Bohoun Bouabré et Désiré Tagro se livrent une guerre de leadership sans merci à Issia. Tout le monde le sait. Tout le département d’Issia vit cette crise au quotidien. Mais on ne savait pas que dans cette guerre fratricide, Laurent Gbagbo avait choisi son camp. Et pourtant, c’est le cas. Au cours de son séjour de 48 heures dans la région, les jeudi 27 et vendredi 28 derniers, les indices et les signes ont montré clairement que le patron de la Refondation, pour défendre ses intérêts dans la région ne jure désormais que par le tout-puissant ministre de l’Intérieur, Désiré Assignini Tagro. Dès son arrivée, c’est dans la résidence de ce dernier à Issia, que le président Laurent Gbagbo a reçu les représentants des populations venus lui souhaiter la bienvenue. C’est encore chez Désiré Tagro que s’est tenue la rencontre qu’il a eue avec les chefs des villages bété. De plus, après les civilités à Issia, l’hôte de marque s’est rendu à Gabia dans le village de Désiré Tagro dans la sous-préfecture de Saïoua où il a passé la nuit. En outre, après le meeting, c’est toujours dans la résidence du ministre de l’Intérieur à Issia que le déjeuner a été servi. Et pour ceux qui ont suivi le meeting, le président Laurent Gbagbo a passé plus d’une bonne dizaine de minutes à faire l’éloge de son nouveau poulain. Alors que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances n’a eu droit qu’à cinq petites minutes de remerciements et de félicitations. Toutes choses qu’apparemment, ne digère pas Paul Antoine Bohoun Bouabré. Et le seul ministre d’Etat du gouvernement Guillaume Soro ne l’a pas du tout caché tout le long du séjour du candidat du Front populaire. Le prétendant malheureux au poste de gouverneur de la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest était seulement à l’accueil le jeudi à Kiprégogoua (entrée de la ville) et le vendredi au meeting à Issia. « Petit Paul » a passé tout son temps a boycotter le président Laurent Gbagbo. Après l’accueil, il a préféré rentrer à sa résidence à Saïoua que de suivre le cortège présidentiel qui se rendait au domicile de Désiré Tagro à Issia. Laurent Gbagbo qui comptait sur lui pour les civilités s’est amèrement rendu compte de sa défection. Lorsque le chef de l’Etat se rendait également à Gabia pour y passer la nuit chez Désiré Tagro, le ministre du Plan et du Développement n’a également pas daigné le suivre pour lui souhaiter la bonne nuit avant de le quitter. Plus grave, après le meeting d’Issia, c’est un Bohoun Bouabré visiblement très remonté contre Laurent Gbagbo qui a boudé le déjeuner qu’offrait le ministre de l’Intérieur à sa résidence. Il a préféré retourner à sa résidence de Saïoua pour digérer, loin des regards et des quolibets, l’humiliation que venait de lui administrer Laurent Gbagbo en public en faisant essentiellement les louanges de Désiré Tagro, « son petit ». Le ministre d’Etat Bohoun Bouabré, selon des témoins, n’a même pas pris le soin de dire au revoir à Laurent Gbagbo qui devait retourner sur Abidjan après le déjeuner. Après les parents et les partisans de Tapé Doh, Laurent Gbagbo aura a géré la colère et les ressentiments du clan Bohoun Bouabré dans la région. En provenance de Daloa, on se souvient, le chef de l’Etat en partance pour Issia, a été copieusement hué par les populations du village de l’ancien PCA de la Bourse du café et du cacao qui n’ont pas manqué de déchirer ses posters au passage. Il reproche à l’actuel chef de l’Exécutif ivoirien de retenir injustement « l’homme au chapeau melon » à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. Et que depuis bientôt deux ans qu’il y est, aucun jugement dans l’affaire où il est accusé de détournements de fonds n’a été prononcé contre lui.
Les raisons d’un choix
Au-delà de la visite officielle, Laurent Gbagbo était venu encourager son nouveau favori. Le candidat du FPI est venu apporter sa caution aux actions que mène Désiré Tagro sur le terrain pour rallier l’électorat akan de la région à sa cause. Le choix du président-candidat est plutôt stratégique. Désiré Tagro certes, met de gros moyens pour ratisser large dans la région. Mais sa position de ministre de l’Intérieur le rend incontournable dans la campagne du président Laurent Gbagbo. Désiré Tagro a non seulement les hommes pour tenter de faire réélire Gbagbo, mais il a également dans la balance, contrairement à Bohoun Bouabré, les préfets et les sous-préfets qui sont sous ses ordres. Ces grands commis de l’Etat actuellement, ne jurent pour la plupart que par lui. Parce que l’actuel ministre de l’Intérieur s’efforce à mettre dans les meilleures conditions ses collaborateurs pour mener à bien leur mission. Aujourd’hui, la plupart des administrateurs ont des véhicules de commandement. Des efforts sont consentis pour leur permettre d’être bien logés. Les nouveaux sous-préfets qui sortent fraîchement de l’Ecole nationale d’Administration n’attendent plus de longs mois après leur affectation pour avoir les privilèges liés à leur rang et à leurs fonctions. Même son de cloche au niveau des forces de sécurité. Tous les commissariats depuis l’avènement du nouvel homme fort d’Issia ont bénéficié d’un appui conséquent en logistique et en matériels. Les policiers sont dotés en véhicules 4x4 climatisés et en Pick up pour effectuer leurs patrouilles. Parmi les nouveaux, beaucoup doivent leur entrée à la police au clientélisme à grande échelle pratiqué par Désiré Tagro depuis qu’il est à la tête de ce département. Une chose que n’a pas d’ailleurs manqué d’utiliser contre lui, son actuel rival à Issia. Bohoun Bouabré l’avait accusé au cours d’une rencontre, d’avoir fait rentrer à la police « des planteurs et des villageois ». Désiré Tagro avait répliqué en insultant jusque dans son intimité sa génitrice. Une sulfureuse passe d’armes qui les avait conduits en son temps, devant le président Laurent Gbagbo qui a tenté de calmer les ardeurs de ses deux collaborateurs.
En plus de ce devoir d’allégeance et de reconnaissance que lui doivent certains membres du corps préfectoral et de la police, Laurent Gbagbo sait qu’il peut compter sur la générosité de Désiré Tagro qui lui a fait monter en estime dans le cœur des populations (!?). Surtout au sein de la communauté akan dont le candidat du FPI convoite tant l’électorat. L’achat de conscience et de voix a déjà commencé à produire ses fruits dit-on dans le milieu des refondateurs. Sur invitation du ministre, c’est ce résultat qu’est allé constater le candidat du FPI Tagro en prétextant d’une visite d’Etat. Mais, aujourd’hui, à l’occasion de cette visite officielle, Laurent Gbagbo a ravivé les antagonismes et aggravé les plaies à Issia. Car son soutien mal dissimulé à Désiré Tagro dans la guerre de positionnement dans la cité du Zagoté risque d’avoir des effets boomerang.
Jean-Claude Coulibaly
Les raisons d’un choix
Au-delà de la visite officielle, Laurent Gbagbo était venu encourager son nouveau favori. Le candidat du FPI est venu apporter sa caution aux actions que mène Désiré Tagro sur le terrain pour rallier l’électorat akan de la région à sa cause. Le choix du président-candidat est plutôt stratégique. Désiré Tagro certes, met de gros moyens pour ratisser large dans la région. Mais sa position de ministre de l’Intérieur le rend incontournable dans la campagne du président Laurent Gbagbo. Désiré Tagro a non seulement les hommes pour tenter de faire réélire Gbagbo, mais il a également dans la balance, contrairement à Bohoun Bouabré, les préfets et les sous-préfets qui sont sous ses ordres. Ces grands commis de l’Etat actuellement, ne jurent pour la plupart que par lui. Parce que l’actuel ministre de l’Intérieur s’efforce à mettre dans les meilleures conditions ses collaborateurs pour mener à bien leur mission. Aujourd’hui, la plupart des administrateurs ont des véhicules de commandement. Des efforts sont consentis pour leur permettre d’être bien logés. Les nouveaux sous-préfets qui sortent fraîchement de l’Ecole nationale d’Administration n’attendent plus de longs mois après leur affectation pour avoir les privilèges liés à leur rang et à leurs fonctions. Même son de cloche au niveau des forces de sécurité. Tous les commissariats depuis l’avènement du nouvel homme fort d’Issia ont bénéficié d’un appui conséquent en logistique et en matériels. Les policiers sont dotés en véhicules 4x4 climatisés et en Pick up pour effectuer leurs patrouilles. Parmi les nouveaux, beaucoup doivent leur entrée à la police au clientélisme à grande échelle pratiqué par Désiré Tagro depuis qu’il est à la tête de ce département. Une chose que n’a pas d’ailleurs manqué d’utiliser contre lui, son actuel rival à Issia. Bohoun Bouabré l’avait accusé au cours d’une rencontre, d’avoir fait rentrer à la police « des planteurs et des villageois ». Désiré Tagro avait répliqué en insultant jusque dans son intimité sa génitrice. Une sulfureuse passe d’armes qui les avait conduits en son temps, devant le président Laurent Gbagbo qui a tenté de calmer les ardeurs de ses deux collaborateurs.
En plus de ce devoir d’allégeance et de reconnaissance que lui doivent certains membres du corps préfectoral et de la police, Laurent Gbagbo sait qu’il peut compter sur la générosité de Désiré Tagro qui lui a fait monter en estime dans le cœur des populations (!?). Surtout au sein de la communauté akan dont le candidat du FPI convoite tant l’électorat. L’achat de conscience et de voix a déjà commencé à produire ses fruits dit-on dans le milieu des refondateurs. Sur invitation du ministre, c’est ce résultat qu’est allé constater le candidat du FPI Tagro en prétextant d’une visite d’Etat. Mais, aujourd’hui, à l’occasion de cette visite officielle, Laurent Gbagbo a ravivé les antagonismes et aggravé les plaies à Issia. Car son soutien mal dissimulé à Désiré Tagro dans la guerre de positionnement dans la cité du Zagoté risque d’avoir des effets boomerang.
Jean-Claude Coulibaly