Et je pense que la personne qui a compris le message de Meiway, c`est Asalfo. Je suis désolée de le dire, mais dans le groupe Magic Systèm, c`est Asalfo. Je ne vous le fais pas dire, mais Asalfo est monté sur scène quand Meiway a été consacré à Bassam, pour lui dire merci parce que c`est le seul qui l`a compris et suivi les conseils de l`artiste. Aujourd`hui, ils sont à leur 10 disques d`or et deux disques de platine. Je pense qu`il n`y a pas mieux pour comprendre le message de Meiway. La seule personne qui l`a mis en exergue, c`est Asalfo et il faut le dire.

Si l`on veut résumer vos propos, c`est que la critique de Meiway a aidé Asalfo à se propulser.
Tout à fait. La critique a aidé à porter des fruits. Mais encore faudrait-il que cela soit ainsi compris. C`est pour cela que je reviens là-dessous, la seule personne qui a compris que Meiway n`était pas en train de critiquer de façon négative, mais positivement, c`est Asalfo. Il a si bien compris qu`il a remercié Meiway. Ça lui a donné un coup de fouet, ça lui a permis de comprendre qu`on ne vient pas par hasard au métier. Le métier d`artiste ou de musicien est un métier à part entière qui s`apprend comme tout autre métier. En Europe, vous prenez 100 musiciens, il y a 95 qui sont allés à l`école de la musique. Les jeunes doivent comprendre cela. Ne devient pas star qui veut. Mais sous nos cieux, vous les journalistes, je vous jette aussi la pierre, vous fabriquez trop vite des artistes. J`ai eu pour habitude de donner l`exemple de Meiway à tous les jeunes qui me côtoient. Meiway est resté dans l`ombre pendant au moins douze ans. Il était amateur depuis les années 77.

On a l`impression qu`il y a beaucoup d`artistes surfaits aujourd`hui.
Oui ! Fabriqués par les journalistes. Certains artistes sont venus me dire merci parce que quand ils viennent me voir, je leur donne le parcours de Meiway qui a commencé la musique dans les années 75, 77, 78, qui n`a sorti son album en tant qu’artiste professionnel en 1989. C`est-à-dire combien d`années après ? Il a eu le temps de se faire, d`apprendre à chanter, à jouer des instruments, à apprendre la musique. C`est pour cela qu`il a privilégié le live. Imaginez-vous un artiste qui est au devant d`une scène avec des musiciens derrière, qui ne sait même pas ce que jouent les musiciens. Il ne connaît pas les notes, il chante pour chanter. Alors que derrière, il y a des notes qui l`accompagnent. Il faut qu`il chante juste pour ne pas dégammer.

M. Nyamké, selon la définition de l`artiste et de l`art musical que vous donnez, est-ce qu`aujourd`hui en Côte d`Ivoire, on peut parler d`artistes quand on voit de nombreuses personnes qui sortent à longueur de journée des cassettes et des CD ?
Il y a des artistes qui ont de belles voix, qui peuvent bien chanter, mais c`est, je dirais à la limite, le Star System qui tue nos artistes. Nombreux de ceux qui viennent à la musique veulent être Stars. Prenez le parcours de Michael Jackson. Et c`est dommage qu`on ait appris beaucoup de choses sur lui qu`à sa mort. Aujourd`hui, c`est une Star mondiale que nous perdons, mais vous ne pouvez pas comprendre le potentiel qu`il représentait pour la musique mondiale. Comme on le dit, chaque chose en son temps, il faut que les gens comprennent que pour être Star, pour être un vrai artiste, il y a un parcours. Et il faut qu`ils apprennent à faire ce parcours et être propulsé au-devant de la scène en son temps.

Deux questions indiscrètes : la première : en 2000, quelques semaines seulement après le coup d`Etat, Meiway sort "N`Zuéba" Pourquoi ? N`avait-il pas peur et que voulait-il donner comme message ?
Je ne sais pas si vous avez bien suivi les interventions de Meiway juste après le coup d`Etat. Durant 4 albums, Meiway a prévenu, surtout après le décès du père de la nation, Houphouët-Boigny. Meiway a prévenu avec un album où il a chanté "Nanan". Il disait au tenant du pouvoir que c`était un gros héritage que le père fondateur a légué à la Côte d`Ivoire et il fallait qu`il fasse attention pour ne pas le perdre et que tous les Ivoiriens le soutenaient pour pouvoir mener à bien le bateau ivoire. Malheureusement, il n`a pas été entendu. Et c`est à la suite qu`il a sorti N`Zuéba pour dire "J`avais prévenu. Le pire est arrivé et on va essayer de pouvoir faire en sorte de balayer cela et reprendre les choses" Si vous écoutez bien N`Zuéba, c`est le message que Meiway lance. C`est perdu, c`est gâté. Comme on le dit, une fois l`eau versée, on ne peut plus la ramasser mais comme on le dit aussi, quand un homme tombe, la valeur qu`il représente, c`est de pouvoir se relever. Je pense que c`est à l`image de la Côte d`Ivoire et Dieu merci, nous sommes petit à petit en train de sortir de cette crise avec cette bravoure qu`on reconnaît aujourd`hui aux Ivoiriens. Il faut que nous puissions nous comprendre. Quand un artiste a prévenu parce que le plus souvent, on prend les artistes pour des amuseurs publics,…J`ai eu une interview, il n`y a pas longtemps au niveau de la télévision, je l`ai dit. En Côte d`Ivoire, dès lors qu`un artiste sort et qu`il commence à s`organiser, à avoir un manager, à avoir un tailleur, on se dit qu`il a la grosse tête. Or, c`est la moindre des choses. Il faut qu`il y ait une organisation autour de lui, pour mener à bien son métier. Vous imaginez ! Nos autorités, quand elles appellent un artiste, et que l`artiste les ramène vers son manager, ils se disent qu`il a la grosse tête.

De 2002 à 2005, il y avait une sorte de musique de la mode. Il fallait chanter patriote. On n`a pas entendu Meiway, pourquoi ?
Justement, c`est parce que Meiway avait déjà prévenu. Donc pour lui, il n`a pas senti la nécessité de réagir tout de suite, d`autant plus qu`il a pris le temps de prévenir. N`empêche, je vous le dis, Meiway a une institution qui est en Côte d`Ivoire, à chaque fin d`année, pour donner des spectacles. Au moment où nous étions en pleine crise et que des Ivoiriens sortaient de la Côte d`Ivoire, pour sauver leur tête à l`étranger, Meiway est venu en Côte d`Ivoire. C`est en cela que je n`ai pas compris le combat des patriotes. Meiway est parti en Europe depuis 1985, il aurait pu y rester parce que son pays est en crise. Mais du fait de cette institution, Meiway est venu en Côte d`Ivoire, donner des spectacles. Mais c`était au titre du combat, il est venu égayer son public comme il avait l`habitude de faire. Il aurait pu y rester ! Heureusement, en son temps, on avait eu besoin de Meiway. Pour moi, Meiway est un produit. J`essaie donc de le vendre. Et comme j`ai su le vendre, ceux-là mêmes ont eu à intervenir pour qu`il puisse faire ses spectacles. Je saisis cette opportunité pour leur dire merci au nom de l`artiste.

Et les Kora ?
Les Kora ont été une nomination. Et Meiway a été un peu frustré, sincèrement, parce que quand il est revenu en Côte d`Ivoire, après les trois Kora obtenus, il n`y a eu que son équipe dirigeante pour l`accueillir alors qu`il défendait le drapeau ivoirien. Il en a pris un coup. Comme c`est quelqu`un qui ne fait pas dans la dentelle et qui ne porte pas de gants, il l`a exprimé. C`était dommage ! Nous autour de lui, nous l`avons soutenu, nous avons fait ce qu`il fallait pour lui dire merci. Je pense qu`il l`a bien compris même si au niveau national, cela n`a pas été le cas.

Ne faisait-il pas partie des artistes décorés en 2006 ?
En son temps avec Bédié, aussi chaque année, on récompensait les meilleurs en Côte d`Ivoire. Il a reçu deux ou trois coupes à la suite d`Alpha Blondy.

Et à la fête de l`Indépendance ?
Il a été décoré mais malheureusement, ce jour-là, j`y étais, je l`ai représenté, ils ont refusé de me donner sa décoration. C`est après quand il est arrivé qu`ils l`ont reçu pour la lui remettre.

Interview réalisée par
Eddy Péhé et Cinthia R Aka
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