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Politique Publié le vendredi 11 septembre 2009 | Le Repère

L’éditorial : Matériels dentaires et incompétence

Exercice de cas pratique : que fait un chef d'Etat incompétent qui doit quitter son pays, pour aller se faire arracher une dent cariée dans un pays étranger ? Réponse : celui-ci met en branle son cabinet. Le cabinet (secrétaire, conseiller diplomatique, coursier, traducteur etc) prend des contacts avec la représentation diplomatique du pays en question, s'assure que l'ambassade dans le pays étranger est saisi et prend des dispositions. Cela prend au moins deux jours, soit 48 heures. Le cabinet s'engouffre dans les procédures administratives pour les papiers de tous ceux qui effectuent le déplacement. Il faut au moins trois jours soit 72 heures pour que le cabinet épuise toutes les procédures administratives. Après quoi, un chargé de mission, un médecin personnel du chef d'Etat incompétent, un comptable de la direction financière de la présidence se rendent dans le pays étranger. Ils ont, bien sûr, chacun des frais de mission pour un séjour d'au moins cinq jours, soit 120 heures. Au terme de ce séjour, ils trouvent un cabinet dentaire digne de la dent cariée du chef d'Etat incompétent. Ils réservent des chambres d'hôtel, des véhicules, des places au restaurant. Le comptable paie tout et ce petit monde retourne au pays. Le chef d'Etat incompétent peut alors partir se faire arracher sa dent cariée. Il prend au moins dix jours de congé soit 240 heures, prend femme ou maîtresse (s), s'entoure d'au moins dix gardes du corps, se fait accompagner par un aide de camp, trois membres du protocole d'Etat, deux médecins personnels dont un dentiste, un traducteur, un conseiller, un chargé de mission, un chauffeur, un comptable… Récapitulons : pour se faire arracher sa dent cariée, le chef de l'Etat incompétent a gaspillé des centaines de millions de francs, a perdu au moins vingt jours soit 480 heures perdues, a mobilisé au moins vingt-cinq fonctionnaires. Pour une dent cariée ! Que fait le chef de l'Etat incompétent qui se rend dans un pays étranger pour se faire arracher une dent cariée, quand il retourne dans son pays ? Eh bien, celui-ci profite de la moindre occasion pour afficher avec fierté sa nouvelle dentition et ne rate aucune occasion pour sourire ou rire aux éclats afin de bien montrer à ses compatriotes que parmi ses dents, une au moins vient d'ailleurs.
Le chef d'Etat incompétent retourne dans son bureau présidentiel, se remet à ses occupations quotidiennes, oublie très rapidement les 480 heures perdues, les centaines de millions de francs dilapidés pour soigner ou remplacer sa dent cariée, mais n'oublie pas de continuer à afficher sa nouvelle dentition. Le chef d'Etat incompétent attend patiemment qu'une autre de ses dents soit cariée pour qu'il mette en branle son cabinet et que le cycle cité plus haut recommence avec, certainement, une aggravation du temps perdu, des sommes dépensées, de la mobilisation des fonctionnaires de la présidence. Qu'aurait fait un chef d'Etat responsable qui aurait été contraint de quitter son pays, du fait des insuffisances de matériels dentaires adéquats, pour se rendre dans un pays étranger, pour se faire soigner ou remplacer une dent cariée ? Le chef d'Etat responsable, une fois retourné dans son pays, appellerait son ministre de la Santé pour un point immédiat des cabinets dentaires. Il enverrait ce dernier avec des techniciens dans le pays où il s'est fait soigner sa dent, afin qu'ils aillent y faire un état des lieux en matière de technologie dentaire. Il instruirait le ministre de la Santé afin qu'il conduise une autre délégation dans le pays où la technologie dentaire est la plus avancée. Dans le court terme, il ferait construire un cabinet dentaire dans au moins une ville du pays avec une technologie de pointe. Dans le moyen terme, il enverrait des étudiants dans les centres des pays d'où proviennent les différentes technologies afin qu'ils aillent apprendre ces technologies pour revenir dans le pays, appliquer et partager les connaissances technologiques qu'ils ont apprises. Dans le long terme, le chef d'Etat responsable ouvrirait un centre de haute technologie dentaire où des chercheurs, des dentistes, des scientifiques travailleraient et où des fonctionnaires des autres pays aux technologies inexistantes ou moins avancées, se rendraient pour apprendre. En fin de compte, quelle différence y a-t-il entre le premier chef d'Etat et le second ?
Le premier chef d'Etat est un dirigeant à courte vue, sans vision, peu intelligent, insouciant, non responsable, peu enclin à tirer les conséquences des événements qui surviennent… incompétent. Le deuxième chef d'Etat est un dirigeant visionnaire, intelligent, qui sait tirer les conséquences des événements pour apporter des réponses fermes de gestion efficiente… responsable. Le retard cuisant, honteux et insupportable pris sur le développement global du monde, de nos Etats africains découle aussi et surtout du fait que la plupart des dirigeants qui ont gouverné et gouvernent les pays du continent ont le profil parfait du premier chef d'Etat, c'est-à-dire, le profil du chef d'Etat incompétent.
par André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
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