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Art et Culture Publié le samedi 5 septembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Reportage à Divo - Voyage au cœur de la culture Dida-Godié

Du 12 au 16 août 2009, a eu lieu la 3ème édition du Festival des arts et de la culture Dida-Godié (Djaka 2009). Ce festival qui s’est déroulé à Akabia dans la sous-préfecture de Divo, a été l’occasion rêvée pour le peuple Dida-Godié de renouer ses liens avec ses us et coutumes qui, depuis peu, baignaient dans une léthargie spectaculaire. Mercredi 12 août 2009, il est exactement 12h 50mn, lorsque nous quittions Abidjan pour nous rendre à Akabia, petit village pittoresque situé à 28 Km de Divo - capitale du Sud-Badama - afin de nous rendre témoin d’un grand rendez-vous culturel dénommé Djaka. Akabia, 28 Km de Divo en une heure et demie Après quelques heures de chemin, nous atteignons le village des Djé (panthère en Dida). Djiboa ou Divo pour les habitués. Dans cette ville, nous marquons une brève escale - juste le temps de nous désaltérer - et nous nous enfuyons pour Akabia, lieu du Djaka. Pour un trajet de 28 Km, nous passons pratiquement une heure et demie, tant la voie qui lie la ville de Divo à ce beau village Dida est d’une dégradation avancée. En fait, cette voie n’est en rien différente de la plupart des pistes villageoises du pays. En plus d’être étroite, celle-ci présente à presque tous les endroits de nombreuses crevasses et flaques d’eau qui donnent parfois l’impression d’une route abandonnée. Nous ne participerons pas aux activités le premier jour du festival. Car, la nuit avait, à notre arrivée, déjà couvert le village de son long manteau noir. Epuisés par les nombreuses secousses subies au cours du voyage, c’est tout naturellement que nous nous retrouverons, quelques moments plus tard, dans les bras de Morphée. Première nuit à Akabia. Djaka ou le voyage au cœur de la capitale de la culture Dida-Godié A notre réveil, le jeudi 13 août, pour prendre part aux activités de la deuxième journée du festival, c’est avec beaucoup de joie que, loin de la capitale économique, nous humons encore une fois l’air pur et frais de la campagne. Nous en serons émerveillés ainsi jusqu’à la fin de notre séjour, le dimanche 16 août 2009, jour de clôture. Essentiellement consacré aux jeux traditionnels, ce jeudi nous fera découvrir bien des merveilles de l’imaginaire Dida-Godié. Les jeux constituent en effet l’une des jambes du festival. Moment de distraction par excellence, après les durs labeurs, seuls les plus rusés ont le secret des victoires. Au cours de cette journée où la pluie, quoi que menaçante, n’a pas pu déverser sur le village ses grosses larmes – ne sommes nous pas en Afrique ? –, nous assisterons à plusieurs jeux. Notamment Elléllé, Kotcho, Apaguigui, Djadja, Atchessé, etc. Le jeu Elléllé est un jeu de commandement joué selon les consignes données par une personne extérieure à un groupe de joueurs. Ces consignes devant être respectées à la lettre. Suivi d’un chant éponyme, ce jeu nécessite la vigilance car on ne fait que suivre les gestes et mouvements indiqués. La leçon qui y ressort est qu’il faut absolument se montrer respectueux dans la vie. Quant au jeu Kotcho, il est joué à l’aide de gaines de ‘’Gbakê’’(Akpi). A deux ou en équipe, le joueur tente, grâce à son adresse, de recueillir, après les avoir lancées en l’air, le plus de gaines sur le dos de sa main. Le vainqueur du jeu sera celui qui aura recueilli le plus grand nombre de gaines. Le patrimoine ludique Dida-Godié est riche et varié puisque dans cette contrée, le jeu est déterminant dans la vie d’un homme. En jouant, l’on découvre ou du moins acquiert de l’expérience et un certain savoir qui permet de développer son moral en vue de se construire un avenir meilleur. Les journées du vendredi 14 et du samedi 15 auront été les plus truculentes, aussi bien en danses, théâtre, contes et devinettes, qu’en allocutions. C’est à l’occasion de ces journées que ceux qui, à l’annonce du festival Djaka, s’étaient mépris à dire que le peuple Dida est pauvre en danses traditionnelles ont dû revoir leur opinion. Le menu fut riche en ‘’Alloukou’’ ou ‘’Sapa’’ chez les Dida de Divo. En ‘’ Zézé’’, ‘’Honloh’’, ‘’Agbagnêgnê’’ ou ‘’Koloukolou’’ ; sans oublier la danse ‘’Kessi’’ des femmes de Didoko. Disons de la danse ‘’Alloukou’’ qu’elle est une danse de réjouissance provenant de la région de Lakota. Effectuée par des adultes vêtus d’un morceau de pagne noué à la hanche, l’Alloukou se danse au rythme du tambour. C’est une danse qui s’exécute aussi bien lors des festivités que des funérailles. Aujourd’hui, compte tenu de la modernité, les jeunes peuvent librement s’y adonner. Danse de filles, le Zézé, quant à elle, s’exécute à l’occasion de diverses manifestations de jeunesse. Le torse quasi nu, les jeunes filles sont habillées d’un morceau de pagne, puis d’un petit pagne qu’elles nouent à la poitrine. Pour ce qui concerne le ‘’Koloukolou’’ ou ‘’Agbagnêgnê’’ chez les Dida de Lakota, il faut savoir qu’il s’agit encore une fois là d’une autre danse de réjouissance des jeunes lors des manifestations de joie. Elle se danse avec des mouvements rythmés au son du tam-tam appelé ‘’Koloukolou’’. La particularité de toutes ces danses est qu’elles s’exécutent, pour la plupart, au clair de lune, période indiquée pour se reposer après de durs travaux champêtres. Les danses permettent d’oublier cette étape difficile mais incontournable de la vie. Elles permettent aussi de rassembler tout le monde en un lieu sûr (place publique) de sorte que si une personne est absente, cela se sait et l’on court aussitôt à ses nouvelles. Les danses ont donc un impact sur le village dans sa recherche de l’amour et de l’union. Toute chose qui fait que l’homme Dida se sent beaucoup attaché à la danse du terroir. Mais ‘’Djaka ‘’n’étant pas seulement danses et jeux traditionnels, des contes dits par le conteur professionnel et ressortissant Dida, Adou Yam’s, ont égayé les festivaliers durant ces festivités. « Ces contes, je les ai reçus de la bouche de mon père. Lui, les a reçus de la bouche de son père ; lui aussi, les a reçus de la bouche de son père. Ainsi de suite», explique le conteur. Lors de l’exposition des objets d’art du riche patrimoine Dida-Godié, que le Comité national Djaka a eu l’ingénieuse idée de réveiller et de dévoiler au public, nous devenons tous subitement nostalgiques avec le sentiment d’avoir commis un grave péché : celui d’avoir, tous, largué notre tradition au profit d’un modernisme mal ficelé. Emotionnés malgré tout, nous découvrons, au même titre que le parrain Lida Kouassi Moïse, Dangbey - monnaie d’échange du pays Dida-Godié, ‘’Guelou’’ (gibecière), ‘’Sacadeya’’ (filet de pêche de la gent féminine), ‘’Gbakô’’ (la hotte, ancêtre du sac à dos), et bien d’autres objets d’art que l’archiviste de circonstance Ourega Emmanuel s’est fait fort de commenter. La hotte (Gbakô), une spécificité Dida-Godié La hotte est sans aucun doute l’élément le plus connu de l’histoire des arts et de la culture Dida-Godié. Il est même commun à tous ceux qui viennent du Sud Bandama et qui se réclament de cette contrée. Et ce n’est pas pour rien qu’à votre arrivée à Divo, chef-lieu de région, vous êtes tout de suite accueilli par la statue d’une femme, visiblement revenant des champs, la hotte sur le dos. L’histoire de Gbakô remonte à une époque où la femme Dida portait, de son retour des champs, son bébé, non pas sur le dos, mais devant elle. Par ailleurs, ne portant pas les bagages sur la tête, elle préférait les mettre au dos. Mais comment ? Tout se faisait avec l’aide de la hotte (Gbakô), l’ancêtre du sac à dos, savamment fabriquée à base de lianes. Si elle (la femme) était un peu âgée, elle prenait un bâton qui lui sert d’appui ; sans oublier une branchette qui lui servait de chasse-mouches. La hotte constituait donc une solution pour le transport des bagages.
DY, envoyé spécial à Akibia
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